Asservissement culturel. Pilonnage intellectuel. Eradication de la pensée critique… Infotainment. Sensationnalisme. Sentimentalisme. Simplification du vocabulaire. Exaltation des commentateurs. Culte du corps. Dévalorisation du sacré. Aquoibonisme. Manichéisme extrémiste. Starification, glorification de la médiocrité. Suivisme…

La fonte de la matière grise n’est pas une menace mais une réalité. Les discussions de comptoir hier raillées sont aujourd’hui le fond de commerce des médias tout-puissant. Dealers d’émotions. Pourvoyeurs sans partage du quoi-dire – quoi-faire. Pourquoi chercher, alors qu’ils trouvent pour nous ? Pourquoi réfléchir, alors qu’en délégant notre cerveau au plus offrant, nous sommes comblés au delà de nos espérances ? Polémiques pour nos repas de familles, joies pour la machine à café, premier degré pour toutes et tous. Des cortèges de victimes expiatoires sont sacrifiées pour satisfaire notre ego. Des envies consuméristes éphémères sont marketées pour rassasier notre soif d’individualisme. L’idée de perfection est tellement banalisée qu’elle n’a plus de sens. Grâce aux notifications nous savons ce que nous devons savoir, sans nous poser de questions. A cause des théoriciens du complot, nous ne remettons plus rien en cause ou en perspective sous peine de risquer d’être qualifié de cerveau malade. La Vérité nous est fournie sur un plateau d’argent. La notoriété est le gage de valeur communément accepté. L’argent est la raison d’être référentielle. La prédiction des comportements, enregistrée par nos clics, permet de dégager un prototype de personnalité, je suis ce que je clique, je m’y conforme. Les networks ont trouvé la parade pour satisfaire les plus téméraires, des plateformes, des chaines de « contre-culture » qui imposent des styles, des mouvances, qui peuvent devenir des modèle imposables à chacun si viables commercialement… Les anti-systèmes nécessaires pour donner une illusion de démocratie, voient leurs velléités d’altérité systématiquement tuées dans l’oeuf (en général par le doute sur la probité des instigateurs ou la découverte de dossiers compromettants). En contrepartie, on flatte les porte-étendards d’une forme de liberté d’expression, qui ne peut être menacée tant qu’elle ne remet rien en question. Sans oublier la non-information superficielle servie en quantité gargantuesque sur les réseaux sociaux qui contribue chaque jour davantage à l’élagage de la réflexion. Pourtant même si ce combat s’apparente à celui de David contre Goliath, faut-il renoncer et accepter ? Ne pas s’en préoccuper, se dire que ce n’est, après tout, pas si grave et que rien n’empêche celui qui le souhaite de se nourrir autrement ? C’est sans doute vrai, mais on peut aussi avec quelques reflexes se détacher de la culture de l’instant, devenir hermétique au prêt-à-penser…

Varier les sources. Vérifier l’information. Remonter le fil de l’histoire. Accepter la différence. Se méfier des idées extrêmes ou simplistes. Lire. Ecouter attentivement. Créer. Réfléchir. Se tromper. Douter. Chercher ce qui relie plutôt que ce qui sépare. Découvrir. Vivre. Aimer…