Anna Polina est une iconique Porno Lady, actrice, réalisatrice … Mais la Dorcel Girl est aussi drôle, pertinente, extrêmement sensuelle et punk. Anna entre dans la pièce et tous les sens se mettent en éveil ! Après notre conversation, je peux définitivement vous confirmer que l’adage « don’t judge a book by its cover » est une évidente réalité. Avec en prime le test de l’expérience de Réalité Virtuelle 360°3D par Marc Dorcel.

Il fallait bien trouver une première question pour se mettre dans l’ambiance, alors on a parlé musique : Anna, la musique fait partie intégrante de votre vie, pouvez-vous nous en dire plus ?

La musique est indispensable ! Pour tout, que ce soit dans les bons ou les mauvais moments, la musique permet d’exorciser certaines émotions, la musique c’est primordial, en revanche même si j’ai un milliard de projets, si je fais de la musique, le public aura le droit de m’insulter sur les réseaux sociaux ! J’ai trop de respect pour les rappeurs, les musiciens, les DJ, pour supporter l’arnaque musicale ! La dessus, je suis intransigeante, mais participer à des vidéos c’est pour moi logique, Seth Gueko par exemple aimait bien mes films et moi son rap, c’était une collaboration amicale. Aufgang pour le clip « Summer » c’était une occasion de participer à un super concept et de changer d’univers…

Une pépite ou un coup de coeur à partager ?

Seth Gueko « Professeur Punchline » !

Anna vous êtes également férue de littérature, Virginie Despentes fait partie notamment de vos références quelle est votre livre de chevet actuellement :

Eva de Simon Liberati. Mais des auteurs comme Virginie Despentes me touchent énormément car je suis une grande punk. Dans ma vie je n’ai jamais fait de concessions, J’ai toujours fait ce que je voulais, quand je voulais, je tiens à la liberté que je m’accorde, choisir son métier, choisir ses amis, l’endroit où l’on vit et je suis intransigeante la dessus !

Puisque vous êtes Punk, que faites vous pour lutter contre le conformisme ?

Même si je tiens à mon confort, pour moi être punk c’est un mode de pensée: accepter la plus totale des libertés. Ma première façon de lutter contre ce conformisme a été de faire du X, de l’assumer, de continuer à en faire et de rester dans cet univers que j’ai envie de défendre, d’autant plus que je suis également libre sexuellement dans ma vie privée.

En terme de plaisirs hédonistes, peut-être au dessus de la luxure, il y a la gourmandise… alors êtes vous gourmande ?

(Rires) Je suis le stéréotype de la fille de l’Est, j’aime les truc salés… j’adore le caviar et le hareng ! sinon je suis fan de la soupe de goulash mais c’est beaucoup moins glamour, un genre de pot-au-feu mais version hongroise. Je ne vais pas parler de Chantilly et de fraises …

Pour prendre soin de votre corps, vous faites du cross-fit ?

C’est plutôt de la torture que du sport ! Je ne suis pas une grande sportive mais j’aime beaucoup la danse, je fais des shows en discothèques, en revanche je n’aime pas courir, la salle de sport m’ennuie très vite et je passe plus de temps à regarder les gens ou à discuter qu’à faire du sport mais récemment j’ai un ami qui m’a proposé d’essayer le cross fit j’avais l’impression d’entrer dans une secte tellement les gens qui en font sont addicts, mais je comprends ! c’est hyper diversifié, beaucoup de mouvements différents, du cardio, haltérophilie, gymnastique, c’est aussi intéressant pour le corps que l’esprit et surtout c’est un vrai challenge, pour une fois que je suis la plus nulle du cours, une vraie mise en danger.

Pour celles et ceux qui vous découvrent, je l’espère avec plaisir, grâce à ce portrait quel serait le film que vous pourriez leur conseiller pour une première fois ?

En ce qui concerne les films ce serait la journaliste, mais plus globalement tous les films que j’ai tournée en 2015. Je me suis libérée de beaucoup de complexes. J’ai appris à travailler avec de nombreux réalisateurs. J’ai une meilleure technique mais j’arrive surtout à prendre du plaisir et du coup je pense procurer une certaine émotion pornographique. Donc principalement les dernières productions plutôt que les anciennes.

La réalisation ?

J’ai eu l’occasion de réaliser un film à petit budget mais j’aimerai en faire d’autres avec de plus gros budgets. Il faudrait que j’ai le temps d’écrire quelque chose de bien, pas de trop parlant parce que ce n’est pas le but dans le X, sans verser non plus dans le porno féministe, mais qui pourrait plaire à un large public, à des jeunes femmes de 20 ans, jeunes couples, j’aimerai aussi réaliser des courts, des moyens, des longs…

Que pensez-vous des scènes de sexe non simulée dans le cinéma traditionnel et par exemple du battage autour de fifty shade of grey alors que les acteurs étaient doublés ?

Je trouve qu’on a fait énormément de bruit autour de 50 nuances de Grey. Je suis allée voir le film par acquit de conscience. J’ai lu le 1er tome également (moins douloureux à lire qu’à regarder d’ailleurs), c’est clairement l’un des pires films de toute ma vie ! pourtant je suis fan de la série gossip girl et j’ai grandi avec Dawson, je peux vraiment être bon public… mais dans 50 nuances, il n’y a pas de sexe ! Pas d’enjeu, je trouve ça très gentillet, quand on pense aux Valseuses où il y avait vraiment quelque chose, aujourd’hui on nous vend du SM presque »Disney » ! alors que des réalisateurs comme Gaspar Noé par exemple avec Love sont capables de proposer du vrai contenu, mais c’est dans le milieu Underground et toujours trop loin du grand public.

En ce qui concerne la mode avez vous des préférences ?

Je ne porte quasiment que du noir, je déteste la couleur, c’est la raison pour laquelle je me suis teinte en blonde, pour faire ressortir le noir, je suis de plus en plus intéressée – pas forcément par la mode – mais par le vêtement. J’aime quand c’est bien taillé, comme The Kooples, j’aimais Balmain jusqu’à sa collaboration avec H&M. Maje, Sandro, dans toutes ces boutiques on peut trouver des trucs sympa. American Apparel pour les leggings, ça passe toujours !

D’ailleurs leurs publicités sont toujours très explicites et stylisées ! j’imagine que Terry Richardson, le Street-Art par exemple, ce sont des mouvements artistiques que vous appréciez ?

J’adore Terry Richardson, je trouve qu’il y a beaucoup de polémiques autour du personnage mais à côté de ça il est extrêmement talentueux, sa dernière séance avec Miley Cyrus est excellente voilà typiquement une personne a qui on a collé une étiquette et qui évolue en pleine liberté, elle renvoie une super image !

Qu’est-ce qui vous fait complètement décoller ?

Le caviar, le hareng (rires) certains garçons et certaines musiques.

C’est quoi pour vous le summum du luxe ?

C’est d’avoir beaucoup de second degré, d’autodérision, de recul sur la vie, d’avoir une sorte de mélange de dignité et d’autodérision et c’est valable quelque soit sont statut social !

Quelle est la cause que vous défendez plus particulièrement ?

Les travailleuses du sexe. Les strip-teaseuses. Les filles qui posent nues. Les actrices X. J’ai conçu ma vie de femme dans cet environnement là et je considère qu’il est anormal qu’une pratique faite entre personnes consentantes soit aussi mal considérée, qu’il y ait aussi peu de respect pour celles qui font ces métiers, qui existent depuis toujours. Quant on pense à celles qui aident les personnes souffrant d’un handicap par exemple, leur sexualité est malheureusement un tabou… D’autre part, si on regarde les Etats-Unis, la grande différence, c’est la mentalité, peu importe le domaine de réussite, cela provoque le respect. C’est la raison pour laquelle on peut voir des actrices X dans des séries télévisées ou des films mainstream, comme par exemple Game of thrones avec Shae (Sibel Kekilli) qui a eu un rôle très important. Au départ elle faisait du X allemand et a pu faire un film d’auteur et cette série, ou Sasha Grey dans The Girlfriend Experience de Sodebergh. Lorsqu’elles ont des compagnons célèbres, ils sont capables d’aller ensemble sans peur du jugement aux AVN Awards. Là-bas le X est une industrie à part égal des autres.

Est-ce que l’art tourne en rond, ou est-ce qu’il y a encore des champs à explorer ?

Aujourd’hui, si je prends ma génération, les 25 – 30 ans, nous avons des possibilités infinies de création. De projets réalisables et la capacité de les partager. Il faut avoir l’envie et se donner les moyens de les accomplir, grâce aux Internets, Youtube, Soundcloud etc. même les livres peuvent se diffuser en ligne et sans beaucoup de frais, il y a encore énormément de champs à explorer.

Dans le domaine du porno, il y a une certaine nostalgie du X des 70’s, le côté vintage, « classieux », est-ce abandonné ?

Je vous recommande Prison de chez Dorcel, il y a une esthétique très présente. Une mise en condition. Un vrai travail sur les lumières, le scénario. On est dans du pornart, du porno chic. Il ya quelques productions qui font encore ce genre de contenus, mais c’est une minorité, à part Marc Dorcel en Europe, il n’y a pas grand chose. Il ne faut pas oublier que les budgets sont très importants et que la qualité à un prix !

De fait, les besoins de votre industrie pour proposer des films toujours plus ambitieux passe par le payant plutôt que le tout gratuit ?

J’achète la musique sur Itunes et j’aimerai bien que mes fans aillent sur les sites légaux pour voir ou télécharger mes films. Il y a bien sur le site Dorcel.com, mais également de nombreuses plateformes sécurisées qui permettent d’acquérir les films sans pénaliser les actrices, les réalisateurs, les producteurs. En fait, la plupart des maisons de production ont des sites très bien fait et la qualité est réellement au rendez-vous ! Alors, faîtes-moi plaisir…

Un grand merci à Anna, Camille et Marie Laurence pour cette charmante rencontre.

A suivre: le Test de l’expérience de Réalité Virtuelle 360°3D par Marc Dorcel avec Anna Polina