La nuit est d’un noir de jais et plutôt que de prosaïquement regarder mes pieds ou le bout incandescent d’une cigarette suspendue au bout des lèvres, bien que je ne fume pas, je lève les yeux au ciel, en toute humilité et je m’incline face à spectacle si bouleversant. La nuit est un tout dans lequel faune, flore et éléments se mettent à vibrer à l’unisson. Perdu pour ma part dans cet abîme éclairé par des astres bienveillants, je réalise ma folie d’homme de croire que tout est analysable, quantifiable, explicable. Je me fous des protons, des neutrons, des particules ou de tout autre phénomène physique qui pourrait rationnellement définir ce que je vois, ce que je vis, ce que je fais. Le luxe de l’ignorant est parfois sans commune mesure avec le savoir du savant. Le cherchant erre sans but à la recherche d’une identité sans nom, sans forme, sans histoire, sans déterminisme. Creuser un puit à côté d’une rivière, prendre à contre sens une route que l’on connaît par cœur, la machine à remonter le temps est au cœur de l’être, de l’extrémité de l’ongle du pied au cheveu sur le sommet du crâne. La nuit est noire, je prends un bain d’obsidienne.