Big Brother (qui signifie Grand Frère) est un personnage de fiction du roman 1984 de George Orwell. L’expression « Big Brother » est désormais utilisée largement pour qualifier toutes les institutions ou pratiques portant atteinte aux libertés fondamentales et à la vie privée des populations ou des individus. Dans 1984, Big Brother est le chef du « Parti », donc de l’État d’ « Océania », et il est aussi le grand surveillant, omniprésent par les affiches et les « télécrans » des domiciles privés, ce que rappelle la maxime officielle Big brother is watching you (Grand Frère vous surveille).

Il est l’objet d’un culte de la personnalité. Il n’apparait jamais en personne. Il est représenté par le visage d’un homme d’environ 45 ans, moustachu, fixant les gens dans les yeux, dans une expression qui se veut à la fois rassurante et sévère. La biographie officielle de Big Brother est incompatible avec une vie humaine normale ; selon cette biographie il est notamment le créateur du parti (alors qu’un homme de 45 ans ne serait même pas né à l’époque), ainsi que le héros d’innombrable exploits révolutionnaires ; il est en outre littéralement sans âge et immortel. Mais dans l’univers du roman, la doctrine du parti inclut la doublepensée, et ce genre de paradoxe n’est pas une incohérence, mais presque une obligation.

Le nom de Big Brother lui même est un paradoxe, tout comme les noms des ministères océaniens. L’Angsoc prône en effet une désintégration du noyau familial, en encourageant les enfants à dénoncer leurs parents, ou en inhibant tout amour au sein d’un couple au profit du devoir de procréer pour le Parti. Il est donc paradoxal que son nom soit « Grand Frère », qui est une image destinée normalement à encourager l’amour au sein d’une famille. Ainsi, le lecteur est amené à douter de la réalité (dans l’univers du roman) de ce personnage central. Plusieurs éléments poussent à considérer que, probablement, Big Brother n’est pas un homme (ou au moins n’est plus, ou encore n’est plus le même homme) : le fait qu’on ne le voie jamais en personne, le fait qu’il existe un livre du monde du roman qui explique la nécessité de personnifier le pouvoir pour générer dans les masses un sentiment d’adhésion et de crainte, et même une scène où un dirigeant explique au héros que Big Brother est en fait un groupe de très hauts dirigeants du parti (sans que cette déclaration soit forcément la vérité…). D’une certaine façon, le doute autour de son existence fait aussi partie du personnage. Quoi qu’il en soit, Big Brother est un personnage de propagande et une allégorie, qu’il soit (ou ait été) un homme ou non. Sous cet aspect, Big Brother est l’incarnation du « Parti », et aussi (cela revient au même) l’incarnation du devoir citoyen à Océania.