Pour « Retour à Brooklyn », ce livre halluciné, Selby voulait commencer par une phrase imbitable. Et ça donne : « Harry enferma sa mère dans le réduit ». Un début de dingue qui résume assez bien l’esprit explosé de ce punk-livre. Selby ne se fait pas d’illusion sur l’espèce humaine et encore moins sur ses personnages damnés : « La chose la plus miséricordieuse qui puisse arriver à certains d’entre eux, c’est de pouvoir mourir ». Il y a beaucoup de Dostoievski dans Selby, on peut même dire que cet homme fragile et courtois est le Dosto de Brooklyn. Ici, une vielle mamie juive qui s’imagine sélectionnée pour un jeu télé, devant laquelle elle est rivée du matin au soir, va prendre des amphétamines pour maigrir et va en devenir coin-coin, jusqu’à voir des personnages sortir de l’écran sous forme de petits lutins qui danseront la ronde autour d’elle. Direction l’asile. Et Harry, le mauvais fils? Il finit très mal. Tout finit toujours très mal chez Selby. A vous dégoûter du genre humain. Bref, un grand moraliste et sans doute l’auteur Brooklynois le plus génial et le plus barbare. Le Guide du routard www.routard.com