Il ne s’agit pas du titre d’un album de Kraftwerk, encore moins d’une référence à un obscure groupe de proto-electro-punk. Fusible 10a est tout simplement le nom du plomb qui a sauté dans ma salle de bain. J’ai hésité à poster sa photo sur Instagram et sur Twitter, avec des hashtags bien sentis comme : #shinealight #putainjpetelesplombs #paslalumiereatouslesetages, mais même avec des super filtres, on peut légitimement convenir que, dans l’absolu, ça n’a aucun intérêt ou valeur ajoutée. Ni pour vous ni pour moi. Pourtant, après réflexion, il me semble qu’il n’y a pas plus de vie, d’imagination, de légitimité dans cet hypothétique cliché, que dans ceux que postent à longueur de journées et de nuits nos contemporains, tellement fiers d’afficher leur anatomie, le soleil, leurs chaussures de course, la mer, la piscine, l’assiette vide ou pleine, la salle de sport, le panneau de signalisation, la télévision, l’objet inanimé, le fruit, le légume, leur avis sur le tout et sur le rien, surtout sur le rien… Est-ce un automatisme, une forme de narcissisme normée et revendiquée, ou le fruit d’une réflexion construite ? Quid du sens artistique, de l’intention, du but ? Dénuée d’une ambition créatrice, l’exhibition devient crue et malsaine, en ce sens le préfixe #porn traduit bien cela, une exposition froide et sans affect, mécanique et aseptisée. On pourrait aussi parler de #porn news, #porn politique, # porn philo, #porn music, etc. « L’autonomie de la volonté est le principe unique de toutes les lois morales et des devoirs qui y sont conformes. » (Emmanuel Kant / Critique de la raison pratique)