De l’encre en quelques lignes  Comme son nom l’indique, le ghost writing consiste à se faire l’écrivain fantôme de quelqu’un. Le ghost writer est anonyme par définition et se doit de le demeurer. Certaines formes artistiques telles que la chanson ont intégré cette pratique dans leurs mœurs, mais le rap est un genre musical qui, par essence, ne tolère pas le ghost writing : est bon rappeur celui qui sait rapper autant qu’écrire. En dehors de stars US (50 Cents, Dr Dre…) dont la carrière et la fortune sont déjà assises et qui s’offrent les coûteux services de ghostwriters, les rappeurs pris en flagrant délit d’imposture morflent et sont rapidement couverts d’opprobre. Notre héroïne, rappeuse, auteur-compositeur puriste ne le sait que trop bien. Nejma vit des oppositions fortes qui constituent le fondement même du film : underground contre major / authenticité contre imposture / précarité contre star system / anonymat contre célébrité…. Elle a tout, elle peut tout, elle devra donc choisir. « De l’encre » commence et se dénoue par et à travers la musique et la poésie de Nejma et Romuald. Bien plus qu’un décorum ou un simple arrière-plan rythmé, musiques et textes sont des forces motrices. « De l’encre » est au sens propre un film musical, clippé, illustré, un film où la musique détermine le drame et transpire le pavé, le béton, le quotidien des personnages ancrés dans le Paris 18e. C’est dans l’espace précieux des lyrics écrits par Nejma – pour elle ou pour un autre – que se nichent les clefs de son histoire, de son intimité, tout son background qui la dépasse. Nejma c’est notre sœur, notre produit, notre héroïne, notre témoin. Diffusion Le 15 Juin 2011 sur Canal + à 20h45