LOW (STUDIO VERSION) – LENNY KRAVITZ

LOW (STUDIO VERSION) – LENNY KRAVITZ

« Low » est une composition palpitante et introspective parlant des idées préconçues sur les débuts d’une relation. C’est un groove funky et cinématique harmonisant des couches de cuivres, d’instruments à cordes et plusieurs niveaux de chants avec l’aide de feu le grand Michael Jackson. Dans cette nouvelle vidéo documentaire, on découvre le processus créatif de Lenny Kravitz lors des sessions d’enregistrement en studio.

LENNY KRAVITZ DE RETOUR EN FRANCE AU PRINTEMPS 2019
16/05/2019 – LYON – Halle Tony Garnier
17/05/2019 – NICE – Palais Nikaïa
19/05/2019 – TOULOUSE – Zénith
20/05/2019 – NANTES – Zénith
05/06/2019 – PARIS – AccorHotels Arena

https://lennykravitz.lnk.to/RaiseVibration

PAR LES DAMNÉ.E.S DE LA TERRE DES VOIX DE LUTTES (1969-1988)

PAR LES DAMNÉ.E.S DE LA TERRE DES VOIX DE LUTTES (1969-1988)

Par les damné.e.s de la terre est compilation unique en son genre honorant la musique francophone engagée, véritable mémoire patrimoniale des luttes sociales et/ou décoloniales portée par Rocé.

« Je fais partie de cette génération qui a vu naître le rap français, et avec lui l’énorme engouement pour cette musique des enfants de la deuxième et troisième génération d’immigrés. J’ai voulu creuser au-delà du rap, fouiller les artistes de la langue française qui véhiculent la poésie de l’urgence, la poésie à fleur de peau, engagée malgré elle parce que le contexte ne lui donne pas le choix. La poésie des « damné.e.s de la terre ». Dans l’ombre des chanteurs à texte médiatisés existent des femmes et des hommes devenus artistes juste le temps d’un disque.

Inutile de chercher dans ce recueil le morceau « exotique et funky », extrait du folklore destiné à la métropole. Rythmes et textes sont vêtus de leur propre « blues » dur et sincère. La langue française réunit des régions du monde qui portent des fardeaux communs. Géopolitique et sentiments se mêlent. Les paroles des anciens résonnent jusque dans les oreilles des enfants d’aujourd’hui, ceux des diasporas. Un bon nombre des artistes présent.e.s dans ce recueil n’a pas eu la chance de croiser son public à l’époque, je pense que le contexte actuel des migrations et des questionnements identitaires donnera une résonance toute particulière à ces textes et à ces musiques.

Deux historiens, Naïma Yahi et Amzat Boukari-Yabara, écrivent le livret du disque, ils décrivent les contextes de l’époque et des pays dont proviennent les morceaux.

Ce projet, musical et de patrimoine, répond à un besoin : (re)donner la voix aux nouvelles générations qui évoluent en France avec une absence d’identification, un oubli de l’histoire de leurs parents dans le paysage politique et culturel qu’elles traversent en grandissant. Il écrit une autre histoire de la musique en français. À la jonction des luttes de libération des pays d’origines, des luttes ouvrières, des exils, il cristallise une époque où les luttes bâtissaient des fraternités, des affirmations, de la dignité, des liens entre les peuples opprimés et des convergences que l’Histoire des livres scolaires ne dit pas. Il est important à mes yeux de transmettre ces moments de tous les possibles afin d’en imprégner la morosité dans laquelle grandissent les nouvelles générations.

Les enfants des diasporas et ceux des travailleur.euse.s ouvrier.ère.s ont besoin d’avoir des espaces de transmission de l’histoire de leurs parents. Ces parents qui ont sacrifié des années dans des luttes ou dans l’exil et qui ont choisi pour leurs enfants une intégration dans la discrétion et pointée vers un futur sans le poids d’une lourde mémoire. Le passé ne se transmet pas facilement lorsqu’il est emprunt de tabous et qu’on pense ses enfants libres, sauvés, car nés en France. Mais les combats de nos aînés, à la vue des luttes actuelles, sont précieux et utiles. Le présent se débrouille mieux lorsqu’il a de la mémoire.

Ce disque est donc un constat, un bout de mémoire qui montre que le champ des possibles était ouvert un court moment, avant d’être refermé, nous plongeant dans l’individualisme, le court terme, l’absence de projets de société. L’absence des ces histoires dans l’Histoire nous prive de l’espoir, des notions de fraternité, de résistance, de modes d’emplois d’autodéfense. L’époque actuelle nous impose ses fictions dystopiques, des histoires d’échecs et d’impasses.

Le sillon fossilisé dans le disque m’a permis de découvrir des artistes et intellectuels qui ont transmis des solutions multiples. On connaît trop peu le personnage de Frantz Fanon, ce Martiniquais qui a épousé la cause algérienne, on connaît trop peu le grand Franklin Boukaka, artiste congolais qui rend hommage dans une chanson à Mehdi Ben Barka, homme politique marocain. Il a existé un soutien entre étudiants guadeloupéens pour l’indépendance de la Guadeloupe et un militant corse du FLNC qui a décidé d’héberger sur son label leur musique. Nous pouvons être tous d’accord, ça ne sert à rien s’il n’y a pas de projet commun. Je ne sais pas comment sera demain, ce que je sais c’est qu’avec la mémoire nous pouvons additionner la force et l’union des peuples d’hier aux diasporas et subalternes d’aujourd’hui. Nous placer au centre de l’histoire que l’on nous conte afin de rompre avec la logique impérialiste. »

– TRACKLISTING –

1. Jean-Marie Tjibaou – Discours Mélanésia 2000 – Kanaki 1974
2. Joby Bernabé – La logique du pourrissement – Madinina 1985
3. Lena Lesca – Aux Tortionnaires – France 1978
4. Alfred Panou & Art Ensemble of Chicago – Je suis un sauvage – Bénin & USA 1970
5. Léon Gontran Damas – Il est des nuits – Guyane 1988
6. Slimane Azem & Cheikh Nourredine – La Carte de résidence – El Djazair 1979
7. Manno Charlemagne – Le Mal du Pays – Ayiti 1984
8. Guy Cornely – Où sont donc les tam tam ? – Karukera 1969
9. Groupement Culturel Renault – Cadences 1 – France 1973
10. Colette Magny – La Pieuvre – France 1972
11. Salah Sadaoui – Déménagement – El Djazair 1985
12. Võ Nguyên Giáp – « Rien n’est plus précieux » Entretien à Alger – Vietnam 1976
13. Les Colombes de la Révolution – Hommage à Mohamed Maïga – Burkina Faso 1985
14. Hô Chi Minh – « Arbitrer le conflit » – Vietnam 1963
15. Peloquin / Sauvageau – Monsieur l’Indien – Québec 1972
16. Francis Bebey – On les aime bien – Kamerun 1979
17. Léon Gontran Damas – Blanchi – Guyane 1988
18. Groupement Culturel Renault – Cadences 2 – France 1973
19. Pierre Akendengue – Le Trottoir d’en Face – Gabon 1974
20. Eugêne Mona – Pitié – Madinina 1972
21. Dane Belany – Complexium – After Aimé Césaire – France & USA 1975
22. Troupe El Assifa – (Extrait de ‘Ça travaille, ça travaille, et sa ferme sa gueule’) – Maurice 1975
23. Dansons avec les travailleurs immigrés – Versailles – France & Tunisie 1971
24. Abdoulaye Cissé – Les Vautours – Burkina Faso 1978

Des voix de luttes 1969-1988
https://lnk.to/par-les-damne-e-s
(Hors Cadres – sortie le 2 novembre)

Therapie TAXI – CHULA

Therapie TAXI – CHULA

Extrait de HIT SALE XTRA CHEESE


Que la magie du love opère
Et que notre aventure soit la dernière
Que la magie du love opère, et que…

Avant que ça commence, je préfère te prévenir
On a aucune chance, on a pas d’avenir
Tout est sur la table, au moins t’es fixée
Pas de faux départ, de cœur agité
Sur le bord d’la route, je veux pas m’engager
J’ai toujours fait du doute la seule vérité
Et quand viendra mon tour, j’y aurais jamais cru
Décimer l’amour avant de l’avoir vu

Et quand je sers chula contre mon corps j’ai des regrets
Tout ne passera pas dans les bars sombres et les soirées
Mais tu sais chula tous les refrains à la radio
S’ils parlent du cœur, c’est des mensonges pour les idiots
Mais tout d’un coup, entre nous, j’aimerais
Que tout soit doux (LOVE)

Que la magie du love opère
Et que notre aventure soit la dernière
Que la magie du love opère
Et que tu sois le plus beau sur la Terre (LOVE)
A rigoler comme dans les séries B (séries B)
Danser des slows avec toi tout l’été (tout l’été)
Que la magie du love opère
Et que notre aventure soit la dernière

[Adélaïde]
T’en fais pas pour moi, je connais ce petit jeu
J’ai pas l’air comme ça mais je sais c’que j’veux
On est bien d’accord, j’vais pas m’attacher
Juste crier encore après tes fessées
J’veux pouvoir me dire que j’suis pas trop conne
Que j’ai bien fait de jouir sans qu’on s’abandonne
Et quand viendra mon tour, j’y aurais jamais cru
Décimer l’amour avant de l’avoir vu

Et quand je sers chula contre mon corps j’ai des regrets
Tout ne passera pas dans les bars sombres et les soirées
Mais tu sais chula tous les refrains à la radio
S’ils parlent du cœur, c’est des mensonges pour les idiots
Mais tout d’un coup, entre nous, j’aimerais
Que tout soit doux (LOVE)

Que la magie du love opère
Et que notre aventure soit la dernière
Que la magie du love opère
Et que tu sois le plus beau sur la Terre (LOVE)
A rigoler comme dans les séries B (séries B)
Danser des slows avec toi tout l’été (tout l’été)
Que la magie du love opère
Et que notre aventure soit la dernière

Mais tu sais chula tous les refrains à la radio
S’ils parlent du cœur, c’est des mensonges pour les idiots
Mais tu sais chula tous les refrains à la radio
S’ils parlent du cœur, c’est des mensonges pour les idiots
Mensonges pour les idiots
Mais tout d’un coup, entre nous, j’aimerais
Que tout soit doux (LOVE)

Que la magie du love opère
Et que notre aventure soit la dernière
Que la magie du love opère
Et que tu sois le plus beau sur la Terre (LOVE)
A rigoler comme dans les séries B (séries B)
Danser des slows avec toi tout l’été (tout l’été)
Que la magie du love opère
Et que notre aventure soit la dernière

Et quand je sers chula contre mon corps j’ai des regrets
Tout ne passera pas dans les bars sombres et les soirées
Mais tu sais chula tous les refrains à la radio
S’ils parlent du cœur, c’est des mensonges pour les idiots

Le 23 Mai au Zenith de Paris http://bit.ly/TherapieTAXI-Zenith et en tournée dans toute la France

Instagram: https://www.instagram.com/therapietaxi

IBRAHIM MAALOUF – YA HA LA (LIVE) – 14.12.16 LIVE IN PARIS

IBRAHIM MAALOUF – YA HA LA (LIVE) – 14.12.16 LIVE IN PARIS

Après plus de 1000 concerts lors de 5 tournées mondiales, Ibrahim Maalouf devient le premier jazzman de l’histoire à remplir la plus grande salle de concert de France. En effet, Ibrahim fait un concert historique le 14 Décembre 2016, affichant complet plus de huit mois avant, au AccorHotels Arena de Paris, Bercy.

Quelques mois plus tard, Ibrahim crée la surprise. Qualifié de « Virtuose » par le New York Times, Ibrahim Maalouf se produit lors d’un concert phénoménal au Kennedy Center de Washington DC pour la création mondiale de son album Levantine Symphony No.1, en collaboration avec la New Levant Initiative. L’album est sorti le 14 septembre 2018, et précède les 3h30 de DVD Live du concert de Paris – Bercy – à paraître le 16 novembre 2018. http://bit.ly/2Nb2XvE

Artistic director & executive producer: Ibrahim Maalouf

Guitar: François Delporte
Drums: Stéphane Galland
Keyboards & Fender Rhodes: Eric Legnini, Frank Woeste
Electric Bass: Antoine Guillemette
¼ Tone Trumpets: Youn Kamm, Martin Saccardy, Yann Martin

Free Spirit Orchestra:
Conductor: Dominique Spagnolo
Assistant: Nouheila Capron
Flute: Adélaide Baranger
Clarinet: Charles Coudray
Viola: Mathilde Rouaud
Cello: Fares Charbel
Bass: Trombone Kevin Roby
Trombones: Jean-Charles Dupuis, Robinson Khoury, Thibault Mortegoute, Jonathan Reith
Tuba: Jérémie Dufort
Trumpets: Alexis Bourguignon, Emmanuel Collombert, Eric Laparras de Salgues, Hervé Michelet, Rodolphe Puechbroussous, Clément Saunier, Charly Villoteau, Olivier Voisin
Percussions: Victor Hanna, Jean-Baptiste Leclere

La parole publique est-elle devenue cyclothymique ?

La parole publique est-elle devenue cyclothymique ?

Day 1 : Ça commence par des hyberboles, des envolées lyriques, l’encensement paroxysmique, une dythirambe telle que même l’essence du mot merveilleux ne peut soutenir la comparaison face à ce déferlement de qualificatifs élogieux. Rien ne peut contenir cette déferlante de reconnaissance sans bornes et immédiate. Le grand Léonard de Vinci vivant se serait incliné platement devant cette preuve ontologique de génie auquel il a aspiré mais qu’il n’a manifestement jamais atteint à en croire les critiques, adorateurs en pâmoison, fans enamourés, tous unis pour glorifier leur nouvelle idole en route vers la postérité.

Day 2 : 10:22 #dede34 a retrouvé un tweet du 21.03. 2007 07:24 émanant de la star et qui dit « La boulangère a de belles miches lol » assorti d’une photo d’un pain identifié comme un campagne d’environ 500 grammes. Avec 52k retweets en moins de 10 minutes le sujet devient top trend. Dès lors fans et détracteurs s’échappent sur ce qui devient rapidement le boulangeregate. Peu à peu les commentateurs s’accordent à penser que ce tweet est boulangerophobe, vulgaire, sexiste. Les hashtags #boulagainsthate et #michetoo confirment la tendance. L’interview de la boulangère annihile définitivement la tentative d’étouffement de l’affaire par l’avocat de l’agresseur.e présumé.e. « Elle m’a demandé un pain de campagne, je lui ai demandé si je devais le trancher, elle m’a répondu oui. C’est là que j’ai senti qu’il se passait quelque chose de pas normal. Pas de monnaie, juste un billet… J’ai ressenti le mépris et le regard lourd de sous- entendus. Invité de l’émission de radio phare, le 1er ministre a voulu surfer sur la vague « on se caille les meules dans votre studio », provoquant l’hilarité des internautes et les reprises par les talk shows d’access prime time. Philosophes, sociologues, artistes, sportifs de tous pays sont dans un premier temps un peu partagés et quelques uns dénoncent d’ailleurs un acharnement médiatique insupportable avant de se raviser et de rejoindre les rangs des courroucés.

Day 3 : Déprogrammé dés l’annonce du scandale par solidarité envers les victimes du breadspreading, des émissions radio, télé, supprimé des réseaux et des purs players musicaux, salles de concerts, etc. La star déchue n’apparaît même plus en 10eme page des moteurs de recherche témoignant ainsi de la désaffection massive du public. Des enquêtes d’investigation sont tout de même prevue afin de faire la lumière sur toute cette sordide affaire.

Day 4 : De qui parle-t-on déjà ?

Bereshit (Commencer)

JE ME SOUVIENS D’UN JOUR SANS SOLEIL. Le ciel était bas et lourd. Le brouillard mélangé à la fumée tenace et épaisse qui émanait des ruines fumantes ne se dissipait pas, malgré le vent, malgré la pluie, malgré les prières.

L’équipe du capitaine Lemaître, la première qui fut chargée d’intervenir sur les lieux de la catastrophe, venait d’être relevée. Les gars étaient épuisés, à bout de force. Leurs mines étaient sombres. L’humeur au delà du drame était sinistre. Insupportable sentiment d’inutilité, de n’être là que pour constater, sans aucune possibilité d’obtenir la maigre récompense des immenses efforts déployés. Toutes ces heures passées sous la pluie à chercher dans les décombres, des traces, des survivants, des corps. Pour rien. Toutes ces existences réduites en fumée, annihilées de la surface de la terre. La chapelle ardente, dressée à la hâte s’étendait désormais sur une surface effrayante, apocalyptique. L’indispensable périmètre de sécurité avait rapidement été établi afin de filtrer le plus sévèrement possible les allées et venues. La meute des gratte-papiers confinée à quelques mètres de l’épicentre commençait à piaffer d’impatience. L’odeur du sang et de la chair calcinée l’excitait au plus haut point.

Pour ma part, je n’étais même pas encore au courant du drame. Je dormais profondément, rêvant d’une grande histoire qui serait mon sésame pour la postérité… J’avais lu avec délectation la plupart des attentats littéraires des X-Men (Hommes de la génération X) Bret Easton Ellis, Douglas Coupland, et leurs avatars français : Beigbeder, Liberati, Dantec, Houellebecq… Dignes représentants d’un style d’écriture efficace, name droppée et qui me fascinait totalement. Ma solution pour sortir de l’anonymat ? Une œuvre hallucinatoire et post-genre composée de bribes de rêves et de notices de produits chimiques. Une sorte de Twin Peaks revisité par Procter et Gamble et William Burroughs. Évidemment, tout cela n’avait aucun sens.

La sonnerie old school et stridente de mon téléphone brisa le silence de la nuit et mon embryon de réflexion disparu en fumée. Je regardais incrédule et comateux l’horloge digitale LCD retro éclairée de chez Urban Outfitters : 04:36. Qui était assez fou pour m’appeler à une heure pareille ? Inquiet, curieux, groggy, je finis tout de même par décrocher.

— Allo ?
— Hummm ?
— Kadmon ? Enfin ! J’ai commencé à flipper… Écoute moi bien: Je t’offre une chance inouïe de refaire surface. J’ai un très gros sujet, un truc vraiment énorme et je t’ai choisi pour le couvrir !
— Hein ? … Vous vous foutez de ma gueule ?
— Kadmon ! Christophe Tomassin à l’appareil. « Nouvelles du monde ».
— Tomassin ?
— Le château Bereshit est en flammes. Des morts. Je n’en sais pas plus pour l’instant. J’ai déjà une équipe sur place, mais je veux que tu ailles là bas. Tu connais le contexte mieux que personne. Rassure-moi, tu n’as pas eu d’autres propositions ?
J’émis un bâillement et me frottais les tempes de ma main libre : « Oui, non… en flammes, le château Bereshit ? »
— Je veux un papier avant midi au plus tard, on boucle à 14h00.
— Pour les frais ?
— T’occupes pas de ça. Le journal prend tout à sa charge.

Le rédacteur en chef raccrocha. Je restai complètement interdit. Putain, c’était quoi ce délire ?

J’allumais mécaniquement la télévision sur une chaine d’informations en continu. A l’écran, une rediffusion d’un débat stérile entre deux éditorialistes trop appliqués pour être honnêtes. En bas, le traditionnel bandeau des horreurs défilait. En caractères blancs sur fond rouge : Drame en Gironde, la communauté Bereshit durement touchée. Plusieurs centaines de morts après l’explosion du château de Lott.

Tomassin ne m’avait pas tiré du lit pour rien. Un mélange contradictoire d’émotions me submergeaient. Compassion pour les victimes. Haine féroce à l’égard de leur maitre à penser. Un gourou de la pire espèce. Une ordure manipulatrice et vicieuse. J’avais failli le coincer. Je m’étais retrouvé sur la touche. Il n’avait pas apprécié mon enquête sur son business aussi opaque qu’une nuit sans lune en pleine campagne.

La présentatrice de l’édition spéciale fit son apparition, entourée d’une flopée de spécialistes de l’enfumage. Personne pour s’interroger sur la véritable nature du drame. Mes réflexes paranoïaques reprenaient vite le dessus. Si Eloïm n’était pas mort avec ses fidèles, alors il y était forcément pour quelque chose… J’en avais la certitude. En l’espace d’un instant mes munitions étaient prêtes : Valise remplie à la hâte. Carte de presse. 4 canettes de Red Bull. 2 paquets de cigarettes (pour la route). Clés de la voiture. Le domaine de Lott était à quatre bonnes heures. J’avais le temps de réfléchir. Une vision fugace me ralentit un instant, mon reflet dans le miroir. Un loup émacié, yeux rouges et babines retroussées. Je compris alors qu’il n’y aurait pas d’échappatoire. Lui ou moi. Mort ou vif. Je n’avais plus rien à perdre. J’avais déjà tout perdu.

Sur la route, j’écoutai la radio qui s’embrasait, littéralement. Toutes les stations d’informations s’étaient évidemment focalisées sur le sujet. Elles enchainaient avec une maestria robotisée les interviews sans valeur ajoutée : « Madame X vous habitez à 500 km du lieu de l’accident, avez-vous entendu la déflagration ? » « Pas moi, mais mon chat Bibendum était excité comme une puce, alors que ce n’est pas son habitude, ça montre qu’il à l’ouïe fine ! hein mon pépère. C’est horrible cette catastrophe quand même… ». Les clichés surannés sur les victimes. Les interventions sans âme des professionnels du macabre. Les bilans actualisés toutes les 50 secondes… Enfin le climax arrivait avec le pseudo rappel des circonstances de l’accident : « Léo Admonakis dit DJ Hod, (1.5 milliard de vues sur YouTube) se trouvait aux manettes d’une soirée caritative qui se déroulait au château. 1000 à 1300 « fidèles », étaient rassemblés sur les lieux au moment de l’explosion. À cinq heures et demi du matin, un premier bilan provisoire faisait état de quatre cent trente trois morts et des centaines de blessés graves… » et la rumeur qui enflait, Elohim, le gourou était sorti des décombres, tout de blanc vécu, immaculé et bien vivant. Accident ou attentat ? Personne n’avait encore émis de revendication. Pendant les cinq prochains jours, sauf en cas de guerre nucléaire, on ne parlerait que de ça. Pour moi cela ne faisait aucun doute, le seul commanditaire s’appelait Elohim. Je devais le prouver. Ce ne serait pas une mince affaire.

La petite route sinueuse qui menait au domaine était plus bondée qu’une rame de métro à heure de pointe. Camions de pompiers. Police. Cars régies. Badauds. Curieux. Voisins. Tous essayaient de voir quelque chose. Ils se régalaient du ballet incessant des hélicoptères qui manoeuvraient autour de l’épicentre. Je fis une savante marche arrière et décidai d’abandonner mon véhicule dans un champs transformé en parking de fortune. Marcher me permettrait de réfléchir, j’étais convaincu que mon raisonnement était le bon, mais la grande émotion populaire générée par ce drame risquait de figer une version totalement fausse des faits qui ne serait jamais remise en question. Je serai traité de complotiste, d’aigri, de revanchard, le monde s’acharnerait sur moi, dans l’éventualité où on me laisserai produire mes conclusions, ce qui n’était absolument pas certain.

Je tendis ma carte de presse à un premier barrage, composé de policiers et de membres du service d’ordre de la communauté. Un grand baraqué, chauve comme un bonze, tatoué sur la main du logo – symbole de la secte, s’en empara vivement. Il fit une moue de surprise en scrutant mon identité. Les fidèles me détestaient, à juste titre d’ailleurs. En d’autres circonstances et surtout sans la présence des flics, j’aurai sans doute subi une correction, mais ce n’était ni possible, ni dans son intérêt. Il me rendit la carte, opina à contre coeur du chef pour signifier que c’était bon et . Il osa tout de même m’apostropher avec une parole de la bible : » Un juste qui se laisse ébranler devant le méchant est comme une source aux eaux troubles ou une fontaine polluée. ». Je lui souris tout en lui adressant un discret doigt d’honneur.

A peine quelques mètres me séparaient encore du domaine. Plus j’avançais, plus je me sentais oppressé, je m’efforçais de respirer le moins possible, l’odeur de la mort emplissait mes narines et cela me révulsait. Enfin, l’immense portail se dressa devant moi. Il était comme dans mes brumeux souvenirs, encadré par deux colonnes de pierre surmontées de herses. A moitié ouvert, abandonné, je trouvais cela presque obscène. Je n’aimais pas ce sentiment, violer cette espace auquel je n’appartenais pas. Comme un impression de franchir la porte de l’enfer de Dante. Un point de non retour.

La propriété, en temps normal, était totalement close, bien protégée, hermétique, à l’abri des regards indiscrets et du « vrai » monde. La pluie redoubla d’intensité. A ce propos, un fidèle de la secte dirait dans la presse : « le grand tout » nous a témoigné son infinie tristesse par ses larmes …. J’ y voyais surtout la preuve de son fanatisme absurde.

Archétype du journaliste moderne et high-tech, j’utilisais l’application Notes de l’Iphone pour consigner les éléments observés: A droite du portail, une guérite. Fermée. Stores baissés. Un chenil. Vide. Une grande fontaine ornée de sculptures romaines ou grecques, rien à foutre, jamais trop apprécié ces trucs crypto gays. Un jardin anglais. Un practice de golf. Des bâtiments, modernes, lumineux, à droite à gauche. Des maisonnettes comme des chalets au loin. Je n’apercevais pas encore le château, mais avec un casino et une boite de nuit cet endroit n’aurait rien eu à envier à un palace 5 étoiles.

Eloïm était un génie. « Secte, quelle secte ? » Regardez mes installations: Un havre de paix pour nantis sur-stressés qui ont juste besoin de repos et de spiritualité.». Salaud ! Nous verrons bien à qui le crime profite. Combien de défuntes victimes auront versé jusqu’à leur dernier sou et sang pour Bereshit ?

Lors de mes précédentes investigations j’avais découvert et partiellement révélé une partie des procédés mafieux et illégaux qui avaient permis à « l’association » de prospérer en toute impunité. Le magazine coupable de la parution s’en était tiré avec 5000 euros d’amende et moi je m’étais fait viré de la publication. Je ruminais ce vieux contentieux tête baissée. Soudain, face à moi, un véritable champs de ruine. Le spectacle qui s’offrait à mes yeux hagards était absolument effroyable. Sans expérience des catastrophes, je devais humblement reconnaître mon manque de préparation psychologique. Pourtant le site était presque clean, hormis les gigantesques et funestes décombres. Les blessés et les morts évacués au long de la nuit et du petit jour, il ne restait que des pierres ensanglantées, témoins impassibles du drame. Seuls les médias enfin lâchés et leur encadrement policier arpentaient sans relâche les lieux, à la recherche d’indices ou d’images sensationnelles à partager. Malgré tout, le silence prévalait et les quelques voix qu’on entendait se faisaient murmures.

Comme foudroyé par le syndrome de la page blanche, il me semblait impossible d’écrire quelque chose de potable et je débutais laborieusement mon article ainsi: « Le château de Lott, fleuron du XVIIIème siècle et propriété de la secte (à effacer), du mouvement (c’est nul mais à défaut d’autre chose) «Bereshit: Au commencement» s’est mystérieusement volatilisé (putain soit factuel) »… Impossible de faire mieux. Cela faisait des mois que je ne rédigeais que des billets de blogs sportifs, le plus souvent à l’arrache. Sans sommeil et épuisé par le trajet, je me retrouvais en plein milieu d’une réplique miniature et française du World Trade Center, de surcroit liée à la secte à l’origine de ma déchéance… Je remis tristement le portable dans la poche avant droite de mon pantalon. Trempé et usé. Tout allait se terminer maintenant. Incapable d’aller plus loin. Incapable de changer. Incapable de saisir ma chance. Incapable de ressentir autre chose que de la haine et du désarroi. Tout ici respirait normalement le luxe, l’opulence, l’endoctrinement des nantis. Pas la chair humaine grillée. Énième cigarette. Concentration. Inhalation de la fumée proscrite. Le portable vibrait. Probablement un hurlement textoïque du redac’chef…

Je scrutais le smartphone jusqu’à l’icône sms. Il s’agissait d’un message laconique et sibyllin: « Bientôt… ». L’adrénaline me monta aussi rapidement qu’un shot de Tequila au crâne. Quel crédit donner à ce message ? Qui en était l’auteur ? Pas de nom, pas de numéro de téléphone… Tout cela devenait de plus en plus étrange et je ressentais une pointe de peur mélangée à l’excitation. Après des années de placard, il se passait enfin quelque chose de fort dans mon existence. L’affaire Bereshit me redonnait le souffle de vie perdue.

Lucas Bonvallet se figea devant moi.

— Louis Kadmon ? Qu’est-ce que tu fais là ? Mais j’y pense, dit-il l’air faussement inquiet, t’as pas un reportage à préparer sur Tourcoing – Bayonne en Volley-Ball junior ? Une sonorité grasse sortit de sa bouche épaisse.
— Lucas, toujours aussi… jovial et épanoui ! Je me doutais en venant ici que j’allais recroiser de vieilles connaissances, mais commencer par toi ça me touche beaucoup. Une petite voix mesquine dans ma tête chantonnait l’inverse: « Putain, faut quand même une sacré dose de maz’ra pour se retrouver nez à nez avec l’empereur des connards. Reste calme, ce n’est pas la peine de se braquer. Autant en apprendre le plus possible, surtout d’un moulin à paroles comme Bonvallet. En tout cas l’air du coin lui donne bonne mine… on dirait un pochard de bistrot. Et son costume élimé et sa bedaine. Triste de vieillir comme ça.

Lucas, pour sa part, se délectait de la situation. Torturer Kadmon était un véritable plaisir. Dans leurs jeunes années à l’école de journalisme, il l’avait pourtant jalousé. Plus brillant, plus efficace, plus beau, mais Louis avait sabordé sa carrière en s’acharnant sur une estimable institution. Une folie pure ; que pouvait-on reprocher à Eloïm et à ses fidèles ? Les attaques de Kadmon n’étaient ni fondées ni tangibles. D’ailleurs le drame du château n’était sans doute que la conséquence d’un regrettable et tragique concours de circonstances. Le monde entier était ému par cet effroyable accident. La tendance était à la sensiblerie. Son article irait d’ailleurs dans cette direction. Il allait faire chialer dans les chaumières. Grâce à son brillant papier, Eloïm le remarquerait enfin et lui proposerait sans doute de rejoindre les hautes instances de la communauté…

Lucas continuait son petit manège pour faire sortir Kadmon de ses gonds. Bonvallet bien que chef de rubrique d’un quotidien régional, n’était en réalité qu’un pauvre mec adipeux au visage rongé par l’alcool. Sans scrupules. Un rat qui avait écrasé, profité des pigistes et stagiaires passés par son service pour gravir les échelons. Mais le fait était assez rare pour être souligné, il était là en personne et n’avait pas comme à son habitude délégué un de ses sbires… Les rapaces se délectaient toujours de l’odeur du sang.

» Ton avis sur la situation ? » Lucas me jaugeait orgueilleusement du regard. « Tu as vraisemblablement accès aux mêmes informations que moi. Tu peux en tirer les conclusions que tu veux. » Le chef de rubrique, rouge cramoisi, fit mine de chercher un autre interlocuteur plus digne d’intérêt et prit congé sans autre forme de cérémonie. J’exhalais un soupir de soulagement. Derrière l’écran à rédiger des billets sportifs, je n’étais plus soumis aux pressions de ces êtres exécrables, se frotter de nouveaux à eux était finalement bien plus difficile qu’escompté. Lassé des incessantes intempéries, je m’abritais un moment sous l’auvent d’une maisonnette située à une vingtaine de mètres derrière le château. De discrètes petites caméras étaient disséminées un peu partout. « Pas de stress, je suis libre de circuler où je veux. La guérite qui sert certainement de poste de contrôle est fermée. Les flics ne s’intéressent pas à moi. Ils ont l’habitude d’avoir des fouineurs auprès d’eux et n’y font pas attention. C’est bon, vas-y fonce ! » Les « fouineurs » étaient des journalistes dûment accrédités, parfois utiles à l’enquête. Capables de remarquer des détails futiles mais qui pouvaient se révéler finalement importants voire essentiels. La seule contrainte était de donner prioritairement l’information aux forces de l’ordre avant publication, avec en corollaire le risque de censure. Je n’avais bien évidemment jamais respecté ce principe.

Le rédacteur en chef de « nouvelles du monde » n’avait pas fait les choses à moitié pour lui obtenir ce blanc seing, songea Kadmon.
Il reprit son monologue intérieur: « Au premier abord la thèse de l’accident s’impose d’elle même, mais je ne peux pas y souscrire. Pas après tout ce que j’ai vécu avec Bereshit… »
Louis aperçu au loin un énorme Hummer noir franchir le cordon de sécurité et s’approcher des décombres. La voiture freina. Majestueusement Eloïm sortit de l’arrière du véhicule, précédé de deux armoires à glace. Lunettes noires. Costume noir cintré et chemise blanche. Une vraie Rock Star.
Un court instant le journaliste eu la nette impression d’être observé. Il s’agaça: « Cet enfoiré de gourou est toujours en vie. Eloïm n’était sans doute même pas présent à la soirée. Comme par hasard…»
Louis tira d’une de ses poches, un paquet de cigarettes à moitié plein, enfonça nerveusement la tige dans sa bouche, se servit de son zippo, dernier vestige de son adolescence et massacra la première bouffée. Après un moment de réflexion tabacologique, il écrasa la cigarette sous sa bottine Weston vieille de 10 ans et parcouru son téléphone à la recherche de l’icône verte messages. Cinq sms en attente.
Au premier texto: « Bientôt vous allez tout savoir » succédait un chiffre: « 7 », puis « porte ouverte. caméra nord ». Ca se précisait de plus en plus… D’autre part, le listing avait bien été expédié. Louis le parcouru rapidement. Il reconnu certains noms, personnalités du show-biz, des dignitaires de l’ordre, mais quel était leur point commun ? Pourquoi étaient-ils morts ? Enfin comme prévu, at last, une missive de Tomassin pour savoir où en était la rédaction de son papier. D’abord, il lui fallait résoudre l’énigmatique jeu de piste, c’était prioritaire. Il compta sept pas, regarda les emplacements des caméras, s’impatienta, traversa le domaine en long en large, en travers, attendit un nouveau texto… Le temps passait, son article n’avançait pas…
Quel idiot se dit-il ! Un détail venait enfin de lui sauter aux yeux. En inspectant pour la énième fois une des maisonnettes. Au dessus de la porte d’entrée était gravé un chiffre romain doré… « Donc, si je continue logiquement jusqu’à la VIIeme demeure, la porte d’entrée doit être ouverte… mais avant je dois neutraliser la caméra située au nord. Mes réponses sont peut être à l’intérieur, à moins que ce ne soit un piège… Qu’est ce que je risque de toute façon ? » Tout content d’avoir résolu l’énigme après deux heures de tentatives infructueuses, Louis se félicita d’avoir bouffé des tonnes de thrillers américains. Il était du reste persuadé que fort de cette expérience empirique aucune énigme ne pouvait lui résister très longtemps.
Sans avoir un sens de l’orientation surdéveloppé, il ne manqua pas de voir au nord, effectivement pointée face à la bicoque, une caméra de sécurité dont la petite lumière rouge scintillait. Pourquoi celle-ci était toujours en activité alors que les autres ne fonctionnaient plus ? La secte devait probablement disposer de plusieurs groupes électrogènes.
Louis ne brillait malheureusement pas par ses qualités athlétiques. L’exact opposé d’un journaliste « tout terrain ». Il mesurait à peine un mètre quatre vingt, présentait un surpoids de cinq ou six kilos, fumait un paquet de cigarettes par jour et buvait le plus souvent jusqu’à plus soif dès que l’occasion se présentait. Tout ça ne lui disait rien qui vaille. Cela prenait même une tournure délirante. Il réfléchit: « Admettons… Comment contourner l’obstacle de la caméra ? Il y a bien dans le coin quelque chose qui peut m’être utile. Personne dans les parages ? Alors à quoi bon se prendre la tête à échafauder des plans compliqués. Je retourne sur mes pas à la recherche d’une barre de fer ou d’un objet équivalent et après tout pourquoi pas une branche ou même mon parapluie ? » Louis se résolu à conserver son pébroque, trouva un arbre pas trop grand à côté de la maison V. Le néo Sherlock Holmes s’y reprit à deux fois en se suspendant au rameau qui rompit mais ne se cassa pas immédiatement. Il s’épuisait: « Putain et l’heure qui tourne et j’ai envie de pisser et je commence à être saoulé au plus haut point. » La troisième tentative fut la bonne. Le coup de fouet qu’il lui fallait.
A pas de loup, il se glissa sous la caméra et tenta de la détruire à coups de branche d’arbre. La technique semblait foireuse mais s’avèra au bout du compte payante. Louis gloussa intérieurement: « Le redbull doit encore faire effet. Caméra neutralisée ! » Tout heureux de son forfait, Kadmon s’esclaffa sans retenue en voyant l’objet pendouiller le long du mur.
Il reprit rapidement sa contenance initiale, conscient des risques encourus, s’approcha prudemment de la poignée de la porte, la manipula… celle-ci s’ouvrit sans efforts. Louis pénétra dans un genre de chalet cosy et chaleureux. Il n’eut pas besoin d’allumer la lumière. Il faisait plein jour. Son coeur battait la chamade, il s’attendait à une embuscade, certain d’entrer tout droit dans la gueule du loup.
Que pouvait bien faire Eloïm s’interrogea Louis. « Il doit préparer son communiqué de presse.» Sa montre affichait, 12h05. « Je suis définitivement à la bourre et sans doute hors jeu pour l’article. » Un escalier. A contre coeur, la tête baissée et résigné, il monta les marches vers son destin…
Eloïm se faisait maquiller dans une petite pièce attenante au studio d’enregistrement, dans un bâtiment annexe au château. Ses assistants avaient décoré la pièce selon ses désirs, miroirs en bois sculptés du XVII ème siècle, un chandelier en or, des plantes exotiques, un écran video de 165 cm qui diffusait en boucle un condensé de ses meilleurs prestations scéniques. Une bouteille de Krug dans un seau à glace en cristal de Baccarat et des macarons de chez Ladurée, Eloïm raffolait de ces petites attentions.
— Où est Kadmon ?
— Il est enfin entré dans la VII. Cet abruti a défoncé la caméra avec une branche d’arbre !
— Bien, bien, bien. Toujours aussi rustre dans ses manières. J’espère qu’il trouvera le cadeau que nous lui avons laissé.
— Ne vous inquiétez pas monsieur, nous avons respecté votre plan.
— Je le veux !
— Et vous l’aurez. Si vous me permettez, il me semble que vous n’avez jamais eu à vous plaindre de mes services jusqu’à présent… Monsieur ?
— Jamais ! Tout à l’air parfait. Mon discours s’il vous plait ?
— Voilà monsieur.
Il jeta un rapide coup d’oeil au texte.
— Hum… oui, c’est pas mal. Intéressant. Allons livrer au monde notre profonde tristesses d’avoir perdu ces êtres si cher et surtout renforcer chez nos fidèles leur foi en notre belle cause.
Un sourire carnassier déformait son visage impassible…

Alix pose le manuscrit, passe sa main dans ses cheveux bouclés, signe de nervosité:
— Ne le prends pas mal, mais ce n’est pas de la grande littérature. Ca vaut à peine un épisode des experts Miami ton bouquin.
— Pourquoi tu cherches toujours à critiquer ce que je fais ?
— C’est pour toi que je dis ça. De toute façon qu’est-ce que ça t’apporte ce livre ? Tu crois quoi ? Que tu vas avoir le prix Goncourt ?
— Merci !
— Et voilà tu te fermes, ! Tu ne comprends pas ce que je veux te dire.
— Je comprends très bien. Comme d’habitude dès que je commence quelque chose, ça ne va pas.
— Le problème, c’est que tu commences plein de trucs, mais tu ne finis jamais rien !
— Mais laisse moi avancer au lieu de critiquer. Sincèrement j’accepte les critiques lorsqu’elles sont justifiées et là je trouve que tu es dure.
— Bon. Je te laisse, faut que j’aille bosser… tu sais ramener de l’argent pour manger. Je n’ai pas la chance de rester toute la journée à la maison…
— Excuse moi, mais ce n’est pas une chance d’être en arrêt maladie pour dépression.
— La dépression ! Ce joli mal du siècle. Pour ma part cela fait quinze ans que je travaille dans la même société. Aujourd’hui je suis la première assistante du directeur et tout le monde m’adore. Il n’y a pas de mystère, si je n’étais pas là cette boîte aurait certainement déjà mis la clé sous la porte. Ce soir j’ai Zumba. J’y vais avec Zaza et Lilou et tu videras le lave vaisselle. Pour le déjeuner c’est dans le frigo: Les restes d’hier soir si tu veux. Par contre tu ne me laisses pas des miettes sur la table comme toujours. Tu sais très bien que je déteste ça. Et ne le prends pas mal, mais tu devrais te raser et quand est-ce que tu vas aller chez le coiffeur ? Tu as bientôt 40 ans et j’ai toujours l’impression d’être avec un ado attardé. Zaza, tu sais ma copine dont le mari est ingénieur, il l’emmène à Punta Cana, en république dominicaine pour Noël… ben c’est pas prêt de m’arriver ! Pourquoi tu ne fais pas un fongecif, ou les concours administratifs ? C’est bien fonctionnaire, tu as la sécurité de l’emploi et une bonne retraite et on peut emprunter pour acheter une maison. Enfin. Fais ce que tu veux. Comme toujours. À ce soir !
La porte claque.
Enfin seul.
Mes mains forment des poings. La jointure blanchit tellement je serre fort. Je rêve d’écrire mon roman depuis des mois, des années ? Un beau projet, une manière d’exorciser la sordide existence qui est la mienne.
Je me lève, regarde par la fenêtre. Il pleut encore. Alix était cool au début, un peu ronde physiquement, un peu psychorigide mentalement, mais au moins elle me foutait la paix.
Je vais dans la cuisine et je me sers un verre de vin, du blanc pas cher, qui défonce le crâne autant que les entrailles. Tous les grands auteurs boivent, alors moi aussi.
Je m’installe, pas très confortablement, sur le canapé Fly de notre petit salon. Dans 45 mètres carrés tout est petit, enfin il parait que je ne dois pas m’en plaindre, parce qu’il y a moins chanceux.
J’allume la télé, la Playstation et je lance une partie de Call of Duty.
« Un super jeu de guerre, dans lequel tu tues tout le monde » comme me l’a dit le branleur du magasin de jeux-vidéos au bout de la rue qui me l’a vendu. « Vous allez voir c’est génial, votre fils va adorer ! » Un fils ? mais j’ai pas de fils, pauvre con de geek. Ma carte de fidélité tamponnée, un petit bonhomme ressemblant vaguement à Mario qui fait le V de Victoire en souriant. J’étais rentré à mon domicile, puis j’avais méticuleusement rangé le jeu dans une autre boite pour éviter qu’Alix ne crise et ne me sermonne sur le fait que je dilapide n’importe comment notre argent.
Je m’évade un instant. Le temps passe. Je ne franchis même pas le premier niveau, ça m’énerve. J’arrête. Je retourne à l’ordinateur. J’ai le cafard. Une vraie bonne crise d’angoisse. Je sais les détecter maintenant. Mon verre est vide. Je me resserre d’abord. Je vais sur un site porno le temps d’une petite branlette décevante face à ces actrices factices. Je regarde mes mails, rien à part des spams, des publicités non désirées, mais qui désire vraiment la pub ? Mon verre est vide. Je me resserre, la bouteille est presque vide. Il faudra que je sorte pour la jeter sinon je vais me faire engueuler. Je vais inscrire ça sur ma to do list. Je consulte mon agenda: Demain, rendez-vous avec le psy. Je vais encore chialer en repensant à mon chef, à ma femme, à mon passé, à mon avenir, à cette vie absurde. Mais si je ne veux pas reprendre le boulot, c’est la moindre des choses.
«Un sourire carnassier déforme son visage». Elle n’est pas mal cette phrase quand même. Je fais des efforts. Allez cette fois je m’y mets.
Le téléphone fixe sonne. Numéro inconnu. Je ne réponds pas.
Avant de lancer Word, je vais sur Facebook, espionner la vie des autres. Copains. Collègues. Famille. A les voir ainsi se vanter, ils me révulsent parce que je les envie. Machin qui publie ses photos de Tahiti, l’autre a un concert ou dans tel restaurant huppé. Je suis las de ce monde à deux visages. Mon esprit divague:
« Il est des matins où l’angoisse étreint: Une sensation physique qui démarre dans le creux du ventre pour finir dans la gorge. Il est des matins où la nuit semble avoir duré des jours. Une nuit sans lune, noire comme les ténèbres qui recouvrent et aspirent. Il est des matins de tristesse incommensurable. Des larmes de sang perlent sur les joues. Il est des matins où le sol s’effondre à chaque pas. Il est des matins où l’on se demande pourquoi ? Aujourd’hui n’est pas plus redoutable qu’hier et demain est encore à façonner. Il est des matins sans espoir, il est des matins sans soirs. Il est des matins d’absence, des matins de conscience, des matins sans lendemains .»
En un instant les mots s’affichent à l’écran. J’ai envie d’envoyer le texte à Grand Corps Malade, il pourrait peut être en faire un slam ?
J’efface tout ça. Je me frotte les tempes et j’essaie, bien que pas mal éméché, de poursuivre l’écriture de mon oeuvre littéraire.
Louis est à l’étage: Scénario 1 Une bombe anatomique l’attend dans la chambre, 2 Un tueur sanguinaire, 3 Un Ipad qui contient toutes les données utiles pour l’enquête, 4 Une grande trace de sang au mur… genre Kadmon m’a tuer… Ces différents scénarios sont tous séduisants mais il manque un détonateur, du peps, un truc qui fait décoller le lecteur…
Conscient qu’une petite stimulation externe peut s’avérer nécessaire en pareil cas (ce n’est pas le coup de fil à un ami, mais celui qui ouvre les portes de la perception), je vais piocher dans la petite boîte en bois sur la deuxième étagère de la bibliothèque (Billy de chez Ikea) une bonne petite pincée de beuh que fume usuellement Alix avant nos rapports sexuels. (Dire qu’elle a besoin de ça pour baiser !)
Je prépare mon bédo et m’installe à la fenêtre en espérant que le vent ne rentre pas dans la pièce ce qui m’occasionnerait une sérieuse engueulade. Le mélange vin et herbe commence à faire son effet. Je me réinstalle sur le fauteuil en cuir du bureau (qu’on a eu en promo grâce au fournisseur de la société d’Alix) et je tente un exercice d’écriture automatique:
«Nous dirigeons-nous inconsciemment vers un Sims humain version Orwell ? Aujourd’hui insidieusement et parfois même à notre insu, nous nous substituons totalement à l’autre. Ce n’est plus un simple avis : « A ta place j’aurais fait ça » mais plutôt « Donne-moi le commandement de ton être que je te pilote. » A force de télé – réalité, d’abandon de responsabilités, d’infantilisation globalisée, nous n’avons plus conscience de notre propre existence, seul l’autre est vrai, vivant, tangible. Fantômes en quête de corps à occuper, nous « switchons » de l’un à l’autre jusqu’à expulsion ou rejet. Nous savons exactement ce qui est bon pour l’autre, ce qu’il doit dire, ce qu’il doit faire, où et comment il doit agir, sa seule marge de manœuvre est le seuil de notre intolérance, avise-toi de reprendre les rênes et tu seras bon pour le bannissement pur et simple. Et moi dans tout ça qui suis-je, que fais-je, où vais-je ?»
Le résultat n’est pas probant. J’efface. Je vais faire une sieste.
Je m’allonge sur le dessus de lit en prenant soin de ne pas trop le froisser. Je m’assoupis. Mauvais rêves. Plongée dans le maelström du passé. Vision vitriolesque de l’inaptitude à ne pas avoir confiance en moi. Stress. Oppression. Sentiment de lourdeur et peur du regard, de ce que peut penser l’autre (le pire ?). Interprétation. Fantasme inassouvi. Mais comment me placer ? Comment agir ? Comment me libérer pour forcer l’étau qui me contient. Désir de tout ce que je ne serai jamais. Plaire. Être adulé. Chimères de l’égo et de l’image. Mon univers est construit sur un si fragile édifice de verre. A tout moment tout va exploser, correspondre à ma vision cauchemardesque, à cet enfer qui revient encore et toujours annihiler mes tentatives, mes efforts en direction de la lumière, du bonheur, de l’harmonie. C’est si facile à dire, à formuler, mais les alternatives, dérision, cynisme, humour n’ont pas réussies à me guérir. Incurable.
Alors quoi ? être choyé, aimé, adulé, bercé, rassuré ? Mais je suis comme le scorpion, prêt à piquer la main tendue qui m’aidera, me sortira du puits sans fond dans lequel je vis depuis si longtemps.
Réveil brutal. Je suis désorienté. Alix rentre dans une heure ? Non, elle a Zumba, je suis sauvé. A l’extérieur la pluie ne cesse pas de tomber. Flip démentiel pour rien, en fait il n’est qu’onze heures du matin… En réalité mon mal et moi sommes d’authentiques amis, nous nous suffisons l’un à l’autre.
J’aperçois mon reflet dans le miroir de la chambre. Poils blancs dans la barbe et sentiment de lassitude. Réveil gueule de bois. Le poids des ans dans le corps et dans l’âme. Mais quelle est donc cette affliction si difficile à conjurer ? Oh mais c’est le syndrome du vieux con ! Les leçons de la vie apprises dans la chair sont sacrifiées à l’autel de la vanité. Amertume des efforts engagés sous les auspices de la sincérité et le monde qui tourne mieux quand chacun est à sa place. Mais comment l’être dans une partie de jeu vidéo en split-screen perdue d’avance ? Je tue Il comme dirait l’Autre, cet autre méprisé à longueur de mauvaise prose. Tolérante intolérance, complice des vautours qui se repaissent des faibles. Fatuité et sûreté de soi. A quand le tout pour le tout de la Vie en harmonie ? Ok, j’ai compris, encore un cri dans le désert… Alors promis, demain j’arrête.
moi moi moi moi moi moi moi moi moi moi moi moi moi moi moi moi moi toi: Cherchez l’intrus.
Mon crâne est en ébullition: médicaments, drogue, alcool. J’ai faim. Je cherche une recette sur Internet, je refuse de manger les restes dégueulasses d’une pintade aux choux aqueuse et sans saveur. Celle-ci me plait:
Boeuf coco au curry Thai. Je note la liste des ingrédients sur une petite feuille de papier: 250 g de pulpe de noix de coco. Env. 600 ml de lait chaud. 400 g de boeuf maigre 1 oignon de taille moyenne en fines rondelles 1/2 c.c. de sel 1 c.s. de sambal oelek ? Qu’est ce que c’est que ce truc ??? (Le sambal oelek est une pâte de piment frais à laquelle il a été ajouté du sel et du vinaigre). On verra si j’arrive à trouver, sinon je le ferais maison. Le zeste râpé d’un citron non traité 1 c.s. de sauce de poisson (nuoc mam). 1 poivron rouge en lamelles 1 c.s. de feuilles de menthe poivrée hachées. 1 c.s. de coriandre. Mixer la pulpe de coco et le lait. Presser le mélange dans une passoire. Récupérer le liquide obtenu. Couper la viande en lanières de 5 cm de large. Porter a ébullition le lait de coco dans une casserole puis ajouter la viande, l’oignon, le sel, la pâte de sambal, le zeste de citron et la sauce de poisson. Couvrir a moitié et laisser mijoter a feu doux pendant 40 minutes tout en remuant régulièrement. Ajouter les lamelles de poivron et laisser cuire a découvert jusqu’à ce que la sauce soit évaporée. Parsemer le plat de feuilles de menthe et de coriandre. J’espère simplement ne pas salir la cuisine, sinon ça va barder pour mon matricule.
Je vais dans la salle de bain pour prendre une douche. Je me regarde dans le miroir, elle a raison. Ma barbe remonte, n’est pas égalisée, cela fait sale. On dirait un SDF. Avec mes pupilles dilatées et le blanc des yeux rouge en plus, il y a de quoi donner envie aux rombières de changer de trottoir.
«Un sourire carnassier déforme mon visage impassible ».
Bien sûr que je vais rester ainsi, une ombre au visage rongé par une mauvaise barbe et aux yeux fous.
Je suis ce que vous avez fait de moi.
Je m’habille sobrement: Un jean et un sweat shirt informe. Une paire de baskets fatiguée. Il fait froid, je mets mon cuir.
Dans le couloir sans lumière, j’attends l’ascenseur qui tarde à venir. Une voisine en sort. Elle est grasse. Laide. Ses yeux ne reflètent rien. Nous échangeons un bonjour de méfiance. Je sens qu’elle n’est pas rassurée en ma présence, que croit-elle ? Moi non plus je ne suis pas rassuré ! Respirer le même air qu’elle c’est m’exposer à la contamination de sa médiocrité. Enfin elle me laisse la place. L’ascenseur descend. Mes mains sont moites et mon cœur palpite. J’appréhende l’extérieur, le regard inquisiteur des uns, le dégoût des autres, l’indifférence de tous.
«Aujourd’hui est encore pour moi un jour de pré-fin du monde. Je crois que les hommes sont devenus fous (ne l’ont-ils pas toujours été ?). Ils passent leur temps à soutenir l’insoutenable, à se retrancher derrière le « c’est comme ça » pour justifier l’injustifiable, à refuser d’aimer pour dénigrer et s’enferrer toujours plus loin dans l’agressivité. À quoi bon s’entêter à croire que l’alternative est possible, que demain est un autre jour fait de rêve, de beau et de bon ? Que puis-je faire pour que le tout succède au rien, le jour à la nuit, la lumière aux ténèbres ? J’ai faim de vie et partout ça pue la charogne, les zombies du système haïssent toujours plus les libres penseurs. Ce que je ressens est de la pornographie pour ceux qui s’enorgueillissent du matérialisme et du consumérisme. Esclaves et bonimenteurs, moribonds et fuyards.»
Alix en bonne fidèle du prêt à penser ne s’est même pas demandée pourquoi j’avais appelé mon personnage principal Kadmon.
Je fais une rapide recherche sur le net avec mon téléphone portable, parce que même moi je ne sais plus pourquoi !
L’Adam kadmon est un terme cabalistique issu du symbolisme du Zohar, exprimant la conception anthropomorphique du royaume divin. Les sefirot, sont décrites symboliquement comme composant une immense forme d’apparence humaine: Les trois supérieures, Keter (Couronne), Hokhmah (Sagesse) et Binah (Intelligence) correspondent à la tête ; Hessed (Bonté) à la main droite, Din (Jugement) à la main gauche, Tiferet (Splendeur) est le corps ou le cœur, Netsah (Eternité) la jambe droite, Hod (Majesté) la gauche et Yessod (Fondement) l’organe mâle. L’élément féminin dans le royaume divin, Malkhout (Royauté) ou Chekhinah (Présence divine), est décrite comme un corps féminin parallèle.
Le concept d’Adam Kadmon correspond à l’interprétation mystique par la cabale de l’imago dei − la création de l’homme à la ressemblance de Dieu (Genèse, 1, 26). Ce symbolisme mystique est fondé sur l’interprétation anthropomorphique des versets du Cantique des cantiques 5, 10-16, où le « bien-aimé » est compris comme étant Dieu lui- même. Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, le Cerf 1993
Le Cantique des cantiques ? J’ouvre une autre page, il s’agit de la traduction de la bible par André Chouraqui:
10. Mon amant transparent et rouge, éminent au-dessus des myriades,
11. Sa tête est d’or vermeil; ses boucles ondulent, noires comme le corbeau.
12. Ses yeux, telle des palombes sur des ruisseaux d’eaux,
baignent dans du lait, habitent en plénitude.
13. Ses joues, telles une terrasse d’aromates, sont des tours d’épices;
ses lèvres, des lotus, dégoulinent de myrrhe ruisselante.
14. Ses mains, des sphères d’or remplies d’émeraudes;
son ventre, un bloc d’ivoire évanoui dans des saphirs.
15. Ses jarrets, des colonnes d’albâtre fondées sur des socles de vermeil.
Sa vue comme le Lebanôn, il est élu comme les cèdres.
16. Son sein est douceurs, son tout désirable. Voilà mon amant,
voilà mon compagnon, filles de Ieroushalaîm.
J’arrive à Auchan heureux et déconfit, heureux parce que ce texte m’a empli de joie, même si je l’ai lu en diagonale, mais déconfit parce que je ne serai sans doute jamais capable d’en faire autant.
Je passe de rayon en rayon avec mon caddie. Le supermarché est comme le métro, un condensé d’humanité, toutes les couches et les strates de la population y sont rassemblées.
J’ai trouvé presque tous mes ingrédients, je vais pouvoir faire ma recette.
Je scanne les articles, les dépose dans mon petit sac en toile, remet le chariot à son emplacement et m’en retourne au nid, presque satisfait d’avoir survécu à cette terrible épreuve.
En marchant je repense à mon histoire personnelle. Tout a commencé un Lundi 26 Janvier à 17:05. C’est intéressant de le savoir parce que mes parents se sont toujours enorgueillis de ma naissance. (Que sont-ils devenus ? Je n’en sais rien, nous ne nous connaissons plus). Ni joie ni amour ni partage, juste le plaisir de se vanter de ce qu’ils représentaient alors, persuadés qu’on en a quelque chose à foutre. Ce n’est absolument pas le cas. Il n’y a pourtant aucune gloire à priver un enfant de sa légende personnelle. Attention, je ne prétends pas que ce soit la Vérité. Il s’agit d’un ressenti, d’un vécu. Éprouvé dans la chair et dans l’âme.
Comme dit le soufi: « La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s’est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s’y trouve ».
Père absent et égocentrique. Mère castratrice, caractérielle. Les deux dotés d’un penchant prononcé pour l’alcoolisme dit mondain. Beaucoup de séparations, déménagements, cris, disputes, rancœur, pleurs, abandons, humiliations.
Maurice Dantec dans les racines du mal explique de façon romancée que la privation des racines génère des tueurs en série. Cela ne semble pas s’appliquer à moi. Pour l’instant.
Impression d’avoir été privé d’enfance. Sacrifiée à l’autel de l’hystérie et de la jalousie. Morts, drames, conflits. Si j’en suis là aujourd’hui, je le dois à moi même bien sûr, mais ils ont leur part de responsabilité. Je suis aujourd’hui seul.
Seul avec Alix, mon juge, jury et bourreau depuis notre rencontre.
Âgé de 20 ans je démarrai à peine dans la vie professionnelle et à cette époque j’étais un sacré aficionados des barathons (enchainement de plusieurs bars en une soirée) avec Olivier, Adrien, Benjamin et un autre mec dont je ne me rappelle plus le nom.
Notre QG d’alors, le Caméléon était une authentique taverne à poivrots. Les minets et surtout les minettes adoraient s’encanailler là bas.
Nous surnommions le barman Tom Cruise en hommage au film Cocktail, alors qu’il ressemblait plus au type du film la mouche après mutation. Complètement barré ! il kiffait au premier degré, persuadé de sa beauté et nous offrait un nombre incalculable de tournées.
A fond dans ma période métal, je me voyais roadie pour les plus grandes stars du genre et même si en semaine j’arborai le costume cravate de rigueur, (j’étais commercial en alternance dans une boite d’informatique), le week-end j’optais plutôt pour le futal en cuir moulax avec des santiags le perfecto et les poignets de force (la classe). Je portais le bouc et les cheveux longs ramenés en queue de cheval.
J’ai conservé quelques uns de mes superbes t-shirts à l’effigie de mes groupes favoris, Guns n’ Roses, Metallica, Nirvana etc. que je porte encore aujourd’hui… mais la plupart du temps pour dormir.
Ce soir là Benji nous lança un défi. « Celui qui reste bredouille ramène les autres en bagnole» avec tous les risques que cela comportait bien entendu.
Le défi me semblait pour une fois à ma portée. Soir de la saint Valentin, une bonne aubaine.
Mes potes plus en jambe que moi avaient rapidement jeté leur dévolu sur de la «pas trop farouche» sensible aux tatouages de Benji, tchatche d’Olive et compte en banque d’Adrien. Il ne restait plus que machin et moi à départager. Impossible de me souvenir de son prénom. Usuellement on l’affublait du qualificatif de «porte-manteau». Taiseux au possible, on a jamais trop compris pourquoi il traînait avec nous, mais tant qu’il raquait sa tournée, il était libre de nous accompagner.
Je ne me souviens pas de tout mais globalement mes potes galochaient ou se faisaient sucer dans les chiottes, tandis que je m’attaquai à un sacré morcif.
Ma proie participait à un enterrement de vie de jeune fille. Maquillée en Gene Simon de Kiss, la taille assez fine (à l’époque) l’air froide de «celle qui n’aime pas ça, mais du coup on voudrait bien lui faire goûter pour qu’elle comprenne que c’est bon», aux prises avec machin qui n’arrivait même pas à lui faire décrocher un sourire.
J’y suis allé aussi serein qu’on peut l’être après 15 bières et une bouteille de whisky. Sorti deux, trois conneries à l’oreille (des trucs humiliants sur mon pseudo pote) qui eurent le mérite de la dérider un peu. Puis je l’ai invitée sur la piste de danse. Le morceau idéal pour moi: Sweet Child O’ Mine des Guns. Exécutai ma célèbre imitation d’Axl Rose et embarquai la demoiselle pour un tour galant sur une banquette pas trop crade, un peu à l’écart au fond du bar, pas loin des toilettes, mais pas trop près non plus.
On a parlé de nos vies. De son désir de devenir secrétaire comptable et du nombre de lourds qu’elle avait rembarré ce soir là. Je l’écoutai la queue dure en me demandant à quel moment nous passerions enfin aux choses sérieuses.
Machin un peu vexé tenta de revenir vers nous. Affolée elle n’eut pas d’autre recours pour s’en débarrasser, que d’attraper mon visage et de le coller contre le sien pour un baiser fougueux. Fier comme un coq de basse court, je jetais un regard dédaigneux à l’autre baltringue de «Porte Manteau» du genre: « Tiens les clés de bagnole connard ! ». Battu, il rejoignit Guillaume sur la piste de danse et tous deux se mirent à rire, sans doute de moi. D’accord ce n’était pas la plus canon du bastringue, mais elle avait son charme quand même.
Royal au bar j’attaquais direct baby et bières. Coupe de champagne pour la demoiselle qui répondait au nom d’Alix.
La suite respecta un scénario on ne peut plus classique: Echanges de numéros de téléphones. Thune claquée à faire le beau. Perte naturelle de mes potes due au «maquage». Installation. Vie de couple. Emmerdements. Prises de tête et de poids, pour finir aujourd’hui avec une dépression. Logique ?
Le temps passe si vite. Un jour on se réveille dans un corps en décrépitude, tandis que l’esprit n’a pas évolué au même rythme. Syndrome de Peter «Michael Jackson» Pan, mais comment réussir à faire coïncider les deux horloges ? Aucune idée.
Je rentre et prépare mon gueuleton. De toute façon Alix est réfractaire à la nourriture étrangère. Elle ne veut pas essayer, ni même goûter. Je ne la prive donc de rien.
Ça sent bon. La pression descend. J’apprécie ce moment à sa juste mesure.
Louis Kadmon revient peupler mes pensées. Craint-il que je ne l’abandonne au profit d’un récit sur ma propre existence. Mais qu’aurai-je donc à dire sur moi d’intéressant ? «Bonjour je suis commercial, en arrêt maladie pour dépression, en couple avec un troll qui fait de la Zumba avec une tartine de Nutella dans la bouche !»
Autant c’est valable pour une émission de télévision de deuxième partie de soirée, mais à lire, il est probable que l’ennui prédomine.
J’attaque ma deuxième bouteille de vin. Surtout ne pas se laisser abattre ! mon repas à l’air exquis. J’ai vraiment l’impression qu’un poids s’exile de mon corps.
Mon téléphone sonne. Alix.
— Allo ?
— Ah non mais tu sais pas quoi ? ce gros con de Letendre, il a choisi Isabelle pour l’accompagner à Paris au salon de l’emballage ! Je vais te dire, je suis sûre qu’ils fricotent ensemble… fallait voir leurs regards complices et que je te complimente par ci et que je te serve la soupe par là. De toute façon elle m’a dit qu’avec son mari il y avait de l’eau dans le gaz et que leur voyage était un moyen de raviver la flamme dans leur couple. Pff, il a pris un crédit sur 36 mois pour le payer. Ils sont endettés jusqu’au cou. Non mais tu te rends comptes ? Qu’est-ce que tu manges ?
— Je me suis fait une recette.
— Ouais ben n’en fous pas partout.
— Tu vas pas à la Zumba alors ?
— Évidemment que j’y vais ! Je vais tirer cette affaire au clair et lui faire cracher le morceau.
Elle raccroche. Je n’ai plus faim. Mon plat est nickel, mais j’en jette les trois-quarts.. Ecoeuré. La charge est de nouveau revenue, au creux de mon ventre. Je me resserre un verre de vin.
Nous ne sommes pas un couple, mais l’association d’une frustration avec une plaie.
Je nettoie et range de mon mieux les ustensiles et je fais en sorte que la cuisine ne devienne pas un prétexte d’engueulade.
Pourquoi je ne réagis pas ? Pourquoi je ne quitte pas Alix, sorte d’extrapolation monstrueuse de ma mère ?
Je ne ressemble à rien. Je n’ai pas de situation, en tout cas plus vraiment depuis que j’ai décidé de profiter de ma dépression. Pas de vie sociale, mais elle non plus, c’est pour ça qu’elle est autant aigrie et rigide. Elle déteste le monde mais le monde la déteste et la rejette. A part les rebuts et les mecs bourrés personne ne pose un regard sur elle. Ce n’est pas une question binaire de beauté ou de laideur, c’est une question de charme, d’attitude, de dégager un «je ne sais quoi». Mal fagotée, elle n’a pas de goût et prétexte le manque de temps pour se laisser aller.
Bien sûr que nous pourrions être mieux acceptés par la société en faisant des sacrifices. Moi en renonçant au mal qui me ronge et en me conformant au système, Alix en travaillant son image. Elle est déjà hypocrite, il ne manque plus que le physique.
Je retourne à l’ordinateur, j’ai besoin de légèreté. J’opte pour le premier scénario.

Kadmon partiellement rassuré, fait le tour de l’étage, ne découvre rien de particulier, mais l’ensemble est trop immaculé pour être honnête. La seule pièce qui restait à vérifier était la chambre. Il fit ses prières ou quelque chose d’approchant, puis entra.
Louis croyait rêver. Sur le lit, une jeune femme nue l’attendait. Elle avait l’air douce, candide, mais déterminée. Le journaliste percevait dans ses yeux, l’origine du désir. Il se dit que s’il fallait mourir aujourd’hui autant que cela soit ainsi. Elle dépassait le cadre figé du physique ou de l’esprit. Absolument parfaite. Juste à son goût. L’incarnation sans fards de la beauté réelle hors des standards et des stéréotypes, telle qu’il l’avait imaginée, sans jamais l’avoir rencontrée. Faite pour lui, comme lui était fait pour elle, cela ne faisait aucun doute.
Elle s’approcha de Louis, le guida vers elle, ses cuisses s’ouvrirent délicatement. Il accepta sa demande. Kadmon ensorcelé, la dévora à pleine bouche. Sa main caressa ses cheveux puis il serra un peu plus fort, elle rejeta sa tête en arrière, lui offrit son cou qu’il baisa tendrement. Il glissa un doigt puis deux à l’intérieur de son puits d’amour. Elle gémit de plaisir. Louis s’allongea, se déshabilla, elle l’aida. Il embrassa toutes les parties de son corps, introduisit sa langue en elle, lui pinça délicatement les tétons. Totalement à l’écoute de cette si belle femme, il s’efforça d’être le plus tendre et ferme possible, de comprendre ses soupirs, ses gestes, ses regards. La mystérieuse inconnue l’attira dans sa bouche. Louis manqua de défaillir. A genoux, il la pénétra d’un coup et s’enfonça de plus en plus loin, de plus en plus profondément, lentement, puis rapidement, elle hurla de plaisir. Louis la repris par les hanches et accéléra son mouvement, l’issue était proche mais il s’arrêta. Il reprit le rythme, frénétiquement, varièrent les positions, les caresses. Ils jouirent intensément à l’unisson. Louis s’allongea sur le dos, ferma les yeux.
Je dois avouer que la scène de la chambre m’a beaucoup stimulé. Il ne faut pas que je sois timide dans mon écriture. Kadmon doit être capable de tout ce que je ne suis pas.
La bouteille de vin est vide. Je suis à la fenêtre avec une cigarette. Je ressens le manque, le vide, mais comment font les autres ?
À quel moment de ma vie tout à basculé ? Mon chef me harcelait mais sans doute autant qu’un autre. Je n’ai jamais été un foudre de guerre, mes résultats ont toujours oscillé entre le médiocre et le presque bon, trop limite dans une activité commerciale, même si j’ai, d’après les tests, des capacités hors du commun. Mais je m’emmerde tellement, ce n’est pas mon rêve ni ma vie, je suis totalement et définitivement à contre emploi et puis je déteste forcer la main, les gens doivent être libres de leurs choix bien qu’ils soient de plus en plus cons et vindicatifs.
En ce sens, Eloïm est un personnage fascinant. Son parcours est celui d’un Rastignac des temps modernes. Sans scrupules, précis, manipulateur, doté d’un formidable aplomb. Des personnalités réelles comme David Koresh de la secte des Davidiens, Christophe Rocancourt, Mesrine, Jim Jones du temple solaire m’inspirent. J’ai une réelle fascination pour ces êtres supra humains. Des ordures certes, mais au combien intéressants. Patrick Bateman l’anti héros psychopathe d’American Psycho m’influence aussi, il incarnerait un formidable gourou. J’aimerais parfois avoir leur force de caractère et de conviction.

Eloïm se présente face à la caméra. Ses yeux bleus embués transpercent l’objectif. Il ne déclame pas son texte, il l’incarne:
«Bonsoir. C’est avec une profonde peine que je dois vous faire part d’une terrible information.Vous le savez sans doute déjà, mais la communauté Bereshit: Au commencement, a vécue au cours de la nuit dernière une véritable tragédie.
Nous devons malheureusement déplorer la disparition de 1253 fidèles et prier pour les 65 blessés qui luttent avec force et courage pour préserver leur flamme de vie.
Nous sommes tous mobilisés, ici en France mais également dans le monde entier pour aider celles et ceux qui souffrent dans leur chair et dans leur âme.
Amis, famille, proches, les portes des centres de la communauté Bereshit vous sont grandes ouvertes 24/24 7/7 en France, au Japon, aux États-Unis, au Canada, en Thaïlande et en Colombie.
À tous les fidèles, j’adresse un message de paix et d’amour.
Sachez aussi que l’enquête se poursuit.
Nous espérons que toute la lumière sera faite le plus rapidement possible sur les causes de cette catastrophe sans précédents.
Merci à tous et à toutes pour vos témoignages d’amitié et de soutien.
Ne vivez pas dans l’affliction car la mort, c’est le commencement de quelque chose.»
— Coupez ! Equipe 2: C’est dans la boîte, prêt à diffuser ! Merci monsieur, une intervention fantastique qui va galvaniser les fidèles.
Eloïm approuve d’un signe de tête le technicien plateau et retourne sans un mot dans sa loge pour le démaquillage.
Il se regarde dans le miroir, s’admire, se félicite intérieurement de sa prestation, mais il ne laissait rien transparaître. Montrer ses émotions c’était s’exposer et il ne voulait prendre aucun risque.
Faire sauter le château n’était que la première étape. Avec les fonds hérités, il ambitionnait de faire franchir à Bereshit un nouveau cap. Il s’agissait maintenant de pérenniser l’oeuvre. Kadmon représentait la deuxième étape.
— Vespale ?
— Oui monsieur ?
— Alors ?
— Comme vous le verrez sur l’enregistrement, je me suis donnée avec dévotion et passion. Je lui ai également transmis le papier comme vous me l’avez demandé.
— Je n’en doute pas Vespale.
— Est-ce moi qui poursuivrai les opérations ?
— Tu le sauras en temps voulu. Pars m’attendre dans la IV, je t’ai prêtée ce jour, mais n’oublie jamais que tu m’appartiens, corps et âme !
— Oui monsieur.
Eloïm se connecte au réseau local via son Mac Book Air et télécharge le flux vidéo de la caméra VII. Il regarde leurs ébats, fasciné.

-— J’ai faim, la table est mise j’espère ? Je prends ma douche. Allez au boulot, mon roi des fourneaux !
Putain, j’ai perdu le fil. Ca me gonfle, je sentais bien cette séquence. Génétique, c’est gé-né-tique. Je ne vois pas d’autre explication pour réussir à systématiquement me casser les couilles au moment le plus important. Elle ne pourrait pas arriver, discrètement, aimablement, je sais pas, un truc du genre sitcom, « chéri, tu m’as tellement manqué » avec un bisou et un moins gros cul… De toute façon, il faut que j’aille à la cuisine… j’ai un truc à faire… Merde ça me revient, les bouteilles !
Alix fredonne un air basique, celui qu’on entend en boucle un million de fois par jour à la radio. Elle est persuadé de savoir aussi bien chanter que les stars de la téléréalité. Son rêve secret serait d’ailleurs d’y participer. Faut pas que je m’acharne mais on dirait plus le cri du baleineau en train d’appeler sa mère que Rihanna.
Je fonce dans la cuisine, dissimule les deux bouteilles sous mon sweat (de l’extérieur ça peut paraitre inutile mais sur l’instant c’est toujours la meilleure idée), je ne vois qu’une place, sous le bureau, derrière la boite de documents administratifs. Cachette de fortune soit, mais pour l’instant suffisante.
Je mets la table à l’arrache, comme un enfant en faute, j’attends l’éventuelle sanction, qui miraculeusement n’arrive pas.
— Y a quoi à manger ?
— Les restes de pintade, sinon du riz ?
— J’ai été hyper forte à la Zumba. Le prof m’a même complimentée ! Je vais prendre du riz mais tu vas me faire rissoler des lardons et tu ajouteras de la crème fraîche. J’ai besoin de reprendre des forces. Au fait, nous sommes invités mardi soir à diner chez Zaza et Jean-Paul.
— (Incrédulité totale, trémolos dans la voix) Mais je croyais que tu ne lui parlais plus ?
Elle me regarde comme si j’avais sorti la pire des insanité.
— Je me suis un peu emportée, mais finalement le salon devrait se dérouler au même moment que son voyage en République Dominicaine. Elle m’a dit qu’elle a vu avec Letendre, qui aurait dit que bien évidemment si elle n’est pas là ce serait moi qui l’accompagnerais.
— Tu es sûre qu’elle a dit ça ?
— Ne t’en mêle pas ! Zaza est plus que mon amie et ne mentirait pas là dessus. Je compte sur toi pour être présentable. Ne me fait pas honte.
NON, le putain de traquenard !
— C’est prêt ?
Je mélange la crème fraîche avec les lardons, je sers à la vachette la bombe calorique qui compensera les 30 grammes qu’elle a perdu au sport. Elle dévore son auge.
— J’ai encore réussi à tirer la boîte d’un mauvais pas aujourd’hui. Une petite stagiaire un peu trop dilettante. Je l’ai pistée et surprise en train de glander au lieu de faire les photocopies. Je peux te dire que j’ai immédiatement prévenue Véronique des RH qui l’a virée manu militari !
Pauvre gamine, ça devait être un sacré canon pour subir ce traitement digne de la pire période de l’humanité. Alix me débectait de plus en plus.
— Alors tu as fait quoi aujourd’hui ?
Calme, zen, go:
— J’ai fait comme tu m’as dit, j’ai regardé pour des formations, dans l’informatique c’est très porteur.
Elle relève la tête de son assiette, de la crème au coin de la bouche, m’observe attentivement pour être sûre que je ne me moque pas d’elle. Je fais tout pour rester sérieux.
— Et bien écoute, tu me fais très plaisir, je sens que tu vas très vite sortir de la spirale négative dans laquelle tu t’es plongée. Voilà une bonne nouvelle. Tiens, pour te récompenser de tes efforts, ce soir nous aurons notre petit moment tendre…
Mais non, mais l’enfer total ! Le dîner chez les connards et l’autre qui veut un coït. Pendant ce temps là mon roman, il va s’écrire tout seul ? Avec tout ce que j’ai bu et fumé, je vais jamais réussir à bander en plus.
Alix se lève de table tout guillerette.
-— Chéri, je n’ai presque plus d’herbe il faudra en redemander à ton pote.
Elle n’a même pas remarqué mon petit prélèvement ? Je crains le pire…
Alix s’enferme dans la salle de bain, tandis que je débarrasse la table, las de cette existence.
Je prends une cigarette, ouvre la fenêtre du salon. Il disait quoi déjà Epictete ?
«Donc, rappelle-toi que si tu tiens pour libre ce qui est naturellement esclave et pour un bien propre ce qui t’est étranger, tu vivras contrarié, chagriné, tourmenté ; tu en voudras aux hommes comme aux dieux ; mais si tu ne juges tien que ce qui l’est vraiment – et tout le reste étranger, jamais personne ne saura te contraindre ni te barrer la route ; tu ne t’en prendras à personne, n’accuseras personne, ne feras jamais rien contre ton gré, personne ne pourra te faire de mal et tu n’auras pas d’ennemi puisqu’on ne t’obligera jamais à rien qui pour toi soit mauvais.»
On ne peut pas dire que cela soit très utile en pareilles circonstances.

Assis sur le lit, les yeux mi clos et la bouche crispée, ses jambes tremblaient nerveusement et ses mains moites, caressaient ses tempes, l’arrête de son nez, frappaient ses cuisses, comme pour se maintenir éveillé. Kadmon doutait de plus en plus de sa santé mentale. N’était-il pas victime d’une hallucination ou d’un rêve éveillé ? Rien n’avait de sens… d’abord une jeune fille nue l’attendait sur un lit… ils avaient fait l’amour… Il ne s’expliquait évidemment pas ni comment ni où elle était partie. Une femme nue ça ne courrait pas les rues, même dans un domaine appartenant à une secte. Il aurait bien aimé recevoir un sms d’indice pour l’éclairer sur cette étrange affaire, malheureusement le smartphone restait désespérément muet. Finalement, après un laps de temps suffisamment long à son goût, il remit en cause son raisonnement sur l’élucidation des énigmes et constata dépité, son inaptitude à saisir l’irrationnel. Il essayait tant bien que mal de se remémorer la chronologie des derniers événements. Après s’être éclipsé à peine cinq minutes pour se rendre dans la salle de bain afin de prendre une douche bien méritée (comme à l’hôtel, savon shampooing et serviettes propres à disposition semblait l’attendre), il était revenu dans la chambre décidé à faire parler l’inconnue, elle avait donné son corps, maintenant il voulait sa voix, mais elle n’était plus là. Volatilisée, sans un mot, sans un bruit, n’avait laissé aucune trace de son passage. «Je fais un burn out», pensa-t-il, d’autant plus épuisé qu’il avait passé l’heure d’après à chercher dans les murs un mécanisme, un dispositif, quelque chose qui aurait pu permettre à la fille fantôme de s’échapper.
« Que faire ? », Louis sombrait dans le désarroi le plus total. Comme un prestidigitateur qui voudrait faire réapparaître le lapin, il secoua les draps froissés, un morceau de papier vola, puis s’échoua près de son pied droit, sur le parquet flottant. Il le ramassa. Le déplia. Lu le texte manuscrit inscrit dessus. Une date, une heure, un lieu. Son cerveau gorgé d’adrénaline et rassuré se remit en branle: « Sans doute ne pouvait-elle pas parler Trop risqué. Elle avait dû profiter de mon absence pour griffonner ce message. Peut être est-elle prête à m’en dire plus, mais dans un lieu neutre en dehors de la communauté ? Eloïm l’avait sans doute chargée d’une mission, me séduire, ou pire encore mais elle avait succombé à mon charme… pourvu qu’il ne lui arrive rien. » Louis ne cherchait pas les complications, se contentait pour l’heure de cette explication oiseuse et abracadabrantesque mais qui avait le mérite de regonfler son égo torturé. En réalité, il exultait littéralement de joie, non seulement il n’allait pas finir à Sainte-Anne mais en plus il avait trouvé la femme de sa vie. Il ne lui restait plus qu’à l’arracher des griffes de Bereshit… détail d’importance soit dit en passant !
Louis sort aussi discrètement que possible. Il venait d’entendre des échanges de voix à proximité de la maison et la dernière chose dont il avait envie était de devoir se justifier auprès de flics ou pire de collègues. La pluie avait enfin cessée, il inspecte les alentours. La voie est libre. Il reprend son chemin initial vers l’entrée du domaine, en essayant d’arborer une mine concentrée et concernée, qu’on ne le dérange pas.
Des centaines de personnes étaient morte et lui ne pensait trivialement qu’à remettre un coup de bite à la délicieuse inconnue de la maison VII, mais comme le disait si bien André Comte-Sponville « Nous n’avons besoin de morale que faute d’amour. »
Une vibration dans la poche, ce n’était pas son sexe, mais le téléphone. Thomassin le félicitait pour son article. Kadmon s’arrête net, ses pensées positives se figent également. « De quoi il me félicite, ce con ?»
Le texte défila alors sous ses yeux: «Je demande pardon à la communauté Bereshit, par Louis Kadmon.
Un journaliste, déontologiquement, s’engage à être objectif et impartial, à toujours faire jaillir la vérité et à ne jamais dissimuler d’informations.
Pendant plusieurs années je me suis totalement fourvoyé dans la pire des directions, peut être par jalousie ou par méconnaissance.
J’ai écrit des mots très durs à l’encontre de la communauté Bereshit et de son fondateur, la comparant notamment à une secte ou à une organisation mafieuse. J’ai été condamné de nombreuses fois pour cela, mais malgré tout je m’enferrais dans la haine et je continuais à répandre mon fiel par voie de presse interposée.
Peut être avais-je inconsciemment besoin de la communauté pour m’épanouir ? Ma vie sombrait alors dans le désarroi le plus complet. Mon divorce, mes soucis financiers (ma fraude fiscale) tout cela me minait terriblement et aurait pu se conclure par un suicide.
Lorsque je me suis rendu sur les lieux du drame à la demande de Christophe Tomassin, rédacteur en chef de Nouvelles du monde, j’ai pris conscience de mon erreur.
Face à cet océan de douleur causé par un malencontreux dysfonctionnement électrique je n’ai constaté de la part des fidèles qu’amour, compassion et dévouement. Ni endoctrinement, ni sectarisme.
Toutes mes pensées vont aux victimes de cet effroyable accident. Je demande pardon à Eloïm, ainsi qu’aux membres de sa communauté pour tout le mal que j’ai pu causer et aujourd’hui je demande pardon.»
Thomassin devait être complice de cette mascarade. « A quoi bon se battre contre des moulins ? » Kadmon était pris dans la nasse. Rien ne semblait tangible. L’étau se resserrait inéluctablement sur lui. Il tentait vainement de rationaliser: Admettons qu’Eloïm veuille se venger de lui, soit, mais pourquoi maintenant ? Personne ne lui accordait plus de crédit. Il ne représentait plus une menace à proprement parler, mais il avait tout de même la profonde conviction que l’explosion n’était pas accidentelle et que d’une manière ou d’une autre, cela ne lui aurait pas échappé. Tôt ou tard, il aurait forcément enquêté, serait retourné au front. Eloïm aurait donc orchestré son retour ? « Il joue avec moi comme le chat avec une souris depuis notre première confrontation, mais maintenant qu’il a franchi la ligne jaune, il veut m’avoir au plus prêt de lui, surveiller mes actes, me discréditer définitivement. »
Le domaine faisait penser à une ville fantôme, déserté, vide, abandonné, mais pour un temps seulement à n’en pas douter, car une fois les traces de morts évacuées des mémoires, l’endoctrinement et le business reprendrait ici à plein régime. Louis ne pouvait s’empêcher d’être malgré tout subjugué. Des années passées à diaboliser ce lieu, à faire des recoupements, des supputations, pour en définitive s’y sentir bien, serein, libre, à l’abri de la haine de l’extérieur… s’il n’était pas si seul et perdu, à la merci d’ennemis invisibles.
Quant à la mystérieuse inconnue, c’était folie que de lui faire confiance, mais pourtant au fond de lui, un doute subsistait… peut être n’était-elle que la victime instrumentalisée d’un sociopathe pervers ?
«Quoi qu’il en soit, le gourou a de la chance d’être tombé sur un con naïf comme moi pour némésis.»
Le journaliste se remémora la première conférence publique d’Eloïm, c’était en province. Kadmon alors stagiaire pour un quotidien aujourd’hui disparu, couvrait une banale affaire de fraude à la sécu, il avait trouvé par hasard un tract sous l’essuie glace de sa 205 GTI. Intrigué par le sujet, «Faire briller l’Homme solaire qui est en vous», le futur journaliste s’était rendu dans la petite salle mise à disposition par la municipalité au futur leader de l’association «Bereshit: Au commencement» et assisté au road show destiné à rameuter de nouveaux fidèles.
A l’époque, jeune esprit en fleur, ni connu ni influent, Eloïm s’était rodé dans son activité de leader spirituel avec un discours pour le moins ésotérique:
« Le jour où tout a changé s’est déroulé ainsi. Je me promenais sans but, désœuvrée et fâché avec la vie, le long d’une plage de sable blanc. Il faisait un temps extraordinaire, la mer était bleue turquoise et d’un calme absolu, je m’en souviens si clairement. Comme si c’était hier. J’étais nu. Seul. Le soleil irriguait ma peau et nourrissait d’une merveilleuse énergie cosmique mes membres alors faiblement développés.
Pourtant je n’étais pas heureux, il me manquait quelque chose, j’avais beau avoir beaucoup, il me fallait toujours plus. Et là, d’un coup, Il m’est apparu, comme surgit de nulle part. Beau. Fort. Souriant. Sûr de lui. Je sentais la présence rassurante que seule peut apporter, un être de lumière.
Il s’est approché de moi et m’a dit d’un ton clair et posé : « Fils, tu es là aujourd’hui pour une seule et unique raison. » Je restais interloqué. Attentif. Il reprit : « Tu vas recevoir mon enseignement et ce que tu vas découvrir tu devras à ton retour le transmettre et le partager. Mais uniquement avec des élus. Des être méritants choisis et reconnus comme tels. Ils devront passer les épreuves et se montrer dignes.»
Le gourou en herbe avait au fur et à mesure affiné sa stratégie. Les sectes millénaristes ou trop empreintes de bondieuseries affolaient les médias. Le créneau était bon, pas de doute là dessus, mais l’époque ne réclamait plus de religiosité, alors il s’attacha à «soigner» l’égo de ses ouailles plutôt que leurs âmes. Son idée pure et simple: Les beaux attirent les beaux, les riches attirent les riches. Il suffisait d’entretenir leur amour propre, leur propension à l’égotisme pour les contrôler. Mais en premier lieu il fallait travailler le discours, le rendre efficace, imparable.
Au cours de ses innombrables investigations, Kadmon avait réussi à dégoter dans une poubelle, à l’issue d’une réunion publique, une note manuscrite rédigée par Eloïm. Mehdi Trabelsi de son vrai nom. Des bribes de phrases tirées du prologue du roman l’Alchimiste de Paulo Coelho:
« L’Alchimiste connaissait la légende de Narcisse, ce beau jeune homme qui allait tous les jours contempler sa propre beauté dans l’eau du lac. Il était si fasciné par son image qu’un jour il tomba dans le lac et s’y noya. À l’endroit où il était tombé, naquit une fleur qui fut appelée narcisse. Pourquoi pleures-tu ? demandèrent les Oréades. Je pleure pour Narcisse, mais je ne m’étais jamais aperçu que Narcisse était beau. Je pleure pour Narcisse parce que, chaque fois qu’il se penchait sur mes rives, je pouvais voir, au fond de ses yeux, le reflet de ma propre beauté. «Voilà une bien belle histoire», dit l’Alchimiste. »
Le reflet de leur propre narcissisme, voilà ce que les adeptes de Bereshit recherchaient fondamentalement et Mehdi leur procurait de quoi satisfaire leur vice en toute impunité…
Une évidence sauta alors, comme un eurêka grec, à l’esprit de Kadmon: Aucun média n’avait jamais dévoilé la véritable identité d’Eloïm !
Il semblait encore aujourd’hui être le seul journaliste à s’être réellement intéressé au leader de la «communauté» des nantis. A avoir investigué son passé. Ses origines.
Lui seul l’avait suivi depuis le début. Lui seul avait vécu au plus près l’ascension du gourou et pourtant malgré tous les ennuis que la secte lui avaient causés, Kadmon n’avait jamais rien publié hors du cadre légal, pas même sur Internet.
Il s’était simplement résigné, persuadé que cela ne l’aurait mené à rien de bon, s’était contenté de stocker des tonnes d’informations pour lui ou pour un ouvrage futur, compilé le tout dans un carnet moleskine qu’il planquait derrière un tableau dans le salon de son appartement, une piètre précaution d’usage, juste au cas où la communauté aurait voulu mettre la main dessus.
Cela étant, sa vie n’avait jamais été menacée directement. Jusqu’à présent.

— Chéri, je suis prête !
Fait chier. Je n’ai rien écrit. J’espère que je me rappellerai de tout. Je ferme la fenêtre de la cuisine, traine les pieds comme un condamné à l’échafaud jusqu’à la chambre. « Une chute sans fin dans une nuit sans fond, Voilà l’enfer. » disait Victor Hugo.
Oh mon dieu ! Le spectacle est infernal… Alix porte un bustier rose pétard qui laisse apparaitre la moitié de ses seins. Ses grosses cuisses celluliteuses sont comprimées dans des bas résilles, qui menacent d’exploser, rattachés à un porte-jarretelles rouge sang. Son absence de culotte révèle une épilation totale de son intimité. Elle porte également des talons aiguilles ce qui ne semble pas illogique au regard du reste de l’accoutrement.
— Alors mon gros dégueulasse… Je t’excite hein… Regarde ! j’ai pris quelques accessoires. Tu peux faire ce que tu veux de moi. Je suis ta chose…
Sur la table de nuit: Un Sex Toy. De l’huile de massage. Un bandeau. Des menottes… Miracle… j’ai une idée. Je me concentre sur la scène de sexe décrite dans mon bouquin pour me donner du coeur à l’ouvrage. Je ferme les yeux. J’embrasse ma compagne à pleine bouche. Palpe son corps mou et gras. J’arrive à avoir une érection (réflexe ?), elle le sent et se trémousse un peu plus. J’exerce une légère pression de mes mains sur ses épaules afin qu’elle se baisse au niveau de ma braguette et qu’elle me prodigue une fellation. Alix comprend mon message et s’exécute. Je lui passe le bandeau sur les yeux. Elle ne voit plus rien. Je l’installe à quatre pattes sur le lit, enduis le godemichet d’huile de massage. Je m’assois à côté d’elle et lui enfourne mécaniquement le jouet dans son vagin. Je baille sans faire de bruit. Elle hurle de plaisir. J’accélère le rythme de mes va et vient pour la pousser au paroxysme. Je sens qu’elle va jouir, de mon autre main je me masturbe. Elle est presque au bout. J’enlève le gode et j’arrive pile au bon moment pour éjaculer en elle. Mission accomplie. Alix halète. Je lui retire le bandeau.
— Tu m’as jamais aussi bien baisée mon salaud. Elle te plait ma chatte comme ça ? j’en étais sûre. Tu sais quoi, j’ai une idée: Si tu es bien sage pendant le diner des Leroy et que tu es assez large d’esprit pour tolérer une situation un peu particulière… tu seras récompensé: Nous irons samedi soir dans un club libertin dont on m’a dit beaucoup de bien. Crois moi tu vas adorer…
Je suis interloqué.
— Tu parles de ce genre de chose avec des gens ?
— Evidemment, le sujet est très à la mode et je suis une fille hyper ouverte, beaucoup plus que tu ne le crois. D’ailleurs, à ce sujet, je te réserve une petite surprise. En tout cas on peut parler de tout avec moi. On dirait que tu le découvres !
— Non, non, ça ne m’étonne pas du tout…
J’espère que mon ton était convaincant. Pas de réaction. Ca semble bon.
Alix se couche rassasiée. S’endort. Ronfle. Je suis allongé de mon côté. Mes yeux ne se ferment pas. J’attends qu’elle soit profondément endormie pour retourner dans le salon, avancer l’écriture de mon roman.
Qui entend bien, comprend bien… Mais qui discerne le sens caché derrière les mots est en mesure de découvrir les pensées secrète de son auteur, parfois au dépend même de celui-ci.
Tant pis, je prends le risque de mettre mon esprit à nu, de toute façon l’important est le chemin pas l’arrivée. Je me suis engagé dans une voie, j’espère ainsi me (re)trouver, avoir la force de vivre librement en âme et conscience, sans stress ni pression. Apprécier chaque moment sans crainte ni retenue. Transcender le « Je suis comme je suis et c’est ainsi ».
Mais « qui » est le con à l’origine de cette phrase stupide, sclérosée et malheureusement communément acceptée ?
Tout instant de la vie doit me permettre d’être différent des déterminismes sociaux, familiaux, éducatifs. Il me suffit d’agir conformément à ce que je veux et non pas tel qu’on me l’a inculqué. Quel bonheur, j’imagine, d’arriver à transcender sa simple condition. Devenir non pas une autre personne mais réellement soi. Je suis comme je suis ? Je suis ce que je veux être. Je suis tout simplement.
« Alors laisse-toi aller, laisse couler tes larmes. Il n’y a pas de honte à avoir, cela restera entre nous. Tu n’as pas à faire semblant d’être fort, la vie n’impose pas ce combat. C’est l’homme qui veut qu’il en soit ainsi, mais toi qui est abattu, craque. Les sanglots et les cris font partie de l’existence depuis l’origine, alors va au bout de ta peine. Exprime ta détresse, ne refoule rien au contraire. Les autres sont des lâches, ceux qui te plaignent ou te méprisent. Tu seras libre quand ton cœur sera vidé de la tristesse comprimée, refoulée et eux resteront secs incapables de ressentir. »
Mais est-ce vraiment possible d’agir selon sa propre volonté ici-bas, alors que depuis l’origine de l’humanité tout a été mis en place pour que cela n’arrive pas ?
Nos grands penseurs, en particulier ceux que nous abreuvons de louanges, ont été le plus souvent conspués, haïs, massacrés pour avoir tenté de nous libérer de ce joug grégaire, animal.
Comment tendre honnêtement et consciemment vers cet objectif ?
Ce que nous considérons comme des sentiments nobles comme l’amour ou l’amitié ne sont le plus souvent que des chaines invisibles destinées à enfermer l’autre dans un rôle déterminé et que par réciprocité, ils nous assignent également, mais dont aucun ne doit se départir sous peine de manquer à cet hypocrite engagement.
Avoir la faculté de percevoir cela n’est qu’une étape infinitésimale sur une route pleine de drames, de morts, de frustrations, d’espoir, d’envie, de désirs, de joies, de peines…
De toute façon cela vaut la peine d’être vécu… sinon je dois retourner au plus vite à la poussière céleste d’où je suis issu.
« Tu sais ce que je veux, alors fais en sorte que… » Malgré mes pensées digressives j’arrive à reprendre le fil de mon récit…

Lundi 23h00. Louis entre dans le café. Celui qui fait l’angle. Juste à côté de l’hôpital. C’était là que l’inconnue de la chambre VII lui avait fixé cet étrange rendez-vous. Il angoissait depuis quelques jours, prêt à subir le pire, si c’était ainsi que cela devait finir. Glauque… Autant dehors que dedans… Le froid lui glaçait les os et ce n’était pas le minable petit brasero qu’il apercevait au fond du bastringue qui allait atténuer cette sensation. La torpeur parisienne lui collait, si c’était possible, un peu plus le bourdon. Il se sentait las et fatigué. La lumière tamisée du lieu éprouvait ses yeux rougis.
Il s’installe dans une sorte de box près du chauffage. Le café était presque vide. Deux tables occupées. L’une par un petit couple de jeunes qui se pelotonnaient sur la banquette à l’arrière, l’autre à l’opposé près de la fenêtre par un homme seul, barbe de trois jours, lunettes de vue, qui tripotait nerveusement son téléphone portable, buvait sa bière à grandes gorgées, tirait la gueule, l’air triste et désabusé. Avec le Barman moustachu à tête de facho et le serveur «titi parisien», ils étaient six à peupler le «Balto».
Trois jours s’étaient écoulés depuis son retour du château Bereshit. Dans sa boîte aux lettres, un chèque de «Nouvelles du Monde» l’attendait ainsi que plusieurs factures pour une fois honorées à temps. Son appartement ne semblait pas avoir été visité durant son absence.
Il éprouvait une sensation étrange à l’idée de retrouver la mystérieuse apparition de la chambre VII. Louis pensait si souvent à leur étreinte… une émotion l’étreint en la voyant pousser la porte du bar. Sans hésiter ni un regard pour les autres clients, elle vient s’asseoir en face de lui… Magnifique. Ses cheveux châtains clair, son manteau trois quart avec un col en fourrure qui lui va à ravir.
— Bonsoir Louis.
— Bonsoir …
— Natasha.
— Bonsoir, Natasha …
Elle est encore plus belle que dans mes souvenirs.
— Louis, je prends des risques en venant te parler mais il le faut. Natasha se saisit de sa main. Le serveur arrive aimable (sic).
— Vous voulez quoi ?
— Je ne sais pas, un thé ?
— Citron, darjeeling, vert, jasmin.
— Jasmin.
— Monsieur ?
— Un verre de vin blanc s’il vous plait.
— Sec, moelleux ?
— Sec !
— Chardonnay ? Bourgogne aligoté ?
— Chardonnay
— Ca marche. 11, 50. J’encaisse maintenant !
Kadmon tend au garçon un billet de 20 euros, empoche la monnaie, laisse une pièce de 1 euros en évidence sur la table qu’il comptait bien récupérer lors de leur départ du bar. « Le prix du sourire connard ».
— Louis… Ecoute-moi attentivement. Je te présente mes excuses… Je suis partie sans prévenir. Je n’avais pas le choix, mais je savais que je pouvais compter sur ta perspicacité pour me retrouver. Ce n’est pas facile à dire, mais sois très prudent. Jusqu’à présent tu as été préservé. Tu dois t’en douter, la communauté aurait pu t’anéantir, t’éliminer et certains en ont exprimé clairement l’envie, mais il se trouve qu’Eloïm éprouve une sorte d’affection pour toi…
— Je suis touché !
— Ce n’est pas une plaisanterie. Au départ tu n’étais qu’une mission.
— Ah…
— Mais tu es différent des autres ! Avec toi il s’est passé quelque chose d’indéfinissable, que je ressens profondément, une connexion intime peut être ?
Je devrais être sur mes gardes, me dire qu’elle sert ce baratin à tous les hommes perdus croisés sur son chemin et pourtant je me laisse embarquer.
Qu’ai-je à perdre ? Il est toujours plus facile de sacrifier sa solitude lorsqu’elle pèse, que sa compagnie lorsqu’elle est appréciée.
— Moi aussi Natasha j’éprouve ce sentiment… depuis notre rencontre je n’arrête pas de penser à toi… tu occupes mon quotidien, de jour comme de nuit, rien d’autre n’a d’importance… le monde est fade sans toi.
— C’est pour cela Louis que tu dois être vigilant… tu ne gagneras rien à t’attaquer à la communauté Bereshit. Au mieux tu survivras chichement au pire… je me refuse d’y penser.
Etait-ce une menace, un avertissement, l’expression de ses sentiments sincères. Ai-je le pouvoir de les détruire ? S’ils n’avaient pas peur de moi, ils ne prendraient pas le soin de m’avertir surtout par l’intermédiaire d’une si jolie médiatrice.
— Comment sais-tu ce qui peux m’arriver ?
— Nous savons tout de toi !
— Alors pourquoi ce rendez-vous ? Je ne suis pas une grenade prête à exploser… mais totalement désamorcée ! je ne sais même pas si j’ai été en mesure d’exploser à un moment d’ailleurs !
— Je te l’ai déjà dis Louis, cela peut te sembler incongru ou absurde, mais tu me plais et je veux te garder… J’ai envie d’être avec toi, partager un avenir peut être.
Après une seule rencontre ? J’ai peut être mésestimé mon charme durant toutes ces années qui ont succédées mon divorce…
— Crois-tu que cela soit compatible avec ta fonction au sein de la communauté ?
— J’y ai réfléchi, je vais demander à Eloïm de m’affranchir.
— Affranchir ? Tu es une esclave ?
Natasha recule instinctivement, tourne sa cuillère dans sa tasse, boit une gorgée.
— Les mots n’ont pas le même sens dans le monde profane.
Je n’ai pas envie de la provoquer à nouveau, je change de sujet.
— Pourquoi m’avoir donné rendez-vous ici ?
— Il y a un être qui a une place importante dans ma vie. Mon frère Yevgnie. Plongé dans un coma artificiel depuis 3 ans. Je viens le voir aussi souvent que mon emploi du temps me le permet. La visite d’aujourd’hui était planifiée. En revanche personne ne sait pour notre rencontre. J’en ai profité. Malgré les risques que cela comporte. Pour toi comme pour moi.
Je tolère son explication même si certains détails me semblent cousus de fil blanc et sont facilement démontables. Peu importe je saute à pieds joints dans le maelström. Comprendre, savoir, découvrir ? Tant pis, je ne vérifierais pas son histoire, mais je m’intéresse tout de même à sa vie.
— Qu’est-il arrivé à ton frère pour qu’il se retrouve dans le coma ?
Natasha me regarde droit dans les yeux.
— Il a organisé une sorte de raid pour me faire sortir de la communauté… Il a échoué.
«Si la curiosité t’a conduit ici, va t’en» et pourtant je reste.
— Peux-tu préciser s’il te plait ?
— Je n’aime pas raconter cette histoire mais je vais faire l’effort pour toi. En résumé: J’ai vécu mon enfance en Russie, ensuite j’ai voyagé en Italie, puis en France où j’ai rencontré Eloïm. La Communauté est devenue ma famille. Mon frère a fini, après des années de recherches, par me retrouver. J’étais heureuse. Je voulais qu’ils nous rejoignent, mais il n’avait qu’une idée en tête me faire retourner en Russie car selon lui j’appartenais à un chef de la Bratva. Avec plusieurs comparses ils ont essayé de me kidnapper, malheureusement pour lui, heureusement pour moi, son entreprise s’est soldée par un échec, sans rentrer dans les détails les acolytes de Yevgnie sont mort et lui a survécu, parfois je me dis qu’il aurait mieux fait d’y rester lui aussi. Je ne crois pas qu’il sorte un jour du coma. C’est ainsi. Mais il reste mon frère quoi qu’il ait fait.
Natasha est calme, sûre d’elle. Si je n’étais pas aussi épris de cette femme, je penserai froide et impitoyable, mais je ne peux m’y résoudre.
— Natasha, connais-tu la fable de l’arbre et de l’enfant ?
— Non.
— Il était une fois… ou plutôt un jour: Un enfant découvrit par hasard que lorsqu’il apposait les paumes de ses mains autour du tronc d’un grand chêne de la foret qui jouxtait sa maison, celui-ci absorbait son chagrin, son amertume, ses craintes, son ressentiment. Libéré de ses entraves émotionnelles, il était alors en mesure d’accomplir ce qui d’ordinaire l’effrayait ou lui posait le plus problème: Vivre. Ainsi à chaque fois qu’il était sujet à la mélancolie, au désespoir ou à l’isolement, il allait se ressourcer auprès de l’arbre qui lui apportait, sans réserve, le soutien nécessaire pour dépasser cette souffrance. L’enfant grandit et continua son rituel à chaque fois que nécessaire, il vieillit, continua son ascension sociale, devint de plus en plus important socialement car il réussissait toujours ce qu’il entreprenait, sûr d’avoir la force nécessaire pour cela grâce à son arbre. Riche, célèbre, beau et sans soucis d’aucune sorte, il se surprenait néanmoins à éprouver une angoisse que l’arbre ne parvenait pas à contenir, il était seul. Il se rendit auprès de l’arbre pour se libérer de cette douleur et fit ce qu’il n’avait jamais fait jusqu’à présent: Il regarda l’arbre avec les yeux du coeur. Il s’attendit à contempler un solide chêne majestueux, grand et fort comme lui, mais au contraire l’arbre était rachitique, quasiment sans branches, abandonné de toute vie. Alors quel fut le comportement de l’homme ? Il prit une hache et terrassa l’arbre ? Il s’agenouilla devant et pleura ? Il apposa ses mains sur l’arbre pour lui retransmettre l’amour et la joie qu’il avait reçu grâce à lui tout au long de sa vie ? Il hurla et partit en courant ? Il fit comme si de rien n’était et tenta de se délivrer de son angoisse tout seul ? Il se suicida pour nourrir l’arbre de son sang ? Il s’installa au pied de l’arbre et s’endormit du sommeil éternel ? Il chercha un autre arbre persuadé que cela ne pouvait être celui-là ? Il pleura sur son sort ? Il promit à l’arbre de le venger ? Il comprit finalement que la force qu’il avait reçu ne provenait que de lui-même et qu’il avait espéré qu’il en fut autrement par crainte de devenir ce qu’il est ?
— Je n’en sais rien !
— Moi non plus… mais il a le choix. La seule chose importante pour moi dans cette histoire c’est sa prise de conscience.
— Fais moi l’amour.

La fin du chapitre n’est pas béton mais je vais la retravailler demain.
En ce qui concerne la suite et selon mon plan, Louis retournera sur les ruines du château persuadé d’y trouver la preuve irréfutable que l’explosion n’est pas accidentelle. Il s’entretiendra avec une victime qui lui racontera ce qui s’est passé la nuit du drame…
J’ai rendez-vous à onze heures et quart avec ma psy. Faudra aussi que je jette les bouteilles de vin. Dans l’ensemble je suis satisfait, j’ai un vrai rythme d’écriture et l’histoire semble cohérente. Morphée m’appelle. Je ne lui résiste pas. Sommeil sans rêves. Mes yeux se dessillent naturellement.
L’horloge numérique affiche d’implacables chiffres rouges 10:05. Merde. Alix ne m’a pas réveillé ce matin comme à l’accoutumé, mais a laissé sur le frigo (à mon attention je présume) un joli coeur dessiné sur un post-it. Par texto elle me demande (m’implore oui) de faire un minimum pour mon apparence, elle flippe vraiment que j’arrive comme un pouilleux chez Zaza et Jean-Paul (où est la corde ?). Elle me rappelle aussi pour la énième fois que si je me tiens bien, samedi soir, nous irons nous encanailler dans le fameux club libertin dont elle m’a parlé la dernière fois… Sincèrement, je ne suis pas aussi demandeur qu’elle semble le croire.
Je me prépare et j’enchaine la visite chez la psy qui s’avère au delà de mes attentes. Son remplaçant, Tristan de la Villecombière m’expédie en moins de 5 minutes:
— Monsieur ? Il pose à peine les yeux sur moi. Venez !
Je me lève de mon siège de la salle d’attente pour me rendre jusqu’à son bureau tout en me demandant à qui j’ai à faire. Ma thérapeute est une grande blonde sèche, au regard professionnel et aux mains manucurées. Rien à voir avec ce gars parfaitement antipathique au premier abord.
— Bon, j’ai parcouru votre dossier. L’employé qui se fait harceler par un chef d’équipe tyrannique de 10 ans son cadet. Je vous comprend. Jamais pu saquer le genre kapo qui fait de l’excès de zèle sans comprendre que tôt ou tard il sera dans la même situation que vous. Je prolonge votre arrêt de travail. Six mois supplémentaires ne seront pas de trop ! Ainsi vous aurez le temps de réfléchir à un autre métier… ou peut être se sera t-il fait virer d’ici là. Croyez-en mon expérience, les excités du résultat ne durent jamais bien longtemps. En terme de prescription, je vous renouvelle le seroplex ainsi que le lexomil. Un minimum pour supporter la vache qui vous sert de femme. Veuillez m’excuser, mais c’est ainsi noté dans votre dossier. Je compatis. Autre chose ?
— Non.
— 60 euros. En liquide. Si vous ne les avez pas sur vous, il y a un distributeur au coin de la rue. Je vous ai noté dans mon agenda. Le mois prochain, même jour, même heure. Au cas où vous souhaiteriez discuter, sachez que subir votre complainte ne m’intéresse pas et que je ne vous serez d’aucune aide. Vous êtes le seul à pouvoir changer la situation. Rien d’inexorable croyez-moi. Au revoir monsieur.
— Merci… Au revoir…
Sur le pallier sans avoir eu le temps de dire ouf, ordonnance et arrêt maladie en main. Une tête de con ce psy mais diablement efficace au demeurant !
Les rues sont calmes. Ils sont tous réfugiés dans les magasins en train de faire leurs achats de Noël. Les décorations sont soignées. J’apprécie l’effort qui est fait par la société de consommation pour tenter de nous distraire de la merde dans laquelle elle nous a plongé.
Lever les yeux au ciel et contempler les nuages qui errent.
D’où viennent-ils, où vont-ils ?
Peu importe… je continue d’interroger le ciel sans attendre de réponses.
Les pieds sur terre, encrés dans le concret, l’utile et le nécessaire.
Hier j’avais envie de me fabriquer un château intérieur pour y ranger mes pensées profondes et cesser une bonne fois pour toute de parler à tort et à travers.
Force est de constater que je suis incapable de conceptualiser un tel édifice. En conséquence de quoi je compte faire une prison, ça me semble être un bon compromis, mais je ne sais pas si ce sera un lieu très efficace pour canaliser mon inaptitude à tenir ma langue.
Une bonne mise au silence est parfois tellement nécessaire…
Miroir mon beau miroir… entre le reflet de la société déliquescente, des individualités toujours plus exacerbés, des peur et des crimes qu’on nous relate avec toujours plus d’appétit.
Comment trouver la clé du positivisme ?
Une attitude volontaire et acceptante, capable de laisser de côté les drames inhérents de l’existence et de privilégier ces impalpables moments de plénitude solitaires ou collectifs.
Suivre un guide qui nous indique le bon chemin vers le beau, le bien, le vrai. Laisser de côté la facilité pour choisir le rire plutôt que les larmes, le partage au lieu du tout pour soi.
L’amour comme fil d’Ariane et les sens satisfaits de la simplicité du goût de la vie sans amertume ni regrets.
Sans inquiétude ni faiblesse.
Réunion avec la nature, communion avec les êtres.
Amour.
Rien à voir avec la dernière console à la con ou la profusion de bouffe du réveillon.
Cette année, Alix veut un bijou comme cadeau, pour crâner devant ses copines. J’aime bien employer le mot « crâner » volontairement regressiste.
Un point positif tout de même malgré ma délicate situation professionnelle, je touche l’intégralité de mon salaire (moins les primes bien entendu), mais j’ai la chance d’avoir une bonne convention collective. Même si je ne roule pas sur l’or, j’ai de quoi subsister et faire plaisir à mes proches. Simple expression, je n’ai pas de proches… à part Alix bien entendu. Un peu trop proche d’ailleurs… Loin, très loin, si loin de la vie d’Eloïm…

Costume noir. Chemise blanche immaculée impeccablement repassée. Noeud papillon en soie noir. Le gourou se tient droit. Debout. Serein, au centre de la pièce. 20 m2. Faiblement éclairée, simplement équipée d’une table industrielle en acier sur laquelle trônait un iMac de 27 pouces.
Il balaie d’un regard circulaire, méprisant, les membres du conseil d’administration de l’organisation réunis en session extraordinaire. Eloïm ne forçait pas son talent, il imposait naturellement sans laisser place à la contestation, même induite, son statut de chef.
La réunion se déroulait dans la salle secrète du Centre de Thunder Bay, Ontario, au Canada. Un bunker au troisième sous-sol.
Les accès étaient verrouillés par des codes digitaux, vocaux, chiffrés.
Si le leader du mouvement tuait quelqu’un ici, personne ne le saurait jamais. Pas même un autre membre du conseil.
Chaque participant prit place dans une petite pièce fermée insonorisée.
Seule une baie vitrée teintée leur permettait de voir la pièce centrale dans laquelle Eloïm présidait (un simulacre de «démocratie» nécessaire).
Les administrateurs votaient par le biais d’un boîtier pourvu de deux boutons: vert et rouge. Ils pouvaient rédiger des messages à l’aide d’un clavier relié en wifi à l’unité centrale du chef. Eloïm était le seul à pouvoir lire, modérer ou diffuser leurs interventions.
La hiérarchie séphirotique s’avérait absolument cloisonnée. Bien que de simples fantoches, chacun d’eux avait son utilité. Eloïm s’assurait de leur probité par des enquêtes, des écoutes, des filatures régulières, cela lui permettait de mesurer leur indéfectible attachement à l’ordre en général et à lui en particulier. Les noms des différents participants s’affichèrent sur leurs écrans de contrôle dès insertion du jeton de présence dans le monnayeur situé devant eux. Le gourou n’appréciait pas les surprises. Il avait mis au point un système complexe de leurres pour «protéger» l’identité des membres du conseil, mais il connaissait leur profond égotisme et savaient qu’ils se targuaient dès que l’occasion se présentait de cette fonction.
Neufs pseudonymes sur les dix membres du conseil apparurent en vert sur les différents écrans.
Kether, Ḥokhma, Bina, Ḥessed, Guebhoura, Tiph’ereth,
Neṣaḥ, Hod, Malkhouth
Yessod avait la meilleure des excuses pour ne pas être présent à la réunion, il faisait partie des victimes de «l’accident». Son pseudonyme s’inscrivit en rouge et son identité en noir.
Léo Admonakis: Yessod
Un même frisson de peur parcouru les membres du conseil.
Eloïm savourait son effet. Ils devaient tous comprendre que personne, absolument personne, n’était à l’abris ou protégé, quel que fut son rang ou sa notoriété. Ils devraient de plus vivre avec ce nouveau secret, car s’ils ne respectaient pas la loi du silence, ils mouraient. Logique simpliste mais efficace. Il n’y avait ni alternative ni échappatoire.
— Chers membres de notre remarquable institution nous allons procéder à l’ouverture de la séance. Guebhoura assurez-vous que nous sommes bien en sécurité.
Guebhoura (Oliver Wellington, héritier d’une noble famille anglaise, informaticien présumé coupable à plusieurs reprises pour des faits de hacking, jamais condamné), grimaça. Il craignait de plus en plus cet être dangereux et habité qui pouvait d’un claquement de doigts décider de leur sort, mais il lance toutes les routines informatiques pour se prémunir d’une éventuelle intrusion dans le système et active les 94 caméras réparties dans et autour du bâtiment.
— Tiph’ereth (Marie Villemont, française, richissime veuve, adepte de la première heure et secrétaire contrariée). Vous consignerez les écrits de ce jour dans notre registre secret. Abordons l’unique point de l’ordre du jour. L’avenir de la communauté. L’opération « Maison Brûlée » est une réussite absolue. Nous avons éliminé la majorité de ceux qui menaçaient l’ordre à court terme et par la même occasion réalisé une formidable opération financière. Une nouvelle ère s’ouvre dorénavant pour notre communauté. Nous aurons bientôt un autre membre pour remplacer Yessod et assurer la pérennité du conseil. Mais avant cela je vous ai convoqué pour vous faire part de mon souhait d’ouvrir une nouvelle antenne aux Etats-Unis. Nous bénéficions là-bas d’une excellente presse, surtout après l’événement tragique qui nous afflige, 78% des sympathisants locaux l’imputent aux islamistes. Nous ne démentons pas. Le processus de victimisation nous place dans une position idéale. Nos centres regorgent de demandes d’adhésion. Les dons affluent. Nous organisons la semaine prochaine dans chaque établissement une soirée en l’honneur de nos martyrs. Sont confirmés pour l’instant soixante quatre stars mondiales de la musique, qui vont d’ailleurs faire une chanson commune en l’honneur des victimes, une centaine de célébrités de première catégorie, des sportifs, et notre tête de proue, top-models et personnalités du Gotha. Tous les médias sont acquis à notre cause. Vos feuilles de route vont s’afficher sur vos écrans. Mémorisez les et faites en sorte de respecter scrupuleusement les consignes.
Eloïm parcouru distraitement la flopée de messages qui émanait des membres du conseil, il ne répondit qu’à une seul.
— Le journaliste ? Je m’en occupe personnellement. Vous pouvez disposer.
Ils sortirent des box les uns après les autres, les yeux bandés, neuf voitures étaient prêtes et les disséminent aléatoirement aux quatre coins de la ville. Ils ne sauraient jamais où ils étaient allés, ni avec qui.
Eloïm quitte à son tour les lieux. Il envoie un texto on ne peut plus clair à sa Mata Hari : «Vespale où en es-tu ?» La réponse est quasi instantanée: «Je suis chez lui, tout se passe comme prévu». Le gourou appréciait beaucoup les talents de cette jeune recrue, il devait s’en méfier.
La sonnerie de son téléphone professionnel retentit dans l’habitacle. Johan le chauffeur – garde du corps, décroche dès qu’Eloïm lui en donne l’ordre.
— Monsieur le Président ? Nous sommes en route…

Cette version me plait. Il faut absolument que je l’écrive. J’ai de plus en plus envie de développer l’histoire autour d’Eloïm. Le raisonnement est sans doute simpliste mais les méchants sont malheureusement toujours plus profonds que les gentils.
J’entre au hasard dans un salon de coiffure qui fait également barbier. Je me sens quand même mal à l’aise. Vite penser à autre chose pour ne pas angoisser; que des perles froides de sueur ne coulent pas dans ma nuque.
Je patiente une demi-heure sans café ni revues, j’observe le comportement inepte et dérangeant des clients. Vieilles qui jouent les dames du monde, minaudent sur un bigoudi, s’enflamment pour une conversation sur les têtes couronnées, raffolent de la petite coiffeuse tatouée qui, cependant, si elle était leur petite fille, serait chassée de la famille à grands coups de balai en raison de son apparence trop licencieuse et de ses tatouages qui font mauvais genre. Les tireurs de gueule. Les bavardes. Les «en famille» qui démontrent à l’ensemble du salon leur incapacité à gérer leur progéniture.
Une stagiaire s’empare de moi, m’aide à enfiler le peignoir, m’invite à passer au bac. L’eau est tiède. Elle me demande si ça va je dis que oui mais j’aurai aimé que l’eau soit un peu plus chaude. En revanche j’apprécie la manière dont elle me masse le cuir chevelu. Cela ne dure qu’un trop bref instant. La petite jeune me frotte vigoureusement le crâne et m’installe sur un siège pivotant face à un énorme miroir. Je ne me regarde pas dedans, je zieute tous ces petits culs et paires de seins qui s’agitent en tout sens pour ratiboiser, couper, élaguer, sécher, teinturer, laver, ranger, encaisser.
Magalie, déduction basée sur le badge qu’elle porte à la commissure de son opulent sein droit, me demande quelle coupe je souhaite. Je n’en sais évidemment rien. J’opte pour un pas trop court pas trop long «cache misère». Pour la barbe elle me suggère un effet trois jours auquel je souscris avec enthousiasme, par un léger hochement de tête.
Ciseaux en main, elle m’entreprend dans une conversation sur le thème de la météorologie. J’arrive à donner le change même si je trouve cela d’un ennui profond. En vingt minutes mon aspect a considérablement changé. Je n’ai pas rajeuni mais je suis plus conforme à ce qui est attendu d’un quadragénaire français au XXI°ème siècle.
J’apprécie mon reflet même si l’angoisse me titille l’estomac, un physique de clochard n’amène aucune responsabilité, on peut se montrer désagréable ou apathique, l’homme de la rue ne vous en tient pas rigueur, au pire il vous plaint au mieux ils vous ignore. Mais dès que vous semblez appartenir à son monde, alors il attend de vous ce qu’il ne donne pas lui-même.
Seul moyen d’échapper à ce déterminisme capillaire, être snob. Accéder au prétendu cran supérieur social. Costume – cravate de chez le bon faiseur et air dédaigneux de rigueur. Incarnation pour le commun de la haute société qu’elle vénère et qu’elle redoute. L’homme soigné bénéficie au plus de traitements de faveur (sourires hypocrites, regards craintifs, attentions particulières), sinon de la même ignorance que le pouilleux.
Singulier par nature et par conviction, incapable de répondre à l’attente du simple quidam, je suis donc dans l’obligation de faire ces efforts vestimentaires. Je n’ai pas le choix. Y aura-t-il un impact sur mon écriture ? Mon apparence extérieure, raisonnera-t-elle dans mon intérieur ? Unique regret, Alix va a-do-rer !
Le reste de la journée se déroule devant l’ordinateur. Alix rentre du boulot super tendue, persuadée que je suis en jogging et t-shirt, un mince espoir que je sois tout de même allé chez le coiffeur. Sa surprise est de taille et sa mâchoire pratiquement décrochée lorsqu’elle me découvre barbe taillée et coupe fraiche, en costume croisé six boutons avec un col en piques. Le tout dans une flanelle en laine et cachemire, noeud papillon en flanelle assorti et chaussures derby. Sans omettre la chemise à boutons de manchettes. Sur le cul la grosse !
— Bon on y va ? Dis-je comme si tout cela était parfaitement normal.
— Euh, dans un petit quart d’heure le temps de me préparer. Tu ne crois pas que tu es peut-être un peu trop habillé ?
— Je ne trouve pas, c’est le syndrome «dépressionnaire»: un coup je me néglige, un coup je prends soin de moi. Tu préfères que je me change ?
— Non, non, non, non, tu es parfait, tout est très bien ! La coupe super, la barbe aussi. Je suis vraiment très heureuse.
Alix s’enferme dans la salle de bain: « décidément ce mec va me rendre folle moi aussi ! » Pantalon noir, chemisier en soie blanc, veste noire, collier de perles et talons hauts noirs. Chic et sexy. Un peu de rouge à lèvres, un soupçon de fond de teint. «J’espère que Zaza va apprécier.»
Nous arrivons chez les Leroy légèrement irrités… les explications erratiques d’Isabelle nous ont couté une putain de demi-heure pour trouver leur lotissement. Un cauchemar.
Alix a insisté pour s’encombrer les mains d’un bouquet Sensation de chez Interflora (Bouquet rond de fleurs variées à dominante rouge. Parce que les fleurs savent aussi exprimer votre message avec force et conviction.) 41 euros et d’une bouteille de vin rouge, un Pessac Leognan La Gaffelière 2009 à 75 euros. Même si je pense incongru et exorbitant, je me tais, d’autant plus qu’Alix me gratifie d’une amabilité rare depuis notre départ de la maison. J’avais un doute mais je n’en ai plus, la « cahute à Zaza et Jean-Paul » est comme je le présumais un pavillon de banlieue standard et sans charme.
Isabelle nous accueille avec la chaleur hypocrite des cons.
— Alix, ma chérie !!!! Je suis tellement contente de te recevoir, allez-y entrez. Ne restez pas devant vous allez attraper froid. Oh les belles fleurs, elles sont magnifiques. Elle beugle: Jean-Paul… viens voir ! ils ont amené du vin et une belle bouteille en plus.
Alix trépigne de joie comme une collégienne. Je reste derrière elle stoïque et interdit. J’attend qu’Isabelle daigne se bouger de l’entrée et me débarrasse de mon trench coat. Jean-Paul arrive en trainant le pied. L’air boeuf. 1m85. 110 kilos au bas mot. moins de 10% de muscles. Le reste composé de graisse et d’os. Chemise violette brillante ouverte jusqu’au nombril. Chainette en or autour du cou. Gourmette au poignet. Chevalière en or. Arrêtez tout… J’ai en face de moi le grand gagnant de l’aventure MasterPlouc. Convoquons la presse et les caméras, formons la haie d’honneur… Il s’empare de la bouteille. Le sosie de Mister T se donne le genre érudit:
— Hummm… Je connais pas… mais c’est un bordeaux !
Finalement je sens que je vais me régaler. Du très haut niveau. Si tous les ingénieurs sont comme lui, je comprends mieux pourquoi nous sommes dans la merde…. Ma chère et tendre pousse des ah et des oh tandis que Zaza nous fait faire le tour du propriétaire. 120 mètres carrés de mauvais goût. La chambre parentale (ils ont deux enfants de huit et onze ans expédiés pour la nuit chez pépé et mémé) est paroxysmique: Miroir au plafond et lithographies inspirées du Kamasutra. Il ne me faut pas dix secondes pour deviner qui a pu donner à Alix l’envie d’aller en club libertin.
Je n’ai d’ailleurs pas immédiatement remarqué, mais Zaza est habillée d’une jupe fendue ultra courte et d’un haut hyper décolletée. Grande et maigre. Rousse. Elle contraste avec Alix nettement plus petite et replète. Laurel et Hardy version féminine. Je suis pas très fan de son physique mais son air de bourgeoise pute me trouble quand même un peu.
Nous passons enfin au salon. Jean-Paul nous attend, assis sur le canapé en cuir blanc. Jambes écartées (du style je ne peux pas croiser les jambes j’en ai une trop grosse).
Isabelle nous prépare des kirs en apéritif. Impossible de ne pas voir son soutien-gorge lorsqu’elle se penche ou sa culotte quand elle s’assied, ou plutôt se love sur son mari.
Je jette un coup d’oeil à Alix qui semble apprécier la vue. Putain… mamour aurait un côté lesbiche ? C’est la meilleure !
Nous restons silencieux un petit moment, «dégustons» les fameuses bouchées au saumon d’Isabelle. Grasses et lourdes. Il faudrait du débouche canalisation pour les faire passer, je prie pour ne pas mourir étouffer. Tu m’étonnes, avec un tel «talent» culinaire à la maison, moi aussi j’aurai un physique de Samoan. Jean-Paul m’interpelle.
— Alors ? Zaza m’a tellement parlé d’Alix qu’elle n’a presque plus aucun secret pour moi… il le dit avec un ton désagréablement concupiscent qui fait glousser Alix. Mais toi, qu’est-ce que tu fais dans la vie ?
Je répond du tac au tac:
— Je suis écrivain
Alix manque de s’étouffer, prend la parole presque en s’excusant,
— Il n’est pas écrivain. Il est commercial, mais il pense à se reconvertir dans l’administration ou l’informatique.
Jean-Paul ne relève pas… a l’air intrigué.
— Ecrivain ? Intéressant. Déjà publié, ou pas encore ?
— Je travaille sur mon premier livre.
— Ah et il parle de quoi ?
Il se sert un énorme verre de vin sans nous en proposer alors que nos verres sont vides.
— Pour résumer, c’est l’histoire d’un aviateur qui, à la suite d’une panne de moteur, a dû se poser en catastrophe dans le désert du Sahara et tente seul de réparer son avion. Le lendemain de son atterrissage forcé, il est réveillé par une petite voix qui lui demande : « S’il vous plaît… dessine-moi un mouton ! » …
Zaza semble déconcertée.
— Mais, ton histoire, on dirait le Petit Prince !
Je fais l’étonné.
— Comment ça, ne me dit pas que quelqu’un a déjà écrit mon roman ? Des mois que je travaille dessus. Ah non mais ça pue l’espionnage industriel ça !
Alix me jette un regard ak47. Je me reprends:
— En réalité, il s’agit d’un thriller horrifique sur des ingénieurs cannibales qui ont été contaminés par un gaz radioactif.
Pas question que je dévoile ma véritable histoire.
Jean-Paul s’esclaffe
— Je te prédis un carton ! Mais faut pas que t’oublies de mettre du cul dedans. Tout le monde aime le cul. N’est-ce pas ma chérie ? Isabelle lui rend un sourire gourmand.
Je rêve ? Il y a une caméra cachée ? C’est pour une émission sur les couples libertins ? Au début j’aimais bien le concept, mais progressivement je trouve leur attitude glauque et leurs manières déplacées. Alix pour sa part est extatique, dans l’espèce de petit couple qu’elle forme avec Zaza, c’est la grande maigre qui domine.
Les banalités d’usage s’enchainent, je somnole un peu, sollicite au max Jean-Paul qui finalement est ravi d’avoir trouvé un compagnon de beuverie et me resserre aussi souvent que possible, toujours après lui.
Isabelle s’enflamme sur son prochain voyage:
— Oui, parce que nous partons à la meilleure période de l’année… tu sais… il fait 24° en moyenne… mer des Caraïbes… 600 kilomètres de plages, de nombreux parcs nationaux, dont certains comme le parc national Armando Bermúdez permettent la randonnée ou d’autres comme le parc de Los Haïtises les excursions à travers la mangrove.
Ma parole, elle a appris par coeur wikipedia ! Je tente une offensive juste pour juger de la solidité des connaissances.
— La mangrove ?
Isabelle marque un temps d’arrêt et comme une enfant déclamant sa récitation.
— La mangrove est un écosystème de marais maritime incluant un groupement de végétaux principalement ligneux spécifique, ne se développant que dans la zone de balancement des marées appelée estran des côtes basses des régions tropicales. Elle sourit, satisfaite d’avoir réussi ce test.
Je ne suis pas sûr qu’elle sache vraiment de quoi elle parle, mais comme je n’en sais rien non plus et que je m’en contrefous, je n’essaie pas de la faire passer pour une conne, ce qu’elle est de toute façon. Mamour est admirative.
— Comme vous avez de la chance. Quinze jours au paradis. Tu m’enverras une carte postale ?
— Bien sûr ma chérie ! Même des mails. Jean-Paul prendra des photos de moi sur la plage. Là-bas on peut faire du naturisme quasiment partout.
Alix rougit. Bon, soit je suis complètement bourré, probable, soit il se passe un truc vraiment chelou entre elles.
Piqué au vif, je lance quand même une ogive.
— Finalement, vous ne partez plus au club à Punta Cana comme tous ces connards de touristes français ?
Silence gêné, Isabelle concède un léger:
— Nous partons avec un Tour Operator dans un club en «formule all inclusive» mais on fait ce qu’on veut quand même !
J’adore, je suis comme un gamin qui vient de commettre un bruit incongru pour se faire remarquer et qui attend qu’on le punisse. Manifestement tout le monde s’en branle. O tempora, o mores.
Après une interminable conversation professionnelle entre Zaza et Alix, florilège de commérages et de calomnies, Jean-Paul se lève.
— Je vais en cuisine, nous n’allons pas tarder à passer à table et il faut carafer votre piquette.
Je reste coi. Seul dans le salon pendant qu’Isabelle débarrasse la table et qu’Alix au garde à vous, s’empresse de l’aider. Ils peuvent prendre leur temps, j’ai encore une demi bouteille de blanc devant moi. Je me dis que ça fait quand même des mois que je n’ai pas pris de nouvelles de mes potes (ou assimilés comme tels), j’en profite pour passer un coup de fil à Olivier, histoire de bouger un peu… comme au bon vieux temps. Processus de re-socialisation amorcé.
— Olive, c’est moi, est-ce que tu es dispo la semaine prochaine pour un barathon ?
— Salut, écoute en ce moment je traverse une période difficile, Anne vient de perdre son emploi et le petit dernier a des problèmes respiratoires, le médecin m’a dit que je dois faire gaffe j’ai des problèmes de cholestérol et un risque de diabète. Et toi ça va ?
— Ouais… Olivier tu m’excuses mais je suis chez des amis, je peux pas trop parler, j’espère que tes ennuis vont vite s’arranger. Tu as mon numéro, tu n’hésites pas à me rappeler dès que tu veux sortir. À bientôt. Je raccroche.
Décidément j’ai la guigne, le sort s’acharne. J’hésite à contacter Abdel qui est un bon copain mais sera vraisemblablement réfractaire à un barathon, musulman pratiquant.
Je réalise que j’ai un cercle relationnel très limité, asséché. Les amis d’hier se sont mariés, ont des enfants, les autres ont pris le large et mon roman est devenu une entité à part entière qui m’accapare énormément. Un refuge ? Il n’est pas moi, ni un reflet. Il existe dans sa réalité inventée. Mais qui emportera l’autre ? Viendra-t-il avec moi dans mes ténèbres ou est-ce lui qui va m’élever, m’emmener vers la lumière ? L’écriture est une alchimie pâtissière. La justesse des ingrédients, le nappage. Chauffer l’alambic pour transformer le vil métal en or. Je ne connais rien de ces deux disciplines et pourtant la définition me semble juste. Mon esprit divague. Sortir à tout prix de cette prison existentielle. M’évader vers d’autres horizons. D’autres gens. D’autres saveurs… Je suis à bout.
Jean-Paul revient, rouge cramoisi. J’ai entendu, je ne sais plus où, une assertion particulièrement juste: l’homme est un produit grossier de la nature. La preuve par l’exemple.
— Où sont les filles ? Je demande, histoire de meubler la conversation.
— Parties faire des essayages. Il glousse libidineusement
— Ah ouais, excellente idée ! (Tu parles je m’en cogne total.)
— Bon, pour samedi soir on se retrouve à quelle heure ?
— J’en sais rien ? Pourquoi ?
— On va ensemble chez Irene, Alix te l’a pas dit ? Les essayages c’est pour la soirée, tu vois ce que je veux dire ? Il me fait des gros clins d’oeil grivois.
Je suis vraisemblablement en plein délire, les médicaments associés à l’alcool altèrent mes facultés cognitives. Pourtant tout à l’air réel: La table. La lampe. Le tableau. Le canapé. Le gros pervers rougeaud sur le canapé.
— Tu vas voir, l’ambiance est géniale. Les filles s’éclatent sur la piste de danse. Il y a des barres de lap dance. Des cages. Des glory holes. Croix de saint andré… Un coin sauna – hammam. Des espaces câlins. L’endroit est idéal pour des débutants comme vous. Mais rassures-toi, Zaza et moi on sera là pour vous encadrer !
— Y a un bar ?
— T’inquiètes, si tu veux te saouler tu peux. Les mecs n’approchent pas les nanas sans le consentement des maris. C’est la règle. Maintenant si les filles veulent s’amuser entre elles, elles peuvent ! On va rien dire alors qu’on se rince l’oeil gratos.
Mon corps est ici, dans le salon des Leroy mais mon esprit est définitivement ailleurs. Dans un lieu éthéré. Une alter réalité plus séduisante, moins crue et surtout exonérée de gens si tristes au fond qu’ils n’ont plus que les plaisirs charnels comme preuve de leur matérialité.

« Natasha est assise sur le canapé du salon. Elle semble très à l’aise, heureuse d’être là. Je ne sais plus trop à quoi m’en tenir. Je suis tombé amoureux d’elle, c’est un fait. Si c’est une manoeuvre d’Eloïm pour m’attirer dans ses griffes ? Peu importe ; Finalement, est-ce un drame ? Je joue les pères la morale, mais après tout, n’est-ce pas lui qui a raison ? Il utilise et endoctrine les riches, les nantis, les privilégiés du système; tandis que les médias et la machine économique asservissent et ponctionnent sans vergogne chaque jour qui passe les plus démunis, les simples, ceux que je crois défendre et informer. Sour dreams (rêves amers) pour un cœur saignant, une âme torturée, un corps usé.
Natasha m’attire contre elle. Je m’abandonne totalement. Nous faisons l’amour, non pas comme des bêtes sauvages privées de discernement, mais au contraire avec calme, volupté, passion, dévouement, chaleureusement. Notre part de divinité s’exprime dans cet acte essentiel, fécondateur.
L’amour a maintenant un sens pour moi. J’ai envie d’un enfant avec elle. Unis et Ré-unis. Mon destin est désormais entre ses mains… »

Chrysalide en attente de mutation s’ennuie ferme dans son cocon.
Le temps change, le temps passe, les déceptions d’hier reviennent en bourrasques éparses remplir les méandres de la mémoire.
Le corps répond par l’affirmative à cette déliquescence et rien ne compense le spleen, la mélancolie.
Misanthropie passagère ?
Quel baume pour panser les plaies de l’âme, pour dépasser le cadre convenu des habitudes et du mal être ?

— Eh oh, y a quelqu’un ? Houston ici la terre ! Tu commences déjà à fantasmer mon gars ? Attends d’être là bas ! Qu’est-ce qu’elle font… même si j’ai une petite idée ! Jean-Paul s’impatiente, Alors les filles, on a faim nous !
— On arrive, ah les garçons, c’est pas croyable, vous êtes tous les mêmes !
On dirait qu’Alix et Isabelle ont pris une douche. Normalement je devrais être comme Jean-Paul, manifester de l’intérêt pour leurs aventures scabreuses, mais je n’arrive pas à m’y intéresser. Seule mon histoire me préoccupe. La relation entre Natasha, Louis, Eloïm et tous les autres.
— Sinon, tu as vu le dernier match du PSG ? L’arbitrage en France est nul et puis le penalty… comment il a fait pour ne pas le voir ? N’importe quoi, enfin moi je suis l’entraineur je sors Zlatan. Dis donc ton pinard il a la classe internationale à propos.
— Alix est très calée en vin, elle prend toujours d’excellentes bouteilles.
Enfin, lorsqu’on est invités…
— J’ai l’impression qu’Alix est calée dans pas mal de domaines !
Jean-Paul me donne un grand coup de coude qui manque de me faire tomber. Mais quand est-ce que cette soirée se termine ?
Elle glousse, minaude, se goinfre de ces compliments lourds de sous entendus…
— Dis donc Zaza, surveille un peu ton mari… je le trouve bien entreprenant.
— Alors ma chérie, comment tu trouves le rôti de porc ?
Lequel celui qui est à ma droite ?
— Un délice, il faut absolument que tu me donnes la recette, mon homme cuisine très bien, mais il s’entête à faire des trucs asiatiques ou étrangers, je suis pas fan, je digère mal. Mais sinon rien à dire un cordon bleu, hein chéri ?
J’ai envie de lui dire qu’elle n’y connait rien, le rôti est bien trop cuit, même les pommes de terres sont ratées et que dire de la vinaigrette ? Infâme. Jean – Paul bâfre, se sert trois ou quatre fois, Zaza le regarde avec fierté, l’air de dire, il est pas beau mon petit pourceau ? Enfin le dessert, un gâteau au chocolat qui vient heureusement de la pâtisserie. Je suis épuisé et maintenant les éructations verbales qui reprennent avec plus de vigueur sur le thème de la politique. Lieux communs. Clichés. Evidences. Racisme et anti sémitisme larvé. Rien ne m’est épargné.
Je pense: Alcool. Souffrance. Mort. Rejet. Anxiété. Peur. Dégoût. Haine. Obsession. Victimisation. Extrémisme. Psychotropes. Pleurs. Oxygène. Foi. Crainte. Dieux. Plaisir. Désir. Goût. Elévation. Travail. Conscience. Bataille. Exaltation. Transcendance. Mysticisme. Egotisme. Egoïsme. Manque. Besoin. Amour. Touché. Présence. Travail. Engagement. Lumière. Vie. Sexe. Lassitude. Routine. Eloignement. Tragique. Espoir. Imaginaire. Dédale. Labyrinthe. Cicatrice. Douleur. Tristesse. Rire. Confiance. Style. Empathie. Courage. Amitié. Dévotion. Liberté. Dépensier. Jaloux. Envieux. Parapsychologie. Oecuménisme. Envie. Abattement. Renoncement. Centre. Maladresse. Tendresse. Ivresse. Colère. Suicide. Vie. Perception. Emotion. Inapte. Intelligent. Détresse. Trop. Lâcheté. Angoisse. Effondrement. Explosion. Vigilance. Persévérance. Chemin.
La soirée se termine sur des adieux langoureux entre Isabelle et Alix qui s’embrassent à pleine bouche, mais se retrouveront demain au boulot, je me demande comment elles gèrent un truc pareil. Jean-Paul me met sa patte sur l’épaule.
— A samedi et soyez sages, ou ne le soyez pas c’est encore mieux !
Alix s’installe côté conducteur et prend le volant. Elle sourit complètement libérée. Je réfléchis avant de parler: Scénario 1 «Alors comme ça on bouffe du cresson ma grosse loutre ?» Scénario 2 «Cette soirée était géniale, vivement qu’ils viennent à la maison», Scénario 3 «Samedi je suis probablement décédé ne compte pas sur moi.» Pas trop sûr de mes différentes phrases d’accroches, j’opte pour un simple:
— Vous avez l’air très complice avec Zaza
Alix soupire.
— Oui, effectivement, nous sommes très complices.
Je m’endors profondément mais je parviens tout de même à reprendre mes esprits juste avant d’aborder le dernier virage.
-— (…) Et Jean-Paul il est vraiment trop drôle et le rôti délicieux et leurs maisons j’adore la deco et Zaza ; enfin tu sais pour nous maintenant, tu ne peux pas savoir comme je suis soulagée.
Je constate sans surprise qu’elle ne s’est pas rendue compte de mon assoupissement. Le mélange des vins me tourne la tête, écrire me semble compromis pour ce soir et pourtant j’en ai une irrépressible envie. Je me rend compte de la vacuité de mon existence. Les désirs prosaïques de mes contemporains. Leurs problèmes ou leurs joies stéréotypées, stériles, qui ne mènent à rien. Il n’y a qu’au pied du mur que l’homme se révèle ou lorsqu’il souffre dans sa chair, dans son esprit. Quarante ans de passif terrestre à mon actif et qu’ai-je appris ? La plupart des humains vivent par procuration. Ils se créent eux-mêmes des difficultés, se victimisent ou au contraire se glorifient, ne s’intéressent qu’à leur misérable personne et pourtant il suffit parfois de faire le premier pas pour changer la donne, s’accepter pour exister. Des enfants dans des corps d’adultes consumés par le jeu social, prisonniers des conventions, des préjugés et des a priori. Toujours en veille, je capte les conversations des uns et des autres. Il y a longtemps que je n’y apprends plus rien d’intéressant ou de novateur. Je ne suis pas désespéré, j’ai juste abandonné tout espoir. Certains croient se réaliser dans leur sexualité, dans leur progéniture, les autres dans leur métier, se plongent à corps perdu dans ce qu’ils nomment le concret, le raisonnable. Mais au fond à quoi cherchent-ils à échapper ? Combien même le miroir aux alouettes leur ferait miroiter le contraire, nous mourrons tous. Pour ma part je suis déjà mort. J’accepte cet état de fait. Je suis bourré, je raconte sans doute n’importe quoi, mais le coeur y est. Inadapté ? Sans doute. Je subi leur réalité tandis qu’ils dénient la mienne, la réfute, en on peur. Le meilleur exemple de la misère humaine, on le trouve au service des Urgences, la nuit. J’en ai encore fait l’amère expérience le mois dernier quand Alix s’est plantée un morceau de verre dans le pied. Là-bas les laissés pour compte de la société viennent bon gré mal gré soulager leurs douleurs ou mourir. Ils ne reçoivent qu’avec parcimonie le minimum de réconfort moral qu’ils sont en droit d’attendre. Les accompagnants craignent pour ceux qui leurs sont chers, ils attendent parfois des heures inquiets sans nouvelles, dépourvus et abandonnés. De trop rares solidarités se nouent parfois entre les êtres. Dans l’ensemble tout ça m’écœure, me hante.
Alix se couche. Je reste assis à mon bureau, je ne lui ai pas dit bonne nuit, je crois qu’elle s’en fout. La musique se diffuse à travers mon casque relié à l’ordinateur. Cycle naturel. Alternance de jours et de nuits. Les mélopées de Jeff Buckley «Halleluia», «Creep» de Radiohead, «Madame Rêve» de Bashung s’enchaînent et même si je perçois leurs ondes magiques, je me sens sec et froid à l’intérieur.
J’ôte le casque. Je vais à la fenêtre fumer une énième cigarette. Je vois une étoile. Elle m’attire, tout peut s’arrêter maintenant. Il me suffit de prendre une grande inspiration et de me jeter dans le vide. Partir loin de toute cette chienlit, loin de ce monde peuplé d’enfants morts de faim, exploités, privés à jamais de l’innocence. Des adultes enlisés dans les faux semblants, la haine, la cupidité et les soi-disant responsabilités. Je n’ai jamais voulu infliger à un enfant un père tel que moi. J’ai raison. Mon cœur bat à tout rompre, une partie de moi me dis: «Vas y fais le qu’est-ce que tu attends», «qu’est ce qui te retiens», «vas y fais le» «libères-toi». « Allez un peu de courage, tu passes ta vie à te plaindre, à ruminer, à commencer sans jamais finir, tu as l’occasion de te rendre service et par là même de soulager la société d’un poids, dans l’éventualité où tu représentes quelque chose. Ton livre, roman ou histoire ? Une échappatoire d’un instant mais après ? sans but, sans envie, sans plaisir, sans désir, de quoi vivras-tu ? De déception ? de lâcheté ? de fuite ? d’attente de ce moment fatidique mais aléatoire ? » En accomplissant ce geste tu as le contrôle absolu de ton existence. Memento mori.
La vie est ainsi faite pour beaucoup: Barrières, frontières, blocages de toutes sortes et d’un coup tout se restreint à un enclos dont on ne s’échappe pas. Faire vivre l’impossible n’est pas une doctrine, une lubie de philosophe, une fuite du réel. Il s’agit selon moi d’une preuve ontologique de l’existence de l’homme. Sans l’envie d’aller au delà du possible, sans la hargne de dépasser les clivages, les cadres et les restrictions, rien de positif n’arriverait, le conformisme pour seule destination ? autant dire la banale mort. Faire vivre l’impossible mérite d’être entrepris à bras le corps et avec la détermination et l’énergie requise. Dont acte.
Et après tout, si la résolution de mourir coûte autant, que vaut celle de changer, bouleverser le cours des événements, de renaître, de prendre un nouveau départ, d’assumer une nouvelle vie sur de nouvelles bases ?
Une étincelle jaillit en moi. Je remets à plus tard mon projet morbide. J’éteins l’ordi. Je suis résolu. Je vais partir. Où ? Comment ? J’en saurais plus demain matin quand je serai à jeun, capable de réfléchir sereinement. Prêt à assumer un destin.
Un matin tu te réveilles, le cœur et l’âme gorgés de spleen, de mélancolie, tu repenses aux échecs, aux coups durs, à tes actes manqués, à ta lâcheté, à ta finitude, à ta douleur, à ce que tu penses être et à ce que tu penses ne jamais réussir à devenir, ta tristesse est si intense, tes remords et tes regrets si profonds. D’où tout cela vient t-il ? Pourquoi s’infliger ces supplices ? Les gens trouvent leur suprême plaisir dans ce qui leur est suprêmement étranger. Leur vanité y est intéressée; ils rient, applaudissent, remuent l’oreille comme les ânes, pour montrer qu’ils ont bien saisi : « C’est ça, c’est bien ça! » Eloge de la folie Nietzche

Sitôt leurs ébats achevés, Natasha se livre un peu plus sur son passé. Sordide. Ravissante jeune fille de la Volga. Famille confrontée à des difficultés financières. Cédée à la mafia locale à l’âge de 17 ans. Transférée en France après un passage en Italie. Rachetée avec un lot par Sergeï Tchernikesko, un souteneur réputé dans le tout-paris pour la qualité de ses pouliches. Elle était normalement destinée à rentrer au pays pour se marier avec un chef de gang. C’est pour cela que son frère était venu jusqu’en France, mais depuis l’arrestation de Sergeï, Eloïm « veillait » sur Natasha et sur d’autres filles comme elle, qu’il utilisait comme Vespales, sa garde rapprochée, destinées à des missions particulières: Séduire, soudoyer, corrompre et faire chanter les obstacles sensibles à la chair. Emprisonné pour diverses infractions aussi variées que braquage, trafic de drogue, proxénétisme aggravé, meurtre, récidive, il en avait théoriquement pour vingt ans incompressibles. L’avocat de la communauté, un proéminent ponte lui laissait un mince espoir, en apparence, mais verrouillait en coulisse toute possibilité de recours. Sergeï allait pourrir en taule, car telle était la volonté d’Eloïm. Quant à ceux qui voudraient la faire repartir en Russie de gré ou de force ils subiraient la loi du Gourou.
Natasha s’éclipsa comme la première fois sans un bruit, sans un mot. Sa relation avec Louis n’était pas finie, juste entre parenthèse. Ils savaient tous les deux, qu’avant de pouvoir espérer construire quelque chose ensemble Kadmon devait d’abord poursuivre son chemin, se confronter à Eloïm et peut être en finir une bonne fois pour toute avec son démon. Louis ne pouvait d’ailleurs s’empêcher de penser qu’il n’y avait encore pas si longtemps de cela, il n’était rien de plus qu’une coquille vide. Brisé et sans avenir. Le gourou l’avait en quelque sorte ressuscité après l’avoir tué. Démiurge, il lui avait donné un but, une fièvre, un amour. Louis n’étais plus seul désormais, il était en quête.
Le lendemain matin, sûr de lui, il se prépara rapidement et sauta dans sa voiture, gorgé d’adrénaline comme un parachutiste avant un saut. L’enquête devait être reprise à l’origine. Il n’y avait qu’une direction concordante: Le château de Lott.

Interlude
Medhi: «J’ai 3 ans et toi tu viens juste de naître. Je pourrais très bien t’étouffer avec un coussin ou te faire tomber du berceau face contre terre… J’ai 5 ans et je ne le formalise pas, mais je conceptualise ces idées. Je n’éprouve pas de sentiments à l’égard de ce minable petit être, ni des Géniteurs, ils sont là pour me nourrir et me servir. Ils sont fonctionnels. Je réalise que lorsque je souris ou quand je suis amical avec le morveux, ils manifestent leur contentement. Dès qu’ils me regardent, je caresse la joue du gniard et dès qu’ils se retournent je le pince. Il pleure. Je suis le plus fort. Je suis le meilleur. Il n’y a que moi qui compte et le monde tournera toujours ainsi…»
Le temps passe et Medhi grandit, il a 7 ans puis 9 ans. Son système de pensées n’a pas évolué mais s’est affiné. Les coupables de sa naissance ont plus de moyens financiers. Le père est un homme d’affaire cossu et la mère une femme au foyer on ne peut plus respectable. Medhi est prédestiné à vivre comme un Prince. Le petit frère lui fait de l’ombre. Medhi tue le petit frère. Il n’y a aucune preuve de sa culpabilité, mais il est rejeté, écarté du foyer meurtri. Il part vivre le reste de sa jeunesse en pension.
Medhi a 33 ans, il est adulte, il galère mais se renforce. Il change d’identité, devient Eloïm. Décidé à couper ses racines, il retrouve la trace des Géniteurs. Il envoie une équipe pour bruler la maison et exterminer ses occupants, lui pendant ce temps reste dans la voiture, contemple son oeuvre. Eloïm/Medhi se délecte du spectacle, un sourire carnassier déforme son visage impassible. Comme le disait si bien Léon Bloy « Quand on demande à Dieu la souffrance, on est toujours sûr d’être exaucé. ».
— Je suis Eloïm, Dieu, YHWH: Celui qui est l’objet de la crainte.

Le portail électrique s’ouvre automatiquement sans qu’il n’ait besoin de décliner son identité. Il faisait presque partie de la maison maintenant…
Cette fois il emprunte la route en voiture, se gare à l’emplacement réservé usuellement au Hummer ou tout autre véhicule d’Eloïm. Le maitre n’était pas en ses lieux. Louis imaginait la tête du gourou découvrant sa place de parking occupée par la voiture de son pire ennemi…
« Rien à foutre ! » Louis était galvanisé par sa romance avec Natasha « Je suis en mission, à la recherche d’indices et d’ici je vois parfaitement le domaine, ainsi que le bâtiment dans lequel il est entré la dernière fois. Les lumières sont éteintes. Fermé. Sans doute impossible de pénétrer à l’intérieur. Tous les accès doivent être verrouillés. Je ne m’y attarde pas. » Des ouvriers s’affairent sur les ruines du château. La reconstruction demanderait du temps et de l’argent, l’organisation ne manquait d’aucune ressources.
D’après le planning affiché sur le panneau central, les adeptes en nombre important, « comme quoi rien ne perturbe longtemps les hommes » ironisa intérieurement Louis, vaquaient à leurs différentes activités: Yoga – Macrobiotique – Perception de soi – Amour & Confiance – Aqua Gym – Libération de la parole. Le journaliste fit une moue sceptique pour ne pas dire plus: « De la foutaise en stocks, oui ! »
Kadmon regardait attristé les uns et les autres déambuler, sérieux comme des papes, habillés du kimono ou du sari réglementaire. Le personnel affable portait un uniforme composé d’un pantalon noir et d’une veste col Mao assortie, des gants blancs immaculés et souriaient béatement à quiconque croisait leur chemin. Il hésite à les aborder mais ne savait pas quoi leur dire, d’autant plus qu’il ne respectait pas vraiment l’harmonie vestimentaire, avec son jean fatigué, sa veste pied de poule hors d’âge et ses nike d’ado. L’idée de venir ici restait la bonne, il en avait l’intime conviction, mais où aller, quoi faire ? Ses pas le ramenèrent mécaniquement devant la maison VII. La porte n’était toujours pas verrouillé et la caméra qu’il avait détruite toujours pas remplacée. Son cœur frémit, Natasha, avait-elle anticipé son dessein ?
Personne au rez de chaussée, ni à l’étage. Il se frotte les tempes: «Allez, au boulot.» Il fallait qu’il trouve quelque chose. N’importe quoi. Un nom, une piste… La liste ! Mais quel con, depuis le début il avait accès aux victimes et il ne l’avait même pas analysée correctement. Louis fouille néanmoins la maison de fond en comble: Sous le canapé, sous le tapis, dans la cheminée, entre les lattes du lit… il se prenait pour un flic en train de perquisitionner. Soudain il remarque, coincée au fond d’un tiroir de la commode de l’entré, une carte de visite:
Alexandre Absalon. Free speech teacher.
Reboosté par cette incroyable découverte, il confronte le nom avec la liste des victimes. Absalon était noté dans les blessés graves. Louis s’inquiéta: «Merde ! pourvu qu’il ne soit pas mort. J’ai besoin de lui… Eloïm a un autre mobile que l’argent, je le sens.» Il dégaine son smartphone et appelle tous les hôpitaux de Paris et de Bordeaux. Le journaliste après une dizaine d’appels perd presque espoir, mais il s’accroche. Finalement on lui annonce qu’une personne répondant à ce nom était bien hospitalisée à l’hôpital Pellegrin de Bordeaux, dans le service des grands brulés. Louis s’y rend aussi vite que possible. Il se fait passer pour un proche de la famille. Ils ne bataillent pas trop à l’accueil. On lui accorde une demi heure. Ses jours n’étaient plus en danger mais il restait toujours en soins intensifs. Kadmon passe dans un sas avant d’entrer dans une chambre en Plexiglas. Il faut d’abord se laver les mains, revêtir une blouse, des chaussons et une charlotte. La personne qui est allongée dans le lit ressemble à une momie, recouverte de bandages, intubée, perfusée partout où c’est possible, entourée de plusieurs moniteurs. Absalon tourne péniblement sa tête. Sa voix ne semble plus humaine. Terriblement rauque. Presque inaudible.
— Le journaliste ? Je m’attendais à votre venue.
Kadmon ne s’étonna pas. L’important était d’emmagasiner le plus d’informations possibles.
-— J’ai besoin de comprendre. Racontez-moi ce qu’il s’est passé le soir du drame. S’il vous plaît ? Il s’assit sur une chaise, s’approcha d’Alexandre et l’écouta sans faire de bruit.
Au prix d’un énorme effort Alex se redresse, tente d’éclaircir sa voix mais c’était impossible. Son visage ou ce qu’il en restait se tordait de douleurs.
« Aïe, ma gorge me fait atrocement souffrir. Attendez un instant. Voilà. Je vais vous raconter ce que je peux. Après je vais dormir. J’ai si peu de forces… Vous le savez peut être, je suis membre de la communauté depuis cinq ans. J’ai contribué à l’essor du centre français. Je m’occupe d’un atelier: Libre Parole.
Je suis arrivé au château vers 21:00. A pieds. J’habite dans une maison derrière le château, mais vous le savez déjà sinon vous ne seriez pas là.
Un groupe d’hôtesses, ravissantes, nous attendaient à l’entrée. Membres comme personnel. Elles étaient là pour procéder au tri. Tout le monde n’est pas invité à ces soirées caritatives. Cela ne m’a pas choqué. J’ai l’habitude. Seules des identités compatibles sont acceptées dans nos événements. Une méthode éprouvée pour qu’il n’y ait jamais de mécontents. »
Il toussa avec peine. Le bruit était affreux. Alex reprit son discours.
« Sur le perron certains fidèles trainaient. Heureusement pour eux qu’Eloïm n’était pas là parce qu’il déteste ce genre d’attitude. Tous buvaient du champagne. Ils étaient si beaux, si bien habillés. Ils arboraient fièrement le badge de la communauté, mais les invités ne venaient pas tous de mon centre. J’en ai reconnu quelques-uns qui venaient d’ailleurs. J’étais surpris parce qu’ils n’avaient pas bonne réputation. Je me disais que c’était peut être une technique de notre guide pour les remettre dans le droit chemin. Je me souviens qu’à l’intérieur du château, l’alcool coulait à flots. La djette, un top model au placard pour des problèmes de dope, s’occupait des platines pendant que Léo, l’organisateur de la soirée, était parti faire le beau avec des cadres de la communauté. Elle a enchaîné des super morceaux. J’adore tellement la musique. Sans vraiment chercher à l’écouter, j’ai entendu Léo parler, c’était bizarre. Il était à l’hôtel après une soirée de la communauté, il avait fini comme toujours avec de la coke, de l’ecsta, tout ce qui pouvait lui permettre de croire un peu plus longtemps qu’il était un dieu, que le monde était à lui et qu’on l’aimait sans aucune mesure. Starfucker. Bref, il avoua avoir consommé de tout plus que de raison. Peu de temps après il s’est senti mal. Il a fait des tests sanguins, il avait contracté une forme particulière du virus que nous redoutons tous. Un truc hyper insidieux qui te règle irrémédiablement le compte en un rien de temps, mais sans avoir vraiment d’échéance précise. Pour les filles qui étaient avec lui, il ne savait pas si elles étaient également plombées. Il s’est confié à Eloïm qui lui avait offert cette dernière soirée en cadeau de départ. Un trip ultime avec une fin mystérieuse. L’idée c’était d’affoler une dernière fois les médias. Tout pour le Show. J’étais trop bourré pour comprendre de quoi il s’agissait, sinon j’aurais pris mes jambes à mon cou et je serais parti aussi loin que possible. »
Louis se retenait de le dire, mais il se doutait bien qu’Eloïm allait régler leur compte aux médecins, aux laborantins et aux filles malades ou non. Aucunes traces et surtout rien qui puisse ternir la réputation de l’ordre. Alex ne pouvait contenir une nouvelle quinte de toux. Il n’avait pas le droit de boire. Il souffrait le martyr.
« La piste de danse, comme dans une véritable salle de bal, s’embrasait littéralement, j’allais découvrir un peu plus tard l’horreur de ce mot. Marie, une Vespale était magnifique dans une robe de créateur, elle encadrait Cassandre une jeune paumée qui voulait quitter la communauté. Il devait être aux alentours de minuit en tout cas c’est ce qu’indiquait ma Rolex, un cadeau d’Eloïm. Nous nous amusions comme des collégiens. Stan un nouvel adepte exubérant, exécutait une espèce de danse du scalp. L’index en l’air, il gueulait des « wouh » « wouh » comme une hyène enragée. Ça non plus Eloïm ne l’aurait pas toléré. Cassandre qui malheureusement se trouvait juste à côté s’est faite vomir dessus. Je me suis barré très vite, histoire de ne pas être de près ou de loin associé à cet événement, on ne sait jamais, cela aurait pu me couter ma place. Marie rouge de colère est partie s’occuper de sa protégée traumatisée. Je suis allé fumer une cigarette sur les remparts. Léo faisait de même, il regardait le ciel étoilé. Quand je suis rentré, hasard ou démente coïncidence , Nicolas, mon frère, se tenait face à moi. Marc et Jérome mes proches amis à ses côtés.
Des larmes coulent sur ses pansements.
— Putain les gars qu’est-ce que vous faites là ?
— Nous avons tous reçu en début d’après-midi une convocation pour venir à cette soirée, ça semblait important. Répondit froidement Nicolas.
Marc et Jerome opinèrent du chef.
— On ne s’attendait pas à se retrouver ensemble, on est venu chacun de notre côté renchéri Marc.
Jerome ne cessait de regarder à droite et à gauche, visiblement à l’affut.
Lorsque je m’adressais à eux mon ton était involontairement acerbe ce qui donnait à Nico l’occasion de me provoquer.
— Ta tête a tellement enflée, regarde toi et ta chère Vespale, elle est où ?
Je suis devenu rouge de colère, Il y a des choses qui ne doivent pas être dites. Comme d’habitude on s’est frictionnés un petit moment, remplissant nos verres de champagne frappé. Stan ne revenait toujours pas. Nicolas ricanait de me voir de partir à sa recherche, mais ça fait partie de mon job, de la mission, s’assurer que tout le monde va bien. Mon frère en avait marre de tout et ne croyait plus en rien, ni en notre action, ni en Eloïm. Lorsque je suis revenu, il y a eu un flash de lumière, le temps s’est comme figé, mais accéléré en même temps, je ne sais pas je n’arrive pas à décrire, c’est si confus et puis un vacarme énorme, impressionnant. J’étais au bar installé au 2ème étage, pendant que mes «amis» regagnaient la table délaissée par Marie, Stan et Cassandre à côté de la piste de danse. Je n’ai pas réalisé tout de suite mais j’ai vu l’horreur, des flammes, des éboulements. De la panique, les gens qui se projetaient en masse contre l’entrée du bâtiment, comme les saumons à contre courant. Toutes les issues étaient bloquées. Impossibles à ouvrir. Je voyais Marie et Cassandre blotties l’une sur l’autre, assises sur les marches, à droite de la porte d’entrée, avec le mouvement de foule elles risquaient d’être piétinées mais elles ne pouvaient pas bouger. »
Alex perdait sa voix, en l’écoutant parler et en regardant son visage ravagé, Kadmon ressentait profondément ce qu’il lui décrivait. Il ne dormirait plus pendant des jours. Inévitable, prévisible, inéluctable, tous les qualificatifs étaient applicables à la situation mais aucun ne pouvait reproduire fidèlement ce qui s’était réellement produit lors de cette macabre nuit. Il soupire:
« Léo et Jerome se sont fait écraser en un instant sous mes yeux hagards au bas des marches, produisant un double bruit sourd, mat, disloquant, lourd. Juste à côté de Cassandre qui réalisa après coup et se mit à hurler comme une damnée, suivie instantanément de Marie et la peur s’empara un peu plus de nous. Je suis coincé en haut, je ne peux rien faire. La djette hurle, en flamme, c’est surréaliste. Les smartphones sont dégainés mais il n’y a pas de réseau. Il y en a qui filment. Prennent des photos. Notre «service de nettoyage» les confisquera tous jusqu’au dernier avant de prévenir les secours. J’essaie de descendre, je croise Stan qui git inconscient dans une mare sanguinolente, peut être est-il encore en vie, mince espoir ? Franchement j’en sais foutre rien. Jamais su prendre un pouls, la tension, ce genre de conneries. Yoshida, reine de beauté méconnaissable, parodie humaine, complètement défigurée. On était pas dans un putain de film, c’était la maudite réalité qui nous attrapait au collet et serrait son étreinte. La deuxième détonation me cloua au sol. Je perds connaissance. je suis comme happé, je sens mon corps se dissoudre, une douleur inouïe, je m’évanoui de nouveau. Totalement déphasés par l’ampleur du chaos, ce que je crois être les secours essaient de faire leur travail dans des conditions extrêmes, nous extraient des décombres. J’ai entendu des cris, des gens psalmodier, vu des moribonds, des pantins disloqués. Finalement les corps ont été chargés dans les ambulances. Au bout de combien de temps ? aucune idée, j’ai l’impression que tout s’est déroulé dans une microseconde d’éternité. Gyrophare et sirène, douleur et mort. Une pensée terriblement cynique me traversa l’esprit: pour une fois il n’y a pas eu tromperie sur la marchandise, une soirée de Léo on s’en souvient toute sa vie. Surtout quand c’est la dernière. »
Les yeux d’Alexandre se remplissent de larmes. « Mon Dieu ! Ayez pitié ». Il se saisit du bras de Louis, cherche à parler dans un dernier souffle.
— On a été exécutés. Pourquoi ? Je n’en suis pas sûr, mais ce n’était pas un accident.
— Alexandre qu’est-ce qu’Eloïm aurait pu vous reprocher ?
Il rassemblait ses dernières forces:
— Pour ma part, j’entretenais une liaison avec Marie. En dehors des missions, Eloïm interdit formellement aux Vespales tout rapport avec d’autres personnes que lui. Cela vaut condamnation à mort.
Natasha ? non ce n’est pas possible.
— Est-ce qu’elles peuvent être affranchies ? Alex, réponds moi, Alex ?
Il s’est endormi. Je me retire, une larme coule sur ma joue. Je reviendrai demain poursuivre mon interrogatoire.
A peine une heure plus tard, une autre visite, beaucoup moins cordiale. Une main se plaque sur sa bouche d’Absalon. Il se réveille affolé, perclus de douleurs, les yeux exorbités, son corps se secoue de soubresauts.
— Chut ! Doucement…. Tu as bien fait ton travail. Eloïm est fier de toi. Tes souffrances vont t’être abrégées. Tu es dorénavant digne de figurer parmi les martyrs de notre ordre. En costume d’infirmière, Natasha ne laissait apparaître aucune émotion. La seringue gorgée d’une dose létale de morphine se vide peu à peu dans le cathéter d’Alexandre. Ses yeux se ferment, son corps se relâche. Il retourne à la Jérusalem céleste.

Je n’ai pas du tout envie mais j’y suis. Face à nous, une discrète porte cochère qui ne laisse rien imaginer de ce qui peut se dérouler une fois entrés à l’intérieur. Jean-Paul sonne à l’interphone et se présente. Nous attendons une petite minute. Irène magnifique black longiligne aux seins proéminents et vêtue d’un rien, nous accueille chaleureusement.
— Entrez mes amis, ce soir chez moi Irène, toutes les audaces sont permises. Suivez moi ! Vous aller apprécier…
Je suis en costume noir, chemise blanche et cravate noir. Alix est habillée comme Zaza: Jupe; bas-résilles; haut rouge largement échancré. Affreux et vulgaire. Jean-Paul pour sa part, se croit chez Eddy Barclay, pour une soirée blanche. Nous laissons tout d’abord nos manteaux au vestiaire à une charmante hôtesse aux seins nus.
L’établissement, nous dit la propriétaire, est conçu sur plusieurs niveaux : Au sous sol: Glory Hole, Sauna, Jacuzzi, tables de massage, pièces pour fétichistes. Au rez-de-chaussée, le bar et la piste de danse. Au premier étage un autre bar, des chambres et des pièces « à découvrir ». Irène nous conduit au RDC à une table un peu surélevée dans un coin.
Jean-Paul passe son temps à me donner des coups de coude, à faire la bise à des couples moches et ordinaires. Zaza présente Alix à ses amis de parties fines. Je regarde ma montre. Je ne suis pas à ma place ici. Une bouteille de champagne que nous n’avons pas commandée nous est apportée par la taulière. Zaza l’embrasse sur la bouche en guise de remerciement, Jean-Paul fait de même. Alix les regarde comme des célébrités du petit écran. Les corps qui passent devant moi ne sortent malheureusement pas des pages de magazines de mode, excepté pour quelques unes. Certaines filles sont nues, d’autres en lingerie, les hommes sont en costumes, pantalons et chemises.
Odeurs de parfums et de sexe aseptisé. Les plus narcissiques ne cessent de s’admirer dans les nombreuses glaces stratégiquement situées sur le sol, au plafond et sur un large pan de mur. La musique est un pot-pourri de titres efficaces, house – funk – rock, matinée de tranches de slows destinés à « sensualiser » les échanges entre partenaires…
On aperçoit par ci et par là des mains dans des braguettes, sous des jupes, sur des seins, des danses tantriques ou exotiques. Jean-Paul m’emmène faire un tour.
Derrière un paravant une asiatique se fait doublement pénétrée avec apparemment beaucoup de délectation par un homme bien membré et une femme équipée d’un gode ceinture. Un peu plus loin sur un lit géant, une blondinette mignonne, lèche goulûment la chatte d’une nana quelconque. 5 ou 6 mecs sont autour d’elles, ont sortis leurs queues (pas bien grandes) et se masturbent en attendant leur tour, comme à la sécu.
En bas l’atmosphère est bien différente: Des trans, travelos et autres she males qui s’amusent à bonder des mecs en costards ou habillés en latex.
Franchement, je ne suis pas du tout emballé par ce genre de pratiques. Ce n’est pas ma tasse de thé, mais il faut reconnaitre qu’Irène a parfaitement conçu son Club, pour toutes les sexualités. Un gros notable se fait fouetter le cul, je baille. Je demande à «JP» où sont les chiottes.
— Au fond, à gauche.
J’aurai du m’en douter. Il n’y a pas de verrous aux toilettes qui sont mixtes. Je coince mon pied sous la porte pour éviter d’être ainsi exposé. Je me dépêche, tire la chasse, j’entends des bruits moites derrière moi, on tambourine. Je me dépêche de me rhabiller.
Vision effrayante, une dame bien portante d’une cinquantaine d’années est appuyée les deux mains sur l’embrasure de la porte, perd l’équilibre, me tombe dessus avec son mec derrière elle qui devait certainement la prendre en levrette. Au prix d’une acrobatie monumentale, j’arrive tant bien que mal à contenir le tout. Je suis coincé contre le mur, la femme collée contre moi et l’autre derrière le pantalon baissé qui recommence à la pistonner, comme à l’animalerie.
— Pardon…
— Ah mais tu ne vas pas partir comme ça mon joli !
— Non, enfin si, je ne suis pas trop dans le truc là.
— T’inquiètes tu vas y être dans le truc
Elle me passe sa langue sur mes lèvres, carrément dégueulasse et je sens les secousses de l’autre sur moi. J’hallucine.
— Ah ben ça va, tout se passe bien pour toi, tu t’éclates bien ?
Jamais été aussi soulagé de voir et d’entendre ma rombière. Le couple s’arrête, j’en profite pour m’échapper.
Alix est folle de rage. Hystérique.
— Merci beaucoup, tu viens de me sauver !
— Ouais c’est ça ! pervers ! malade ! tu crois quoi ? On est pas venu ici pour satisfaire tes bas instincts.
Il vaudrait mieux qu’elle se calme, parce qu’elle commence à me gonfler sévère.
— On est là pourquoi alors ?
Elle est rouge de colère, cherche ses mots:
— Tu comprends rien de toute façon. T’es un minable, un pauvre mec dans sa bulle, perdu dans le monde des bisounours, si je n’avais pas besoin de toi pour partager les charges de l’appart je me serais barrée depuis bien longtemps. Tu me débectes, capice ?
Un énorme soulagement me traverse. De toute façon à travers ce prisme du miroir qu’est l’autre, je solde inévitablement mes comptes avec une partie de moi que je rejette, alors autant l’accepter:
— Cette fois c’est bon, je comprends, ouais, Ok !
— Quoi, Ok ?
— Tu viens de me donner le signal dont j’avais besoin.
— De quoi ?
— Tu as raison. Plus rien ne rime entre nous. Je me sens oppressé, malheureux. Pour toi c’est pareil, tu viens de me le dire et puis tu as Isabelle et Jean-Paul avec qui tu vis un truc malsain de ménage à trois. Je n’ai pas de place dans ce schéma là.
— Quoi ? Tu me quittes, mais t’iras où ? Tu ne sais rien faire ! Un gosse ! T’es pas prêt d’en retrouver une comme moi, avec tout ce que j’ai supporté et subi.
— Tu as raison, tu as suffisamment souffert à cause de moi. J’y vais ! Bonne soirée.
Alix est en larmes mais je ne sais pas si c’est de nerfs ou de tristesse. Sincèrement je m’en fous. Je sors de chez Irène, libéré d’un poids, comme après un examen. Ni remords, ni regrets. Un nouveau départ, une nouvelle chance, une nouvelle vie. Je suis le fruit d’une partouze, né dans un club libertin, je démarre donc sous les meilleurs auspices !
Le taxi me dépose devant mon désormais ex chez moi. Je fais confiance à mon instinct pour me guider. Je charge mon sac de voyage du strict nécessaire, j’imprime les pages de mon roman en plus d’une sauvegarde sur clé usb, j’examine rapidement les lieux pour évaluer ce qui est à moi, ce qui partira au garde meuble en attendant que je me retrouve une piaule. Il est très tard. Je n’ai pas le choix, je vais dormir à l’hôtel et demain matin je prendrais le train en direction de Bordeaux. Pourquoi Bordeaux ? C’est une destination comme une autre et j’en parle dans «Au Commencement.» Je m’assois un instant sur le lit. Ce n’est pas elle le problème, ça ne l’a jamais été, je suis la source de tous mes maux et des siens dans notre couple, elle a raison sur beaucoup de points, mais ce qu’elle devenue, ce qu’elle veut faire de notre vie commune ne me convient pas. J’ai besoin de dangers, de confrontations, de challenges, de m’accomplir. Après avoir fait plusieurs fois le tour de la question, je me rend compte aujourd’hui que la seule chose sur laquelle j’ai la possibilité d’influer est ce qui émane de moi, mes actes, mes pensées, mes jugements. Je m’allonge les yeux ouverts mais humides, fixe le plafond. Finalement c’est encore un jour sans. Pas assez psychotropé, pas assez alcoolisé.
Seul, je rumine ma chienne de vie. Trop lâche pour en finir, trop fier pour en sortir, trop confortable dans l’existence, trop d’imagination dans l’esprit, trop de rêve dans le cœur, trop d’égo dans le sexe, trop de souffrance dans le corps, trop de moi partout, trop de je permanent, tellement pas assez de toi (qui ?), tellement pas assez d’amour, tellement de peur, tellement de reproches, tellement de cris, tellement de rage, pas assez d’encre (sur la peau), tellement de larmes, tellement de culpabilité, tellement d’échecs pour si peu de réussites, tellement d’essais pour si peu de transformation. Tellement de faux pour si peu d’authenticité, tellement de pression, tellement de manque, tellement de froid, tellement d’absence, tellement d’abandon. Chienne de vie pour bâtard de moi. Un autre à ma place s’aimerait peut être. C’est parce qu’il n’est et ne sera jamais moi. Souhaitons lui au moins ça ! Putain mais renonce à courber l’échine. Résiste au poids des souffrances, exerce toi sans relâche à garder en toutes circonstances la tête haute. Ce n’est pas une bravade ou l’expression de l’arrogance, mais bien au contraire le signe de l’Homme en route vers son affranchissement. Peu importe les difficultés garde la tête haute, peu importe les rejets garde la tête haute, peu importe les brimades garde la tête haute, peu importe les frustrations garde la tête haute, peu importe les regards garde la tête haute, peu importe les larmes garde la tête haute, peu importe le mal garde la tête haute, peu importe les succès garde la tête froide et haute. Tu seras patient, tu n’engageras que des combats que tu peux remporter, valablement et en luttant à armes égales tout en gardant la tête haute. La vie n’est vécue qu’avec la tête haute et la fierté d’être ce qu’on est et même si certains veulent te casser, te détruire et t’aliéner fait ce que doit, la tête haute, l’horizon en ligne de mire.
Je souffle un bon coup, me redresse, empoigne le sac. J’ai laissé la clef de l’appart à côté d’un mot laconique et sans affect. Je cherche un taxi, je n’en trouve pas. Je marche pendant plus d’une heure jusqu’à la Gare Montparnasse.
Hotel Ibis ? Je prends sans réfléchir. Le préposé de nuit me donne la chambre 33. Fonctionnelle, sans âme, avec douche. Mon réveil est programmé pour sonner à 6:00. Mon téléphone portable regorge de messages que je ne lis ou n’écoute pas. Le lit n’est pas désagréable. J’éteins la lumière. Silence.

Fébrile. Le journaliste passe la nuit à analyser la liste des victimes, à reprendre toutes ses notes sur la communauté, recouper l’histoire des Vespales et leur mode de fonctionnement. Il n’apprend rien de nouveau sur le sujet, en revanche il découvre le lien entre les victimes. La plupart étaient sur la sellette: Médias, affaires. Les autres avaient un contentieux en interne avec le patron de la secte.
8:00 du matin, Kadmon retourne à l’hôpital. L’infirmière de garde lui annonce, peinée, la mort d’Alexandre Absalon. Il s’en était intuitivement douté. Louis hésitait à exploiter une autre piste, le frère de Natasha, mais il n’avait pas assez d’indices pour le retrouver. Il était à court de munitions., faisait les cents pas devant l’hôpital, cigarette en bouche.
— Monsieur Kadmon ?
Armoire à glace, l’air féroce. À priori ne cherche pas son chemin. Le journaliste d’ordinaire plus impétueux osa une timide réponse.
— Oui
— Veuillez me suivre
— Je n’ai pas le choix ?
— Non
« Si Eloïm ne viens pas à toi, c’est toi qui ira à Eloïm »
Une BMW noire qui aurait mérité d’être immatriculée « mafieux 33 » les attendaient. Le molosse ouvre la portière arrière droite du véhicule. Personne dans la rue ne fait attention à eux. Il ne pouvait pas s’échapper. Il s’incline, vaincu. Le chauffeur roule vers une destination qui semblait évidente au journaliste. Le gourou voulait le voir. Le décor défilait à vitesse grand V mais dans le silence de la superbe berline. Arbres, forêts, travaux, maisons abandonnées ou habitées, Louis s’était toujours demandé ce que ça pouvait faire de vivre en bord de route. Probablement la même chose que dans une rue passante de centre ville mais en beaucoup moins drôle. Impossible de faire l’homme brave et courageux, il n’en menait pas large.
La voiture arrive au domaine, mais au lieu de rester en surface, ils s’engouffrent dans un tunnel sous le château. Le chauffeur se gare. Le Golgoth précéde Louis qui descend du véhicule, retient instantanément sa respiration, le parking dégageait une odeur fétide d’humidité. La lumière était faible. Subitement on lui mit un bandeau sur les yeux. Le garde du corps lui maintenait fermement les bras. Impossible de s’échapper, mais en réalité toutes ces précautions étaient inutiles, lui aussi voulait discuter avec Eloïm Ils prirent un ascenseur, franchirent des dédales de couloirs. Louis est projeté sans ménagements dans une pièce vide aux murs de béton nu, hormis deux fauteuils Chesterfield qui se faisaient face.
— Laissez nous !
— Bien monsieur.
Cliquetis d’une clé dans la serrure. Enfermés. Un homme se tenait à l’autre bout de la pièce, dos à lui, en costume noir, les mains croisées, il contemplait par l’unique fenêtre le domaine, son domaine.
— Kadmon
— Mehdi
L’homme tourne légèrement la tête, marque un temps d’arrêt
— Voilà un nom surgit des entrailles du passé
— Sans doute
Louis était sur ses gardes, à la fois excédé par cette mise en scène et curieux de savoir à quoi le gourou voulait en venir.
— Je suis heureux que tu sois là
— Je n’avais pas le choix
— Ne t’offusques pas, le jeu n’est pas pour toi mais pour eux, si je ne donne pas le change et ne théâtralise pas mes actes, je perds de la crédibilité et tu sais bien qu’une grande partie de mon édifice tient dans le culte de ma personne.
Eloïm ne s’échappait pas, analysait les faits avec lucidité, un vrai démon.
— Alors c’est comme ça que ça va se finir
— Louis, Louis, Louis. Il fait volte-face. Jusqu’à présent tes analyses étaient intéressantes quoique désagréables, mais là tu manque de discernement.
Le journaliste s’assied, le fauteuil était confortable. Le gourou prend place en face de lui, il croise élégamment ses jambes. Beau, digne et fier. Captivant. Comme Baudelaire avait raison: « La plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu’il n’existe pas. ».
— L’occasion de te tuer s’est présentée tellement de fois et pourtant cela ne m’a jamais traversé l’esprit. J’avoue que si tu avais poussé le vice à accompagner Natasha voir son prétendu frère tu serais mort.
— Un piège ?
— Pas vraiment, il fallait que je sois sûr de tes sentiments pour elle.
— Je ne te suis pas.
Le gourou se lève, fait quelques pas. S’arrête:
— Pour faire simple, j’ai besoin d’une descendance, un héritier en ligne directe ne tiendrait pas longtemps, soit il développerait le complexe de brutus et je serais contraint de l’annihiler, soit un membre de ma chère communauté le supprimerait, ce qui serait d’autant plus fâcheux, que j’ai réglé le compte des éléments a priori les plus dangereux. J’ai bien réfléchi et j’avoue que le fruit de l’union entre la Vespale et toi est mon option la plus intéressante.
— Quoi ?
— Louis, malgré tout ce que je t’ai fait subir, tu as toujours su garder une certaine mesure dans tes offensives à mon encontre, une retenue qui me prouve ta valeur. Tu n’es pas un faible. Tu es intelligent quoique brouillon et quel symbole pour les opposants à mon ordre !
Le journaliste semblait perdu, il s’était attendu à tout sauf à ça.
— Si je suis ton raisonnement: Je deviens membre de ta communauté, tu organises mon mariage avec Natasha, nous avons un enfant et cette progéniture devient à terme le nouvel Eloïm ?
— Exactement, tu vois quand tu veux !
— Pourquoi je ferais une chose pareille ?
— Parce qu’au fond tu as toujours rêvé de nous rejoindre, parce que tu sais à quel point le monde extérieur est vil et sans intérêt. Parce que je t’offre la chance de devenir quelqu’un, d’important, de reconnu, d’utile.
— Mais tous ces morts ?
— Tu ne vas pas faire la fine bouche ! Oui ils sont morts. Ils ont servi l’ordre, mais ils risquaient de le détruire par leurs actes répréhensibles. Ils sont condamnés de toute façon aux yeux de Dieu. Ici ils viennent absoudre leurs péchés. Si tu savais tout ce que j’ai entendu… entre les veuves qui ont empoisonné leurs maris, les entrepreneurs qui font crever des gosses à la tache pour produire plus et moins cher, les responsables mais pas coupables, crois-moi Louis, il y a des hommes qui ne méritent pas mieux.
Kadmon ne savait pas, ne savait plus, une partie de lui refusait ce discours et une autre s’en délectait, des Thomassins ou des Bonvallet pouvaient bien crever, l’humanité ne s’en porterait que mieux.
— Quel serait mon rôle dans l’ordre ?
— Yessod, enfin Leo Admonakis est passé de vie à trépas, je t’offre son rôle au conseil d’administration et une place de choix à mes côtés, une sorte de bras droit si tu veux.
— Yessod ?
— Appellation donnée d’après les Séphiroth kabbalistiques, cela donne une connotation ésotérique très appréciée des administrés, mais je t’expliquerais tout cela en temps voulu.
— Natasha ?
— Natasha excelle dans son domaine !
— C’est une tueuse…
— Rien ne t’échappe, tu es vraiment formidable. Oui Natasha est une Vespale.
— Alors ?
— Alors, je dois la garder à mon service, je n’y dérogerais pas, elle restera Vespale, ne sera donc pas affranchie, mais elle t’appartiendra, je n’aurais plus de droits sur elle, tu en seras le maitre. Dommage pour moi, une remarquable professionnelle à tous points de vue.
— Si je refuse ?
— D’après toi ? Vous mourrez tous les deux et je trouverais une autre solution pour ma descendance.
— Je peux réfléchir ?
— Non, c’est exclu. Tu dois prendre ta décision, immédiatement et celle-ci est irrévocable.
Dans un souffle qui rejetait tous ses principes moraux, la crainte révérencielle de l’existence de Dieu et autres fondements, Louis regarda froidement Eloïm et dit:
— J’accepte
— C’est marrant, mais je n’attendais pas une autre réponse de ta part.
— Bienvenue Yessod, tu es dorénavant chez toi. Karl va t’accompagner à ta nouvelle résidence, la VII que tu connais déjà très bien, coquin ! ensuite tu te prépareras pour ton intronisation qui se déroulera ce soir, les fidèles n’attendent pas. N’aie crainte, Natasha t’aidera. Nous allons nous voir très souvent au moins dans les premiers temps, ensuite si tout se déroule comme prévu tu auras plus d’autonomie. Dernier point, ne m’appelle plus jamais Medhi, pour toi et pour les autres je ne réponds qu’au nom d’Eloïm et il est de loin préférable que tu m’appelles monsieur.
— Oui… monsieur
— Bien, très bien. Allons croquer la pomme mon ami !
Il appuya sur un interphone dissimulé prêt de la fenêtre.
— Karl, nous avons terminé.
— A très bientôt Louis. Ne me remercie pas, c’est tout naturel.
Eloïm quitte la pièce par une entrée coulissante dissimulée dans un pan de mur. Kadmon avait l’effroyable impression d’avoir conclu un pacte avec le diable.

Dans le TGV. «Espace famille» Monsieur lunettes noires sportives et chaussures de décathlonien au ventre rebondi, est parfaitement concentré dans son magazine oups. Evidemment, il ne s’occupe pas de sa regrettable (à mon sens) progéniture, qui en profite pour assassiner sans vergogne, les oreilles des pauvres passagers placés par la malédiction du destin dans le même wagon.
L’adulte parent responsable, au sens communément admis du terme, érige un système hiérarchique accepté et fondé. Délimite un cadre censé permettre à l’enfant un épanouissement destiné à lui permettre de bien vivre en société. Au passage, il serait flatté, si en récompense du temps passé à son éducation, celui-ci pouvait lui octroyer une gratification sociale dénommée réussite. Le parent est par nécessité sur un autre mode générationnel: Codes sociaux. Technologie. Economie. Système éducatif. Idéologie. Valeurs. De fait s’instaure un clivage encouragé par la société de consommation pour qui l’enfant est l’axe indispensable de son développement. S’en suit une course sans fin dans laquelle le parent ne pense qu’à faire de son héritier un bon élève social et lui octroie plus que nécessaire. L’enfant s’abreuve à la source d’une eau empoisonnée (fait déjà constaté par Aristote) et s’affranchit du cadre imaginé comme idéal par le parent, devenant ainsi l’irrémédiable fruit d’une éducation ratée. La société médiatique extrapolante et bien-disante dénonce comme de bien entendu tout comportement ou attitude non contrôlée, sauf si économiquement récupérable… Responsabilisation et culpabilisation de l’adulte grâce à des exemples marquants, permettent de les sensibiliser aux dangers créés par ce même système et par là même de les complaire dans leurs fallacieuses certitudes. Le meilleur des mondes de 1984 n’est jamais loin.
Madame, regard bovin, est assortie vestimentairement à sa vulgarité naturelle, démontre son absolue absence d’autorité, ainsi qu’un léger penchant pour la délégation de pensée.
A ce propos, n’oubliez jamais que ce sont eux: Les princes du dodo, susu, tutu et bibi, qui ont l’irrépressible besoin de se poser le cerveau après une dure journée de labeur… Radicalement je serai d’avis de balancer hors du train ces désastres de la surconsommation de masse et de la télévision. Qui pour nous sauver ? Qui pour espérer ?
Je travaille sur mon manuscrit papier. Le rendu n’est pas le même que sur écran. Je ne sais pas encore où je vais dormir ni ce que je vais faire. C’est à la fois excitant et angoissant. Les fêtes approchent. Noël tout seul dans une ville inconnue. J’hésite à consulter mon téléphone, mais je résiste. Je préfère aller chercher une bière au wagon bar. Une file interminable de voyageurs attendent comme moi d’être délestés de plusieurs dizaine d’euros pour des collations sans saveurs et pasteurisées. Je reviens à ma place. Le petit dernier de la tribu des ducons à semble-t-il le mal des transports et hurle avec force et conviction sa douleur. J’avale ma bière. Plus que deux heures. Je finis par prendre mon Iphone. Sept textos et autant de messages vocaux.
Alix regrette, s’est expliquée avec le couple des toilettes qui ont corroboré ma version des faits. Elle ne sait pas non plus où elle en est, croit s’être trompée de voie avec Isabelle, à voulu mettre du piquant dans notre vie mais s’y est mal prise, regrette, espère que je vais lui pardonner, est prête à faire des efforts, tout peux s’arranger. Il suffit d’y croire et de le vouloir. Elle a relu mon manuscrit sur l’ordinateur, trouve que j’ai du talent et est prête à m’aider pour que j’aille au bout de mon rêve…
Je n’y crois pas, ça me semble trop beau pour être vrai, cela fait si longtemps que j’attends cela, qu’on s’intéresse vraiment à moi, sans reproches, sans jugements, sans contraintes. M’aimer pour ce que je suis et tel que je suis. Alix a raison, bien sûr qu’on peut changer mais pas en forçant les choses, cela doit venir du plus profond de soi, volontairement et honnêtement. Je lui souhaite beaucoup de bonheur, mais ma vie doit prendre une nouvelle direction. Elle n’en fait pas partie. J’ai tranché. Ce n’est pas juste un nouveau départ, c’est un Commencement. Rien n’est éternellement figé. Tout est dans un état de commencement perpétuel.
Descente du train. Enfin. L’air est frais mais bon. Je prends le tram qui m’amène au centre de la capitale de l’Aquitaine. Tout dans cette ville donne une impression de calme, de tranquillité, de sérénité, je m’y sens bien. Je choisis au hasard un hôtel de quartier qui s’avère charmant. Je dépose mes maigres affaires. Je flâne. Libre, loin de la cohue et du vacarme parisien. Je découvre les belles vitrines du cours de l’Intendance. Marcher m’aide à réfléchir, à prendre conscience de l’espace et du temps.
J’ai cru que le cynisme était une arme, bien sûr tout est critiquable surtout quand on a l’oeil acéré. En un quart de seconde, je peux dezinguer n’importe quoi, n’importe qui, sortir sans états d’âme les pires atrocités, pourvu qu’elles provoquent l’hilarité. En revanche je suis beau joueur on a aussi le droit de me servir quelques vannes mais bien senties attention, je suis comme Hyde. Hyde est exigeant. Hyde se trouve puissant, son arrogance n’a pas de limites et sa soif d’alcool est intarissable. Hyde me séduit, mais Hyde me pourrit. N’ayant pas un portrait comme Dorian Gray pour me décharger de mes excès, je dois tout assumer… Alors préférant le fond à la forme et la vérité au mensonge, je vais tuer Hyde. Trouver la force en moi de m’aimer, de m’accepter, de vivre. Hyde est un phénix, il renaîtra de ses cendres, mais en attendant ce triste moment, le bon docteur Jekyll va profiter d’un peu de plénitude.
Je déjeune dans une brasserie du quartier Saint-Pierre, excellente surprise. L’architecture de la ville est superbe, décidément j’ai peut être trouvé l’endroit où m’épanouir. Mais c’est ici et partout le paradis, le soir quand les étoiles brillent dans le ciel, le matin quand le soleil entre en scène et chaque instant qui nous permet de transcender la souffrance et d’aller au delà des maux. Quand on est pris dans une averse soudaine, on peut, soit courir le plus vite possible, soit s’élancer pour s’abriter sous les avancées des toits des maisons qui bordent le chemin. De toute façon, on sera mouillé. Si on se préparait auparavant mentalement, à l’idée d’être trempé, on serait en fin de compte fort peu contrarié à l’arrivée de la pluie. « HAGAKURE » LE LIVRE SECRET DES SAMOURAIS par Jocho Yamamoto (1659-1719) Imaginer c’est créer, créer c’est rêver, exister c’est créer la vie au présent tout en s’appuyant sur des faits passés et à venir. Le lien entre le tout est l’être, façonné par le temps et l’expérience, l’intuition 6ème sens éthéré complète ce schéma pour le rapprocher de sa forme irréductible d’Homme. Donc je suis. Moralité, je ne suis pas limitable ou circonscrit à un simple rôle, une simple tâche, une enveloppe. Je suis 1, je suis le tout, je suis la vie, je est un soi à moi et à vous, si vous le voulez en âme, corps et esprit. Nous sommes ? Alors imaginons, créons, vivons, existons, sans limites et sans carcans. Pour qu’aujourd’hui soit tous les jours le 1er jour. Il n’y a évidemment pas de gros plans dans la réalité qui viennent souligner les instants T comme dans ces fictions que nous subissons à longueur de temps, mais avec de la rigueur intérieure, il est peut être possible d’arriver à anticiper les événements charnières ?
Caresse du soleil d’hiver sur le visage. Nappes de musique onirique. Plaisir de voir, de sentir, de ressentir. Se remémorer les moments primordiaux, les savourer, les goûter. Vigueur intense du premier jour. Les yeux décillés, grands ouverts sur le monde. Le parfum délicieux de l’herbe fraîchement coupée. La soif étanchée par l’eau la plus fraîche et la plus claire. La faim calmée par le pain chaud et croustillant. La chaleur de l’amour et des rires. Le temps est à soi. Communion naturelle. Délice d’être. Cela durera jusqu’au crépuscule. Le reste n’est que bonheur.
Un matin tu te réveilles le cœur et l’âme libérés, peu importe le passé peu importe les avanies du quotidien, tu ouvres les volets au sens propre comme au figuré et tu es frappé par la beauté de l’environnement, tu es plein de confiance, dans le présent, dans la vie, dans l’existence, tu n’as plus peur, tu ne théorises pas, tu n’interprètes pas, tu saisies tous les plaisirs qui sont à ta portée et ne pense qu’à ce qu’il est dans ton pouvoir d’accomplir. Tu ne renonces pas, tu souris, tu acceptes les autres et tu t’acceptes tel que tu es, pas tel que tu voudrais être ou tel que tu crois être. Comme le dit Nietzsche: « Deviens sans cesse celui que tu es, sois le maître et le sculpteur de toi-même ».

Karl ne semblait plus considérer le journaliste comme une menace, mais comme une personnalité à protéger.
Ils traversent le domaine, le garde du corps l’accompagne jusqu’à la fameuse maison numéro VII, là où vivait il y a encore peu de temps Alexandre Absalon. Mort pour la cause. Mort pour avoir dévié du chemin balisé par le Gourou, le guide tout puissant.
Louis n’avait pas le choix, il lui fallait accepter sans réserve le marché imposé par Eloïm. «Please allow me to introduce myself, I’m a man of wealth and taste.» Manque de pot, il n’avait aucune sympathie pour le diable.
Natasha l’attendait, elle le dévisage attentivement, tente de décrypter ses pensées intimes, ce qu’il ressent, il se focalise de son mieux sur l’amour qu’il lui porte et sur le plaisir qu’il éprouve de la revoir. Surtout ne rien laisser transparaître d’autre. L’exercice s’avère concluant, elle lui saute dessus, s’abandonne totalement, savoure leurs retrouvailles.
— Je suis si heureuse que tu sois là, prêt à relever notre défi, démontrer au monde que notre ordre est ce qu’il y a de mieux, de plus beau. Je sais que tu vas te montrer digne de la confiance qu’Eloïm a mis en toi. Viens je vais t’aider à te préparer pour ta réception. Mon amour, l’enfant, ton enfant que je porte est l’élu, l’héritier de notre ordre.
Louis restait neutre, les yeux dans le vide. Il ne réalisait pas ce que disait Natasha, elle était donc déjà enceinte ?
Ils montent dans la chambre, Toutes ses affaires sont là, rien ne manque, pas même son carnet secret et toutes ses notes, documents, coupures de presse. Il était donc réellement chez lui.
Sur le lit un pantalon de lin blanc, une toge blanche couverte de signes caballistiques. Aux pieds des sandales en corde. Natasha applaudit en le voyant ainsi paré. Il n’ose pas se regarder dans la glace de crainte de perdre définitivement le peu d’amour propre qui lui restait.
— La cérémonie est prévue à 19:30, il est 17:00, il ne faut pas trop tarder.
Louis essayait de se convaincre que tout était normal, qu’il n’y avait pas de raisons de s’en faire, tant qu’il respectait leurs règles, il était a priori en sécurité. Il espérait simplement avoir la force nécessaire pour donner le change. D’un autre côté il était séduit par la mise en scène, le décorum, l’attention qui lui était portée, la ferveur de Natasha était communicative et pourtant Louis n’oubliait pas que même enceinte elle restait une tueuse, capable de l’exterminer sans une once d’hésitation si Eloïm lui en donnait l’ordre.
Les intronisations se déroulaient dans un bâtiment spécial, le D. L’enceinte ressemblait à un grand amphithéâtre circulaire. Une grande piste centrale entourée de rangées de sièges, de quoi accueillir à première vue 20 à 25000 personnes. Le journaliste impressionné interrogea Natasha qui lui confia avoir assisté ici même à des cérémonies gigantesques avec plus de 30000 adeptes réunis.
— Mais rassures toi mon amour ce soir il y aura encore plus de fidèles tout le monde veut voir celui que l’on surnomme le redempté.
Louis avait une boule dans l’estomac, ce genre de manifestations ne s’improvisaient pas… tout était calculé, parfaitement huilé, il se sentait comme une marionnette. Agitée depuis combien de temps ? La panique l’étreignait insidieusement. Quelle serait dorénavant sa vie, ses choix, son libre arbitre ? Esclave d’un fou et d’une dévote.
Les fidèles affluaient dans les travées. Kadmon se tenait en coulisse à quelques mètres de la piste, il y en avait d’autres comme lui, une cinquantaine peut être plus qui attendaient eux aussi d’être intronisés, mais ils étaient habillés en jaunes et avaient comme décors des symboles solaires.
Eloïm trônait dans une sorte de plateforme surélevée. Il parlait dans un micro casque, le son était largement amplifié et résonnait partout, ses discours étaient entrecoupés de musiques classiques et new âge.
Le silence régnait dans les travées. Des assistants faisaient accomplir aux impétrants diverses épreuves. Ils passaient deux par deux sous les viva de la foule. Louis attendait fébrilement. L’anxiété à son paroxysme.
Ce fut enfin son tour, il paradait seul. Il adresse un maigre sourire à Natasha… mais tout amour, toute compassion avait quitté son beau visage. Ses yeux le fixaient durement, implacablement, ils lui glacent le sang.
Un assistant masqué s’empare de Kadmon et l’entraîne au milieu de la piste. Tous les regards se braquent sur lui. Une main ferme sur son épaule lui intime l’ordre de se mettre à genoux, il ne résiste pas.
Eloïm extatique abreuve la foule:
— Fidèles: Nouveaux et anciens. Garants de l’ordre et défenseurs de notre idéal, voyez le redempté. Des années durants il a cherché à nous nuire, à détruire l’édifice que nous avons eu tant de mal à construire et sans la formidable implication de chacun d’entre vous, nous aurions sans doute plié sous ses coups de butoir médiatiques. Il a fallut déployer des trésors d’ingéniosité pour limiter l’impact de ses mots assassins et diffamants. Voyez aujourd’hui le redempté à genoux. Nous l’accueillons dans notre grande et belle famille. À propos de famille, savez-vous pourquoi cet homme est parmi nous ce soir ? Notre Vespale Natasha est porteuse d’une semence bénie et tout naïf qu’il est, il croit être le père de l’élu, celui qui serait amené, s’il s’en montre digne, à me succéder. Idiot ! Pauvre hère, mais je suis le père de cet enfant ! Chaque Vespale a été ensemencée par mes soins et le jour venu, ils devront se battre pour conquérir la place ultime, devenir le prophète et le guide de notre magnifique communauté.
Des tonnerres d’applaudissements descendent des gradins.
Louis tente de se dégager mais la main ne relâche pas la pression sur son épaule.
— Voici le redempté qui demande à être admis parmi nous. Alors… Ne soyons pas bégueule, exauçons son souhait !
Un autre assistant s’approche de Kadmon et l’asperge de liquide. Tout d’abord il croit que c’est de l’eau et qu’on lui prodigue un simulacre de baptême, mais l’odeur est forte, entêtante. De l’essence.
Il ferme les yeux…

Je me réveille en sursaut. J’ai diné dans un restaurant asiatique qui m’a beaucoup plu, ensuite je suis rentré à l’hôtel. J’ai échangé quelques messages avec Alix, pour lui confirmer que tout est fini entre nous et je me suis endormi très rapidement. Le destin de Louis vient de m’apparaitre clairement, une terrible évidence. Que dois-je faire ? Ai-je les moyens de conjurer cette inéluctable fin ? pourtant c’est tellement logique. Je me sers un verre d’eau. Il se noue entre l’auteur et son «bestiaire» une relation si dense, si intense.
Louis hurle dans ma tête, implore ma clémence, mais je ne peux lui accorder cette faveur.
Je ferme les yeux.

Eloïm scandait une sorte de mantra reprit avec ferveur par la foule. Les adorateurs de Bereshit entraient en transe.
Louis à genoux, prostré, la tête baissée, les yeux fermés, savait que rien ni personne ne viendrait le sauver. La mort était son unique porte de sortie. Il avait peur, si peur et soudain la douleur le transperça de part en part. Kadmon brûlait comme un fétu de paille. Son corps s’embrasait, se consumait. Il n’avait jamais ressenti une telle souffrance. Il aurait dû se lever, hurler, leur montrer à tous qu’ils assassinaient un homme. Un être comme eux de chair et de sang, mais il en était incapable. Il voulait pleurer mais ses paupières s’étaient dissoutes. Il n’avait plus d’existence, plus de vie. Il redevenait poussière, comme au commencement…
Le silence régnait dans les travées, une masse informe gisait au milieu de la piste.
Eloïm éructa:
— Allez voir !
L’assistant s’approche de la créature immolée par le feu. Il pose dessus une couverture ignifugée. L’amas de chaires vives ne réagit pas. La bête était bien sacrifiée en holocauste. D’une voix puissante:
— Le redempté est mort Monsieur !
Des cris de haine, hystériques, s’abattent des gradins jusqu’à la dépouille de Louis Kadmon, ricochent sur ce qu’il fut. Natasha participe à ce délire collectif, une main sur le ventre, l’enfant du sacrifié en elle, nourri à la folie des hommes.
Eloïm se retire de l’arène satisfait. Il tuerait la fille et son embryon, mais pas aujourd’hui, chaque chose en son temps. Il passe dans un couloir, s’arrête un instant pour s’admirer dans un miroir. Il se félicite d’avoir faite sienne cette maxime du marquis de Sade: «La soumission du peuple n’est jamais due qu’à la violence et à l’étendue des supplices. »

Libéré et rasséréné ! J’ai réussi à mettre un point final à deux histoires, l’une personnelle et l’autre imaginaire… si j’étais cynique je me demanderais laquelle est la plus réelle des deux ?
Le temps est manifestement venu pour moi de m’affirmer: Raphaël Chevalier. Trente six ans. J’ai passé la majeure partie de mon existence à esquiver, lâchement retranché derrière un mal être pour ne pas affronter le quotidien, mais aujourd’hui je fais table rase du passé et des préjugés. J’ai enfin décidé d’exister.
Installé à la terrasse d’un café dans la rue de la vielle tour à Bordeaux, je savoure une tarte et un café. Deux copines s’asseyent juste à côté de moi. Elles sont pétillantes, fraiches, belles comme le jour naissant. Je ne peux échapper à leur conversation et je souris en les entendant partager leurs confidences. L’une d’elle me demande si j’ai du feu. Je lui réponds par l’affirmative. Sans forcer ni provoquer le destin, nous discutons de tout et de rien. La blonde se montre polie mais distante, en revanche entre la brune et moi, une connexion s’établie:
— Comment vous appelez-vous ? (Intrigué)
— Cassandra (Charmante)
— Raphaël (Charmeur)
— Enchantée, alors, que faites vous dans la vie Raphaël ? (Connectée)
— Ecrivain (Profond)
— Voyez-vous ça, monsieur est écrivain ! (Etonnée)
— C’est mon premier (Troublé)
— Il faut un début à tout (Optimiste) Vous êtes bordelais ? (Curieuse)
— Parisien en exil (Fragile)
— Ah… (Hyper intéressée)
Emilie regarde sa montre avec insistance:
— Cassandra il est temps d’y aller, nous sommes attendus. (Impatiente)
— Bonne journée à bientôt (Déçue)
— Oui bonne journée (Déçu)
Elles marchent quelques mètres. Cassandra à Émilie:
— Merde j’ai oublié un truc. (Menteuse)
La jolie brune bondit jusqu’à ma table, sort un stylo de son sac et griffonne sur une serviette en papier… « Mon numéro, appelez moi ! (Excitée) » Et elle repart en courant.
Je ressens une prodigieuse sensation de bien être. J’ai achevé mon premier roman, tourné la page d’une vie morne et apathique, rencontré une fille qui me plait énormément. Je ne crois pas encore au phénomènes paranormaux, mais c’est le jour où je dois saisir ma chance ! Je retourne à l’hôtel chercher ma clé USB et je me rends dans un magasin spécialisé dans les photocopies et les reliures. Je tire 7 exemplaires de mon roman « Bereshit, Au Commencement. » Le gérant du magasin m’indique l’adresse d’un cyber café dans la rue du Palais Gallien, car je dois trouver les adresses des éditeurs. Apres deux heures de recherches, je vais à la Poste. J’ai scellé mon destin. J’ai respecté tant bien que mal les différentes procédures exigées par chacune des maisons d’éditions, j’espère que ces imprécisions dans la forme ne me porteront pas préjudice…
Il est maintenant temps de se poser les bonnes questions. Je déambule dans les rues. Devant moi se dresse Mollat, la plus grande librairie de France. Et si c’est ça dont j’ai vraiment envie ? Ma propre boutique de livres. Un endroit que je pourrais modeler à mon image… Evidemment le marché sur Bordeaux semble compromis avec un tel acteur. Retourner à Paris ? Je développe de nouveaux rêves, de nouvelles envies. La rencontre avec Cassandra est un déclencheur d’ambition. A son contact même bref j’ai ressenti l’étrange sensation de pouvoir accomplir tout ce que je veux. Se dessine dans mon esprit les contours d’un projet: Une belle librairie ancienne avec des petites tables, fauteuils clubs et un canapé moelleux pour que mes clients s’installent confortablement près de la cheminée… dévorent les livres et surtout consomment des boissons surfacturées. Me trotte également à l’esprit l’idée de me spécialiser dans les livres anciens ou rares, ces livres dont les collectionneurs raffolent et qu’ils sont prêt à payer une fortune. Mes scrupules disparaissent au profit d’une volonté simple, claire et déterminée. Quels sont mes moyens d’action ?
Ne nous dispersons pas. D’abord, priorité à Cassandra. Je vais l’appeler dès ce soir, il faut battre le fer tant qu’il est chaud. Je me connecte sur mon compte bancaire afin de faire le point sur ma situation financière. Il est vrai que mon arrêt de travail ne m’a pas mis dans une situation ultra favorable. Mais comme me l’a si bien apprit Eloïm, je dois privilégier la forme sur le fond. Le magasin Boss m’offre ce dont j’ai besoin, une redéfinition complète de ma garde robe. Chaussures. Pantalon. Chemise. Pull. Veste. Le reflet dans le miroir est au delà du satisfaisant. J’emporte le tout. La note est salée mais j’assume. J’attends 19:00 pour composer son numéro de téléphone:
— Bonsoir Cassandra ! Raphaël Chevalier… nous nous sommes rencontrés ce midi et je voulais savoir si vous étiez libre pour le dîner ?
— Vous ne perdez pas de temps !
— J’avais simplement très envie de vous revoir.
— Et bien, vous me prenez de court… je vais voir ce que je peux faire.
Assis sur le lit de ma petite chambre d’hôtel, le téléphone en main, j’attends impatiemment. La mignonne jeune fille qui fait office de concierge à la réception de l’hôtel m’a parlé d’un excellent restaurant japonais. J’espère que Cassandra apprécie autant cette cuisine que moi… si elle daigne me rappeler. Une demi heure se passe toujours aucun signe de sa part. Je me suis trop vite emballé. Quel con. 20:05, raisonné et persuadé de m’être fait bêtement berné, je pars en direction du fameux restaurant sans réservation mais tant pis on ne sait jamais, ne pas se laisser abattre est mon nouveau crédo. Je sors mon téléphone de ma poche pour utiliser la fonction GPS. 3 appels en absence: deux d’Alix (rien à foutre), un d’un numéro non enregistré. Je rappelle fébrile.
— Ah quand même, j’ai cru que vous m’aviez oubliée
— Pas du tout j’ai attendu que vous me rappeliez !
— J’ai annulé ma soirée avec les fossiles. Où va-t-on ?
— Un restaurant japonais, mais je n’ai pas réservé.
— Don’t worry ! s’ils n’ont pas de table, nous pourrons toujours aller dans un bar à vin, ça ne manque pas dans cette ville !
Tout à l’air facile avec Cassandra.
— Je suis vers les allées de Tourny, vous me retrouvez devant le manège ?
— Ok… a priori je suis là dans moins de cinq minutes.
— A tout de suite !
— Juste le temps d’arriver.
Logiquement, il me suffit de revenir sur mes pas pour parvenir à sa rencontre. Malgré mes tentatives, je n’arrive pas à réprimer une bouffée d’angoisse. Et si je ne lui plaisait pas ? De multiples scénarios me sont passés à travers la tête mais l’issue en était toujours positive. Dès que nous allons aborder le sujet de nos vies, que vais-je raconter ? La vérité crue ? Passer sous silence certains aspects de mon existence ?
Je lève la tête, l’opéra de Bordeaux est une magnifique bâtisse, mais l’heure n’est pas au tourisme. Quelques mètres me séparent maintenant de Cassandra, le plus dur reste à faire: Oublier ces considérations égotistes pour Etre et Agir vraiment. Si une relation doit naitre de ce coup de foudre, alors rien ne pourra l’empêcher, pas même mon passé, ni le sien.
— Raphaël !
Je me retourne. Nos regards s’accouplent. Un coït vif. Instantané. Brutal. Sans un mot, l’un à côté de l’autre nous nous dirigeons d’un pas tranquille et harmonieux vers la place Fernand Lafargue, puis nous discutons. Fumons. Rions, comme si nous nous connaissions depuis toujours. J’attends d’être au restaurant pour vider mon sac sur ma vie, je la dégueule sans que Cassandra ne m’interrompe. Elle ne dit rien mais se saisit de ma main, l’enserre tendrement. Comme je le présumais son histoire est aussi chargée que la mienne. Nous nous retrouvons sur ces points et sur d’autres. Nos esprits fusionnent en attendant nos corps. J’explique à Cassandra mon projet professionnel. Elle y souscrit totalement, me donne le nom d’un «fixer» de sa connaissance qu’elle me présentera, un spécialiste de la chasse aux œuvres anciennes, rares, introuvables qui pourra m’assister dans cette activité hautement lucrative. La nourriture est exquise, le gout de l’amour et du partage ? Nous enchaînons les bouteilles de vin sans être saouls. Cassandra veut absolument lire mon livre. J’éprouve quelques réticences, mais je ne veux rien lui cacher. La vie est ainsi faite, même si cela semble improbable, il n’y a pas de hasard, juste des opportunités à saisir. A trop réfléchir, à s’infliger des barrières, des freins et des douleurs, on s’habitue à l’amertume, à la souffrance mais si comme l’exprime Marcel Proust « « On ne guérit d’une souffrance qu’à condition de l’éprouver pleinement. » alors je suis en totale rémission. J’accepte une vérité essentielle: Même si l’univers est l’oeuvre de quelque chose qui me dépasse, à mon niveau d’humain, je suis mon propre dieu et je suis mon propre diable. J’ai perdu mon temps à me lamenter sur mon existence, à fuir plutôt que de combattre. Je n’ai aucune certitude sur l’avenir avec Cassandra, mais j’ai l’intime conviction que nous sommes dans l’urgence de construire. Guillaume le Taciturne a tout compris: « Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer ». Tirer un trait sur le passé ne m’a demandé aucun effort, vivre dans le présent m’en demande beaucoup plus, mais le jeu en vaut la chandelle. Réfléchir pour agir, tendre vers un idéal… Mourir en juste, sans remords ni regrets.
Il était une fois un homme désespéré, qui avait profité de sa dépression pour écrire un livre, mais l’histoire tragique se terminait avec la mort de son héros.
Au bout du compte je me suis trouvé moi.

AVEC PARIS, L’IMPÉRATRICE FAIT SON CINÉMA !

AVEC PARIS, L’IMPÉRATRICE FAIT SON CINÉMA !

« Paris, Paris, tu n’es pas comme au cinéma… » Pour l’un des titres phares de l’album Matahari, un clip hommage magistralement réalisé par Clémence Demesme. Ode à la ville lumière et au 7ème art, aux références multiples qui se découvrent après plusieurs visionnages (Pulp Fiction, Twin Peaks, L’enfer…). Avec en guest, une apparition surprise de Marina Foïs… Une vidéo comme un écho à cette citation de Marylin Monroe : Dreaming about being an actress, is more exciting then being one.

L'Impératrice ♧ PARIS

J’entends les murmures de la ville
Que la nuit a mise à nu
Le fracas des automobiles qui filent
Juste un instant s’est tu

Dans la brume électrique elle dort
Sans dessous dessus
Et son corps encore inconnu
Laisse entrevoir

Son coeur qui cogne un peu plus fort
Toutes ces couleurs qui courent encore
Est-il trop tôt, est-il trop tard ?

C’est comme une fille qu’on embrasse
Mais qu’on ne voit jamais de face
Le refrain sans accords
Des sirènes du soir

C’est comme une fille qu’on embrasse
Mais dont le souvenir s’efface
Dites moi si je sors
Du rêve, du cauchemar

Paris, parie avec moi
Quitte à essayer cent fois
Paradis ou pas
sous les pavés je te vois

Oh pari perdu avec toi
Qui voudrait d’une vie comme ça ?
Paris tu n’es pas
comme au cinéma

Elle ouvre les yeux sans efforts
Se lève d’un seul coup
Et nous recrache par milliers
Sur ses Grands Boulevards

Fille noctambule fan de l’aurore
Femme de la nuit multicolore
Mais tes matins restent noirs

C’est comme une fille qu’on embrasse
mais qu’on ne voit jamais de face
le refrain sans accords
des sirènes du soir

C’est comme une fille qu’on embrasse
Mais dont le souvenir s’efface
Dites moi si je sors
Du rêve, du cauchemar

Paris, parie avec moi
Quitte à essayer cent fois
Paradis ou pas
Sous les pavés je te vois

Oh pari perdu avec toi
Qui voudrait d’une vie comme ça ?
Paris tu n’es pas
Comme au cinéma

Premier album MATAHARI http://qlima.cool/MATAHARI

EN AME ET CONSCIENCE

EN AME ET CONSCIENCE

Un geste peut changer une vie collective, en particulier lorsqu’il est profondément humain, courageux, héroïque, encore faut-il que notre monde étriqué du tout pour moi et de l’image daigne s’en saisir, l’honorer et le porter comme un symbole de fraternité et non comme un vecteur de haine et d’opposition stérile. D’autant plus lorsque nos médias entachent le plus souvent l’acte d’éléments parasites sensationnels ou polémiques, accordant plus de valeur aux commentaires négatifs, cyniques, stupides émanant parfois et c’est plus grave, de journalistes ambitieux prêt.e.s aux tweets les plus racoleurs ou sulfureux pour leur quart d’heure de gloire, de politiques fanatiques qui se repaissent de la mort et de récupération, d’individus le plus souvent masqués sous pseudos, ignorants et intolérants qui stigmatisent jusqu’à la haine.

Beaucoup de nos maux sociétaux sont malheureusement parfois liés à ce quotidien profondément injuste qui accable les populations: Ambition des barons qui se gavent sur le dos des autres et asservissent leurs prétendus subalternes. Fanatisme des prédicateurs, bonimenteurs de tous horizons qui au fond méprisent leurs ouailles. Ignorance crasse et pleine de certitude de la meute… Comment ne pas en avoir marre ? Marre de cette information d’après coup qui laisse toujours entendre qu’on aurait dû éviter l’imprévisible, qui glorifie ceux qui ne méritent rien d’autre que le mépris. Marre de ces usurpateurs qui nous traitent comme des objets et jugent sur des critères décorrelés du réel qu’ils ne s’appliquent pas à eux mêmes. Marre des incivilités qui fragilisent toujours plus les rapports élémentaires. Marre des œillères de ceux qui se considèrent avec trop d’importance. Fatigué des extrémistes qui s’imaginent au paradis en nous faisant vivre l’enfer. D’avoir à compter tout le temps et de vivre dans la retenue et la crainte d’un lendemain prométhéen. Triste, pour tous ceux qui souffrent sans aucune exception. Las des amalgames et des raccourcis. Mais ragaillardi et plein d’espoir grâce à ces justes qui font jaillir la lumière des ténèbres, qui malgré la peine nous permettent d’entrevoir ce que serait un monde dans lequel régnerait la paix, la concorde et l’harmonie. Un idéal vers lequel tendre grâce à l’exemplarité, le sens du devoir et le perfectionnement, tout en restant vigilant, condamnant sans réserve l’ostracisme, la xénophobie et toutes les formes de rejets des autres. Vaste programme mais en définitive, avons-nous quelque chose de plus important à faire ?

Keith Haring, September 1982 (Copyright © Keith Haring Foundation)

FAIRE DE CHAQUE JOUR, LE PREMIER DU RESTE DE TA VIE ?

Extrait de la Lettre à Ménécée : Prends l’habitude de penser que la mort n’est rien pour nous. Car tout bien et tout mal résident dans la sensation : or la mort est privation de toute sensibilité. Par conséquent, la connaissance de cette vérité que la mort n’est rien pour nous, nous rend capables de jouir de cette vie mortelle, non pas en y ajoutant la perspective d’une durée infinie, mais en nous enlevant le désir de l’immortalité. Car il ne reste plus rien à redouter dans la vie, pour qui a vraiment compris que hors de la vie il n’y a rien de redoutable. On prononce donc de vaines paroles quand on soutient que la mort est à craindre non pas parce qu’elle sera douloureuse étant réalisée, mais parce qu’il est douloureux de l’attendre. Ce serait en effet une crainte vaine et sans objet que celle qui serait produite par l’attente d’une chose qui ne cause aucun trouble par sa présence. Ainsi celui de tous les maux qui nous donne le plus d’horreur, la mort, n’est rien pour nous, puisque, tant que nous existons nous-mêmes, la mort n’est pas, et que, quand la mort existe, nous ne sommes plus. Donc la mort n’existe ni pour les vivants ni pour les morts, puisqu’elle n’a rien à faire avec les premiers, et que les seconds ne sont plus. Mais la multitude tantôt fuit la mort comme le pire des maux, tantôt l’appelle comme le terme des maux de la vie. Le sage, au contraire, ne fait pas fi de la vie et il n’a pas peur non plus de ne plus vivre : car la vie ne lui est pas à charge, et il n’estime pas non plus qu’il y ait le moindre mal à ne plus vivre. Epicure

La fortune ne devrait être possédée que par les gens d’esprit : autrement, elle représente un danger public. Nietzche La vanité d’autrui n’offense notre goût que lorsqu’elle choque notre propre vanité Nietzche Hâte-toi de bien vivre et songe que chaque jour est à lui seul une vie. Sénèque Fais chacun de tes actes comme si c’était le dernier de ta vie. Marc Aurèle Il n’y a rien à redouter dans le fait de vivre, pour qui a authentiquement compris qu’il n’y a rien à redouter dans le fait de ne pas vivre. Epicure “Personne, voyant le mal, ne le choisit, mais attiré par l’appât d’un bien par un mal plus grand que celui-ci, l’on est pris au piège.” Epicure

Des nombreuses personnes que j’ai rencontré jusqu’à présent et qui m’ont raconté leur parcours, il me semble n’avoir jamais entendu autre chose que des récits de résistants et de victimes. Jamais lâches, jamais oppresseurs. N’ayant pas l’intention d’accabler l’autre et de m’accorder le beau rôle, je suis de ceux qui se prévalent le plus souvent d’être une victime et lorsque je bombe un peu le torse, je suis le premier des résistants. Pour Philip K. Dick, La réalité n’est qu’un point de vue et Obi-Wan enseignait à Luke que beaucoup de vérités auxquelles nous tenons dépendent avant tout de notre propre point de vue… De la Lettre à Ménécée en préambule, à chacune des citations, tout n’est question que de point de vue et de perception. De réalité et d’illusion. Et puis il y a des mots qui raisonnent, qui accompagnent, des musiques qui véhiculent, des émotions qui guident, l’intuition, le discernement, le devoir, le travail, l’abandon dans l’idéal pour se rapprocher de sa destination, accepter cette idée tirée d’Into the wild de Jon Krakauer : Il y a tant de gens qui ne sont pas heureux et qui, pourtant, ne prendront pas l’initiative de changer leur situation parce qu’ils sont conditionnés à vivre dans la sécurité, le conformisme, toutes choses qui semblent apporter la paix de l’esprit, mais rien n’est plus nuisible à l’esprit aventureux d’un homme qu’un avenir assuré. Le noyau central de l’esprit vivant d’un homme, c’est sa passion pour l’aventure. La joie de vivre vient de nos expériences nouvelles et donc il n’y a pas de plus grande joie qu’un soleil chaque jour, nouveau et différent. Si tu veux obtenir plus de la vie, il faut perdre ton inclinaison à la sécurité monotone et adopter un mode de vie qui te paraitra dans un premier temps insensé. Mais une fois que tu seras habitué à une telle vie, tu verras sa véritable signification et son incroyable beauté.

Faire de chaque jour, le premier du reste de ta vie ? Un matin comme tous les autres Un nouveau Paris Rechercher un peu de magie Dans cette inertie morose Clopin clopan sous la pluie Jouer le rôle de sa vie Puis un soir le rideau tombe C´est pareil pour tout l´monde Rester debout mais à quel prix Sacrifier son instinct et ses envies Les plus essentielles Mais tout peut changer aujourd’hui Et le premier jour du reste de ta vie Plus confidentiel Pourquoi vouloir toujours plus beau Plus loin plus haut Et vouloir décrocher la lune Quand on a les étoiles Quand les certitudes s´effondrent En quelques secondes Sache que du berceau à la tombe C´est dur pour tout l´monde Rester debout mais à quel prix Sacrifier son instinct et ses envies Les plus confidentielles

GLORIEUSES CERTITUDES ET VANITÉ EXALTÉE…

Les yeux rivés sur le smartphone, dealer institutionnalisé d’informations conditionnelles, de clichés déshumanisés, de jeux addictifs, d’amitiés sans affect et d’égos sans limites, je finalise mes réflexions d’adhésion. Celles-ci sont désormais dénuées d’esprit critique, de doute philosophique, spirituel ou même rationnel, limitativement façonnées par les notifications – dépêches assenées en temps continu – petites phrases citées toujours hors contexte, gros titres sensationnalistes et paroxystiques, relayés pour acceptation définitive, aussi promptement par la radio et la télévision, solides soutiens de la propagande anti mixité culturelle, drivés par des êtres aux sourires, à la plastique et à la bonne humeur quasi éternelle (a-t-on déjà vu ou entendu un présentateur, animateur s’appesantir sur ses problèmes et faire la gueule ?)

L’algorithme qui me connait désormais mieux que moi même, décide en temps réel de ce que je dois aimer et de ce que je dois croire, consommer, approuver ou contester. Docile victime consentante, je me laisse bercer par les mélopées de ces sirènes aux chants alarmistes, infantilisants ou manichéens et je me targue de mes glorieuses certitudes et de ma vanité exaltée, persuadé d’être en accord avec mon moi profond, dans la « vérité » de l’existence, dans la transcendance et l’immanent, dans l’absolu et la déité. Mon pseudo avis est sans cesse conforté par les commentaires et autres tweets qui n’ont en définitive pour fonction que de m’éloigner un peu plus de ma propre opinion forgée par un substrat d’esprit critique. Alors comment échapper à cette spirale infernale, comment (re)devenir un être doué de raison et d’amour agapé, comment ne pas sombrer dans le désespoir ?

Il est toujours possible d’être cynique, de s’accommoder de cette situation et plutôt que de subir, d’en devenir un acteur majeur. Ce serait probablement terrible sur le plan moral, mais qui pourrait le reprocher dans un monde dans lequel plus personne n’accorde d’importance ni de valeur à ces cas de conscience ? Souffrir et continuer le combat ? Chaque échange avec un autre humain potentiellement réceptif qui s’interrogerait sur ces états de fait devenant une victoire qui permettrait de se sentir moins seul et de (re)prendre foi en l’Humanité ? Se laisser bercer par le système et en devenir un simple soldat ni heureux, ni malheureux, juste vivant au sens utilitaire du terme ? Ou alors attendre passivement que cela change, misant tout sur ce fameux jour, si cher aux rêveurs, qui espèrent l’amélioration de leur condition, la réalisation de leurs prières, que le ON qu’ils estiment le plus daigne enfin ouvrir enfin les yeux et réalise qu’ils sont les véritables artisans de la VIE et qu’ils en soient généreusement récompensés tel que cela se doit dans un monde juste et parfait …

WELCOME TO THE (D)ARKETPLACE !

WELCOME TO THE (D)ARKETPLACE !

Que vendez-vous ?

Rien n’incarne plus l’époque que cette triviale interjection associée désormais à la fonction « bon coin » de Facebook (mais si, l’icône petite boutique au centre de votre barre de menus, entre les gens qu’on appelle amis et les sempiternelles notifications), parce qu’il est inutile de vous demander ce que vous souhaitez acheter. Les photos idéalement positionnées grâce à une parfaite étude du comportement de l’utilisateur, vous rappellent qu’au cours de vos pérégrinations sur le web, vous vous êtes intéressé à tous types de produits: de la High tech, en passant par l’équipement sportif, les voyages ou encore l’immobilier… Rassurez-vous, on vous connaît, vous et vos habitudes de consommation et même votre capacité financière… On cherchera juste à profiter de votre désespérante propension à l’achat compulsif pour mieux vous berner…

Aussi trivial que les fossoyeurs des réseaux qui se moquent des marques qu’ils « représentent », obnubilés par une commission ou une gratification, ils se vendent eux mêmes sans éthique ni raison, achetant des coeurs ou des likes sur un marché dit parallèle, pour (se) donner l’illusion de l’influence, dans l’unique but de se procurer des biens de consommation qu’ils ne montreront jamais à leur public, parce qu’il n’est pas dans la cible et serait odieusement frustré. Alors on vous vendra ce joli pull de chez Kiabi, qui permettra d’acheter un sac Vuitton, on vous vantera les mérites de Lidl pour une bague de chez Van Cleef et Arples, vous serez subjugué par les belles photos d’un voyage organisé par une compagnie Low Cost, pour une place en première avec Air France. Bref, on vous vendra du pseudo accessible avec le pire des mépris. Comme ces artistes qui célèbrent l’esprit et le mode de vie ghetto mais se comportent en empereurs chez l’ami étoilé, restaurateur du Tout-Paris qui compte vraiment il paraît. Comme ces entrepreneurs de la nuit qui vous regardent cyniquement dilapider votre paie ou l’argent de la famille dans leur dernier écrin nocturne, un espace taillé sur-mesure pour que vous en ressortiez exangue, mais tellement fier d’avoir prouvé à ce monde interlope votre capacité à dépenser sans compter, mais ne vous leurrez pas, tandis que vos fins de mois deviennent plus difficiles, eux font le plein de billets, sur vos dives bouteilles, le tapin qui vous a fait de l’oeil et même la c qui vous donne l’illusion de la puissance et de la jeunesse éternelle… C’est ça l’entrepreneuriat moderne ou antique, après tout que sais-je si ça n’a pas toujours existé…

Du vegan en passant par le boule de Kim K, de la plus belle des voix à un jeu de guerre virtuel, de ces objets qu’on appelle précieux et que l’on convoite avec plus d’envie et d’amour qu’on en accordera jamais à nos proches, pour quelle finalité ?

Illustration : David Salle, Pay Only $39.95, 2014-2015. Oil, acrylic, crayon, archival digital print and pigment transfer on linen. 84 x 96 inches.
www.davidsallestudio.net
Courtesy Skarstedt, Copyright David Salle, Licensed by VAGA

INTERVIEW DE FIF (BOOSKA-P) : LE RAP EST LA MUSIQUE PRÉFÉRÉE DES FRANÇAIS ?

INTERVIEW DE FIF (BOOSKA-P) : LE RAP EST LA MUSIQUE PRÉFÉRÉE DES FRANÇAIS ?

Le Rap, la musique préférée des français est un livre publié aux éditions Don Quichotte, de Laurent Bouneau. Fif Tobossi, Tonie Behar. Merci à Fif pour cette interview riche et pleine de sens.

FIF, TOUT EST DIT DANS LE TITRE DU LIVRE OU EST-CE UNE REVENDICATION ?
C’est à la fois un constat et une revendication. Le rap est le vilain petit canard du système et en même temps la musique qui cartonne le plus. Pour autant, les choses changent, les jeunes générations s’installent aux plus hautes fonctions dans les médias, la finance etc. ce sont des personnes qui ont grandi et écouté du Rap. Le street art envahit les musées et les collections privées. Les « rockers » hors d’âge sont petit à petit poussés vers la sortie. Insidieusement aujourd’hui, on trouve partout les codes du Rap, c’est un langage commun et pratiqué pratiquement par tous, à part quelques irréductibles réfractaires !

EST-CE QUE LA RAP EST RÉELLEMENT IMPLANTÉ DANS LES MŒURS OU EST-CE TOUJOURS SUBVERSIF ?
Le rap a l’état brut reste toujours l’apanage des puristes, mais si on prend historiquement des artistes comme MC Solaar, Doc Gyneco, I am, NTM, Maitre Gims, Grand corps malade, Stromae, d’une façon ou d’une autre, ils ont été ou sont en haut de l’affiche ! A tort on les déconnecte du rap alors qu’ils sont en réalité en plein dedans. Malheureusement de nombreux médias agitent encore le Rap pour faire peur, pointent du doigt sa frange « violente », génèrent des clivages inutiles. Ils recherchent uniquement le côté subversif et sensationnel, sans s’attacher à l’histoire, aux racines, à la réalité du Rap qui ne se limite pas aux frasques de quelques uns. Laurent (Laurent Bouneau co auteur et directeur général des programmes de Skyrock), à su populariser le rap et toucher tout le monde. Il a encré le rap dans le paysage musical français et notre livre est une sorte de pierre angulaire pour toutes celles et ceux qui voudraient par la suite rendre hommage, au style de musique, mais également a ses représentants, à sa culture. Il y a énormément à raconter sur le Rap français sur le fond et sur la forme. Bobba par exemple est à la fois auteur, compositeur, interprète, il a sa marque de vêtements, c’est un personnage complexe qui mérite d’être étudié au delà des mots crus de ses textes.

NOTRE CONVERSATION AVEC FIF SORT DU CADRE DE L’ITV CLASSIQUE ON ÉVOQUE À DEMI MOT UNE RÉALITÉ : LE RAP EST REJETÉ PAR L’INTELLIGENTSIA À CAUSE PEUT ÊTRE DE SES ORIGINES BANLIEUSARDES POUR NE PAS DIRE PLUS, MAIS EN MÊME TEMPS, ELLE EST LA SEULE MUSIQUE ÉMERGENTE IDENTITAIRE DANS UN PAYS OU DOMINAIT LA VARIÉTÉ.

Des années 50 « opérettes », aux chanteurs engagés et réalistes, les français ont découvert le rock des Beatles et des Stones et les artistes les ont imités dans les codes, l’attitude, les pseudos… Le rap s’est forgé ses propres racines avec un métissage certes culturellement lié aux Etats-Unis mère patrie du style mais en y intégrant ses diversités culturelles fruit du mélange ordinairement reproché à la banlieue. Les enfants des Zemmour, Naulleau, Sarko ont fatalement écouté du rap ou même sont carrément dans l’univers … et pourtant le regard des géniteurs sur cette musique demeure parfois étrangement sans concession…

QUEL EST VOTRE BUT À TRAVERS CE LIVRE ?
Le livre est une montée au créneau, quitte à essuyer les critiques (ndlr je vous laisse suivre l’actualité des clash sur d’autres sites !). Donner envie de faire des livres. Dégoupiller l’hermétisme des carcans bien pensant et petit bourgeois qui refusent l’accès aux grandes tables d’expressions et de débats à la culture Rap. A la fnac par exemple le rayon rap français est minuscule. Il y a matière à travailler et à l’étoffer. Les sujets sont nombreux : Le secteur A, la Mafia k1 frey, par exemple, c’est à la fois de la musique mais c’est aussi des success story dans les affaires, des personnages riches et étonnants comme le décrit si bien Laurent dans notre livre !

LES DIFFICULTÉS POUR PARLER DU RAP À LA TÉLÉVISION
Toujours dans la polémique, jamais positif ? Olivier Cachin seul représentant « officiel » des médias parfois chahuté. Pourquoi pas un Bernard Pivot « street » : Les émissions culturelles télévisées intéressent qui et à quelle heure ? Imaginons une émission littéraire ou culturelle réellement ouverte à la culture des 25 – 45 ans et qui passerait ne passerait pas sur canal ou les chaines du câble mais accessible à tous… prochaine étape ?
-NDLR : Le livre est le produit de la radio et d’internet, aurait-il pu en être autrement (télévision et presse écrite)… La question reste ouverte mais j’ai ma réponse !-

Le rap n’est pas une sous culture ! Mais pour l’affirmer il faut des références, des pros, des spécialistes, des émissions, on va faire un dossier sur les featuring improbables par exemple, vous serez surpris de voir comment le rap est présent partout même dans la variété… alors occupons la place qui nous revient et accordons à cette musique la place qu’elle mérite, au sommet de la pyramide ! Après, il faut aussi savoir prendre des risques, mettre la musique partout… prenons le cinéma, le rap dans la majorité des films français illustre des scènes de violence ou de banlieue… mais cela change, petit à petit, il y a quand même des victoires. Des gens comme Omar Sy, Thomas Thouroude, Mouloud etc. viennent de cet univers au sens large… on entend quelques génériques dans les émissions de foot ou le rap est très présent et amènent au style une certaine légitimité populaire. Mais le chemin est encore long !

UN DISQUE À ÉCOUTER POUR CELUI OU CELLE QUI EST TOTALEMENT RÉFRACTAIRE AU RAP :
C’est vraiment très dur !!!!

– L’école du micro d’argent d’I am

– Hexagone 2001… rien n’a changé, collectif de rappeurs qui reprennent du Renaud, la preuve que l’ouverture est de plus en plus importante, la réunion entre la France et sa musique n’est pas loin, accepter cette réalité, c’est presque politique !

– Tellement qui mériterait d’aller dans leurs oreilles …

L’AVENIR ?
Il faut plus de projets consacrés au Rap, montrer qu’on est là, aux Etats-Unis des textes de krs-one et Tupac sont étudiés à l’université, n’oublions pas que le rap ne se limite pas à quelques artistes subversifs qui provoquent les mêmes courroux que le rock en son temps, scandaliser à toujours fait parti du jeu, en revanche aujourd’hui personne ne conteste aux Bowie, Stones, Beatles, leur génie et de nombreux français ont écrit des livres ou réalisé des reportages sur ces artistes … Les rappeurs français méritent autant de considération surtout au regard du talent… et des ventes, rappelez moi d’où viennent Stromae, Orelsan, Doc Gyneco ? Le phénomène prend de l’ampleur. Notre livre est un message aux futurs générations qui peut être s’en inspireront ou iront chercher des références pour des mémoires, des travaux dans les écoles d’art, de communication et pourquoi pas de commerce…

Après tout pourquoi pas : Le Rap est la musique préférée des français !

En 1996, Skyrock a basculé dans le rap et le R n B, devenant la première radio nationale spécialisée dans la culture urbaine. Voilà dix-sept ans que, avec toute l équipe de Skyrock, nous nous battons pour populariser cette culture et faire découvrir les artistes qui la font vivre. Dix-sept ans ! Quand je pense au nombre de projets, d émissions, de concerts, de rencontres… j ai le vertige ! De IAM à Doc Gynéco, de NTM à Sexion d Assaut, sans oublier Diam’s, Rohff, Booba, La Fouine, Orelsan, Soprano et tant d’autres, ils sont tous passés sur Skyrock et j ai vécu des histoires extraordinaires avec chacun d entre eux…

Au fur et à mesure de l’échange on se prend à réver, à une certaine éducation des esprits reveches, aux origines des samples et de la musique, au sens des paroles, à l’incroyable vecteur qu’est le rap pour fédérer et transporter les âmes des recoins les plus sombres aux plus éthérés.

Un livre hautement recommandé, pas uniquement aux amateurs de rap, à celles et ceux qui croient encore que c’est juste du bruit et des borborygmes, produit d’une sous culture et qui finiront si ce n’est par changer d’avis, au moins de céder la place à d’autres, capables de réunir et d’apprécier la diversité des courants stylistiques nécessaires pour que socialement chacun soit reconnu à sa juste valeur. Quelque soit son origine, sa religion, sa couleur dont nous n’avons fondamentalement pas à nous préoccuper pour harmonieusement vivre et grandir ensemble.

Dix-sept ans plus tard, la culture urbaine a emporté la partie. Ses influences, références, codes, rythmes, sons et attitudes ont infiltré toutes les couches de la société. Le rap s’invite chez les bobos, dans les cités, les médias, au cinéma, dans la rue et les défilés des grands couturiers, dans l’art contemporain et la déco. Il est dans le générique d’une émission, dans la bande-son d’un film, dans les fêtes du samedi soir et dans les stades de foot. Il est dans la gestuelle, le langage. Ce n’est pas une provocation mais un constat : le rap est aujourd’hui la musique préférée des Français !

Laurent Bouneau, directeur général des programmes de Skyrock, est l’homme qui a popularisé le rap et les rappeurs en France. Fif Tobossi, fondateur de Booska-P, le site n° 1 sur le rap en Europe, est un amoureux et un fin connaisseur du rap français. Ils ont tous deux été des témoins de cette success story, dont ils ont eux-mêmes écrit quelques pages. Avec l’auteure Tonie Behar, ils livrent ici une histoire subjective du rap français, truffée d’artistes et d’anecdotes insolites. Aux éditions Don Quichotte

INTERVIEW ANNA POLINA, L’ÉGÉRIE DORCEL SENSUELLEMENT PUNK

INTERVIEW ANNA POLINA, L’ÉGÉRIE DORCEL SENSUELLEMENT PUNK

Anna Polina est une iconique Porno Lady, actrice, réalisatrice … Mais la Dorcel Girl est aussi drôle, pertinente, extrêmement sensuelle et punk. Anna entre dans la pièce et tous les sens se mettent en éveil ! Après notre conversation, je peux définitivement vous confirmer que l’adage « don’t judge a book by its cover » est une évidente réalité. Avec en prime le test de l’expérience de Réalité Virtuelle 360°3D par Marc Dorcel.

Il fallait bien trouver une première question pour se mettre dans l’ambiance, alors on a parlé musique : Anna, la musique fait partie intégrante de votre vie, pouvez-vous nous en dire plus ?

La musique est indispensable ! Pour tout, que ce soit dans les bons ou les mauvais moments, la musique permet d’exorciser certaines émotions, la musique c’est primordial, en revanche même si j’ai un milliard de projets, si je fais de la musique, le public aura le droit de m’insulter sur les réseaux sociaux ! J’ai trop de respect pour les rappeurs, les musiciens, les DJ, pour supporter l’arnaque musicale ! La dessus, je suis intransigeante, mais participer à des vidéos c’est pour moi logique, Seth Gueko par exemple aimait bien mes films et moi son rap, c’était une collaboration amicale. Aufgang pour le clip « Summer » c’était une occasion de participer à un super concept et de changer d’univers…

Une pépite ou un coup de coeur à partager ?

Seth Gueko « Professeur Punchline » !

Anna vous êtes également férue de littérature, Virginie Despentes fait partie notamment de vos références quelle est votre livre de chevet actuellement :

Eva de Simon Liberati. Mais des auteurs comme Virginie Despentes me touchent énormément car je suis une grande punk. Dans ma vie je n’ai jamais fait de concessions, J’ai toujours fait ce que je voulais, quand je voulais, je tiens à la liberté que je m’accorde, choisir son métier, choisir ses amis, l’endroit où l’on vit et je suis intransigeante la dessus !

Puisque vous êtes Punk, que faites vous pour lutter contre le conformisme ?

Même si je tiens à mon confort, pour moi être punk c’est un mode de pensée: accepter la plus totale des libertés. Ma première façon de lutter contre ce conformisme a été de faire du X, de l’assumer, de continuer à en faire et de rester dans cet univers que j’ai envie de défendre, d’autant plus que je suis également libre sexuellement dans ma vie privée.

En terme de plaisirs hédonistes, peut-être au dessus de la luxure, il y a la gourmandise… alors êtes vous gourmande ?

(Rires) Je suis le stéréotype de la fille de l’Est, j’aime les truc salés… j’adore le caviar et le hareng ! sinon je suis fan de la soupe de goulash mais c’est beaucoup moins glamour, un genre de pot-au-feu mais version hongroise. Je ne vais pas parler de Chantilly et de fraises …

Pour prendre soin de votre corps, vous faites du cross-fit ?

C’est plutôt de la torture que du sport ! Je ne suis pas une grande sportive mais j’aime beaucoup la danse, je fais des shows en discothèques, en revanche je n’aime pas courir, la salle de sport m’ennuie très vite et je passe plus de temps à regarder les gens ou à discuter qu’à faire du sport mais récemment j’ai un ami qui m’a proposé d’essayer le cross fit j’avais l’impression d’entrer dans une secte tellement les gens qui en font sont addicts, mais je comprends ! c’est hyper diversifié, beaucoup de mouvements différents, du cardio, haltérophilie, gymnastique, c’est aussi intéressant pour le corps que l’esprit et surtout c’est un vrai challenge, pour une fois que je suis la plus nulle du cours, une vraie mise en danger.

Pour celles et ceux qui vous découvrent, je l’espère avec plaisir, grâce à ce portrait quel serait le film que vous pourriez leur conseiller pour une première fois ?

En ce qui concerne les films ce serait la journaliste, mais plus globalement tous les films que j’ai tournée en 2015. Je me suis libérée de beaucoup de complexes. J’ai appris à travailler avec de nombreux réalisateurs. J’ai une meilleure technique mais j’arrive surtout à prendre du plaisir et du coup je pense procurer une certaine émotion pornographique. Donc principalement les dernières productions plutôt que les anciennes.

La réalisation ?

J’ai eu l’occasion de réaliser un film à petit budget mais j’aimerai en faire d’autres avec de plus gros budgets. Il faudrait que j’ai le temps d’écrire quelque chose de bien, pas de trop parlant parce que ce n’est pas le but dans le X, sans verser non plus dans le porno féministe, mais qui pourrait plaire à un large public, à des jeunes femmes de 20 ans, jeunes couples, j’aimerai aussi réaliser des courts, des moyens, des longs…

Que pensez-vous des scènes de sexe non simulée dans le cinéma traditionnel et par exemple du battage autour de fifty shade of grey alors que les acteurs étaient doublés ?

Je trouve qu’on a fait énormément de bruit autour de 50 nuances de Grey. Je suis allée voir le film par acquit de conscience. J’ai lu le 1er tome également (moins douloureux à lire qu’à regarder d’ailleurs), c’est clairement l’un des pires films de toute ma vie ! pourtant je suis fan de la série gossip girl et j’ai grandi avec Dawson, je peux vraiment être bon public… mais dans 50 nuances, il n’y a pas de sexe ! Pas d’enjeu, je trouve ça très gentillet, quand on pense aux Valseuses où il y avait vraiment quelque chose, aujourd’hui on nous vend du SM presque »Disney » ! alors que des réalisateurs comme Gaspar Noé par exemple avec Love sont capables de proposer du vrai contenu, mais c’est dans le milieu Underground et toujours trop loin du grand public.

En ce qui concerne la mode avez vous des préférences ?

Je ne porte quasiment que du noir, je déteste la couleur, c’est la raison pour laquelle je me suis teinte en blonde, pour faire ressortir le noir, je suis de plus en plus intéressée – pas forcément par la mode – mais par le vêtement. J’aime quand c’est bien taillé, comme The Kooples, j’aimais Balmain jusqu’à sa collaboration avec H&M. Maje, Sandro, dans toutes ces boutiques on peut trouver des trucs sympa. American Apparel pour les leggings, ça passe toujours !

D’ailleurs leurs publicités sont toujours très explicites et stylisées ! j’imagine que Terry Richardson, le Street-Art par exemple, ce sont des mouvements artistiques que vous appréciez ?

J’adore Terry Richardson, je trouve qu’il y a beaucoup de polémiques autour du personnage mais à côté de ça il est extrêmement talentueux, sa dernière séance avec Miley Cyrus est excellente voilà typiquement une personne a qui on a collé une étiquette et qui évolue en pleine liberté, elle renvoie une super image !

Qu’est-ce qui vous fait complètement décoller ?

Le caviar, le hareng (rires) certains garçons et certaines musiques.

C’est quoi pour vous le summum du luxe ?

C’est d’avoir beaucoup de second degré, d’autodérision, de recul sur la vie, d’avoir une sorte de mélange de dignité et d’autodérision et c’est valable quelque soit sont statut social !

Quelle est la cause que vous défendez plus particulièrement ?

Les travailleuses du sexe. Les strip-teaseuses. Les filles qui posent nues. Les actrices X. J’ai conçu ma vie de femme dans cet environnement là et je considère qu’il est anormal qu’une pratique faite entre personnes consentantes soit aussi mal considérée, qu’il y ait aussi peu de respect pour celles qui font ces métiers, qui existent depuis toujours. Quant on pense à celles qui aident les personnes souffrant d’un handicap par exemple, leur sexualité est malheureusement un tabou… D’autre part, si on regarde les Etats-Unis, la grande différence, c’est la mentalité, peu importe le domaine de réussite, cela provoque le respect. C’est la raison pour laquelle on peut voir des actrices X dans des séries télévisées ou des films mainstream, comme par exemple Game of thrones avec Shae (Sibel Kekilli) qui a eu un rôle très important. Au départ elle faisait du X allemand et a pu faire un film d’auteur et cette série, ou Sasha Grey dans The Girlfriend Experience de Sodebergh. Lorsqu’elles ont des compagnons célèbres, ils sont capables d’aller ensemble sans peur du jugement aux AVN Awards. Là-bas le X est une industrie à part égal des autres.

Est-ce que l’art tourne en rond, ou est-ce qu’il y a encore des champs à explorer ?

Aujourd’hui, si je prends ma génération, les 25 – 30 ans, nous avons des possibilités infinies de création. De projets réalisables et la capacité de les partager. Il faut avoir l’envie et se donner les moyens de les accomplir, grâce aux Internets, Youtube, Soundcloud etc. même les livres peuvent se diffuser en ligne et sans beaucoup de frais, il y a encore énormément de champs à explorer.

Dans le domaine du porno, il y a une certaine nostalgie du X des 70’s, le côté vintage, « classieux », est-ce abandonné ?

Je vous recommande Prison de chez Dorcel, il y a une esthétique très présente. Une mise en condition. Un vrai travail sur les lumières, le scénario. On est dans du pornart, du porno chic. Il ya quelques productions qui font encore ce genre de contenus, mais c’est une minorité, à part Marc Dorcel en Europe, il n’y a pas grand chose. Il ne faut pas oublier que les budgets sont très importants et que la qualité à un prix !

De fait, les besoins de votre industrie pour proposer des films toujours plus ambitieux passe par le payant plutôt que le tout gratuit ?

J’achète la musique sur Itunes et j’aimerai bien que mes fans aillent sur les sites légaux pour voir ou télécharger mes films. Il y a bien sur le site Dorcel.com, mais également de nombreuses plateformes sécurisées qui permettent d’acquérir les films sans pénaliser les actrices, les réalisateurs, les producteurs. En fait, la plupart des maisons de production ont des sites très bien fait et la qualité est réellement au rendez-vous ! Alors, faîtes-moi plaisir…

Un grand merci à Anna, Camille et Marie Laurence pour cette charmante rencontre.

A suivre: le Test de l’expérience de Réalité Virtuelle 360°3D par Marc Dorcel avec Anna Polina

INTERVIEW JULIETTE ARMANET : CAVALIER SEULE

INTERVIEW JULIETTE ARMANET : CAVALIER SEULE

Après une finale des Inrocks Lab en 2014. Deux albums piano-voix baroque. Une résidence à la Villa Médicis, elle se tourne désormais vers la pop à la française. Juliette Armanet nous invite à faire Cavalier Seule, chevaucher dans des contrés d’amour des mots. Des sonorités qui touchent le coeur. Des mélodies qui appellent les corps. Au rythme de sa voix et de son piano…

Après avoir écouté attentivement les 4 titres de Cavalier Seule (voir le track par track) et réécouté l’amour en solitaire, je me suis demandé si vous étiez d’accord avec cette citation de William Shakespeare dans la nuit des Rois : « La musique est l’aliment de l’amour ? »

Oui, dans mon cas, l’amour est le thème principal de beaucoup de chansons. On chante pour se consoler, pour séduire, par nostalgie, pour l’être aimé… effectivement je suis d’accord avec Shakespeare !

Compte tenu du titre de l’e.p « Cavalier Seule » et de sa remarquable pochette : Etes vous, indomptable ? fougueuse ? sauvage ? ou indépendante ?

Je suis tout cela à la fois… sauf sauvage ! Mais je suis très indépendante, une vraie tête brulée, par la force des choses et mon histoire. Assez instinctive. En fait, je n’en fait souvent qu’à ma tête ! Le titre Cavalier Seule, j’y tenais énormément. Il a un côté à la fois masculin, féminin, une grande dualité et en même temps conquérant, qui suggère une fin de parcours, très poor lonesome cowboy.

Vous êtes invitée du Festival international de Mode et de photographie de Hyères, après la villa medicis, le centre pompidou avec Saycet, les collaborations avec Théo Mercier notamment, est-ce que vous êtes dans une forme d’exposition musicale ou de fusion des genres ?

J’essaye ! Je viens du théâtre. J’aime mélanger les arts, les genres. Je rêve un jour de faire des concerts hybrides avec des danses et des lectures par exemple. Je n’ai pas envie de me priver de l’aspect visuel qui est très important pour moi. Je suis une collectionneuse dans l’âme, très attachée à l’esthétique. Je cherche encore mes marques. Pour le clip de Manque d’Amour, le réalisateur a eu carte banche, mais j’adorerai réaliser mes vidéos !

Les français adorent les comparaisons et les révélations : Une femme au piano c’est la nouvelle Véronique Sanson. C’est français et bien tourné : William Scheller, Michel Jonasz, Polnareff ou Berger mais en réalité d’où viennent vos influences ? (Je dois vous avouer que j’ai eu des flashbacks de l’effrontée de Claude Miller en vous écoutant !) Au passage… Est-ce que vous militez pour le retour du slow avec Manque d’amour ?

A fond !!! La ballade c’est une danse pré nuptiale dans laquelle on s’abandonne, comme dans le film la Boum. Ce slow langoureux et chargé d’électricité qui finit par des pelles, yeux humides et cheveux mélangés… Je dois confesser que mon rêve serait de passer sur radio Nostalgie. Je n’ai aucun problème à faire de la variété et de ne pas faire partie d’une niche « Indé ». J’aime l’idée du grand public, de 7 à 77 ans, tous réunis, de toucher ces coeurs en même temps. Je suis ultra attentive à la mélodie, au sens de l’harmonie. Jeune j’ai été bercée par la musique classique, le baroque ou Chet Baker mais j’ai ressenti l’appel de la pop, des Bee Gees à Patrick Juvet, de Bashung à celles et ceux que vous avez cités. Hors des modes, hors du temps, juste des belles chansons pour tous. C’était déjà mon ressenti dans l’Amour en solitaire.

Quand on voit les finalistes sosh aime les inrocks lab 2014 : Vous, Camp Claude, Feu Chatterton mais également Christine & The Queens à Coachella, Brigitte, sans compter des groupes comme Grand Blanc, Bagarre. Est ce que vous ressentez un changement dans le paysage musical français ?

J’ai l’impression que ça bouge, il y a eu une période un peu plus creuse il y a 4 – 5 ans mais aujourd’hui, une nouvelle vague est en train de s’installer, même si les télé- crochets perturbent le paysage avec leur soif de performance vocales !

Vous avez fait les premières partie de Julien Doré, Sébastien Tellier, Bryan Ferry, Juliette Gréco, en duo avec Saycet, qui est d’ailleurs présent sur le titre « La Carte Postale ». Remixée par Yuksek dans le cadre de Colette French Kiss, c’est sans doute délicat comme question, mais à brule pourpoint qu’elle fut l’expérience la plus marquante ?

J’ai été totalement bluffée par Juliette Gréco au printemps de Bourges. Un de mes plus beaux souvenirs de concert, elle était éblouissante, drôle, sensuelle. Les expériences de scène sont toutes particulières, Brigitte c’était charmant, très girly. Avec Julien Doré on a fait une trentaine de dates, le public était si chaleureux. On apprend tellement et puis il y a des émotions folles : Il faut y aller ! je ne vous cache pas que pour mon premier Olympia je me suis servi un petit whisky avant de monter sur scène !

Sur Cavalier Seule, j’ai noté la présence de Raoul Chichin à la guitare. La plupart des musiciens ont bossé avec Sébastien Tellier, je pense à Jerome Arrighi ou avec la fine fleur de la scène française actuelle comme Marlon B, comment s’est passé l’enregistrement ?

Pour la chanson « Manque d’Amour » par exemple, on a fait une prise live : Piano – Voix et ce fut la bonne. Après j’ai ajouté mes arrangements. Mais tout s’est fait naturellement, en pleine confiance et intelligence. Je suis très old school alors je serai ravie si l’album à venir pouvait sortir en vinyle, je ne suis pas du tout playlist, je préfère écouter toutes les chansons à la suite et puis il y a le plaisir de l’objet.

Chanter sans piano, ce serait possible pour vous ?

J’y travaille, d’autant plus que j’adore danser et certaines de mes chansons peuvent s’interpréter debout, mais le piano c’est un peu mon armure !

Est ce que vous avez un titre, un film ou un livre fétiche au point de ne jamais vous en séparer ?

Ma référence du moment c’est Loulou de Maurice Pialat avec Depardieu et Huppert. Je suis très Loulou !

1. MANQUE D’AMOUR : Rappelez-vous ce moment, fébrile sur la piste de danse, lorsque le ou la cavalier(e) que vous convoitez accepte ce slow qui restera gravé dans votre mémoire, premier baiser, étreinte charnelle. Le ton est donné. Manque d’amour malgré son titre, est-ce un hasard ? vous rappellera à la nostalgie de toutes les premières fois.

2. CAVALIER SEULE : L’amour se consomme, sur un rythme enlevé, oriental et une prosodie mi femme mi cheval. Une piste exaltante qui fleure bon l’univers de John Ford.

3 LA CARTE POSTALE : L’amour se consume, à distance, blues, mélancolie, spleen et souvenirs.

4 Adieu Tchin Tchin : Cette fois c’est sûr, l’amour est mort mais rien de grave, il suffit de tourner la face du 45 tours, pardon, de revenir sur la première track pour se replonger à nouveau dans les méandres du jeu de l’amour et du hasard.

En savoir plus : https://www.facebook.com/JulietteArmanet

Rock Critic

N’en déplaise aux mangeurs de fenouil, il fut un temps béni où Rock Critic était un vrai métier vécu par les pionniers comme un sacerdoce (cf Lester Bangs). A l’époque où le Rock était une religion, le Rock Critic était incollable sur ‘son artiste’ et n’hésitait pas à chroniquer tout nouvel opus piste par piste, à dégager les influences, les motivations, les lyrics pour mieux imprégner le lecteur de l’ambiance du disque, véhiculer l’émotion au lieu de traiter le ‘sujet’ comme c’est le cas actuellement dans sa globalité, se bornant à accorder une note au travail de l’artiste parfois justifiée par un achat d’espace pub suffisamment conséquent… Bref, le métier n’existe plus et cette absence renforce chez le plus grand nombre l’idée que la musique c’est un truc marketé ou pire de pétasses maquillées comme des bagnoles volées, chorégraphiées et pro toolées à mort… Croyez vous qu’il existe encore une émission à la télévision qui parle vraiment de musique, à l’instar des émissions littéraires, cinématographiques ou consacrées au football ? Peut on imaginer un jour un article de plus de 1500 signes sur le disque d’un artiste plutôt que sur ses frasques ? Qui nous sauvera ?

Le combat inutile du jour : Patrick Bateman contre Victor Ward

Patrick Bateman (American Psycho) le psycho killer le plus glamour des 80’s contre Victor Ward (Glamorama), mannequin terroriste / agent secret malgré lui de la fin du XX° Siècle. Deux anti héros majeurs de Bret Easton Ellis. Mais qui de Patrick ou de Victor serait capable de survivre, stylistiquement parlant en 2015 ?

INTERVIEW THE AVENER (The Wanderings of the Avener)

INTERVIEW THE AVENER (The Wanderings of the Avener)

The Wanderings of the Avener, l’album tant attendu de The Avener disponible en pré-commande sur ITunes, sort le 19 Janvier 2015. The Avener, une patte délicate et radieuse, qui sonne à l’étranger comme une touche d’élégance so French, tout en s’affirmant comme la redécouverte du chaînon manquant entre l’émotion harmonique et la pulsion de danse. Un véritable prodige de la Deep-House, à l’origine du désormais mythique Fade Out Lines, qui a accepté de répondre à nos questions.

Pour commencer je voudrais reprendre une affirmation des Inrocks : « Prendre le risque de se lancer dans une carrière solo quand on trône confortablement dans son fauteuil de producteur émérite est toujours un pari risqué … » Qu’en penses-tu ?

Ca l’est dans la mesure ou l’on a pas confiance en soi ! Mais là, je suis très content de proposer quelque chose qui m’est si personnel et de ce point de vue là je ne prends pas de risques, à vouloir faire et partager quelque chose que j’aime. Je suis donc à moitié d’accord avec cette phrase là. Je prends ce risque, mais c’est parce que j’aime ce que je fais.

Alors, c’est quoi le plus grand risque ?

Le plus grand risque c’est que ça ne plaise pas du point de vue artistique, mais heureusement il y a toujours quelqu’un pour aimer la musique !

Rythm n’ Blues, Deep House, Soul, Techno… Où se trouve l’inspiration ? Dans les sonorités du passé, du présent, dans les voyages, les rencontres. Dans d’autres domaines comme l’art, la littérature, le cinéma ?

En fait c’est un mix de tout ça. Cela vient de mon activité de D.J, des voyages qui permettent de s’aérer l’esprit, de faire un point sur ce qu’on aime ou moins. Je n’ai pas de chemin particulier, mais l’inspiration c’est surtout le vécu, les voyages, les rencontres, le partage, la musique…

On te compare fatalement à d’autres artistes, c’est dur de prendre sa place dans un paysage musical adepte des carcans et des cases ?

Question intéressante ! La comparaison est nécessaire, parce qu’on a besoin de comparer, c’est le propre de l’homme, mais c’est risqué de comparer parce que dans la musique ou dans l’art, chacun a son propre truc. Il vaut mieux dénicher la différence et c’est là qu’on se rend compte que la comparaison est en fait inutile.

Le bonheur aujourd’hui c’est quoi : Le nombre de vues sur YouTube, la radio, les critiques élogieuses de la presse ou comme Boy George qui Twitte sur son mur, le public enthousiaste lors de tes sets ?

C’est tellement agréable !!! Boy George ! je suis fan de ces années là. La reconnaissance des pairs est très importante. C’est vrai qu’être suivi ou tweeté par des artistes aussi prestigieux, tu prends un screenshot ! ça arrive qu’une fois dans ta vie. Les 7 millions de vue sur youtube c’est un petit rêve, j’en suis très reconnaissant et mon plus grand stress, c’est de pouvoir confirmer avec l’album.

Justement, comment s’est passé l’élaboration de l’album. Est-ce que la sélection des morceaux fut difficile ou au contraire, ça c’est imposé comme une évidence ?

Je n’ai subi aucune pression artistique de la part du Label. J’ai laissé totalement libre court à mon imagination. L’album est un exercice de ReWork comme Moby ou d’autres l’ont fait auparavant. C’est parti d’un amas de coups de coeur pour des morceaux que j’apprécie depuis des années mais que je ne pouvais pas forcément jouer en tant que DJ, parce qu’ils n’étaient pas assez efficaces, ou lumineux. Il manquait quelque chose… et ça a été très simple quand on m’a dit : « Tristan, il faudrait que tu fasses un album« , j’ai simplement répondu : « Laissez moi le temps de le faire, ça va prendre un peu de temps mais je vais aller piocher dans mes coups de coeur !« . Il n’y a pas d’autres mots, c’est un album de « coups de coeur ». Pour moi, tous les morceaux sont tous égaux, il n’y en a pas un que je préfère. J’en suis très fier, très content. Je le dis parce que c’est important. C’est mon petit bébé et je ne me suis posé aucunes limites géographiques musicales, artistiques. J’ai fait quelque chose qui est le prolongement de mes idées et je suis très heureux d’avoir eu le support de mon Label. Ce sont des titres connus ou moins connus, mais ce ne sont pas forcement des morceaux récents et certains vont être totalement redécouverts même par ceux qui connaissent les morceaux originaux. D’ailleurs c’est là où les critiques risquent d’être les plus aiguisées ! mais c’est un album personnel. C’est avant tout, comme pour Fade out lines, le lancement d’un projet que j’avais envie de faire. Il y a de très belles choses. Un voyage, on passe par plusieurs styles et couleurs musicales : La Folk le Blues, la Funk, la Soul, la Chill-Out, tout ça part l’entremise de la Deep House. Parce qu’on accorde tous ces mouvements avec la Deep House, qui est pour moi un mouvement extraordinaire. J’ai mis ma patte, ma touche, je colorie un peu, je rajoute ce que je vois et je donne un peu plus d’énergie, d’efficacité ou de mélancolie, de joie, c’est un album qui s’écoute, certains titres pour danser et d’autres seul, pour soi, comme un médicament, c’est un peu tout ça réuni, The Wanderings of the Avener.

Quelle est la signification de la pochette du Single Fade out lines, un labyrinthe… au milieu on dirait la lettre Bereshit en Hébreu… y a t’il un sens caché dans tout cela ?

Un message d’errance, un labyrinthe, ce sont pleins d’étapes. Il y a une entrée et il faut trouver la sortie… mais la pochette de l’album est bien différente !

Est-ce que tu es attentif aux Remix faits à partir de tes productions ou morceaux ?

Très attentif, j’écoute beaucoup, des indépendants, mais des officiels aussi, parfois je demande a être remixé, parce que je trouve les artistes hyper intéressants, très attentifs, c’est une marque de respect, ça part d’une idée, c’est la même initiative que la mienne et je suis toujours curieux du résultat !

Tu es Dj depuis l’âge de 17 – 18 ans, est ce que tu penses qu’Internet favorise la créativité ou au contraire, de devoir piocher dans les bacs à vinyles pour découvrir un artiste ou un style c’est plus gratifiant ?

Il n’y a pas de meilleurs moyens. En tant que DJ je dirais que c’est cool d’aller dans les bacs à vinyles mais on trouve des trucs sur internet qu’on trouverait pas par ce moyen là et vice-versa. Ce qui est malheureux sur internet c’est le format, le mp3 qui perd un peu en couleur, mais l’oreille qui n’est pas habituée ne va pas forcément s’en rendre compte, il n’y a que les passionnés qui ont du gros matériel qui peuvent noter une différence. Les petites perles se dénichent partout, il y a fatalement, vu le nombre, beaucoup de déchets, mais il sort aussi beaucoup de belles choses, mais c’est un peu plus long de chercher. Dans les magasins tu es limité par le nombre, alors qu’internet c’est sans fin. C’est une manne formidable pour les professionnels comme pour les amateurs. Internet a mis du temps à se développer pour le partage musical. Myspace était précurseur, mais ce n’était pas encore aussi démocratisé, maintenant je m’aperçois qu’il y a des gens de 40 – 50 ans qui écoutent de la musique sur Soundcloud, qui font leur propre playlist sur Spotify, sur Deezer et grâce à ces plateformes de partages, peuvent se faire une culture musicale très diverse, très variée. Je suis très surpris de découvrir des petites perles grâce à des gens qui ne sont pas musiciens ou du métier, je trouve ça formidable. Il y a eu un vrai développement qui s’est fait, c’est sûr que c’est une ambiance différente du shop mais c’est le temps qui veut ça, il faut vivre avec. Dans tous les cas, on peut très bien trouver son bonheur sur internet ou chez les disquaires.

Est ce que tu as un titre, un film ou un livre fétiche au point de ne jamais t’en séparer ?

J’écoute beaucoup de musique des années 70, je ne suis pas très livres mais ça viendra et je commence à aimer ça. Il y a un titre de Al Green I’ll be around – un morceau qui ne me lâche jamais, que j’ai depuis 10 ans dans mes ipods, playlists et que j’adore toujours autant.

Tu préfères la scène où le studio ?

Certains disent 50/50 moi, c’est 60/40 ! La scène, c’est là qu’on ressent les émotions, que le travail se manifeste, s’incarne. La scène, c’est le plus bel endroit au monde pour moi, là où on se sent le plus vivant, petite confidence, je prépare un live pour l’été, c’est vraiment l’endroit le plus génial ! Le studio, j’adore aussi travailler, bidouiller mes morceaux mais je suis ravi quand le vendredi arrive d’aller jouer en Allemagne, en France, les Transmusciales. Scène, studio, c’est complémentaire, mais je préfère quand même la scène.

Avec tous les voyages que tu as pu faire à travers le monde, les scènes que tu as parcouru, tu te sens bien aussi en France ?

Bien sûr ! il y a une vraie ferveur électronique qui ressort, qui revient, elle a toujours été présente, mais un peu enfouie… sans rentrer dans une polémique, je me sens vraiment bien aujourd’hui en France. Tous les DJ confirment qu’il y a une vraie demande qualitative dans les clubs, dans les bars, les festivals, de musiques nouvelles, de musiques contemporaines et de plus en plus forte. En France, c’est une vraie résurrection de la musique électronique , grâce notamment aux sites de partages, les réseaux sociaux. Je ne me sens pas mieux a un endroit qu’un autre, j’ai la chance d’avoir fait 10 ans de DJ avant, je m’adapte un peu au public, à certaines tendances musicales mais je garde mon intégrité. L’Allemagne c’est peut être aussi un des meilleurs publics, très pointu, ouvert à la découverte. Ils viennent dans les clubs pour danser, là bas c’est un principe de dancefloor, pour autant la France a de très bonnes oreilles, une vraie ferveur, des demandes de morceaux hyper underground. Le métier de DJ a complètement changé avec Internet avant le DJ allait une fois ou deux par semaine dans son magasin de disques, il recevait des promos en White Label et il y avait très peu d’infos. Le DJ était précurseur. Aujourd’hui le public est précurseur de la musique que tu vas jouer, il a autant la main-mise sur la découverte musicale que le DJ, du coup toi tu dois être constamment a la recherche de la nouveauté. Tout le monde a les mêmes outils, certains clients de clubs sont avant-gardistes, ils connaissent déjà les morceaux alors qu’avant c’était en flux moins tendu, Ces amateurs éclairés de musique te font parfois découvrir de superbes choses.

En partant de la nouveauté, il est aussi possible d’aller puiser dans les racines comme tu l’as fait : John Lee Hooker, Al Green …

La Deep House permet cette recherche, la techno ne le permet pas c’est un format pré-fabriqué avec des règles stricte. J’avais une passion pour la Deep House que je n’osais pas mettre à jour, une passion pour le blues que je n’osais pas mettre à jour, mais grâce à ces deux outils fusionnés au sein de la Deep House, j’ai réussi avec Fade Out Lines à sortir quelque chose de différent, qui sort du lot, c’est le bonheur de cette musique et j’espère que ça va durer le plus longtemps possible !

La sortie de ton album c’est un aboutissement, une suite logique ou un commencement ?

C’est un aboutissement sur ce projet, mais c’est le commencement de ma maturité musicale, j’avais vraiment envie de proposer quelque chose de vintage, avec de vrais instruments, de vrais sentiments et en même temps de mélanger avec de l’électronique. C’est donc un commencement et un aboutissement après le succès de Fade out Lines.

Le Château Lagrézette rejoint la cave du Plaza Athénée

Une actualité sous le signe de la haute gastronomie pour le Château Lagrézette qui rejoint notamment la cave du Plaza Athénée

Après le Jules Verne à la Tour Eiffel, Le Pigeonnier* blanc 2012 fait son entrée dans la cave du mythique Plaza Athénée, rejoignant ainsi les plus grands Château Cheval Blanc, Château Latour, Château Margaux, Pétrus, Montrachet….Il est présent, depuis mi novembre, sur la carte originale du nouveau « Plaza », où Alain Ducasse a repensé l’ensemble de l’expérience du repas autour du thème de la «naturalité».

Cette haute gastronomie responsable, plus en accord avec la nature, plus saine et plus respectueuse permettra notamment de déguster un triptyque « pêche durable » (pêche de petits bateaux et de pêcheurs conscients de la fragilité des ressources), accompagné de petits légumes en provenance du jardin de la reine à Versailles … et dans le verre, le vin idéal : le Pigeonnier Viognier 2012 !

La Cuvée Dame Honneur 2002 a, quant à elle, été sélectionnée par Joël Robuchon pour figurer à la carte de son Atelier de la rue de Montalembert.

Le Château Chevaliers Lagrézette 2011 accompagnera désormais les viandes du Bistrot français Chez Benoît, d’Alain Ducasse, à New-York, et sera particulièrement mis à l’honneur en janvier prochain, à l’occasion du traditionnel et populaire «Cassoulet Day» !

Avis aux bordelais :  Pour la première fois, le Château Lagrézette a été retenu pour participer, aux côtés des meilleurs crus de Bordeaux et de prestigieux millésimes venus de Reims, de Bourgogne ou d’Alsace, à la 3e édition du « Bordeaux Tasting », organisé par le magazine Terre et Vins. Rendez-vous donc les 13 et 14 décembre au Palais de la Bourse de Bordeaux, où de nombreuses surprises vous attendent, notamment des cours d’initiation à l’oenologie et des Master Class !

Le Pigeonnier tire son nom d’un bâtiment insolite daté du XVIIe siècle et classé monument historique : érigé sur six colonnes, on y abritait et élevait des pigeons. Situé au pied du château, il domine une parcelle 100% malbec exposée est/ouest, située en troisièmes terrasses du Lot et entourée de murs de pierres sèches. Les rendements y sont maintenus autour de 15 à 20 hl/ha. Après récolte, les baies sont minutieusement triées par des mains expertes. La cuvée est alors vinifiée en foudre de chêne, puis élevée pendant 28 mois en barriques de chêne neuf avant d’être embouteillée au château. Réservée uniquement aux grands millésimes, la production est limitée entre 4.000 et 6.500 bouteilles.

Cinq minutes de culture dyonisiaque Le Vin et le Cigare : Alliances d'un épicurien éclairé

Le Vin et le Cigare est un grand voyage dans un monde de plaisir, de volupté et de générosité. Les mots de Jean-Pierre Maux, auteur épicurien et hédoniste, conjugués aux photos chaleureuses et feutrées de David Nakache mettent en éveil nos cinq sens.

Vins et cigares sont proches, leurs terminologies sont similaires, voire identiques. Si néophyte vous êtes, ne craignez rien, amateur vous serez à la lecture de l’abécédaire concocté spécialement pour vous ! Que dire de la dégustation d’un cigare comparée à celle d’un grand vin ! Il n’y est question que d’arômes, de perception olfactive puis gustative, de longueur en bouche. Comme si l’art de boire et celui de fumer empruntaient les mêmes sentiers.

De ses différents reportages à Cuba, à Saint-Domingue ou au Honduras, mais aussi dans les vignobles de France et du monde, Jean-Pierre Alaux a acquis une maîtrise exceptionnelle des alliances entre le vin et le cigare. Suivons-le ! Il sait nous mettre en garde contre les mariages forcés, sélectionnant les vins rouges tanniques, bien charpentés, aux arômes virils et longs en bouche, qui dégustés avec des puros de caractère, gagneront à être provoqués en duel. Pour les blancs, il privilégie les liquoreux, Sauternes, Jurançons et autres Tokajs, tant ces alliances sont le fruit d’accords bien particuliers. Les arômes développés par ces nectars trouvent un écho singulier auprès des grands havanes, opulents et rassasiants. A chacun ses goûts, ses préférences. Une chose est sûre : la cour de récréation est grande !

Il n’oublie ni les vins doux du Roussillon, ni le Rivesaltes ni le Maury qui accompagnent tout bon puro. Servi à peine frais, le Champagne fait équipe avec un havane de fort caractère. Bu plus frais, on lui prête volontiers la compagnie d’un cigare dominicain. Dans la gamme des eaux-de-vie, l’Armagnac et le Cognac demeurent les meilleurs alliés du cigare à condition de savoir unir pour le meilleur leurs subtilités respectives. L’auteur conclut et promet de grandes émotions de palais avec de vieux Portos et des Madères pour peu que l’on y associe un cigare qui corresponde à leur palette aromatique. Maintenant, imaginez-vous assis dans un fauteuil confortable, face à un feu de cheminée crépitant, un cigare dans une main et un verre de vin dans l’autre. Savourez cet instant et ouvrez ce livre. Winston Churchill, grand fumeur de cigares devant l’Eternel, murmure à votre oreille :  » Carpe Diem. Ceci est un traité de savoir-vivre qui fera de vous un homme libre et éclairé.  » De Jean-Pierre Alaux (Auteur), David Nakache (Auteur)

Quatre minutes de culture classique : Francis Scott Fitzgerald

Francis Scott Key Fitzgerald (24 septembre 1896 – 21 décembre 1940) est un écrivain américain, né à Saint Paul (Minnesota). Chef de file de la Génération perdue et émouvant représentant de L’Ère du Jazz, il est aussi celui qui lance la carrière d’Ernest Hemingway. Marié à Zelda Sayre Fitzgerald, qui publia un roman (Accordez-moi cette valse ; Save Me The Waltz), et fut une source d’inspiration constante. Ensemble, ils eurent une fille, Frances, qu’ils surnommèrent « Scottie ».
Naturellement, toute vie est un processus de délabrement progressif, mais les coups qui confèrent sa dimension spectaculaire à ce travail – les coups massifs et brusques qui proviennent, ou semblent provenir, de l’extérieur -, ceux dont on se souvient, sur lesquels on rejette la faute et qu’on confesse, dans les moments de faiblesse, aux amis, ne font pas sentir instantanément leur effet.
Les Heureux et les Damnés : Anthony et Gloria, beaux, jeunes et doués, forment un couple obsédé par l’argent, prêt à tout pour recueillir la fortune considérable de leur grand-père, un milliardaire, ancien «requin» de Wall Street, qui subitement cherche à les déshériter.Dans l’atmosphère insouciante du New York de 1914, dans la frénésie de l’ivresse, la mélancolie des fêtes luxueuses d’un monde éphémère et fragile, l’amour et le mariage de ces deux jeunes «dieux», qui ressemblent étrangement à Fitzgerald et Zelda, se dégradent lentement…

Kathekon

Kathekon (du grec ancien, au pluriel kathekonta) est un concept stoïcien fondé par Zénon de Citium. Il peut être traduit comme « actions appropriées, » ou « action convéniente avec la nature » ou encore « fonction propre ». Le terme a été traduit en latin par officium par Cicéron, et convenentia par Sénèque. Les kathekonta sont contrastés, dans la morale stoïcienne, avec les katorthomata, ou « actions parfaites ». Selon les stoïciens, l’homme (et tous les êtres vivants) doivent vivre en accord avec la nature (phusis), ce qui est le premier sens de kathekon. Chaque être vivant, selon les stoïciens, qu’il soit animé ou non (plante, animal, être humain), réalise des actions conformes à sa propre nature. Les katorthomata sont pour eux les actions parfaites, dérivées de l’orthos logos (raison; aussi teleion kathekon: un kathekon parfait, achevé). Selon eux, le sage réalise nécessairement des kathorthomata, c’est-à-dire des kathekon doté de vertu; ce qui distingue ces deux sortes d’actions n’est pas, pour eux, la nature de l’acte, mais la manière dont il est fait. Ainsi, dans des circonstances exceptionnelles, un sage (idéal presque impossible à atteindre pour les stoïciens) pourrait réaliser des katorthomata qui, selon des critères ordinaires de moralité, seraient jugés monstrueux (par exemple, avoir des relations incestueuses avec sa fille, si le destin de l’humanité est en jeu; ou encore s’auto-mutiler). La morale stoïcienne est complexe et comporte plusieurs niveaux hiérarchiques. Au premier d’entre eux, celui de l’homme ordinaire, nous devons réaliser les actions qui correspondent à notre propre nature (kathekonta). Mais, selon la conception stricte de la morale propre aux stoïciens, les actions de l’homme ordinaire sont toujours insensées (hamartemata « fautes » ou peccata), alors que les actions du sage sont toujours katorthomata, parfaites. Le sage agit en vue du bien, alors que l’être ordinaire (homme ordinaire, animal ou plante) agit seulement en vue de sa propre survie. Le sage et l’insensé, toutefois, agissent tous les deux en accord avec leur propre nature (cette conception est proche de celle de Spinoza). wikipedia.org

Avant que la dernière abeille ne meure…

Communiqué d’AVAAZ

En ce moment même, des milliards d’abeilles sont en train de mourir. Il n’y a déjà plus assez d’abeilles en Europe pour polliniser les cultures. En France, la mortalité peut atteindre plus d’un quart des effectifs et la production de miel est en chute libre.

Nous sommes au beau milieu d’une nouvelle catastrophe environnementale qui nous menace tous. Sans la pollinisation des abeilles, de nombreuses plantes disparaîtront, ainsi qu’un tiers de nos aliments.

Les scientifiques tirent la sonnette d’alarme. Ils nous disent que nous déversons sur nos plantes beaucoup, beaucoup plus de pesticides que nécessaire, et que ces pesticides sont toxiques pour les abeilles. Mais, à l’instar des lobbies pétroliers, les grandes entreprises chimiques ripostent à l’aide de d’arguments pseudo-scientifiques issus de recherches qu’elles ont-elles-mêmes financées. Grâce à ces études, elles mettent en question les analyses indépendantes et offrent aux responsables politiques de bonnes excuses pour ne rien faire.

Les recherches scientifiques, cela coûte cher. Avaaz est peut-être la seule organisation au monde entièrement financée par ses membres capable de rassembler suffisamment de fonds pour financer les premières recherches de grande envergure totalement indépendantes et commanditées par les citoyens permettant de comprendre ce qui tue nos abeilles et de remettre en cause les pseudo-études des géants pharmaceutiques. Nous en avons besoin de toute urgence. Et si nous ne le faisons pas nous-mêmes, qui le fera? Voyons si nous sommes capables de récolter les sommes colossales nécessaires pour sauver nos abeilles.

Le temps presse. Une nouvelle étude vient de dévoiler la terrible vérité: dans plus de la moitié des pays européens, il n’y a plus assez d’abeilles à miel pour polliniser les cultures dont notre alimentation dépend. Au Royaume-Uni, la population d’abeilles mellifères ne représente qu’un quart de ce qui serait nécessaire — et bien que d’autres espèces d’abeilles viennent combler le déficit, il est tout à fait probable qu’elles disparaissent à leur tour si nous continuons à arroser nos champs de pesticides.

Et tout ça peut-être pour rien! Depuis l’introduction des pesticides il y a 70 ans, nous avons appris que certains d’entre eux font plus de mal que de bien, car ils tuent les ennemis naturels des nuisibles. Pire encore, après quelque temps, les nuisibles deviennent eux-mêmes résistants à ces produits, ce qui force les agriculteurs à en utiliser toujours plus… et à s’empoisonner au passage.

Des organismes publics aux scientifiques, tout le monde s’accorde à dire que les néonicotinoïdes, un type de pesticide très répandu, sont un poison pour les abeilles. Les géants de la chimie, comme Bayer et leurs partisans, continuent de lutter contre toute législation encadrant leurs produits. Pour cela, ils présentent des recherches qu’ils ont financées eux-mêmes pour tenter de prouver que les pesticides ne sont pas nécessairement responsables du déclin mortel des abeilles. Et ca marche — aux États-Unis, où s’est déplacée la bataille pour l’interdiction de ces pesticides meurtriers, les autorités disent qu’il n’y a pas encore assez de preuves pour justifier une interdiction. Si nous perdons la bataille aux Etats-Unis, l’Europe pourrait suivre et lever son moratoire sur ces dangereux produits chimiques.

ll est temps de mettre fin au débat une bonne fois pour toutes. Si nous sommes assez nombreux à faire un don, Avaaz financera des recherches conduites par des scientifiques très respectés pour répondre aux critiques. Ensuite, nous pourrons mener une immense offensive mondiale pour sauver les abeilles en utilisant de multiples stratégies:

  • Organiser une tournée médiatique avec Bernie, notre abeille gonflable géante, pour faire parler de ces recherches dans les plus grands médias du monde
  • Financer des sondages d’opinion dans les grands pays agricoles pour contrer l’argument selon lequel les agriculteurs ne pourraient pas survivre sans ces produits chimiques
  • Obliger les commerces à retirer les pesticides mortels de leurs rayons. C’est déjà le cas dans certains pays d’Europe, mais nous allons forcer tous les supermarchés et jardineries du monde entier à s’engager dans la même voie
  • Mener une campagne acharnée pour obtenir enfin le vote d’une loi anti-pesticides, jusqu’ici bloquée au Congrès américain
  • Dénoncer publiquement ceux qui poussent à l’utilisation des pesticides meurtriers en faisant passer un message fort par des encarts et des panneaux publicitaires.
  • Poursuivre en justice les organismes gouvernementaux qui ont validé l’utilisation des néonicotinoïdes malgré les preuves qui montrent qu’ils sont toxiques pour les abeilles et pour des légions d’autres créatures bénéfiques.

Si les abeilles meurent, le monde que nous laisserons à nos petits-enfants sera bien différents du nôtre — les pommes et les amandes pourraient bien devenir des produits exotiques dans nos supermarchés. Nous faisons toutefois d’incroyables progrès dans notre combat pour les abeilles: l’année dernière, plus de 2,4 millions de membres d’Avaaz ont déclenché un immense mouvement en Europe qui a convaincu le Parlement européen d’instaurer un moratoire de deux ans sur les pires produits chimiques pour les abeilles. Si notre mouvement se mobilise maintenant pour faire taire le faux débat qui bloque nos législateurs, nous pouvons faire interdire ces pesticides partout dans le monde, et mettre fin à la guerre chimique contre les abeilles une bonne fois pour toutes!

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Dal Pescatore

The list is compiled mostly with regard to seasonal products but there are special occasions and events such as Easter or New Year’s Eve that require special menus. The à la carte menu offers 6-7 hot or cold entrées; first courses of pasta dishes, soups and risottos; second courses include 2-3 river or sea fish dishes according to availability on the market. Then there are always meats on « dal Pescatore » menus, combined with the best of the season’s offer. Cheeses are exclusively of Italian provenance, and desserts are traditional local cakes or sweets or fruit. Some dishes are available all year round such as the traditional tortelli di zucca (pumpkin parcels), agnolini in brodo (tiny meat ravioli in broth), gras pistà, frittata con le erbe (herb omelette), « cappello da prete al barbera con polenta gialla Belgrano », and anguilla alle braci (chargrilled eel) but there are additions to the list every week. « Cuisine is not archeology, it goes hand in hand with Man’s progress and with Man, it is sometimes camouflaged, it changes to adapt itself to the needs of our time ». (Prof. Costantino Cipolla) Canneto sull’Oglio (Mantova) – Italy phone +39.0376.723001 fax +39.0376.70304 http://www.dalpescatore.com

Jules Amédée Barbey d'Aurevilly

«Le public a été deux fois injuste envers lui: d’abord en ne lui accordant pas la considérable place à laquelle il avait certainement droit; ensuite en grossissant sa légende de dandy ridicule, au détriment de son singulier génie. Quoi qu’on ait raconté sur ses origines, Barbey d’Aurevilly, au temps de Lemerre, avait une héroïque noblesse, une allure, un ton et des mots inoubliables. Pauvre et fier comme Artaban, illusionné de la Manche française comme l’autre de la Manche espagnole, mais d’un à-pic extraordinaire dans quelques-uns de ses jugements, ferme en ses opinions et croyances, à une époque où tout vacillait dans l’épaisse sottise démocratique, éloquent et spirituel à la façon d’un Rivarol, aéré comme Chateaubriand, bien plus logique que lui, visionnaire des paysages de son Cotentin comme un vieil aigle, le maître du Chevalier Destouches et de Une vieille maîtresse inspirait au gamin que j’étais une profonde admiration. Il avait la tête dans les cieux. Il ne ressemblait pas aux autres hommes de lettres. Ses aphorismes, ses condamnations, ses éloges tombaient de haut. Un jour d’hiver, par un froid sec, mon père l’emmena, de chez Lemerre, jusqu’à un restaurant des Champs-Élysées, encore ouvert et bien chauffé, dont je ne me rappelle plus le nom. Tous deux parlaient vivement de Flaubert, que défendait avec passion Alphonse Daudet, qu’attaquait avec passion Barbey D’Aurevilly. Je marchais à côté d’eux très attentif et intéressé, car Flaubert, chez nous, était roi. Une fois installés: “Que prenez-vous?… — Du champagne”, répondit d’Aurevilly comme il aurait dit: “De l’hydromel.” Vieux guerrier édenté, au verbe sifflant et irrésistible, il avala coup sur coup quatre, cinq verres de cet argent liquide et mousseux. Puis il se mit à parler, si fort et si bien, que la caissière émue ne le quittait pas du regard. Mon père lui donnait la réplique. Le soir venait. On alluma le gaz et, au bout d’une heure environ, étant derechef altéré, ce démon de Barbey redemanda: “Une seconde bouteille de champagne, madame, je vous prie.” J’étais émerveillé. Il portait ce jour-là, pour cette prouesse improvisée, un grand manteau noir flottant, doublé de blanc, et le fond de son chapeau haut de forme était de satin écarlate. Mais qui donc aurait eu envie de rire en entendant de pareils accents! Sa voix ajoutait au prestige. Il l’enflait, puis la baissait harmonieusement. Il eût fait un orateur consommé. Perpétuellement tourné vers ce qui est grand, généreux et original, il possédait un répertoire d’exploits galants et militaires, où le farouche le disputait au précieux dans un excellent dosage très français. Imaginez une interpolation des Vies des dames galantes de Brantôme avec les Vies des grands capitaines. Son horreur de la vulgarité s’affirmait, quand il disait à mon père: “Votre Zôla”, comme s’il y avait eu sur l’o plusieurs accents circonflexes et dépréciateurs. Je l’ai montré grand et beau buveur. Un soir à Champrosay, le domestique, se trompant, versa à la ronde, au lieu de vin blanc, une antique eau-de-vie de prunes, dépouillée certes, mais encore vigoureuse. D’Aurevilly se faisait toujours servir au ras bord. Avant qu’on n’eût eu temps de l’avertir de la méprise, il avait déjà tout englouti d’une lampée, sans nul émoi, comme si cette rasade eût été naturelle. Il avait en horreur certains contemporains, pour la mollesse de leur style ou la vulgarité de leurs idées. D’où son mot célèbre, au sujet du plus prolixe d’entre eux: “Ses parents, mossieur, vendaient de la porcelaine. Lui, c’est un plat.” Mais il était tout indulgence et bonté envers les petits confrères laborieux et miteux, qui font péniblement leur chemin dans le journalisme. Il citait volontiers Byron et les lakistes, Shakespeare, les Pères de l’Église et les grands classiques. Somme toute, une admirable personnalité, un diamant que rien ne pouvait rayer, sinon un autre diamant de même taille et de même clivage. On l’eût vainement cherché parmi ceux de sa génération.» http://agora.qc.ca

Singes de la sagesse

En théorie: « Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire ». À celui qui suit cette maxime, il n’arriverait que du bien. En pratique: Ne pas vouloir voir ce qui pourrait poser problème, ne rien vouloir dire de ce qu’on sait pour ne pas prendre de risque et ne pas vouloir entendre pour pouvoir faire « comme si on ne savait pas… et au quotidien: voyeurisme, espionnage, commérage…

« C’était mieux avant ma bonne dame »: Mais bien sûr ! Allons, ne soyons pas dupes, hier – maintenant ou demain, rien ne change sans volonté réelle de l’homme de s’améliorer. La différence, c’est qu’aujourd’hui nous sommes submergés non pas d’informations mais de sensations, tout propos diffusé doit générer des réactions épidermiques tranchées: d’accord – pas d’accord avec un corollaire radical, si tu n’es pas d’accord avec moi, alors tu es contre moi. Nous ne discutons plus, nous commentons. L’excroissance cérébrale appelée « smartphone » soit « intelligence téléphonique » nous accapare totalement, dicte nos paroles au rythme des alertes news. J’en parle en connaissance de cause.

La suite de ce billet, c’est vous qui allez l’écrire, par vos actes… n’en déplaise aux dictateurs de pensées focalisés sur twitter, nouvelle agora de la haine ordinaire en 140 caractères.

Osiris : Le Siège de l'Œil

Osiris est le nom grec d’un dieu de la mythologie égyptienne. La traduction de ce nom présente des difficultés et plusieurs hypothèses sont proposées. Ainsi « Ousir », ou « Iousiris », selon une ancienne graphie, a été traduit par « Siège de l’Œil » (du soleil ?), « L’œil puissant », « Celui qui fait son trône » (par allusion à son siège), « Le siège de la puissante » (par référence à la couronne), « Celui qu’elle a remis en fonction » (se rapportant à sa résurrection et à sa nouvelle puissance créatrice, grâce à la magie d’Isis). Son nom égyptien est Ousir ou Asir ; on l’appelait aussi Ounen-Néfer (« L’éternellement beau ») et Khenty-Imentyou (« Celui qui est à la tête des Occidentaux », c’est-à-dire des défunts). Il fait partie de la grande Ennéade d’Iounou (Héliopolis). C’est le dieu des morts et le garant de la survie du défunt dans le monde souterrain. Son symbole est le pilier Djed, ses attributs sont la barbe postiche, la crosse Heka, le flagellum Nekhekh et la couronne Atef. Dans les textes des Pyramides, le roi défunt est identifié à Osiris. Au Moyen Empire, l’immortalité n’est plus le privilège du souverain : chaque défunt pouvait accéder à la vie éternelle, devenant lui-même pareil à Osiris. Il existe plusieurs versions du mythe osirien, dont la plus récente nous fut transmise par Plutarque. Fils de Geb et de Nout, époux d’Isis, Osiris fut roi d’Égypte. En effet, Geb, au soir de sa vie, aurait donné en partage le monde à ses deux fils, Osiris et Seth. À Osiris la Terre Noire d’Égypte, à Seth, le stérile, les Terres Rouges, les déserts qui entourent le Double Pays. La légende fait d’Osiris et d’Isis, son épouse, des souverains bienfaiteurs. Osiris enseigna aux humains les rudiments de l’agriculture et de la pêche, tandis qu’Isis leur apprit le tissage et la médecine. Pendant ce temps, Seth régnait sur les contrées désertiques et hostiles ainsi que sur les terres étrangères. Jaloux de son frère, il projeta son assassinat. Pendant un banquet en l’honneur d’Osiris, Seth offrit à l’assistance un magnifique coffre, jurant de le céder à celui qui l’emplirait parfaitement. Quand vint le tour d’Osiris, qui fut le seul à y parvenir, Seth fit refermer et sceller le coffre, tandis que ses complices chassaient les invités et tenaient Isis à l’écart…

Seth jeta le coffre dans le Nil, qui l’emporta dans la Méditerranée. Osiris mourut noyé[2] et c’est pour cela qu’il est souvent représenté le visage de couleur bleu ou vert. Après l’assassinat de son époux, Isis se mit à la recherche de son corps. Elle le retrouva à Byblos, au Liban, d’où, après maints stratagèmes, elle le ramena en Égypte pour l’enterrer et le pleurer. Seth finit par découvrir le tombeau, sortit le corps du caveau et le dépeça en quatorze morceaux qu’il dispersa dans le Nil. Isis, l’épouse et veuve fidèle, retrouva les lambeaux du corps de son bien-aimé, sauf le phallus, avalé par un poisson. Elle le reconstitua en argile, puis elle entreprit de rassembler le corps meurtri de son défunt mari, avec l’aide de sa sœur Nephtys. Elle embauma le cadavre, assistée par Anubis, lui redonnant une dernière étincelle de vigueur. Lorsqu’il fut ranimé temporairement par Isis, qui lui insuffla la vie, Osiris put la féconder. Elle lui donna un fils, Horus, « Le vengeur de son Père », qui combattit son oncle Seth dans des joutes interminables. Le tribunal des dieux finit par trancher : Horus entra en possession de son héritage et occupa le trône d’Égypte, comme Pharaon après lui. Reconstitué par les rites de l’embaumement, Osiris devint la première momie, Ounen-Néfer (« L’éternellement beau ») car protégé de la putréfaction, et revint à la vie telle la terre d’Égypte elle-même après chaque inondation. Devenu le dieu des morts et le Seigneur de l’Au-delà, il transforma son royaume en champs fertiles, les champs d’Ialou. Depuis, il préside le tribunal divin pendant la pesée du cœur, avec l’aspect que nous lui connaissons, les bras croisés sur la poitrine, portant la couronne Atef, momifié et gainé dans un linceul de lin ne laissant paraître que sa tête et ses mains nues qui tiennent les insignes de sa royauté sur le monde des « Occidentaux ». « Juge suprême des âmes », il accorde aux défunts la vie éternelle ou au contraire la leur refuse et les condamne au néant.

Bret Easton Ellis

Bret Easton Ellis est avec Stephen King mon écrivain préféré, bien sûr de nombreux autres m’ont fait vibrer mais jamais autant que ces 2 êtres… Bret Easton Ellis  en exclusivité pour AMAZON : « Je voulais rendre le bourdonnement continu de la peur » Les personnages de Moins que zéro, ont vieilli : vingt ans après, on retrouve Clay et les autres dans Suite(s) impériale(s), polar paranoïaque aux relents lynchiens. Ils sont devenus scénaristes, producteurs, actrices et ils sont toujours aussi creux, faux, immatures et seuls. Pour la sortie du livre, Amazon a rencontré Bret Easton Ellis, l’auteur mondialement célèbre de American Psycho qui contrairement à ses personnages, s’est montré tout à fait charmant et n’a tué personne… Amazon.fr : Dans Lunar Park, vous dites, ou plus exactement vous faites dire au personnage qui s’appelle Bret Easton Ellis, qu’il est le plus grand écrivain américain vivant de moins de quarante ans. Un commentaire ? Souhaitez-vous ajouter quelque chose à cela, aujourd’hui ? BEE: Non, c’était une blague ! Je voulais me moquer de moi-même. J’ai fait dire ça à mon personnage, à voix haute, mais je n’ai jamais pensé que j’étais l’un des meilleurs écrivains de ma génération. Il y avait déjà de meilleurs écrivains à l’université : par exemple mon ami Eric, le fameux Eric, il n’a jamais été publié mais c’était le meilleur de nous tous ; il est tombé dans la drogue et s’est égaré en chemin mais c’est lui qui aurait dû être publié. Je n’ai jamais voulu me comparer à mes contemporains, je n’ai jamais eu le sentiment d’être inscrit dans une tradition littéraire ou d’être membre d’une scène littéraire, et je n’ai jamais vraiment accordé d’attention à ces questions de classement, qui est le meilleur écrivain, etc. Par contre, je lis beaucoup d’écrivains contemporains, je me tiens informé de ce que font les romanciers actuels, même si je le fais moins que quand j’étais plus jeune. Amazon.fr : Quel est l’écrivain qui vous impressionne le plus, actuellement ? BEE: Jonathan Franzen Son nouveau roman, Freedom, est le meilleur roman américain que j’ai lu depuis vingt ans. Un immense, immense roman ! Pas seulement immense par le récit, la narration, mais par la démarche, c’est un roman d’une importance énorme, parce qu’il montre la nature de ce que le roman peut être. Il est un peu plus âgé que moi, il a 51 ans, j’en ai 46, mais je le considère comme un écrivain de ma génération.Lire la suite

Geeks Are as Sexy as Anyone

Some fun little meaningless non-scientific online poll results from Geek 2 Geek, an online dating site for people who self-identify as geeks (whatever that means): How old were you when you first had sex? 44% indicated that they had sex by the age of 18. According to Trendsin Premarital Sex in the United States, 1954 – 2003, by Lawrence B.Finer, published in the January/February 2007 issue of Public Health Reports, that number for all Americans was 58% in 2003. 12% of respondents aged 25 and above indicated they have never had sex.Based on data from Finer’s paper, the number for all Americans is somewhat less than 10%. What’s the earliest date when you had sex with someone? 46% have had sex on their first date. 69% have had sex by their 5th date. What’s an acceptable number of dates before having sex? 23% said it was ok to have sex on the first date. Males were more liberal on this subject, 25% of males approved compared to only 18% of females. Only 6% of males and 7% of females felt it was never ok to have sex until marriage. How many different partners have you had sex with? 88% of respondents age 25 and over have had sex with at least one partner. 34% said they have had sex with more than 10 partners. On a scale from 1 to 10 (10 being perfect) how would you rate your enjoyment of sex? 82% of females and 79% of males answered 8 or above. 4% of females and 6% of males answered 3 or below. Regina Lynn http://blog.wired.com

Luxe

Le luxe (lat. luxus) désigne le mode de vie consistant à pratiquer des dépenses somptuaires et superflues, dans le but de s’entourer d’un raffinement fastueux ou par pur goût de l’ostentation, par opposition aux facteurs ne relevant que de la stricte nécessité. Par extension, le luxe désigne également tous les éléments et pratiques permettant de parvenir à ce niveau de vie. Cet aspect d’inutilité est si marquant qu’il est à la base de l’expression péjorative « C’est du luxe ! » qui condamne un investissement déraisonnable.

Le luxe véritable n’apparaît généralement pas dans une seule forme ou réalisation et s’accorde mieux avec une certaine profusion semblant si possible illimitée. Le luxe est donc naturellement associé à la richesse qui permet des investissements qui visent le pur agrément et non le profit. Dans le luxe, l’abondance s’associe au superflu pour conférer un sentiment de grande aisance matérielle et de raffinement du goût. Au XVIIIe siècle, cette sensation particulière a été fixée par Voltaire dans une formule un rien paradoxale : « Le superflu, chose très nécessaire. » (poème Le Mondain, 1736). (…)

Santé publique: Les jeans skinny sont un danger pour les couilles

A celles et ceux qui reprochaient à JetSociety de sombrer dans une ligne éditoriale un peu trop « petit bourgeois », voire engoncé dans de la philo primaire, voici un sujet qui devrait suffisamment intriguer d’une part et effrayer d’autre part pour que vous accordiez à ce billet une attention inégalée jusqu’à présent. Ça vient du Sun et c’est relayé par le mag online Complex, donc taux de crédibilité 99,99%. Comme j’ai repris un peu de poids et que je ne porte pas de jeans skinny je ne me suis pas pris la tête à faire un truc classe, la traduction vient intégralement de google translate sans retouches ni corrections. « Il a été un sujet de discussion depuis de nombreuses années, comment ne jeans skinny affecter un mec viril, littéralement? Non seulement pouvez-jean slim causer de la détresse émotionnelle et ridicule, mais les médecins disent qu’ils aussi causer des dommages physicial, tels que les testicules tordus, de la faiblesse de la vessie, les infections fongiques et les infections des voies urinaires, même. Savez-vous ce qu’est une infection des voies urinaires se sent comme sur votre urètre? La publication britannique The Sun rapporte que le Dr Hilary Jones travaille sur un projet visant à mettre en évidence les dangers de la bascule denim serré. Donc là vous l’avez, les gars. Les scientifiques et les médecins vous disent de ne pas porter un slim. Allez-vous suivre les ordres du médecin? »

Confortably Dumb

Un titre sibyllin pour qui ne pratique pas la langue de Sasha Grey, qui plaira, n’en doutons pas, aux fans de Pink Floyd, destiné a écarter les lecteurs en quête de certitudes, un billet fourre tout consacré aux « trucs » qui me plaisent en ce moment, mais qui ne sont pas top fashion, cela dit je n’ai pas de scrupules à ne pas me conformer aux standards des hordes de taille 50 boutonneuses et aux cheveux graisseux qui se proclament pompeusement blogueuses mode. Donc en ce moment je lis l’Hagakkure, le livre des samouraïs une somme d’aphorismes toujours pertinents, mais aussi le temple noir du tandem Giacometti et Raven. J’écoute avec plaisir Nova et Fip qui m’aident dans mes choix musicaux. Je bois du Planteur. Je dévore les chevaliers du zodiaque sur mon IPad en japonais sous – titré comme je raffole des vengeurs contre les x-men en B.D HD sur ce même support. Je m’habille en jeans APC avec des gazelles old school aux pieds, une montre g-shock, une paire de Ray Ban et un t-shirt H&M col V cheap. J’ai un âge osseux et un âge mental. Le branleurland dans lequel j’existe me permet d’être ainsi, d’ailleurs pour les sujets plus olé olé, ça restera entre vous et moi, nous sommes d’accord ?

CHICHA LIBRE – Canibalismo

La Chicha est une sorte de pop psychédélique, dérivée de la cumbia, gorgée de guitares surf, qui connut son heure de gloire au Pérou vers la fin des sixties. Sur ce nouvel album, le bien nommé CANIBALISMO, CHICHA LIBRE mélange allègrement sons rock vintage, rythmes latins, envolées psychédéliques, percussions irrépressibles, riffs de pedal steel, cavalcades de mellotrons, textes étranges et même, par-ci par-là, une guitare guinéenne.. On se régale toujours autant à l’écoute de la guitare surfabilly de Vincent Douglas, de l’Electravox wah-wah de Joshua Camp (modèle vintage d’accordéon électronique), et de leurs arrangements raffinés. Il est évident qu’Olivier Conan et ses complices ont écouté beaucoup de musiques sud-américaines (notamment celles du mouvement Tropicalia brésilien, à la devise  duquel – le cannibalisme culturel- le titre fait allusion) et beaucoup de pop 60s américaine et française. On décèle également des clins d’oeils à l’Afrobeat et à la musique des films indiens (ils sont des fans inconditionnels du grand Rahul Dev Burman, le John Williams de Bollywood…). Parmi les 11 compositions originales et les 3 reprises qui composent CANIBALISMO, on remarquera notamment la chanson L’Age d’or (interprétée –en français- par Olivier Conan avec sa diction rétro caractéristique), The Ride of the Valkyries (Wagner dans les Andes), ou des cumbias luxuriantes et planantes telles que « La Danza del Milionario ». Signalons aussi que Chicha Libre y rend hommage au génie des mathématiques du 19e siècle Carl Friedrich Gauss (“Number Seventeen”) ainsi qu’à l’inventeur d’une certaine drogue psychédélique (“Lupita en la Selva y el Doctor”).
EN CONCERT LE SAMEDI 30 JUIN AU NEW MORNING (20h00)

Collection Enjoy de Clemence de Gabriac

Éclairage sur une marque qui a tout pour séduire les bordelais : I Enjoy my Life. I Enjoy my boxer. Et vous… Do you Enjoy? Découvrez la nouvelle collection ENJOY de caleçons haut de gamme et confort Clemence de Gabriac. Perso, j’adore le concept : ENJOY : UNE INNOVATION QUI FAIT LA DIFFERENCE Ballotte?es, frotte?es, chauffe?es, vos parties intimes souffrent. Accordez leur un peu de cle?mence! Offrant un maintien irre?prochable et l’e?le?gance d’un calec?on en popeline de coton e?gyptien, la collection originale Enjoy de Clemence de Gabriac fait l’objet d’un brevet de?pose?. Le principe : un maintien inte?rieur discret en fine maille de coton qui e?pouse parfaitement les formes et cre?e un confort a? fleur de peau ; le tissu se fait oublier. Les calec?ons Clemence de Gabriac sont plus le?gers, plus fins et serrent moins. Ils donnent une sensation de le?ge?rete? et de bien-e?tre a? qui les porte. Enjoy est l’aboutissement de recherches me?lant innovation et esthe?tisme permettant un confort incomparable. N’he?sitez plus dans votre choix de sous-ve?tements. Sublimez votre corps tout en restant confort. clemencedegabriac.com

Christian Bourgois

Christian Bourgois (Antibes, 21 septembre 1933 – Paris, 20 décembre 2007) est un éditeur français, fondateur de la maison d’édition du même nom. Après ses études à l’Institut d’études politiques de Paris (1951-1954) dont il sort deuxième devant Jacques Chirac, il entre à l’École nationale d’administration, dont il démissionne en mai 1959 pour travailler, dans la maison d’édition de René Julliard comme son adjoint ; il l’avait rencontré en 1954. Ce dernier l’aurait accueilli en lui disant : « Dans une maison d’édition, il n’y a qu’une place intéressante : la mienne. Et je n’ai aucune intention de vous la céder ». À la mort de Julliard en juillet 1962, il prend la direction des éditions Julliard bientôt rachetées par les Presses de la Cité. En 1964, en désaccord profond avec Dominique de Roux, il part chez Grasset, puis revient avec les pleins pouvoirs. En 1966, en étroite association avec Dominique de Roux, il fonde sa propre maison d’édition, Christian Bourgois Éditeur. Il dirige la collection 10/18 entre 1968 et 1992. En 1989, suite à la publication des Versets sataniques de Salman Rushdie, il reçoit des menaces et doit être placé sous haute protection. En 1992, Christian Bourgois quitte le groupe des Presses de la Cité et reprend son indépendance. De 1995 à sa mort, il préside l’Institut mémoires de l’édition contemporaine (IMEC), situé à Caen, ainsi que la commission de l’avance sur recettes du Centre national de la cinématographie, dispositif essentiel dans la création cinématographique ; il est également été membre du conseil d’administration du centre Pompidou, du théâtre MC 93, outre des responsabilités au Syndicat national de l’édition, à la Bibliothèque nationale de France, au Centre national du Livre, etc. Il contribue à faire découvrir de nombreux écrivains étrangers, notamment Jorge Luis Borges, William S. Burroughs, Gabriel Garcia Marquez, Jim Harrison, Ernst Jünger, Antonio Lobo Antunes, Toni Morrison, Fernando Pessoa, Alexandre Soljenitsyne et Antonio Tabucchi. Il est également l’éditeur de J.R.R. Tolkien, de Boris Vian et d’Alain Robbe-Grillet, qu’il a fait découvrir. Le « b. » de la marque agnès b. vient de Christian Bourgois, qui a été marié à Agnès Troublé, la créatrice de la marque.

Tous des personnages de Roman

Tous uniques ? Tous merveilleux ? Tous prédisposés à la postérité ? Le concept du héros est-il corrompu ? L’ordinaire prime t-il sur le fantasmagorique ? Mais pouvons-nous dépasser notre condition stéréotypée, déterminée une fois la grande roue de la vie lancée ? Comment prendre en âme et conscience la décision de modifier le destin ? Est-il possible de vivre en se sachant condamné non pas qu’à la mort, mais pire, à la routine, au subit, au figé ? Écrire sa propre histoire en lettres majeures de sang. Prendre des risques. Faire le mieux pour soi et pour l’humanité. Cesser ou refuser d’être l’esclave du système. Lutter contre ses faiblesses et reconnaître à l’autre sa différence sans réserves mentales ou équivoques. Dépasser les barrières et les craintes ontologiques, révérencielles. Nous sommes tous des personnages de roman, pas forcément la tête de gondole mais peut être celui ou celle qui de manière sous-jacente joue le rôle le plus important. Gentil, méchant. Arbitraire. Etre juste en accord avec soi. Pour accéder, si ce n’est pas le cas maintenant, mais au moins un jour à 1 seconde, 1 minute, 1 heure, 1 éternité d’accord et d’harmonie. Se définir par autre chose qu’une compétence, un métier, un passé, un présent, un avenir, un accessoire. Naître, mourir Renaître, ÊTRE.

Rosa Parks

Rosa Louise McCauley Parks, (4 février 1913, Tuskegee, Alabama États-Unis – 24 octobre 2005, Détroit, Michigan), est une couturière qui devint une figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis, ce qui lui vaut le surnom de mère du mouvement des droits civiques de la part du Congrès américain. Parks est devenue célèbre après son refus le 1er décembre 1955, à Montgomery (Alabama) de céder sa place à un passager blanc dans un bus. Arrêtée par la police, elle se voit infliger une amende de 10 dollars (plus 4 dollars de frais de justice) le 5 décembre ; elle fait appel de ce jugement. Un jeune pasteur noir inconnu de 26 ans, Martin Luther King, avec le concours de Ralph Abernathy, lance alors une campagne de protestation et de boycott contre la compagnie de bus qui dura 381 jours. Le 13 novembre 1956, la Cour suprême casse les lois ségrégationnistes dans les bus, les déclarant anticonstitutionnelles. (…) Par la suite, Rosa Parks devient une icône pour le mouvement des droits civiques. Ne trouvant pas de travail à Montgomery et sous la pression de ses proches inquiets pour sa sécurité, mais aussi en raison de quelques désaccords avec les leaders noirs de la ville, elle se rendit en 1957 dans le Nord, à Hampton en Virginie puis à Détroit dans le Michigan. Elle y travaille en tant que couturière, jusqu’à ce qu’elle se joigne à l’équipe du représentant démocrate du Michigan, l’Afro-Américain John Conyers à la Chambre des Représentants des États-Unis pour lequel elle travailla de 1965 jusqu’à sa retraite le 30 septembre 1988. Ce combat contre les discriminations débouche en 1964 sur le Civil Rights Act, loi qui interdit toute forme de discrimination dans les lieux publics et en 1965 sur le Voting Rights Act, qui supprime les tests et autres taxes pour devenir électeur aux États-Unis. Le Rosa and Raymond Parks Institute for Self Development est fondé en février 1987 conjointement par Rosa Parks et Elaine Eason Steele en l’honneur du mari de Rosa, Raymond Parks (décédé en 1977). L’institut organise des visites en bus pour les jeunes générations en leur montrant les sites importants du mouvement pour les droits civiques. Lors d’une visite en 1997, le bus tombe dans une rivière et tue Adisa Foluke, que tout le monde considérait comme son petit-fils adoptif, et en blessa beaucoup d’autres. En octobre 1995, elle a participé à la « Million Man March », qui rassemble plus d’un million de Noirs à Washington. Ses dernières années sont difficiles. Elle est notamment hospitalisée après un hold-up commis le 30 août 1994 par un jeune homme de 28 ans, Joseph Skipper, qui lui vola 53 dollars. Il est condamné le 8 août 1995 à 15 ans de prison. Rosa Parks lui pardonne partiellement, puisqu’elle souhaite qu’il puisse se racheter et non aller en prison. Elle a à la fin de ses jours des difficultés à payer son loyer et doit faire appel à l’aide de son Église, pour que son propriétaire arrête les poursuites judiciaires.

Phil Knight

Philip H. Knight (born February 24, 1938 in Portland, Oregon) is an American billionaire and the co-founder and former CEO of Nike, Inc. Philip Knight was a track runner at the University of Oregon. It was during this time that his interest in running shoes developed, since Bowerman was continually developing new running shoes. In those days running shoes were low quality by today’s comparison, with many being made by tire companies and costing as little as $5. Knight, not being the best on the team, often found himself experimenting with Bowerman’s latest shoes. Right after graduation Knight enlisted in the Army for a year, and then enrolled at Stanford Graduate School of Business. It was here that Knight dreamed up Nike. In Frank Shallenberger’s small business class Knight discovered a love affair with something besides sports – he discovered he was an entrepreneur. Knight recalls in a Stanford Magazine article[3]: « That class was an ‘aha!’ moment » … « First, Shallenberger defined the type of person who was an entrepreneur–and I realized he was talking to me. I remember after writing that paper, saying to myself: ‘This is really what I would like to do.’  » In this class Knight needed to create a business plan. His paper, « Can Japanese Sports Shoes Do to German Sports Shoes What Japanese Cameras Did to German Cameras? », essentially was the premise to his foray into selling running shoes. After getting a ‘real job’ as his father suggested, Knight decided to make a trip to Japan to refine his ideas, and help quench his high interest in all things Asian. It was here that he visited an Onitsuka plant, which was making Adidas running shoe knock-offs. So impressed with quality and low cost, he decided to cut a distribution deal in the U.S. with them before leaving. Knight’s first sales were made out of a now legendary green Plymouth Valiant at track meets across the Pacific Northwest. These early sales finally allowed Knight to break away from his accountant day job by 1971. It was actually Jeff Johnson, a friend of Knight’s who suggested the name Nike and luckily, Johnson’s opinion prevaled. Nike is named after the Greek winged goddess of victory. Nike’s logo, now considered one of the world’s most powerful logos with goodwill worth tens of millions on the balance sheet, was commissioned for a mere $35 from Carolyn Davidson. According to Nike’s website Knight stated « I don’t love it, but it will grow on me. » However, some time later in 1983 (Nike went public in 1980), Davidson was given an undisclosed amount of stock from Knight and Nike for contribution to the company.

Guns N’ Roses Past and Present Plan Appetite Anniversary Celebrations

Et pendant ce temps là, le hall of fame:

A l’attention de : Rock And Roll Hall of Fame, les fans de Guns N’ Roses et toute personne que cela pourrait concerner.

Quand les nominations pour le Rock And Roll Hall of Fame ont été annoncées pour la première fois, j’avais des sentiments mitigés, mais, dans un effort d’être positif, désirant en tirer le meilleur pour les fans et avec leur enthousiasme, j’étais honoré, excité et j’espérais que ce serait une bonne chose. Bien sûr, je comprenais bien que toutes choses égales par ailleurs, si Guns N’ Roses devait être intronisé, cela aurait été une situation un peu compliquée ou du moins un peu bizarre.

Depuis lors, nous avons écouté nos fans, parlé aux membres du directoire du Hall of Fame, communiqué avec et lu différents commentaires dans la presse ou des attaques d’anciens membres de Guns N’ Roses, avons discuté avec le président du Hall of Fame, lu différents articles (certains légitimes, d’autres artificiels) et lu des commentaires provenant d’autres artistes voulant peser sur les Guns et le Hall avec leurs pensées.

Etant données les circonstances, il me semble que nous avons été polis, courtois, et ouvert à une solution à l’amiable avec nos efforts pour trouver un arrangement. En prenant en compte l’histoire de Guns N’ Roses, ceux qui prévoient d’y assister mais également ceux que le Hall a choisi de leur propre chef d’inclure dans « notre » intronisation (à noter que ce sont des décisions avec lesquelles je suis en désaccord, ne soutient pas ni ai l’impression que le Hall a le droit de prendre), et la façon par laquelle (même si ce n’est pas facile) ceux impliqués dans le Hall ont géré les choses… sans vouloir blesser personne, la Cérémonie d’Intronisation du Hall of Fame me paraît être un endroit où je ne suis ni désiré ni respecté.

A noter que je ne retirerai à quiconque dans Guns leur travail our la reconnaissance qui leur est dûe. Moi-même ni personne de mon entourage n’a fait aucune demande ou requête au Hall of Fame. C’est leur spectacle, pas le mien.

Cela étant dit, je ne serai pas présent à la Cérémonie d’Intronisationdu Rock And Roll Hall of Fame 2012 et je décline respectueusement mon intronisation en tant que membre de Guns N’ Roses au Rock And Roll Hall of Fame.

Je demande fermement à ne pas être intronisé en mon absence, et veuillez savoir que personne n’est autorisé ou ne pourra être autorisé à accepter aucune intronisation de ma part ou à parler à ma place. Aucun ancien membre du groupe, représentant de label ni le Rock And Roll Hall of Fame ne devront sous-entendre de façon directe, indirecte ou par omission que je suis inclus dans l’intronisation de « Guns N’ Roses. »

Cette décision est personnelle. Cette lettre est destinée à aider à clarifier les choses de ma perspective et de celle de mon entourage. Elle n’est pas faite pour offenser, attaquer ou condamner qui que ce soit. Même si malheureusement, je suis sûr que certains la prendront mal (Dieu seul sait combien de temps je vais avoir à en gérer les retombées), je ne veux en aucun cas décevoir quiconque, surtout les fans, avec cette décision. Depuis l’annonce de la nomination, nous avons activement recherché une solution à ce qui, toutes choses considérées, apparait comme une impasse, du moins pour moi : un scénario du genre « blâmé si je le fais, blâmé si je ne le fais pas ». En ce qui concerne une quelconque reformation des line-ups d’Appetite ou des Illusions, j’ai dit publiquement et très clairement ce que j’en pensais. Rien n’a changé.

La seule raison à l’heure actuelle, étant données les circonstances, et à mon avis sous le prétexte du « pour les fans » ou autre justification du moment, pour que quiconque continue à demander ou suggérer une reformation ne sont que des tentatives mal pensées afin de détourner les gens de nos efforts avec notre line-up actuel comprenant moi-même, Dizzy Reed, Tommy Stinson, Frank Ferrer, Richard Fortus, Chris Pitman, Ron « Bumblefoot » Thal et DJ Ashba.

Izzy est venue jouer avec nous quelques fois en 2006 et je l’ai invité à nous rejoindre lors de notre concert au L.A Forum l’année dernière. Steven était présent à notre concert au Hard Rock, puis plus tard en 2006 à Las Vegas, lorsque je l’ai invité à notre after-party et j’ai été récompensé par des interviews qui ont suivi, remplies de mensonges concernant une reformation. J’ai appris la leçon. Duff nous a rejoint en 2010 puis en 2011 avec son groupe, Loaded, pour faire notre première partie à Seattle et Vancouver. Selon moi, à l’exception d’Izzy ou Duff qui pourraient nous rejoindre sur scène, s’ils en ont envie bien sûr, pour jouer une chanson ou deux, ça se résume à cela.

Il y a d’une manière générale beaucoup de révisionisme et de fantasmes qui servent des personnes pour leur propre promotion et des opportunités de contrats, qui cachent les réalités. Tant que toutes les personnes qui sont originaires des précédents line-ups n’auront pas été dévoilées au grand jour, il n’y aura aucune conversation et encore moins de reformation.

Peut-être que si c’était vous, vous feriez différemment. Vous le feriez peut-être, pour telle ou telle raison. Peace, comme vous voulez. J’adore notre groupe actuel. On est tous là pour se soutenir quand il le faut. Nous adorons nos fans et nous travaillons pour leur donner toute notre énergie et notre coeur.

Donc ne réveillons pas le chat qui dort, ou ne laissons pas le chat endormi se réveiller de son mensonge (NDT : traduction difficile d’une expression anglaise jouant sur les mots avec « lie » qui peut vouloir dire « s’allonger », « dormir », mais aussi « mentir »). Il est temps d’aller de l’avant. Les gens divorcent parfois. La vie ne vous doit pas votre petit happy ending surtout quand c’est aux dépens de quelqu’un d’autre, ou dans ce cas de quelques autres.

Mais bon, si vous devez le faire, alors passons tout de suite aux : « oh il s’est pas pointé, il se la pète, c’est juste un coup de pub, il est vraiment irrespectueux, il s’en fout des fans », et passons à autre chose. Personne n’en sort gagnant. N’inversez pas les rôles. Pendant plus d’une décennie et demie, nous avons dû endurer les deux poids, deux mesures, l’avidité de cette industrie et l’éternelle cargaison de parvenus et de personnes des médias sans scrupule et irresponsables. Je ne veux pas sous entendre quoi que ce soit en l’occurrence, mais de mon point de vue en ce qui concerne à la fois le Hall et une reformation, la balle n’a jamais été dans notre camp.

En conclusion, en dépit de cette décision et même si cela peut sembler dur à croire ou ironique, j’aimerais sincèrement remercier le directoire pour leur nomination et pour leur votes concernant l’intronisation des Guns. Et de façon encore plus importante, j’aimerais remercier les fans pour être là au fil des années, rendant possible tous nos succès et merci aussi pour apprécier et soutenir la musique de Guns N’ Roses.

Je souhaite au Hall un super show, bravo à tous les autres artistes qui sont intronisés et à nos fans, nous sommes impatients de vous voir sur la tournée !!

Cordialement,
Axl Rose

P.S. : R.I.P Armand, et vive le ABC III

Remember : Looking for a way to celebrate the twentieth anniversary of Guns N’ Roses classic Appetite for Destruction? So are the rest of the current lineup and an assortment of former members. Onetime Gun Steven Adler plus former L.A. Gun Tracii Guns will play a show on July 28 at Hollywood’s Key Club with their own bands, Adler’s Appetite and L.A. Guns, to “pay tribute” to the 1987 release. The “new” GN’R will be performing on the actual date of Appetite’s release, July 21, in Osaka, Japan. And of course you could start lining up two weeks early for Velvet Revolver’s August 6 tour date at Verona, New York’s Turning Stone Resort Casino. And if you want to know what Gilby Clarke, Josh Freese, Paul Tobias or Buckethead are doing to commemorate this special anniversary, you’re on your own. www.rollingstone.com

MIDNIGHT JUGGERNAUTS – Dystopia

Leur nom est sur les lèvres de tous ceux qui voient le talent arriver de loin. Bientôt, leur électro libre sera partout. Pourtant, on ne sait pas grand-chose d’eux hormis qu’ils veulent en dire le moins possible. Ce qui, en marketing moderne, est déjà beaucoup. Fidèles à la tradition d’anonymat (relatif) qui prévaut sur la scène dance, ces trois Australiens estiment, à juste titre, que leurs chansons sont plus importantes qu’eux et préférables aux longs discours biographiques. On se contentera donc de signaler qu’ils se prénomment Vincent, Andy et Daniel, mais ont décidé, comme les Ramones (avec qui ils partagent un goût prononcé pour les plaisirs immédiats), de tous s’appeler Juggernaut. Vincent et Andy Juggernaut se sont rencontrés à l’école, à Melbourne, et ont commencé par sévir dans un groupe de rock basique avant d’évoluer vers une dance pop qui, depuis quelques maxis et remixes, fait se pâmer leurs pairs et les amateurs du genre. Depuis plusieurs mois, les Midnight Juggernauts ont attiré l’attention en remixant des titres pour !!! (Chk Chk Chk), The Presets, Dragonette, Electric Six et Damn Arms. Ils figurent aussi en bonne place sur de nombreuses compilations et ont déjà tourné avec Scissor Sisters ou Bloc Party. Bien inspirés, les Midnight Juggernauts ont récemment abandonné les tenues de scène de leurs débuts (des costumes de dictateur…) pour s’habiller comme leur public, jeune, bigarré et très porté sur la fête. Vincent et Andy ont également fini par trouver le batteur dont ils rêvaient en la personne de Daniel Stricker, devenu Daniel… Juggernaut ! Paru l’été dernier en Australie sur leur propre label, “Dystopia”, le premier album des Midnight Juggernauts, réunit une douzaine de chansons pop flamboyantes très inspirées par Electric Light Orchestra mais pas seulement. Au détour d’un refrain, dans un coin d’arrangement, au creux de la voix de Vincent, on constate la présence d’influences diverses et variées : Air, M83, le Bowie de “Low”, Can, Bauhaus, New Order, Giorgio Moroder, etc. Mais au-delà des allusions, c’est la réelle personnalité musicale du trio, qui se dit investi d’une mission galactique (?), qui fait surtout on charme : “Dystopia” auquel, en signant avec EMI France, les Midnight Juggernauts entendent bien donner une exposition mondiale, brille par la qualité intrinsèque de ses mélodies entêtantes, son éclectisme de ton, ses vocaux angéliques et ses ambiances sonores proches, parfois, de celles des films de John Carpenter. A des kilomètres des bidouillages mesquins de certains, ces explorateurs sonores voient grand et osent des suites d’accords en relief, des décharges éclectiques, et des retours vers le paradis. Appréciés par Justice ou Daft Punk, ils en ont la puissance et la grâce. “Into The Galaxy”, “Road To Recovery” ou “So Many Frequencies”, même si elles risquent de faire un malheur sur les pistes de danse européennes, raviront également les amateurs de pop et de rock sans œillères qui apprécieront certainement de surfer sur ces vagues bien plus hautes que la moyenne, la tête dans cette disco d’ailleurs un brin nostalgique.

Tommy Hilfiger: Get Prepped

Tommy est le dépositaire du style Preppy. Au delà de la rime, c’est une évidence, l’accord parfait entre sensualité bourgeoise et montrée et décadence imaginée.Eau de Prep c’est l’extraction olfactive de cette pensée.

DINER DU CŒUR DES CHEFS – BORDEAUX 2012

French Caviar et Bxcom Event’s organisent le Diner du Cœur des Chefs le 26 janvier 2012 au Carré du Lac Un concept unique dont les bénéfices iront aux Restaurants du Cœur Aquitaine (soirée officielle) 9 chefs, dont une majorité d’étoilés – concocteront pour vous un somptueux dîner composé de 9 plats avec accord vins : Christophe GIRARDOT, Frédéric MONTEMONT (l’Estacade), Jan SCHWITTALLA (7ème Pêché), Kenji WONGSODIKROMO (Comptoir Cuisine), Nicolas FRION (Le Chapon Fin),  Nicolas JAGIE (La Cape), Nicolas MASSE (La Grande Vigne des Sources de Caudalie), Pierre Sang BOYER (Top Chef 2011) et Thierry RENOU (Restaurant le Patio) Pour participer à cette soirée, rendez-vous sur le site internet de l’événement en cliquant ICI Ainsi que sur l’événement Facebook en cliquant ICI Vous pouvez également télécharger et remplir votre fiche de réservation ICI

Le Minitel condamné à mourir de sa belle mort en 2012

Après 30 ans de bons et loyaux services, le Minitel, invention française qui a équipé jusqu’à 9 millions de foyers dans l’Hexagone, va disparaître définitivement le 30 juin 2012, succombant au succès d’Internet. France Télécom, qui l’a lancé en 1982, avait initialement prévu de fermer ce service le 30 septembre 2011, mais lui a finalement accordé un dernier sursis «pour apporter plus de confort aux éditeurs qui doivent migrer leurs services vers Internet». Fin 2010, il restait 810 000 terminaux classiques en circulation, pour un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros brut. Le service était par ailleurs utilisé par 950 000 personnes sur ordinateur, grâce à un logiciel lancé en 2000 qui permettait d’y accéder via Internet, et qui va lui aussi disparaître. le 13h de la com

Il faut être riche pour acheter bon marché, toujours d'actualité ?

Un dicton populaire parmi les fortunés laisse entendre que l’on s’appauvrit en achetant des produits bon marché parce que la qualité n’étant pas au rendez-vous les biens s’abiment plus vite et donc doivent être renouvelés plus fréquemment.

Aujourd’hui cela semble de moins en moins vrai même si il est évident que certaines marques de luxe continuent de proposer des produits de première qualité qui supportent parfaitement le poids du temps ou encore des lavages répétés par exemple.

Quelques marques plus perfides ne respectent pas vraiment (c’est un euphémisme) l’équilibre entre le prix et la qualité mais bénéficient toujours d’un a priori positif de la part du public. Il en va de même des enseignes à la mode qui ne cachent même pas leur déficiente qualité et misent sur une communication d’orfèvre pour justifier des prix parfois surréalistes.

Now it’s up to you ? Allez – vous continuer à cautionner ce système ou le boycotter pour que le prix s’accorde enfin avec la qualité ?

60 seconds with… Comme des Leroi

60 seconds with… blogger Leroy Aznam of Comme des Leroi commedesleroi.com.  A leading blog according to Cosmopolitan, this fashion and lifestyle blog is already among the stars in the Netherlands and has a growing international fan base. 60 seconds with…is an opportunity to go behind the scenes with some of the most prominent influencers in fashion today.  The interviews offer an informative and entertaining look into the business of blogging. claudiawuenschcommunication

Royal Virility Performance (Viagra + Bière)

*Note – this beer will be shipped on the 28th of April* only have 1,000 bottles available. A limited-edition beer containing herbal viagra to mark the forthcoming royal wedding of Prince William and Kate Middleton on April 29th. Brewed using various well known aphrodisiacs, the limited edition artisanal beer will only be available to buy from the BrewDog.com website According to the specially commissioned label, the Royal Virility Performance contains herbal viagra, chocolate,  Goat Weed and ‘a healthy dose of sarcasm’. The beer is a 7.5% ABV India Pale Ale and has been brewed at BrewDog’s brewery in Fraserburgh. With this beer we want to take the wheels off the royal wedding bandwagon being jumped on by dozens of breweries; The Royal Virility Performance is the perfect antidote to all the hype. A beer should be brewed with a purpose, not just because some toffs are getting married, so we created something at our brewery that will undermine those special edition beers and other assorted seaside tat, whilst at the same time actually give the happy couple something extra on their big day. brewdog.com (Avec modération of course)

 

Retour sur l'événement Furla « Candy Bag » le 29 mars à Paris

Hier soir j’étais conviée à la soirée « Furla » en l’honneur du prochain Hit de l’été : le Candy Bag !

Après New York et Milan, c’est à Paris  en plein cœur du quartier de l’Opéra (Boutique 38 blv des Capucines) que les french modeuses sont venue découvrir cette nouvelle petite merveille !

Décliné dans toutes les couleurs, jaune fluo, orange flashy ou vert pomme, avec sa matière super original en Pvc… Furla tient son nouveau best-seller !

A cette occasion, un concours en partenariat avec le site Ykone fut organisé… En dévoilant (avec originalité) le contenu de leur sac à main 7 chanceuses ont eu le privilège de se faire offrir le Candy bag !

Tristesse ravalée  de ne pas avoir fait partie des élues, la soirée fut pour moi l’occasion de découvrir les nouveautés de la collection printemps-été 2011 ou de me ré-imprégner des classiques de la marque  (à noter le judicieux -20% sur toute la boutique accordé pour cet événement) unresistable ! Une vendeuse s’est d’ailleurs présentée spontanément à moi. Très Pro ! Tous les modèles m’ont été détaillés  avec maestria et sans temps mort.

Mais le Candy Bag était bien entendu la star de la soirée… Cela dit : Dj. Champagne au rdv. Ambiance détendue.  Que dire,  à part que des petits plaisirs comme ça… I want more 🙂 Angie Design Make-up Artist

Se faire sa propre opinion

Sondages, donneurs de leçon, maitres à penser… nombreux sont celles et ceux qui voudraient aujourd’hui remporter votre adhésion. Vous représentez sans doute à leurs yeux un moyen, une contribution à leur but final qui est parfois totalement étranger à vos propres désirs. De fait, je ne vous demande pas à travers ce billet d’être d’accord avec moi mais j’espère vous rendre un peu plus vigilants sur la manière dont les questions de société sont présentées, elles n’appellent pas de réflexions mais plutôt l’acceptation sans nuances, or il parait dorénavant  certain que c’est cette vision manichéenne du monde qui cause sa perte. Alors que faire ? Il est toujours possible de contraster un avis ou une affirmation,  de l’édulcorer ou même de se la réapproprier, ce n’est irrémédiablement pas le dernier qui a parlé qui a raison et il parfois nécessaire d’avoir plusieurs sons de cloche pour se faire un avis. Médias ou hors médias l’échange est propice pour ne pas tomber dans le système de la pensée unique. Ont peut avoir raison d’avoir tort et tort d’avoir raison. Quant à ceux dont le principe est de ne pas se prendre la tête, regardez la photo au moins ça vous fera ça de gagné dans cette journée !

LUSSI IN THE SKY

Après avoir assuré des premières parties d’Anaïs, pour laquelle elle était également choriste / guitariste, Lussi participe en 2010 au télé-crochet Nouvelle Star : grâce à des prestations qualifiées de «spectaculaires et époustouflantes», elle sort quatrième du Pavillon Baltard. Après quoi, ne s’accordant aucun répit, elle travaille activement sur ses chansons tout en continuant de sillonner les routes pour aller au contact de son public. Un EP 5 titres verra le jour le 23 mai. On peut y retrouver la reprise désormais emblématique de « Whole lotta love » de Led Zeppelin mais aussi 4 compositions reflétant l’univers tout particulier de Lussi in the sky : optimiste, fun, léger mais aussi désinvolte et rock n’roll.  Mettez le son à fond et à très vite ! lussiinthesky

Un Pop-Up Store JACK PURCELL dans le MARAIS.

Le 26 Janvier c’est mon anniversaire, mais c’est aussi : POUR LA PREMIE?RE FOIS, UN ESPACE ENTIE?REMENT CONSACRE? A? LA COLLECTION PREMIUM DE CONVERSE, JACK PURCELL, S’INSTALLE DANS LE MARAIS…  C’est au 56 rue de Saintonge, dans le POP- UP STORE JACK PURCELL, qu’il faudra se rendre de?s le 22 janvier 2011 et ce, pendant trois semaines, pour de?couvrir les mode?les hommes et femme de cette basket le?gendaire. 45 m2 ame?nage?s autour de l’univers du sport dans toute sa noblesse. Classiques intemporels, fantaisies haut de gamme… L’e?ve?nement majeur de ce rendez-vous e?phe?me?re, c’est aussi la premie?re ligne fe?minine Jack Purcell cre?e?e pour l’e?te? 2011. Inspire?e par quelques-unes des universite?s les plus prestigieuses du monde, la collection P/E 2011 fait re?fe?rence au sport colle?gial, au raffinement et a? la tradition. On y trouve de nouvelles matie?res issues du pre?t-a?-porter classique pour hommes, des coutures cre?atives, une palette de couleurs vibrantes et l’histoire d’un esprit et d’un he?ritage en accord avec chaque nouveau style. Ce printemps « Johnny » retrouvera « Helen ». Apre?s le 75e anniversaire de la collection Jack Purcell a? l’automne 2010, il est temps de re?unir les genres. La Johnny, qui a e?te? commercialise?e pour la premie?re fois dans les anne?es 1930 et qui a rec?u le nom de son cre?ateur, Jack Purcell, est re?e?dite?e dans de nouvelles de?clinaisons. Provenant e?galement des archives de la marque, la Helen, qui porte le nom de la femme de Jack Purcell, est quant a? elle re?e?dite?e a? la couture pre?s, pour la premie?re fois et uniquement dans une version fe?minine. DU 26 JANVIER AU 12 FE?VRIER 2011 56, rue de Saintonge, 75003 Paris