Cette semaine, j’ai eu à répondre à une question qu’on m’a posée une bonne dizaine de fois en peu de temps, ce qui m’amène ce soir à y arrêter ma réflexion. « Quand tu joues sur scène (au théâtre, je joue dans une troupe composée d’amateurs qui interprète un registre comique), tu n’as pas peur de te louper ?… qu’on se moque de toi, là, devant tout le monde ? ». La réponse est évidemment « oui ». Bien sûr que j’y pense, avant chaque représentation. Mais voilà, dans ce domaine, comme dans tout ce que j’entreprends en général, je lutte en permanence contre moi-même. Cette atonie insupportable qui pourrait m’empêcher d’avancer. Vous savez : ces coups de chaud, ces papillons dans le ventre et cette petite voix qui répète : « T’es folle ! Tu n’y arriveras jamais ! ». Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu envie de repousser mes limites. A ce titre, j’adore cette citation de Sénèque : « Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous ne les faisons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles ».

Attention, je suis comme tout le monde. J’ai des périodes de doutes. Dans ces moments-là, les questions qui reviennent le plus souvent sont : est-ce que j’ai bien fait de quitter Paris ? Ma famille ? Mon job intéressant au 20ème étage de la Tour Cœur Défense ? Mes amies ? Est-ce que ça en valait la peine ? Sur l’échelle du bonheur, cela m’a-t-il comblée ? Franchement, je ne sais pas y répondre. Une chose, une seule, dont je suis certaine : c’est qu’aujourd’hui, je trouve mon bonheur uniquement dans le présent, et plus en faisant sans arrêt des projets pour l’avenir. Bonheur : nom masculin ; état de complète satisfaction -d’après le Dictionnaire Larousse-  . A ce jour, ce qui m’apporte complète satisfaction, c’est jouer avec mes pairs dans des petites salles de provinces, et trouver des plaisirs furtifs mais délicieux dans des petites choses de la vie comme partager un bon repas en famille ou entre amis, sentir un morceau de chocolat fondre sous la langue, avoir une brève conversation avec un super bloggeur passionnant (ndb: ménage mon voeux d’humilité !) sur le pavé bordelais entre deux tableaux croisés dynamiques, admirer un beau coucher de soleil sur la plage, et à chaque instant, me sentir vivante ! Mon Dieu que notre société est lisse ! Etre discrète, ne pas faire vagues, être raisonnable…ce sont des notions indispensables pour réussir une insertion professionnelle ou sociétale en général, mais ces principes, croyez-moi, vous rendent essentiellement ternes, tristes, aussi monotones qu’une élégie! Personnellement, je me considère comme quelqu’un de vive : du coup,  il m’arrive souvent de rire fort, de me fâcher, de me contredire et d’en rire encore, de pleurer…  La vie, c’est ça. C’est cyclothymique. Les gens constants sont emmerdants comme la pluie. Alors, oui, mes bonheurs, je les trouve comme ça : je me suis essayée à plein de choses dans la vie. Le patinage artistique, le volley-ball, j’ai même chanté deux ans dans un groupe de rock quand j’étais jeune et à présent, je fais du théâtre. Et qu’importe que j’y excelle, ou pas. Pierre Arditi, qui est un homme de théâtre avant tout, a dit : « les gens ne viennent pas pour vous voir vous ; ils viennent s’amuser avec vous ».  Si vous prenez du plaisir à faire ce que vous faîtes, les gens le ressentiront, et vous leur transmettrez un peu de ce bonheur. Alors, « oui », j’ai peur. Tous les jours. Mais j’ai encore plus peur de passer à côté de toutes ces activités qui me font vibrer, et qui me transcendent au plus profond de moi-même dans une infinie sincérité.

* Comme dirait Nas: I know I can (I know I can)  Be what I wanna be (be what I wanna be)  If I work hard at it (If I work hard at it) I’ll be where I wanna be (I’ll be where I wanna be) et ce depuis la nuit des temps !

Contribution réalisée par la « John Keating » de l’écriture: Claire Amadieu
Son 1er livre: Jeune diplomée recherche premier emploi (désespérément) est à découvrir ICI ou Encore Là