FARM Rio x Le Bon Marché Rive Gauche

FARM Rio x Le Bon Marché Rive Gauche

FARM Rio, la marque de mode et de lifestyle la plus appréciée du Brésil, rencontre l’Europe comme jamais auparavant, grâce à une invitation unique du prestigieux Le Bon Marché Rive Gauche. Pour la première fois, la marque occupera un espace de 260m2 au premier étage de la galerie parisienne pour donner au thème du camp d’été sa propre vie et interprétation.

« La nature a toujours été notre maison et nous sommes passionnés par les mesures concrètes que nous prenons pour qu’elle continue à inspirer les nouvelles générations par sa beauté et sa diversité », déclare la directrice de la création et co-fondatrice Kátia Barros. Ce projet garantit que pour chaque achat effectué sur leur site web, dans leurs magasins et autres détaillants autorisés, un arbre est planté dans les forêts menacées du Brésil. Plus de 500 000 arbres ont été plantés à ce jour.

Jusqu’au 17 juin 2022, FARM Rio et Le Bon Marche exposent une boutique d’expériences en forme de galerie, inspirée par la richesse de la biodiversité amazonienne, et réalisée par un commissariat unique d’artistes et de collectifs brésiliens. Pour l’expérience de shopping, la marque lancera ses collections printemps et été 22, des articles pour la maison, en plus de sa nouvelle ligne de chaussures végétaliennes et une variété de produits qui traduisent ce qu’est être un amoureux de la nature et s’habiller de bonheur. Le partenariat entre FARM Rio et Le Bon Marché est une invitation à un véritable mouvement inspiré par la nature, pour renforcer une mode plus diverse, inclusive et éthique.

« Ici, nous célébrons, aimons, rêvons et créons, en respirant la nature et l’art tout en transformant le bonheur en vêtements et en style de vie. Bienvenue dans notre voyage inspiré par la nature ! » FARM Rio

Marin Montagut x Ritz Paris – Exposition X au Bon Marché Rive Gauche

Marin Montagut x Ritz Paris – Exposition X au Bon Marché Rive Gauche

« x » comme réunir, « x » comme se rencontrer, « x » comme démultiplier la créativité. Depuis sa création, Le Bon Marché Rive Gauche bouscule les traditions et scelle jour après jour un univers où luxe et modernité sont les points d’équilibre. Cette année, c’est le sens du partage que le grand magasin de la Rive Gauche a décidé de célébrer jusqu’au 24 avril 2022 : L’EXPOSITION X.

À cette occasion, Marin Montagut exposera sur son corner dédié sa collection poétique réalisée en édition limitée et en exclusivité pour le Ritz Paris.

Le Ritz Paris a en effet donné carte blanche à Marin Montagut qui a décliné ses objets fétiches, en s’imprégnant de l’univers emblématique du Ritz Paris. Il a ainsi imaginé des objets uniques et exclusifs, comme sa collection de livres à secrets inspirée du 18ème siècle et ses vitrines à merveilles peintes à la main, un coussin, des foulards et une collection d’art de la table en porcelaine réalisée avec la célèbre Manufacture Haviland. Une opportunité de repartir avec des objets uniques et exclusifs, car chacune des pièces peintes à la main est numérotée.

MARIN MONTAGUT X RITZ PARIS Jusqu’au 24 avril 2022 au BON MARCHÉ RIVE GAUCHE Textile Décoration, 2ème étage

Collection Arts de la Table
Vide poche : 80 €
Mug : 110 €
Assiette à gourmandises : 120 €
Set de 4 assiettes à dessert : 420 €

Collection Décoration
Carré de soie : à partir de 120 €
(deux tailles)
Livre à secrets : à partir de 140 €
Coussin : 140 €
Vitrine à merveilles : 280 €

Exposition « MOLESKINE DETOUR 2.0 » – Palais de Tokyo, Bon Marché, Ground Effect

Exposition « MOLESKINE DETOUR 2.0 » – Palais de Tokyo, Bon Marché, Ground Effect

Une exposition incroyable organisée par Moleskine et la fondation Moleskine qui présentera au Palais de Tokyo, au Bon Marché et chez Ground Effect une collection exclusive d’œuvres d’arts créées à partir des célèbres carnets.

Depuis des dizaines d’années la fondation Moleskine collecte ces œuvres offertes par des artistes reconnus du monde entier (écrivains, peintres, architectes, musiciens..). Aujourd’hui, plus de 1300 œuvres composent cette collection inédite.

L’exposition rentre tout juste de Shanghaï où elle a reçu un magnifique accueil, arrive à Paris le 9 février et repartira ensuite pour Londres, puis New York. A chaque passage dans une nouvelle ville, elle invite des artistes locaux de la jeune génération à enrichir la collection : plus de 35 jeunes artistes parisiens sélectionnés par Ground Effect et Moleskine vont venir compléter l’exposition parisienne. Cette exposition est l’occasion de revenir sur l’histoire du carnet Moleskine : comment ces petits carnets en moleskine qui ont servi à Picasso ou Van Gogh sont toujours autant plébiscités aujourd’hui par les nouvelles générations d’artistes.

9 – 20 février 2022, Palais de Tokyo (tous les jours, sauf le mardi, de 12h00 à 22h00)
9 février – 31 mars 2022, exposition en exclusivité dans les magasins du Bon Marché
23-26 février 2022, Galerie Ground Effect – exposition et événement final
9-26 février 2022, boutiques Moleskine – vitrines spéciales et découverte en boutique.

Illustration Yuval Avital, Babirye Leilah, Elia Ferroli A Tiny Splash

Capsule Amrose & Sarah Andelman – Le Bon Marché Rive Gauche

Capsule Amrose & Sarah Andelman – Le Bon Marché Rive Gauche

Pour le lancement du nouvel espace sneakers du Bon Marché Rive Gauche, Océane Castanet s’associe à Sarah Andelman, la fondatrice de Just an Idea et précédemment la directrice achats et image de l’iconique colette. Sarah, à qui Océane avait envoyé son book de façon informelle juste avant l’annonce de la fermeture du concept-store a depuis, toujours soutenu et accompagné Amrose. En lui permettant notamment de faire plusieurs collaborations avec la créatrice libanaise Mira Mikati, mais aussi en faisant partie de ces pop- ups Hello Miami et Hello Tokyo.

Pour l’occasion, elles ont laissé place à leur imagination débordante le temps d’une collaboration sur le thème de la rentrée avec une pièce exclusive et qui sera vendue en édition limitée au Bon Marché pour tout le mois de septembre. Cette capsule sera personnalisable autour des « résolutions de la rentrée » imaginées par les créatrices : JUST MORE BOOKS, LEARN AND HAVE FUN, SUMMER FOREVER, etc.

Vente aux enchères exclusive : maison Pierre Bergé & Associés x Le Bon Marché Rive Gauche

Vente aux enchères exclusive : maison Pierre Bergé & Associés x Le Bon Marché Rive Gauche

Du 5 au 17 juin prochain, le 1er étage de l’espace Maison du Bon Marché Rive Gauche, exposera une sélection des 120 lots d’objets, luminaires et mobilier du XXe siècle mis en vente.

Des lampes danoises des années 1930, une table en céramique émaillée du céramiste suédois Stig Lindberg (1916-1982), une bibliothèque célèbre ou des céramiques du designer Ettore Sottsass, une série de chaises « Fourmi » de l’architecte Arne Jacobsen fabriquées en 1969 par Fritz Hansen, la célèbre chaîne hifi RR126 en bois laqué et aluminium des frères Achille et Pier Giacomo Castiglioni pour Brionvega, une commode moderniste conçue par le Français Pierre Chapo au début des années 1970… Une sélection réalisée en collaboration avec le département « Design » de la maison de ventes parisienne Pierre Bergé & Associés, piloté par Nicolas Denis et le curateur Gilbert Kann.

Le 17 juin à 18h, aura lieu la vente aux enchères de ces pièces pour la première fois au sein de ce magasin rempli d’histoire, sous l’immense verrière du restaurant de La Grande Epicerie de Paris, La Table.

A Bâbord Toute ! au Bon Marché Rive Gauche

A Bâbord Toute ! au Bon Marché Rive Gauche

Envie de vacances ? Direction Le Bon Marché Rive Gauche et la Grande Epicerie de Paris.

Esprit bateau ou surf, Méditerranée ou Atlantique, allure Riviera ou silhouette color-block, les nombreuses exclusivités sélectionnées par les têtes chercheuses du grand magasin s’exposent à tous les étages. Comme pour un périple, chaque espace permet de vivre une aventure différente. Et comme invités d’honneur, Loewe et Paula’s Ibiza présentent tout l’univers de leur troisième collaboration en exclusivité. Un sac en paille, un bijou de style grec, des nu-pieds flashy, un chapeau de marin breton, une étole imprimée, une bouée pailletée, des parfums de glaces exclusifs, la sélection est éclectique et n’a qu’un objectif : donner des airs de vacances au quotidien. Et pour rendre l’expérience shopping unique, le Bon Marché offre toujours plus de possibilités de personnalisation.

Larguez les amares et « A Bâbord Toute ! ». Jusqu’au 22 juin 2019

Le Bon Marché
https://www.24sevres.com/fr-fr/le-bon-marche
24 Rue de Sèvres, 75007 Paris

Le Bon Marché Rive Gauche présente la maison de l’été 2019

Le Bon Marché Rive Gauche présente la maison de l’été 2019

Pensée comme une résidence d’artistes, la maison de l’été 2019 se dépouille du superflu pour laisser place au beau. On est ici dans un atelier arlésien, une dépendance de la Villa Médicis ou même dans un des workshops modernistes d’Archosanti, utopie architecturale devenue communauté d’artistes en plein désert d’Arizona.

Les volumes se font monolithiques, les murs mats absorbent la lumière du jour, les meubles rasent le sol, semblant façonnés sur le vif par des artisans. Les objets hétéroclites peuplent, cet univers minimaliste, comme si les travaux d’études des plasticiens qui s’y succèdent créaient d’involontaires harmonies. La céramique peinte, le cyanotype, le tissage retrouvent ici toutes leurs lettres de noblesse, et côtoient des pièces d’art ultra contemporaines, du mobilier aux lignes radicales et innovantes…

www.24sevres.com/fr-fr/le-bon-marche
24 Rue de Sèvres, 75007 Paris

Anonyme-Paris x La Maison Binet –  Le Bon Marché Rive Gauche par « La Shaperie »

Anonyme-Paris x La Maison Binet – Le Bon Marché Rive Gauche par « La Shaperie »

Anonyme-Paris et La Maison Binet, spécialiste des soins de barbe artisanaux bio, s’associent pour proposer une trousse de toilette accompagnée de deux essentiels pour l’entretien de la barbe (un savon et une huile), distribuée en exclusivité à Paris au Bon Marché Rive Gauche par « La Shaperie ».

La trousse de toilette « Clément » Anonyme-Paris est fabriquée en France dans les ateliers de la marque. L’huile de barbe artisanale de La Maison Binet est déclinée en deux fragrances : Fontainebleau et Pyrénées. Le savon à barbe Maison Binet est fabriqué selon une méthode ancestrale utilisant la saponification à froid, un savoir-faire permettant de garder toute la glycérine dans le savon. Le caractère hypoallergénique de ce savon a été testé sur un panel de 1000 personnes allergiques aux savons industriels : le taux d’acceptation est de 98%. Les huiles essentielles utilisées comme le thym, l’eucalyptus, le lemongrass, sont celles qui ont la valeur ORAC (Oxygen Radical Absorbance Capacity) la plus élevée. Pour finir la camomille, l’Ylang Ylang, le ricin sont les huiles les plus nourrissantes pour l’épiderme.

Disponible à « La Shaperie ». Le Bon Marché, 24 Rue de Sèvres, 75007 Paris

Il faut être riche pour acheter bon marché, toujours d'actualité ?

Un dicton populaire parmi les fortunés laisse entendre que l’on s’appauvrit en achetant des produits bon marché parce que la qualité n’étant pas au rendez-vous les biens s’abiment plus vite et donc doivent être renouvelés plus fréquemment.

Aujourd’hui cela semble de moins en moins vrai même si il est évident que certaines marques de luxe continuent de proposer des produits de première qualité qui supportent parfaitement le poids du temps ou encore des lavages répétés par exemple.

Quelques marques plus perfides ne respectent pas vraiment (c’est un euphémisme) l’équilibre entre le prix et la qualité mais bénéficient toujours d’un a priori positif de la part du public. Il en va de même des enseignes à la mode qui ne cachent même pas leur déficiente qualité et misent sur une communication d’orfèvre pour justifier des prix parfois surréalistes.

Now it’s up to you ? Allez – vous continuer à cautionner ce système ou le boycotter pour que le prix s’accorde enfin avec la qualité ?

Collection capsule leboncoin x super marché

Collection capsule leboncoin x super marché

leboncoin x super marché lancent une collection capsule de vêtements issus de l’upcycling, et vendue en exclusivité sur leboncoin.

Cette collection capsule se compose d’une soixantaine de vêtements qui ont été chinés sur leboncoin et transformés par les coups de ciseaux et l’inspiration de Monia Sbouaï, la fondatrice de super marché.

Au total, 125 pièces femme, homme et unisexe aux coupes minimalistes et intemporelles, allant du bleu de travail aux scrunchies, seront disponibles à la vente sur leboncoin à compter du 3 décembre 2020. https://www.leboncoin.fr – https://supermarcheparis.com/

Darius – NOTHING TO ME ft. Kadhja Bonet

Darius – NOTHING TO ME ft. Kadhja Bonet

Après la sortie de son EP OASIS en novembre dernier, prélude d’un album à venir sur lequel on retrouve notamment la sensation pop néerlandaise Benny Sings ou encore le Nigérian Wayne Snow, le producteur français Darius commence l’année 2022 avec un nouveau single intitulé “NOTHING TO ME”, ballade électro-soul cosmique sublimée par la voix céleste de Kadhja Bonet. Ce titre est le premier extrait de son second album, attendu au printemps prochain.

Darius - NOTHING TO ME ft. Kadhja Bonet

“Sur ce titre, j’ai fait rejouer une vraie batterie pour amener de l’intensité et appuyer le côté épique… J’ai également ajouté de vrais violons ainsi qu’une harpe sur l’outro. Avec mon EP ‘OASIS’, j’ai commencé à me diriger vers un son électro-acoustique bien précis, que je cherchais à explorer depuis un moment. Ce titre avec Kadhja s’inscrit plus que jamais dans cette démarche… Je suis vraiment fier du résultat, et d’avoir pu créer quelque chose avec une artiste que j’admire tant” confie t-il. Le traitement de la voix, doux et aérien, contraste avec les paroles émancipées de la Californienne : “I don’t need to be in your mess […] You’re nothing to me”.

Le crépuscule du bon gout

Vive la rentrée, ce moment honni des forçats du quotidien, où chacun retourne à ses obligations professionnelles ou assimilées, les enfants à l’école et les vieux à leur obsolescence programmée.

Mais pourquoi ce courroux ? Comme beaucoup je suis las et usé par les fractures visuelles et sonores subies avec force durant les vacances scolaires et qui deviennent d’année en année de plus en plus difficiles à éviter. Que ce soit dans la vraie vie où sur les réseaux dits sociaux s’entend. Cette pollution causée par les ploucs, cassos, rampants, hectotonnes de prolos qui grouillent des plages, à la montagne, des régions à la campagne, à perte d’horizon, sans critère d’âge, d’ethnie, de religion ou même pécuniaire. Le nivellement par le bas à son paroxysme.

Obscènes et fiers dans leur idiocratie, vils dans leurs raisonnements, campés sur leurs positions et leurs slips de bain. Ils suintent le conformisme et le « c’est comme ça ». Esclaves du prêt à executer, socialement élèvés à la jalousie et au premier degré. Experts en météo et en programme télé, ils avilissent les lieux les plus charmants, contaminent les parfums délicats de leur eau de Cologne bon marché et se massent toujours à la recherche de la foule pour immortaliser sa grégarité sur smartphone obtenu avec des points fidélité.

Ils vont bougonner contre la rentrée et le travail jusqu’en décembre, puis se gaver comme il se doit pendant les fêtes et économiser sou par sou pour se payer les fameuses vacances qui vont égayer leur terne année. Un peu de montagne, un peu de mer, un peu d’étranger de proximité pour les nantis (ceux qui ont un C.E) mais jamais trop loin et surtout jamais sans les combinaison sac à dos – gros cul, banane – claquettes.

Triste constat, reflet d’une société déliquescente mais paradoxalement de moins en moins dyonisiaque, malheureusement.

Grand Marché d'Art Contemporain – La Défense

Du 08/04/2008 au 12/04/2008  Deux cent artistes(peintres,sculpteurs,photographes…) francais et étrangers vont exposer pour la première fois sur le Parvis de la Défense. Joel Garcia,organisateur du GMAC qui se tient depuis de nombreuses années à la Bastille, Chatou, Valbonne… va tisser sa toile sur le Parvis de la Défense, entre les Quatre Temps et le CNIT. La création contemporaine sera pendant 5 jours au service des 180 000 personnes qui se croisent et s’entrecroisent chaque jour sur le Parvis de la Défense. Ce sont les artistes en direct qui, présents sur leur stand, seront à l’écoute des visiteurs pour répondre à leur curiosité, échanger leurs points de vue, initier les néophytes et peut-être même susciter des vocations. Fidèle à sa tradition, le GMAC à la Défense veut s’adresser au plus grand nombre d’entre nous, parfois hésitant mais curieux de découvrir un monde qui peut paraitre parfois intellectuellement et financièrement inaccessible. Chaque exposant pourra s’exprimer à travers le thème « des Arcs et et des Arches » que nous vous invitons à découvrir pendant toute la durée de la manifestation et particulièrement à l’occasion du vernissage le mardi 8 avril 2008. GMAC – La Défense Parvis de la Défense http://www.joel-garcia-organisation.fr

DU BON SON: THE HUB « A Sleepless Night »

Quand fin 2009, Hubert#06 rencontre Yarol Poupaud sur les marches de la Me?canique Ondulatoire, ni l’un ni l’autre ne se doute que de cette rencontre nai?tra un des projets les plus excitants de ce de?but d’anne?e 2011. Hubert #06 jouait alors son « One Man Delta Blues Show », formule trouvant sa place aussi bien dans les petites et moyennes salles de Paris et d’ailleurs (Scopitone, Fle?che d’Or, Me?canique Ondulatoire, etc.) que dans diffe?rents festivals tel que Blues sur Seine, ou? il remporta le prix e?lectro-acoustique fin 2009. La me?me anne?e, un premier album, One Man Delta Blues Show, sorti chez Twin Fizz, cristallisera la pe?riode « one man show » d’Hubert #06, recevant un excellent accueil de la presse blues. Enfant naturel des John Lee Hooker, Son House, Charley Patton, ou encore Mississippi Fred Mcdowell, Hubert#06 prend le meilleur de toutes ses influences, et propose une musique qui en appelle autant a? l’he?ritage des vieux bluesmen qu’a? celui des Clash, Cramps ou me?me des Stones dont il s’est nourri au biberon avant de remonter aux sources. De la rencontre avec Yarol Poupaud va nai?tre le projet THE HUB. Yarol, soliste de FFF, chanteur de Mud, moitie? du duo country Heartbreak Hotel. Ve?ritable re?fe?rence dans le milieu rock franc?ais, il a a? son actif des collaborations aussi varie?es que Niagara, Adanowski, Adrienne Pauly, Ultra Orange ou Camille Bazbaz. Producteur, de?couvreur de talents, il monte en 2006, avec Caroline de Maigret, le label Bonus Tracks Records. Ils touchent au rock mais aussi a? l’univers du cine?ma ou de la pub. Au fil des se?ances et concerts, le projet THE HUB va se de?finir et se pre?ciser. Hubert apporte la matie?re brute : ses compositions en anglais ou en franc?ais interpre?te?es seul a? la guitare et au slide. Yarol va alors re?aliser pour chacune d’elles un univers bien particulier, un habillage fruit de sa culture musicale et de sa mai?trise de multi instrumentiste-producteur : basse, batterie, clavier, percussions en tous genres, mandoline, wurlitzer et me?me accorde?on ! Aussi, si le re?pertoire, le son, la sauvagerie et la technique (fingerstyle, slide, open tunings en tous genre, alternate picking) sont directement inspire?s par le delta blues rugueux des pionniers, l’esprit, lui, s’inscrit tout autant dans la brutalite? des origines que dans le renouveau actuel du blues : The Black Keys, Seasick Steve ou encore Son of Dave… Au final l’album « A Sleepless Night » de THE HUB, propose 14 compositions originales en franc?ais et en anglais, combinant un son et un esprit a? la fois roots et actuel, une richesse me?lodique et d’arrangements, et un groove permanent qui en font un objet unique, plein d’e?motion, d’inventivite?, de fraicheur et d’originalite?. Avec « A Sleepless Night », THE HUB renouvelle un genre qui n’avait pas connu un tel lifting depuis des lustres ! Produit par Yarol Poupaud pour Bonus Tracks Records @ BTR Studios.

Le salon de thé « à la française » de l’Hôtel & Spa La Belle Juliette (Paris)

Le salon de thé « à la française » de l’Hôtel & Spa La Belle Juliette (Paris)

Situé au coeur de Paris sur la Rive Gauche, dans le 6ème arrondissement, l’Hôtel & Spa La Belle Juliette est une ode à Juliette Récamier (femme de lettres française dont le salon parisien réunit, à partir du Directoire et jusqu’à la monarchie de Juillet, les plus grandes célébrités du monde politique, littéraire et artistique). Ce petit bijou de la rue du Cherche-Midi est l’adresse confidentielle que les initiés se chuchotent. Envie d’une pause gourmande après une séance de shopping au Bon Marché ou après un soin relaxant au ravissant spa de l’hôtel ? Du mardi au samedi de 16h à 18h30, clients de l’hôtel ou de l’extérieur peuvent venir déguster un délicieux goûter à la Française dans le salon de musique de l’hôtel. La formule proposée comprend un plaisir sucré au choix créé par le Chef Pierre Gagnaire, une boisson chaude et une boisson fraiche, au tarif de 25 euros. https://www.hotel-belle-juliette-paris.com

Fred x SweetPants

Fred x SweetPants

Présentée en exclusivité au Bon Marché, la collection Fred x SweetPants est désormais disponible en ligne et en boutiques. Une ligne pensée autour de deux univers esthétiques, avec un ADN commun : La couleur. Une silhouette composée de trois pièces au design intemporel : un pantalon de jogging, un hoodie et une casquette qui arborent un logo spécialement imaginé pour cette capsule. Des modèles personnalisables avec un choix de cordon-cable FORCE-10®, pour laisser libre cours à votre créativité. Cette collaboration, déjà iconique, conjugue l’univers coloré et les valeurs sportives de la ligne FORCE-10®, à une vision anticonformiste du streetwear. https://www.fred.com https://fr.sweet-pants.com

elementary. : « des compléments alimentaires essentiels et no bullshit »

elementary. : « des compléments alimentaires essentiels et no bullshit »

elementary. est une marque de compléments alimentaires (gélules et gummies) certifiés Eve Vegan et fabriqués en France. Chez elementary., pas de liste d’ingrédients à rallonge avec une multitude de composants inconnus, les produits sont composés de seulement 5 ingrédients de qualité supérieure. La marque prône la transparence et indique tous les ingrédients directement sur le packaging. Ces compléments alimentaires répondent notamment à des besoins spécifiques comme la baisse d’énergie, les cheveux ternes ou encore le sommeil agité…

À prendre seuls ou à associer, les compléments alimentaires elementary., sont pensés sur 3 niveaux : Deux plantes, fleurs et/ou baies, deux vitamines et/ou minéraux, 1 base de probiotiques pour assimiler plus en profondeur. Et pour voyager léger, elementary. lance sa « nomad box ». Un pilulier à emmener partout, pour toujours avoir ses compléments alimentaires à portée de main. À la fin de la cure, les cales à l’intérieur se retirent pour permettre d’y glisser ce que vous souhaitez. Votre nomad box deviendra donc un objet pratique et intemporel pour vous accompagner au quotidien (Disponible fin septembre)

À retrouver sur www.elementary.fr et au Bon Marché (75007 Paris).

#elementarychoice
@elementary.paris

-M- et Prune Nourry : L’Amazone Erogène

-M- et Prune Nourry : L’Amazone Erogène

L’artiste Prune Nourry a investi le Bon Marché rive gauche avec une installation monumentale L’Amazone Erogène située dans les deux atriums de l’iconique magasin parisien. Prune a réinventé le mythe des amazones à travers deux mises en scène spectaculaires : un essaim de 888 flèches dirigées vers un sein de quatre mètres en forme de cible, et un immense arc pointant une flèche tendue vers une seconde cible. Pour accompagner cette installation, Prune Nourry et Daniel Pennac ont co-écrit une chanson, Amazone Erogène, composée et interprétée par -M- featuring Ibeyi.

"Amazone Erogène" par -M- feat. Ibeyi | EVENEMENT

Le vinyle du titre Amazone Erogène sera mis en vente à partir du 12 mars sur le site de M au profit de l’Institut Curie. Prix de vente du vinyle : 25€ TTC

Parce que ce combat mené par nos amazones contemporaines, Prune Nourry l’a elle-même mené en 2016, elle a choisi de mettre en vente les 888 flèches de l’installation L’Amazone Erogène afin de financer la distribution gratuite de son livre « Aux Amazones »* écrit avec une dizaine d’experts de la santé (oncologues, psychologues, infirmières), et destiné à accompagner les femmes atteintes par un cancer du sein. (* Editions Marabout-Hachette à l’Automne 2021). Pour chaque flèche vendue, plus de vingt femmes recevront ce livre gratuitement. Les flèches sont vendues sur le site de l’artiste :www.prunenourry.com

Chaque flèche est signée et numérotée de 1 à 888
Longueur d’une flèche 126 cm.
Bois, plumes et laiton
Prix à l’unité 270€ TTC (blanche ou brune au hasard)
Prix par deux (une blanche et une brune) 490€ TTC

sonoro : qualité du son, facilité d’utilisation et design

sonoro : qualité du son, facilité d’utilisation et design

sonoro est une marque de produits audio allemande qui développe des systèmes musicaux avec passion et avec une grande attention aux détails. La marque allemande met l’accent sur le son et la conception, avec des finitions haut de gamme, un design intemporel et élégant, ainsi qu’un usage intuitif.

NOUVEAUTÉ: sonoro ELITE & PRESTIGE systèmes audio édition limitée cuivre noir mat [FR]

sonoro a développé des systèmes audio dédiés à chaque pièce de la maison : séjour, chambre à coucher, bureau, cuisine et salle de bains.

Les produits sonoro sont disponibles sur la boutique en ligne de la marque ainsi que dans les grands magasins parisiens tels que le BHV, The Conran Shop, les Galeries Lafayette, Le Bon Marché, RetroFutur… https://sonoro.de/fr

PARIS SAINT GERMAIN x PARACHUTE  : Le caleçon des princes

PARIS SAINT GERMAIN x PARACHUTE : Le caleçon des princes

Parachute présente sa série spéciale développée pour le Paris Saint Germain : Le caleçon des princes. Une série de 3 caleçons en coton supérieur peigné célébrant la ligne d’attaque du Paris Saint-Germain. Le N°7 (MBAPPE), le N°9 (CAVANI) et le N°10 (NEYMAR). Il a été pensé comme un caleçon porte bonheur à sortir les jours de match. Chaque caleçon est livré dans un coffret spécial numérotée à 300 exemplaires.

A découvrir chez NOUS Paris , Le Bon Marché , PSG Store Champs Elysées, PSG Megastore Parc des Princes. SMETS Store Luxembourg, Edifice Tokyo, The Webster Miami. parachute‐calecons.com – store.psg.fr

COLLECTION HAY FOR SONOS

COLLECTION HAY FOR SONOS

Les cinq coloris exclusifs du Sonos One conçus par le designer danois HAY sont disponibles depuis le 5 novembre 2018. Présentée pour la première fois au Salone del Mobile de Milan, la collection complète, comprenant les coloris Forest Green, Pale Yellow, Soft Pink, Light Grey et Vibrant Red est disponible sur sonos.com, au Bon Marché Rive Gauche à Paris, dans les magasins Sonos de New York et de Berlin, dans la boutique HAY House de Copenhague.

EXPOSITION WONDERLAND PAR THE FRENCH ART DEALEUSES EN COLLABORATION AVEC LA SECRET GALLERY

EXPOSITION WONDERLAND PAR THE FRENCH ART DEALEUSES EN COLLABORATION AVEC LA SECRET GALLERY

Pour leur troisième collaboration avec la Secret Gallery, The French Art Dealeuses nous invite à découvrir l’exposition WONDERLAND jusqu’au 12 Janvier 2019, qui puise sa narration dans la fantaisie, les souvenirs de notre imaginaire d’enfant, les super héros et personnages de fiction .

Orchestrée par Audrey Hatchikian, art curator, elle met en scène l’exposition dans une atmosphère colorée, ingénue et joyeuse . WONDERLAND, ou le pays des merveilles interprété par des artistes d’art contemporain et de design. A l’approche de Noël, cette exposition inspire un tendre sentiment de nostalgie, une bouffée de gaieté et une douce atmosphère poétique.

L’exposition WONDERLAND, présente les oeuvres émouvantes et éclatantes de Jaouad Bentama, artiste installé à New York depuis 6 ans. Il travaille la peinture mixée à des compositions d’objets que l’artiste collecte au fil des de ses rencontres. Des tableaux flamboyants et colorés, à l’apparente légèreté, qui racontent l’utopie de l’enfance et l’espoir. Issu du monde du Graffiti des années 80, Sade One évolue aux côtés des plus grands avant de suivre son propre chemin. De l’hardcore bombing au fresques murales, ils présentent aujourd’hui des oeuvres ludiques et aux mille et une facettes. WONDERLAND, c’est aussi les tableaux de lumières quasi hypnotiques d’Emmanuelle Rybojad, véritable fée de la couleur.

Secret Gallery
19 Rue de Varenne, 75007 Paris
T. 06 80 38 90 14
contact@thefrenchartdealeuses.com
facebook.com/thefrenchartdealeuses
Du mardi au samedi de 11h à 19h
les lundis et dimanches sur rendez-vous
Métro Ligne 10 ou 12 – Rue du Bac ou Sèvres
Babylone Parking Le Bon Marché

INTERVIEW GRAND BLANC x JetSociety

INTERVIEW GRAND BLANC x JetSociety

A l’occasion du Festival Ocean Climax, j’ai pu poser quelques questions à Camille et Vincent « Korben » de Grand Blanc, une belle rencontre avec des êtres à l’égal de leur musique : Sincères, authentiques, frais et talentueux.

Pour rappel: Grand Blanc vient de cet Est froid. Où il a grandi il y avait de grandes cathédrales, à côté de hauts fourneaux. On ne mettait pas longtemps à passer la frontière lorsqu’on prenait l’autoroute. On allait acheter du mauvais tabac bon marché et on saluait les pompistes dans d’autres langues. Sur la route, on écoutait des vieux Bashung, dans les années 80, quand il portait des T-shirts de Joy Division. On écoutait aussi les Cure qui reprenaient l’étranger de Camus dans « Killing an arab ». Kraftwerk, Autobahn, en reprenant l’autoroute Radioaktivität en passant devant la centrale. On parlait un peu de littérature, beaucoup de musique, le samedi on priait pour qu’il y ait un bon concert. Ou on allait au match, et on priait pour qu’il y ait au moins un but. Ou on allait au bar. On évitait la messe le dimanche mais on évitait pas Metz et on était vidés par nos petites virées. Quelques uns voulaient se mettre la tête dans le haut fourneau d’autres voulaient finir dans la grande cathédrale.

Vos chansons ont une histoire et une construction précise, mais une fois qu’elles sont transmises au public il se les approprient, avez-vous l’impression qu’elles sont toujours à vous ou un peu à eux aussi ?

C’est ce qui est à la fois drôle et effrayant avec la musique. Il est impossible de contrôler le contexte dans lequel ça peut être reçu. Tu ne sais jamais quand tu es musicien, ce que le public va faire avec ta musique. Si ça se trouve, les gens vont faire l’amour en t’écoutant, c’est super intime ! On en parlait avec un ami, artiste sculpteur, qui nous disait qu’il contrôlait beaucoup, qu’il réfléchissait au contexte de réception de son oeuvre. Nous, on a pas ce pouvoir, mais ça ne nous dérange pas du tout et même parfois on se dit, c’est peut-être dans ce sens là qu’on aurait du écrire cette chanson ! C’est vraiment super cool, ou surprenant, on a réécouté il n’ y a pas longtemps Syd Matters « To All of You », un titre qui a été utilisé dans une série super Girly, le groupe était choqué parce qu’en réalité c’était une chanson qui critiquait les filles américaines, il y a avait un contre emploi énorme mais c’est passé sans soucis ! C’est vrai qu’une fois le CD prêt, c’est comme un accouchement, sauf que là tu dis bye bye a ton bébé ! On travaille différemment en studio ou sur scène. En studio, on fonctionne un peu comme pour de la techno, donc on apprend à bosser les chansons pour la scène. Au fur et à mesure, un dialogue s’établit avec le public, un équilibre, on guette ses réactions, ça nous aide à interagir avec lui, dans les arrangements, la lumière…

Avec les succès de Bagarre, Blind Digital Citizen, Julia Jean-Baptiste, vous, pensez-vous que le label Entreprise est toujours à l’avant-garde de la nouvelle scène française ou est devenu mainstream ?

Nous on revendique le mot Pop, c’est ce qui nous rassemble, notamment avec Bagarre. Aujourd’hui on a passé le cap musique de niche, on veut rester libres de nos choix, mais en essayant de toucher un maximum de monde. Tame Impala par exemple est un génie de la Pop mais il ne fait pas de la musique pourrie ! La vraie question est plutôt : Est-ce qu’il faut qu’on arrête d’écouter de la merde à la radio ? Jacques disait un truc dans ce sens : Je fais mes chansons, je les aime, mais je ne comprends pas quand on ne les aime pas, j’aimerai convaincre les gens d’aimer la même chose que moi, surtout quand c’est bon !

Avec-vous un livre, disque, film fétiche au point de ne jamais vous en séparer ?

Pas vraiment, ça change souvent. Nous sommes quatre avec des goûts différents. (Camille) en ce moment j’adore Hélios d’Etienne Chaize, un livre d’images absolument magnifique.

Sac Keren Ann & MySuelly for Japan – édition limitée

La rencontre d’une personnalité et d’une marque autour d’une même cause : Keren Ann, artiste, musicienne et chanteuse de la scène pop-folk internationale et le duo de créatrices de MySuelly, Adelaide et Géraldine. Les bénéfices liés à la vente du sac Keren Ann seront reversés à la Croix-Rouge japonaise. Disponible en avant-première au Bon Marche Rive Gauche à partir du 20 septembre 2011

Participez aux Journées Particulières et entrez dans l’univers des Maisons du groupe LVMH

Ouverture, dès le 10 septembre, des inscriptions aux visites des Maisons participant à l’événement. (15 et 16 octobre prochain)

La participation aux Journées Particulières est gratuite et ouverte à tous.

Compte tenu de la configuration de certains lieux, les visites se feront en petits groupes et dans la limite des places disponibles.

Pour participer à ces Journées, deux possibilités sont offertes : Se rendre sur place les samedi 15 et dimanche 16 octobre : l’attribution des billets se fera dans la limite des places disponibles. Réserver, dès le 10 septembre, des invitations coupe-file sur le site internet www.journeesparticulieres.fr : la réservation des invitations coupe-file sur le site internet s’opèrera en quatre vagues successives. Vous retrouverez ci-dessous, ainsi que dès ce soir dans la rubrique « Comment Participer aux Journées Particulières ? » du site, tous les détails sur les ouvertures respectives des réservations des invitations coupe-file :

Le 10 septembre : Louis Vuitton, Berluti, La Grande Epicerie de Paris, Belvedere, Hennessy, Fendi*

Le 13 septembre : Jardin d’Acclimatation, Guerlain, Ruinart, Moët & Chandon, Château Cheval Blanc, Krug*, Veuve Cliquot Ponsardin*

Le 16 septembre : Chaumet, Le Bon Marché Rive Gauche, Emilio Pucci, Glenmorangie

Le 20 septembre : Givenchy Couture, Christian Dior, Château d’Yquem, Dom Perignon*, Loewe*

Sur le site Internet de l’événement, nous vous invitons également à consulter le nombre d’invitations coupe-file encore disponibles et toutes les informations pratiques relatives à l’événement : descriptif des lieux ouverts, programmes détaillés, horaires des visites, plans d’accès, activités dédiées aux enfants…

L’expérience des Journées Particulières se prolonge enfin sur la page Facebook du groupe LVMH, www.facebook.com/lvmh, sur laquelle  vous pourrez retrouver tous les contenus liés à l’événement ainsi que les annonces d’ouverture de chacune des vagues.
Pour en savoir plus : www.lesjourneesparticulières.com et www.facebook.com/lvmh
* Ce lieu ne propose pas d’invitation coupe-file.

 

Les Journées Particulières LVMH @ PARIS (15 et 16 octobre 2011)

Les 15 et 16 octobre, LVMH vous invite à découvrir les secrets de son Patrimoine, dans 25 de ses Maisons. Ateliers, chais, caves, maisons de famille, studios de création, showrooms… Au cours des Journées Particulières, nous vous ouvrirons les portes de plus de 25 sites d’exception en France et en Europe et vous révélerons leurs savoir-faire uniques. Vous pourrez visiter les lieux où se perpétuent les arts et techniques de la haute couture, des vins et spiritueux, de la haute joaillerie, des parfums, du maquillage, de l’horlogerie, de la maroquinerie, au gré d’un parcours spécialement conçu pour l’occasion : visites guidées, démonstrations de savoir-faire, conférences d’experts, projections privées ou ateliers interactifs. Vous partagerez la passion des artisans, des ouvriers, des artistes. Vous sentirez leur inspiration, leur précision, leur génie. Chaque jour, unis par le même goût de l’excellence, ils insufflent aux traditions une vitalité nouvelle. Nous vous souhaitons une belle visite dans nos Maisons. Les sites ouverts au grand public dans le cadre des Journées Particulières  A Paris et en région parisienne : Le salon Haute Couture de Christian Dior Le siège Parfums Christian Dior Les ateliers Louis Vuitton d’Asnières Les ateliers Berluti Le studio de création de Givenchy Couture Les salons Chaumet La Maison Guerlain Le Bon Marché Rive Gauche Le Jardin d’Acclimatation La Grande Épicerie lesjourneesparticulieres.fr

Rayon Noir dévoile ses savons artisanaux pour la cicatrisation des tatouages

Rayon Noir dévoile ses savons artisanaux pour la cicatrisation des tatouages

Rayon Noir a développé une gamme de savons artisanaux bios destinés à la cicatrisation des tatouages. Après une succession de déceptions face à ce qui était proposé sur le marché en matière de produits pour le tatouage, Rayon Noir s’est tourné vers le développement de sa propre formule. Ces savons bios sont fabriqués artisanalement dans le Jura et saponifiés à froid. Il en existe deux recettes : charbon actif et argile, toutes deux formulées pour tous les types de peaux. Ces deux composants sont naturellement nettoyants et favorisent une hydratation continue et saine de la peau. L’argile aura des vertus exfoliantes là où le charbon actif sera purifiant.

Rayon Noir est un studio d’encre avant-gardiste en plein coeur de paris de 300m2, qui mêle tattoo, art, graphisme et architecture. Un studio dont l’ambition est d’encourager l’évolution de la pratique artistique, tout en préservant artisanat et tradition.

www.rayon-noir.com
@rayonnoirparis
@rayonnoir.studio

Botanys fleurit la capitale et donne la possibilité aux parisiens de participer au grand concours de lancement de la marque !

Botanys fleurit la capitale et donne la possibilité aux parisiens de participer au grand concours de lancement de la marque !

Botanys*, nouvelle marque de CBD Made in Suisse, se lance sur le marché français et transforme la capitale en immense jardin a ciel ouvert pendant 10 jours, (depuis le  25 octobre 2021). À l’occasion de son arrivée sur le marché français, Botanys vient fleurir Paris par le biais de petites oasis éphémères. Plusieurs centaine de pousses de chanvre ont été plantées dans les mini-jardins et espaces végétalisés de Paris par la marque ; devant des lieux iconiques tels que l’Arc de Triomphe ou le Sacré-Coeur, mais également devant des points d’intérêt relevant du domaine du bien-être (coiffeur, spa, hammam, salle de sport)

Ces plantes, siglées aux couleurs de la marque et munies d’un QR code, offrent à ceux qui les scannent des codes promotionnels à l’occasion du lancement du site de la marque. Pour tenter de gagner une année entière de produits Botanys adaptés à son profil, rien de plus simple : Partager une photo de soi devant l’installation, sur Instagram, en story ou sur son feed,  en mentionnant @botanys_fr et avec le #Botanys et s’abonner au compte @botanys_fr
Le ou la gagnant.e sera tiré.e au sort parmi tous les participants

VEJA x Vibram présentent la DEKKAN

VEJA x Vibram présentent la DEKKAN

Cette collaboration rassemble les deux projets VEJA et Vibram autour d’un modèle technique polyvalent, conçu pour les longues marches à pied, les weekends randonnée improvisés et les activités outdoor. Version lifestyle, la Dekkan peut également se porter en ville pour un confort au quotidien et pour un style street outdoor. Sa semelle, mélangeant matériaux écologiques et technologie de pointe Vibram, offre un bon équilibre entre adhérence, durabilité et résistance aux abrasions grâce au caoutchouc GEB, ainsi qu’un amorti et un retour d’énergie grâce à l’E.V.A.

Fabriquée au Brésil.
Disponible en quatre coloris.
50 % d’origine bio-sourcée et recyclée.

Exposition CharlElie Couture : Les Rimbaud d’aujourd’hui – Galerie Brugier-Rigail

Exposition CharlElie Couture : Les Rimbaud d’aujourd’hui – Galerie Brugier-Rigail

« Over the Rimbaud »
La création naît souvent d’une suite de hasards …
Je venais de rentrer des États-Unis et je cherchais comment traduire ce qui se passait en moi. Ce furent une série de rencontres, et des discussions infinies autour du mythe qui m’a inspiré la série : « les Rimbaud d’Aujourd’hui ».
Et c’est ainsi que, de fil en aiguille, comme un rêve, une aventure, je me suis retrouvé à essayer de pénétrer ce mystère à force de peindre le visage d’Arthur Rimbaud.

« Vivre au présent »
L’adolescent fugueur ne tenait pas en place et mourrait d’envie d’aller voir l’Ailleurs, jusqu’à l’infini, celui que beaucoup envisagent mais qu’il a écrit.
Certes il a peu écrit, pourtant le génie qui l’habitait nous a laissé des textes/poèmes d’une modernité éblouissante. Curieux, insaisissable, Arthur Rimbaud incarne le reflet d’une adolescence gourmande de la vie. Ce grand marcheur aux semelles de vent voulait tout, dans un monde nouveau sans frontière, un monde dont il refusait les limites.

« Rimbaud Warrior »
Anarco-rock libéral. Électron libre. Rebelle en marge d’une société du XIXème siècle traditionnelle, Arthur Rimbaud a contredit tous les principes établis. Être libre. C’était en lui. Du bout de ses jeunes doigts, il laissé la poésie s’exprimer en son nom.
L’adolescence est un état d’être en puissance.
Il avait en lui un faisceau de tendances, un maelström d’envies qui touchaient à l’essence de l’Humanité. Arthur Rimbaud n’a pas cherché à se raisonner. Il s’est jeté corps et âme dans l’expression de ses envies, ses rejets, ses colères autant que ses humeurs vagabondes.

« Rimbaud est beau »
Un jour j’ai compris que ce visage n’avait pas d’âge.
Plus j’en apprenais les détails, plus il m’est apparu complexe. Habité par une infinité de caractères. Ce visage avait été celui d’un jeune homme de dix-sept ans en 1871, mais je le voyais vivant, tantôt fermé, tantôt souriant, volage, dur, provocateur, voyou, malin, buté- têtu, las ou rigoureux, narquois, amusé, rêveur séduisant ou simplement beau.
Après avoir longtemps peint « la ville », je me retrouvais face à face avec ce jeune homme qui débordait d’enthousiasme pour l’existence, mais qui refusait de se soumettre à ses propres lois. Un jeune homme moderne, qui incarnait la fulgurance d’une inspiration indomptable, généreuse, sensuelle, a-rythmée, surréaliste…
Ce même portrait de lui, se transformait en fonction de mon humeur, et chaque tableau reflète un caractère, ce visage d’Arthur Rimbaud connu de tous,
Connu dans l’Absolu,
Parce qu’il est en nous, il fait partie de nous. Au pluriel.

CharlElie COUTURE, Septembre 2021

CHARLELIE COUTURE
LES RIMBAUD D’AUJOURD’HUI

Exposition du 7 au 30 octobre 2021

Galerie Brugier-Rigail
40 rue Volta, Paris 3
Instagram : @brugier_rigail_galerie

Ouverte du mardi au samedi de 11h à 19h30

La Plage de l’iboat & Blonde Venus dévoilent un été multi culturel aux bassins à flot

La Plage de l’iboat & Blonde Venus dévoilent un été multi culturel aux bassins à flot

La Plage de l’iboat s’agrandit avec sa petite soeur BLONDE VENUS et proposeront à partir du Jeudi 17 juin un espace de 2000 m2 carré au total, en plein air, axé sur la détente, pour proposer aux bordelais un lieu de rendez-vous convivial ,familial, gastronomique, musical, et accessible à tous ouvert de Juin à Septembre ! Au programme concerts – cinéma sous les étoiles – fooding – deejay – pétanque – atelier jardinage – espace enfants – shop vintage – pop-up – yoga – marchés – performances artistiques – expo – débats – atelier kids… et plus à venir tout au long de l’été !

Lundi : Un format engagé, sur la thématique du circuit court, avec des invitations de producteurs locaux, sur la thématique des potagers et jardins urbains ou des bonnes initiatives locales…
Mardi : Résidence de nos djs locaux préférés (45 tours mon amour, Total Heaven, deejay El Vidock et bien d’autres) avec écoute et découverte d’album en mode « tribute to… » une selection pour nos fines oreilles !
Mercredi : Cinéma en plein air (à la tombée de la nuit) + dj set avant le film
Jeudi : Blind test / loto ou dj set thématique
Vendredi : Concert au bord de l’eau (programmation à venir)
Samedi : des soirées festives, du loto déjanté à la soirée roller disco, on se détend , on rigole, ambiance guinguette populaire et on entame le weekend bulots, crevettes, suzette !
Dimanche : Le matin, du yoga et l’après-midi des formats marchés thématiques (vintage / créateurs..) ou des journées dédiées au jeune public

Offre de restauration midi et soir,  dj set tous les jours à partir de 19h – Programmation à retrouver sur www.iboat.eu. Table de 6 personnes maximum – Pas de réservation – Masques obligatoires

Horaires
LA PLAGE DE L’IBOAT
à partir de midi en semaine / et 16h le weekend
BLONDE VENUS
à partir de 17h en semaine / 15h le samedi / 12h le dimanche
horaire de fermeture en accord avec les mesures nationales

Test pour les joueurs occasionnels : Resident Evil Village (PS5)

Test pour les joueurs occasionnels : Resident Evil Village (PS5)

Depuis 1996, Resident Evil a su s’imposer comme un incontournable de l’univers vidéoludique, le chef de file du genre Survival Horror, une source d’inspiration pour le petit, comme le grand écran. Les hardcore gamers connaissent chaque opus sur le bout des doigts, ont leurs épisodes fétiches et attendent chaque nouvelle mouture avec une impatience non feinte. C’est dire si Resident Evil Village n’est pas un jeu ordinaire et cristallise l’attention. Ajoutez à cela les machines netx gen (PS5, XBox X/S) et vous aurez un cocktail détonnant propre à déchainer les passions. Pour ma part, je suis un casual gamer, un joueur du dimanche si vous préférez, de fait, ce test s’adresse plus à des (boomers ?) comme moi, des personnes ayant une certaine expérience de vie, pas toujours en mesure de pouvoir aligner 10h00 consécutives devant l’écran et pas non plus des professionnels du e-sport en puissance. Ce que j’attends d’un jeu ? Des sensations manette en main, du divertissement, de l’action, des décors qui flattent le regard, une progression cohérente. Ce qui me rebute ? Des combinaisons de touches alambiquées, des temps morts, des campers de 10 ans qui passent leur temps à me flinguer, une difficulté inadaptée. N’oublions pas non plus que dans l’adn de Capcom, l’éditeur de Resident Evil, il y a cette notion intuitive issue de l’arcade, une prise en main rapide, fluide, qui permet une appropriation efficace afin de valoriser toujours le plaisir. Ceci étant dit, il est temps de frissonner…

Resident Evil Village - Trailer de lancement - PS5, PS4, XSX|S, XO, PC (Steam), Stadia

Resident Evil Village succède à Resident Evil 7. Pour celles et ceux qui prennent le train en marche, pas de soucis, à l’instar d’une série, un recap vous est proposé en début d’aventure et même si vous n’êtes pas très attentif, soyez rassuré cela n’aura pas d’impact direct sur ce nouveau chapitre, mais c’est toujours plus sympa de se mettre dans l’ambiance. A ce propos, rien de mieux que de fermer les volets et de pousser un peu le son pour renforcer le sentiment d’angoisse qui ne manquera pas de vous étreindre au fur et à mesure de votre progression dans le « village ». Pour résumer, Ethan Winters et son épouse Mia, commencent une nouvelle vie paisible, enfin libérés de leur passé tortueux. Mais le sort s’acharne de nouveau sur eux lorsque Chris Redfield du BSAA enlève leur fille. Ethan doit encore une fois affronter l’enfer pour retrouver sa fille… Soyez indulgent, le héros que vous incarnez est un peu comme Ash de Evil Dead, en beaucoup moins tordu, très fort arme à la main, mais pas toujours d’une grande vivacité intellectuelle. Peu importe, notre objectif c’est qu’il survive et franchement c’est pas gagné d’avance. Sur PS5, les graphismes sont superbes, les cinématiques bien conçues, l’ambiance sonore à l’unisson. Sans trop en dévoiler, il est également très agréable de sentir la gâchette adaptative de la manette, fusil en main… On se surprend à sursauter par moment, mais on ressent surtout l’envie de prendre part à l’aventure, de s’abandonner quelques instants ou plus dans cet univers fascinant, glauque, sombre. Comme dans un train fantôme on se laisse facilement embarquer et guider dans les méandres de l’horreur, créatures lovecraftiennes, personnages abominables, situations stressantes… Ahhhhh j’y retourne, je suis sûr que j’ai loupé plein de bonus… et ce serait dommage de se priver d’une si bonne compagnie…

Resident Evil Village est une excellente expérience horrifique que je recommande sans hésitation. Les sensations, le plaisir, l’immersion, la difficulté, pour moi c’est top. N’étant pas attaché à l’univers de Biohazard (Resident Evil), je n’éprouve pas, comme certains, de frustration à évoluer dans un environnement qui n’est pas à 100% dans l’esprit originel du jeu. En matière de jeu vidéo comme pour le reste, le mieux est de se forger sa propre opinion, mais je ne prends pas beaucoup de risque à vous dire que vous ne serez pas déçu.

RESIDENT EVIL™ VILLAGE est disponible sur PS5, PS4, Xbox Series X|S, Xbox One, Stadia et sur PC (Steam) depuis le 7 mai 2021. Il peut être mis à niveau gratuitement de la PlayStation 4 vers la version numérique PlayStation 5 et prend en charge le Smart Delivery pour les consoles Xbox Series X|S et Xbox One. En édition standard et deluxe (« Trauma Pack » numérique, proposant un contenu additionnel ingame : entre autres l’arme iconique Samurai Edge, un filtre vidéo inspiré des VHS de Resident Evil 7, un magnétophone de sauvegarde de Resident Evil 7, une musique de la salle de sauvegarde « Go Tell Aunt Rhody », un accès immédiat au niveau de difficulté « Village des ombres », un accessoire d’armes « Mr Everywhere », des illustrations bonus « La tragédie d’Ethan Winters » et un rapport sur la famille Baker.)

Les personnes qui possèdent Resident Evil Village obtiendront également un accès à l’expérience multijoueur Resident Evil™ Re:Verse à l’été 2021

La collection « Soul of » pour une nouvelle approche de l’art du voyage

La collection « Soul of » pour une nouvelle approche de l’art du voyage

La collection « Soul of » propose une nouvelle approche de l’art du voyage, faite de vagabondages, de rencontres fortuites, d’expériences qui se veulent inoubliables. Chaque guide réunit les 30 meilleures expériences d’une ville, les interviews de ceux qui font l’esprit de cette ville, des illustrations saisissant l’âme de la ville. Fondée par Fany Péchiodat (My Little Paris) en collaboration avec l’éditeur Thomas Jonglez, la collection est aujourd’hui composée de 8 éditions : Barcelone, Lisbonne, Los Angeles, Venise ou Tokyo : Un salon de thé planqué dans l’arrière boutique d’un fleuriste, un chef étoilé qui ne fait rien comme tout le monde, un marché de street food tokyoïte, un resto-cachette en plein cœur de Shibuya, passer la nuit dans l’étagère d’une bibliothèque, boire le cocktail de votre vie, trouver le restaurant dont on ne vous dira pas l’adresse, fêter un «faux anniversaire» dans un isakaya, faire du «standing sushi», se faire masser dans un hamac… « Soul of Tokyo » a été écrit par Fany et Amandine Péchiodat.

Zombieland : Headshot Fever – Oculus Quest

Zombieland : Headshot Fever – Oculus Quest

Zombieland VR : Headshot Fever est un jeu de tir d’arcade conçu pour la réalité virtuelle, prolongement vidéoludique de Bienvenue à Zombieland et Retour à Zombieland. Films qui figurent au panthéon des pop corn movies, boostés par une distribution 5 étoiles : Emma Stone (Wichita),Jesse Eisenberg (Columbus), Woody Harrelson (Tallahassee), Abigail Breslin (Little Rock).

ZOMBIELAND: HEADSHOT FEVER - Virtual Reality Game Announcement Trailer

Au programme : Des combos de headshots, pour défourailler du Zombie à l’envie. Inscrivez-vous à la première édition de Zombieland Invitational, en association avec VR Master League, en vous rendant sur zombielandvrgame.com, et devenez le tueur de zombies le plus rapide du monde !

Pour survivre les règles sont simples :

Avoir un bon cardio : les zombies sont de fins sprinteurs de nos jours, les non sportifs risquent de mourir les premiers. Le Double Tap. Quand vous tirez sur un zombie, assurez-vous qu’il soit bien mort en lui tirant une deuxième fois dessus… Et essayez de viser la tête. Méfiez-vous des toilettes : le lieu où un être humain est le plus vulnérable. Pensez toujours à vérifier, voire à vous barricader, quand vous passez sur le trône. Ceci est aussi valable pour tous les endroits où il n’y a qu’une sortie. Attachez votre ceinture : règle importante, en cas de fuite en voiture, il serait dommage de mourir d’un accident…

Pas d’attachement : et oui car un homme qui est prêt à retourner dans la salle pour sauver un être cher est sûr d’y rester lui aussi ! Voyager dans un groupe en est un avantage : plus le nombre d’individus non-contaminés est important, plus il y a de cibles pour les zombies donc plus de chances de fuir. N’hésitez pas à prendre comme compagnons des personnes malades ou handicapées, le tout est de gagner du temps. Attention tout de même à respecter la règle précédente. Voyager léger : inutile de vous encombrer avec des objets sans intérêt, vous devez survivre, pas faire de la vente au marché ! La règle 7 s’applique aux personnes. Tuer avec efficacité : beaucoup de gens vont courir à l’arsenal pour prendre des armes à feu alors que le bon sens voudrait que l’on aille chercher le moyen le plus brutal et efficace pour détruire le cerveau. Cela peut être n’importe quoi à partir d’une batte de Baseball… à un couvercle de toilette ! Tuez avec efficacité… À Zombieland tout est considéré comme une arme tant que celle-ci peut tuer un zombie, mais attention, car les tuer un à un peut être long…

Les armes sont pour la chasse, pas du Zombie Killing. Celle-là est simple : les armes ont besoin de balles. Lorsque vous êtes en pleine fuite, avez-vous le temps d’aller chercher des munitions ? Rappelez-vous : une batte de cricket, une pelle ou une mandoline n’ont pas besoin d’être rechargées ! Toujours s’étirer avant de descendre une côte, escalader, sauter du haut d’un mur, ou même avant de détruire une voiture pour se défouler (une cible blessée est beaucoup plus intéressante pour un Zombie). Avoir sur soi un rouleau d’essuie-tout, n’oubliez pas qu’à Zombieland certains fluides sont souvent présents (vomi, glaires, pus, cervelle, tripes, sang). Planifiez : la sortie et les armes ; entrez dans le bâtiment seulement si vous pouvez en sortir. La boule de bowling.

Ne pas jouer les héros. (règle alternative) : Jouer les héros (certaines règles sont faites pour être transgressées). Échauffement. Infiltrer l’ennemi : un peu de maquillage et de parfum à la viande pourrie, et les zombies vous laisseront tranquille. Éviter les clubs de striptease. Un homme averti connaît la sortie. Tous les 4 pas regarde derrière-toi.  Avoir des amis. Vérifier la banquette arrière. Il faut jouir des petites choses, même si pour cela il faut casser tout plein de petites choses. Le couteau suisse.

SOUPES DE PRINTEMPS par Guy Savoy, Alexis Voisenet

SOUPES DE PRINTEMPS par Guy Savoy, Alexis Voisenet

Guy Savoy publie le premier de 4 ouvrages de recettes de soupes, chacun consacré à une saison.

« Mange ta soupe ! On se souvient tous de cette injonction parentale qui nous terrorisait à table. Aujourd’hui encore, le souvenir d’une telle phrase fait frémir les enfants que nous demeurons. Pourtant, nos parents avaient mille fois raison d’insister. Autrefois punition, la soupe est devenue, au fil des ans, récréation. Chaudes, tièdes, froides ou glacées, elles sont indispensables à notre bonne forme et je dirais même plus, les soupes sont désormais, grâce au savoir-faire des cuisiniers, l’un des symboles de l’art de vivre à la française. Moulinées, en bouillon ou veloutées, elles sont des concentrés de l’excellence des produits de la terre et de la mer que nous retrouvons sur les étals des marchés des villes et villages français. Avec des légumes, des fruits, des épices, des herbes, parfois des viandes ou des poissons, les soupes se réinventent et se singularisent à l’image de cette collection de quatre recueils pour quatre saisons. Classiques, traditionnelles ou originales, toutes ces soupes ont un point commun : elles incarnent une ode à la gourmandise et à l’enfance retrouvée. Une enfance récréative pour que la soupe redevienne la madeleine de Proust de nos tendres années. » Guy Savoy

La société du « conso – spectacle »

La société du « conso – spectacle »

D’un côté, les images nous montrent des humains en france, en 2020, en train de vider avec une certaine violence les rayons essentiels des hypermarchés, de papier toilette et autres pâtes https://www.facebook.com/100032335544063/posts/352342552520260/? Et de l’autre, nous avons, juste en dessous les commentateurs, qui usent de la même violence pour fustiger ces comportements qui manifestement les heurtent… mais meuf, mec ou indéterminé.e à quel moment tu réalises que ton avis de connard.e de facho déguisé.e en naturophile arty, on s’en branle ?
… en toute objectivité, quelle différence ? Les uns vident, les autres remplissent mais c’est le même mécanisme qui fait agir. De même pour nos fameuses librairies, ouvrez-les et vous verrez, ou plutôt vous ne verrez pas de différences, peut-être une légère évolution les premiers jours, mais si le livre souhaité n’est pas disponible, que fera le consomacteur ? Il commandera sur Amazon et l’aura en 24:00 avec prime, qui lui permettra en outre de regarder des séries et des films et d’écouter de la musique, parce que bizarrement il ne milite pas pour la réouverture des disquaires et des videoclubs… Toujours dans le but de démontrer qu’au fond on est bien tous les mêmes, nous avons ceux qui s’interrogent et font des conjectures sur les émissions télévisées, bien évidemment toujours agrémenté des commentaires de celles et ceux qui savent et de l’autre nous avons les prétendus hors normes : font des activités artistiques, new âge, du sport en milieu naturel, du yoga, mangent sainement, écoutent de la bonne musique, regardent des bons reportages, de bons films, mais n’ont pas la télé, pratiquent les aphorismes et les citations, préfèrent le van à la voiture, se plaignent du monde et de leurs habitants, achètent des fringues de 2eme main, mais que des marques fabriquées au bengladesh ou autre pays qui exploite les enfants. Admettons mais c’est quand même mieux pour la planète, comme de boire à la gourde … c’est marrant, mais pour ma part, j’ai jamais vu autant de marginaux … c’est peut-être que ce n’est pas vraiment original tout ça en fait ?

Moralité, il n’y en a pas, nous restons victimes de nos illusions, persuadés d’être différents alors que nous n’avons jamais été aussi semblables. Des clones sans âme, sans sentiments, sans compassion. Des enveloppes vides de sens et surtout d’amour…

Bereshit (Commencer)

JE ME SOUVIENS D’UN JOUR SANS SOLEIL. Le ciel était bas et lourd. Le brouillard mélangé à la fumée tenace et épaisse qui émanait des ruines fumantes ne se dissipait pas, malgré le vent, malgré la pluie, malgré les prières.

L’équipe du capitaine Lemaître, la première qui fut chargée d’intervenir sur les lieux de la catastrophe, venait d’être relevée. Les gars étaient épuisés, à bout de force. Leurs mines étaient sombres. L’humeur au delà du drame était sinistre. Insupportable sentiment d’inutilité, de n’être là que pour constater, sans aucune possibilité d’obtenir la maigre récompense des immenses efforts déployés. Toutes ces heures passées sous la pluie à chercher dans les décombres, des traces, des survivants, des corps. Pour rien. Toutes ces existences réduites en fumée, annihilées de la surface de la terre. La chapelle ardente, dressée à la hâte s’étendait désormais sur une surface effrayante, apocalyptique. L’indispensable périmètre de sécurité avait rapidement été établi afin de filtrer le plus sévèrement possible les allées et venues. La meute des gratte-papiers confinée à quelques mètres de l’épicentre commençait à piaffer d’impatience. L’odeur du sang et de la chair calcinée l’excitait au plus haut point.

Pour ma part, je n’étais même pas encore au courant du drame. Je dormais profondément, rêvant d’une grande histoire qui serait mon sésame pour la postérité… J’avais lu avec délectation la plupart des attentats littéraires des X-Men (Hommes de la génération X) Bret Easton Ellis, Douglas Coupland, et leurs avatars français : Beigbeder, Liberati, Dantec, Houellebecq… Dignes représentants d’un style d’écriture efficace, name droppée et qui me fascinait totalement. Ma solution pour sortir de l’anonymat ? Une œuvre hallucinatoire et post-genre composée de bribes de rêves et de notices de produits chimiques. Une sorte de Twin Peaks revisité par Procter et Gamble et William Burroughs. Évidemment, tout cela n’avait aucun sens.

La sonnerie old school et stridente de mon téléphone brisa le silence de la nuit et mon embryon de réflexion disparu en fumée. Je regardais incrédule et comateux l’horloge digitale LCD retro éclairée de chez Urban Outfitters : 04:36. Qui était assez fou pour m’appeler à une heure pareille ? Inquiet, curieux, groggy, je finis tout de même par décrocher.

— Allo ?
— Hummm ?
— Kadmon ? Enfin ! J’ai commencé à flipper… Écoute moi bien: Je t’offre une chance inouïe de refaire surface. J’ai un très gros sujet, un truc vraiment énorme et je t’ai choisi pour le couvrir !
— Hein ? … Vous vous foutez de ma gueule ?
— Kadmon ! Christophe Tomassin à l’appareil. « Nouvelles du monde ».
— Tomassin ?
— Le château Bereshit est en flammes. Des morts. Je n’en sais pas plus pour l’instant. J’ai déjà une équipe sur place, mais je veux que tu ailles là bas. Tu connais le contexte mieux que personne. Rassure-moi, tu n’as pas eu d’autres propositions ?
J’émis un bâillement et me frottais les tempes de ma main libre : « Oui, non… en flammes, le château Bereshit ? »
— Je veux un papier avant midi au plus tard, on boucle à 14h00.
— Pour les frais ?
— T’occupes pas de ça. Le journal prend tout à sa charge.

Le rédacteur en chef raccrocha. Je restai complètement interdit. Putain, c’était quoi ce délire ?

J’allumais mécaniquement la télévision sur une chaine d’informations en continu. A l’écran, une rediffusion d’un débat stérile entre deux éditorialistes trop appliqués pour être honnêtes. En bas, le traditionnel bandeau des horreurs défilait. En caractères blancs sur fond rouge : Drame en Gironde, la communauté Bereshit durement touchée. Plusieurs centaines de morts après l’explosion du château de Lott.

Tomassin ne m’avait pas tiré du lit pour rien. Un mélange contradictoire d’émotions me submergeaient. Compassion pour les victimes. Haine féroce à l’égard de leur maitre à penser. Un gourou de la pire espèce. Une ordure manipulatrice et vicieuse. J’avais failli le coincer. Je m’étais retrouvé sur la touche. Il n’avait pas apprécié mon enquête sur son business aussi opaque qu’une nuit sans lune en pleine campagne.

La présentatrice de l’édition spéciale fit son apparition, entourée d’une flopée de spécialistes de l’enfumage. Personne pour s’interroger sur la véritable nature du drame. Mes réflexes paranoïaques reprenaient vite le dessus. Si Eloïm n’était pas mort avec ses fidèles, alors il y était forcément pour quelque chose… J’en avais la certitude. En l’espace d’un instant mes munitions étaient prêtes : Valise remplie à la hâte. Carte de presse. 4 canettes de Red Bull. 2 paquets de cigarettes (pour la route). Clés de la voiture. Le domaine de Lott était à quatre bonnes heures. J’avais le temps de réfléchir. Une vision fugace me ralentit un instant, mon reflet dans le miroir. Un loup émacié, yeux rouges et babines retroussées. Je compris alors qu’il n’y aurait pas d’échappatoire. Lui ou moi. Mort ou vif. Je n’avais plus rien à perdre. J’avais déjà tout perdu.

Sur la route, j’écoutai la radio qui s’embrasait, littéralement. Toutes les stations d’informations s’étaient évidemment focalisées sur le sujet. Elles enchainaient avec une maestria robotisée les interviews sans valeur ajoutée : « Madame X vous habitez à 500 km du lieu de l’accident, avez-vous entendu la déflagration ? » « Pas moi, mais mon chat Bibendum était excité comme une puce, alors que ce n’est pas son habitude, ça montre qu’il à l’ouïe fine ! hein mon pépère. C’est horrible cette catastrophe quand même… ». Les clichés surannés sur les victimes. Les interventions sans âme des professionnels du macabre. Les bilans actualisés toutes les 50 secondes… Enfin le climax arrivait avec le pseudo rappel des circonstances de l’accident : « Léo Admonakis dit DJ Hod, (1.5 milliard de vues sur YouTube) se trouvait aux manettes d’une soirée caritative qui se déroulait au château. 1000 à 1300 « fidèles », étaient rassemblés sur les lieux au moment de l’explosion. À cinq heures et demi du matin, un premier bilan provisoire faisait état de quatre cent trente trois morts et des centaines de blessés graves… » et la rumeur qui enflait, Elohim, le gourou était sorti des décombres, tout de blanc vécu, immaculé et bien vivant. Accident ou attentat ? Personne n’avait encore émis de revendication. Pendant les cinq prochains jours, sauf en cas de guerre nucléaire, on ne parlerait que de ça. Pour moi cela ne faisait aucun doute, le seul commanditaire s’appelait Elohim. Je devais le prouver. Ce ne serait pas une mince affaire.

La petite route sinueuse qui menait au domaine était plus bondée qu’une rame de métro à heure de pointe. Camions de pompiers. Police. Cars régies. Badauds. Curieux. Voisins. Tous essayaient de voir quelque chose. Ils se régalaient du ballet incessant des hélicoptères qui manoeuvraient autour de l’épicentre. Je fis une savante marche arrière et décidai d’abandonner mon véhicule dans un champs transformé en parking de fortune. Marcher me permettrait de réfléchir, j’étais convaincu que mon raisonnement était le bon, mais la grande émotion populaire générée par ce drame risquait de figer une version totalement fausse des faits qui ne serait jamais remise en question. Je serai traité de complotiste, d’aigri, de revanchard, le monde s’acharnerait sur moi, dans l’éventualité où on me laisserai produire mes conclusions, ce qui n’était absolument pas certain.

Je tendis ma carte de presse à un premier barrage, composé de policiers et de membres du service d’ordre de la communauté. Un grand baraqué, chauve comme un bonze, tatoué sur la main du logo – symbole de la secte, s’en empara vivement. Il fit une moue de surprise en scrutant mon identité. Les fidèles me détestaient, à juste titre d’ailleurs. En d’autres circonstances et surtout sans la présence des flics, j’aurai sans doute subi une correction, mais ce n’était ni possible, ni dans son intérêt. Il me rendit la carte, opina à contre coeur du chef pour signifier que c’était bon et . Il osa tout de même m’apostropher avec une parole de la bible : » Un juste qui se laisse ébranler devant le méchant est comme une source aux eaux troubles ou une fontaine polluée. ». Je lui souris tout en lui adressant un discret doigt d’honneur.

A peine quelques mètres me séparaient encore du domaine. Plus j’avançais, plus je me sentais oppressé, je m’efforçais de respirer le moins possible, l’odeur de la mort emplissait mes narines et cela me révulsait. Enfin, l’immense portail se dressa devant moi. Il était comme dans mes brumeux souvenirs, encadré par deux colonnes de pierre surmontées de herses. A moitié ouvert, abandonné, je trouvais cela presque obscène. Je n’aimais pas ce sentiment, violer cette espace auquel je n’appartenais pas. Comme un impression de franchir la porte de l’enfer de Dante. Un point de non retour.

La propriété, en temps normal, était totalement close, bien protégée, hermétique, à l’abri des regards indiscrets et du « vrai » monde. La pluie redoubla d’intensité. A ce propos, un fidèle de la secte dirait dans la presse : « le grand tout » nous a témoigné son infinie tristesse par ses larmes …. J’ y voyais surtout la preuve de son fanatisme absurde.

Archétype du journaliste moderne et high-tech, j’utilisais l’application Notes de l’Iphone pour consigner les éléments observés: A droite du portail, une guérite. Fermée. Stores baissés. Un chenil. Vide. Une grande fontaine ornée de sculptures romaines ou grecques, rien à foutre, jamais trop apprécié ces trucs crypto gays. Un jardin anglais. Un practice de golf. Des bâtiments, modernes, lumineux, à droite à gauche. Des maisonnettes comme des chalets au loin. Je n’apercevais pas encore le château, mais avec un casino et une boite de nuit cet endroit n’aurait rien eu à envier à un palace 5 étoiles.

Eloïm était un génie. « Secte, quelle secte ? » Regardez mes installations: Un havre de paix pour nantis sur-stressés qui ont juste besoin de repos et de spiritualité.». Salaud ! Nous verrons bien à qui le crime profite. Combien de défuntes victimes auront versé jusqu’à leur dernier sou et sang pour Bereshit ?

Lors de mes précédentes investigations j’avais découvert et partiellement révélé une partie des procédés mafieux et illégaux qui avaient permis à « l’association » de prospérer en toute impunité. Le magazine coupable de la parution s’en était tiré avec 5000 euros d’amende et moi je m’étais fait viré de la publication. Je ruminais ce vieux contentieux tête baissée. Soudain, face à moi, un véritable champs de ruine. Le spectacle qui s’offrait à mes yeux hagards était absolument effroyable. Sans expérience des catastrophes, je devais humblement reconnaître mon manque de préparation psychologique. Pourtant le site était presque clean, hormis les gigantesques et funestes décombres. Les blessés et les morts évacués au long de la nuit et du petit jour, il ne restait que des pierres ensanglantées, témoins impassibles du drame. Seuls les médias enfin lâchés et leur encadrement policier arpentaient sans relâche les lieux, à la recherche d’indices ou d’images sensationnelles à partager. Malgré tout, le silence prévalait et les quelques voix qu’on entendait se faisaient murmures.

Comme foudroyé par le syndrome de la page blanche, il me semblait impossible d’écrire quelque chose de potable et je débutais laborieusement mon article ainsi: « Le château de Lott, fleuron du XVIIIème siècle et propriété de la secte (à effacer), du mouvement (c’est nul mais à défaut d’autre chose) «Bereshit: Au commencement» s’est mystérieusement volatilisé (putain soit factuel) »… Impossible de faire mieux. Cela faisait des mois que je ne rédigeais que des billets de blogs sportifs, le plus souvent à l’arrache. Sans sommeil et épuisé par le trajet, je me retrouvais en plein milieu d’une réplique miniature et française du World Trade Center, de surcroit liée à la secte à l’origine de ma déchéance… Je remis tristement le portable dans la poche avant droite de mon pantalon. Trempé et usé. Tout allait se terminer maintenant. Incapable d’aller plus loin. Incapable de changer. Incapable de saisir ma chance. Incapable de ressentir autre chose que de la haine et du désarroi. Tout ici respirait normalement le luxe, l’opulence, l’endoctrinement des nantis. Pas la chair humaine grillée. Énième cigarette. Concentration. Inhalation de la fumée proscrite. Le portable vibrait. Probablement un hurlement textoïque du redac’chef…

Je scrutais le smartphone jusqu’à l’icône sms. Il s’agissait d’un message laconique et sibyllin: « Bientôt… ». L’adrénaline me monta aussi rapidement qu’un shot de Tequila au crâne. Quel crédit donner à ce message ? Qui en était l’auteur ? Pas de nom, pas de numéro de téléphone… Tout cela devenait de plus en plus étrange et je ressentais une pointe de peur mélangée à l’excitation. Après des années de placard, il se passait enfin quelque chose de fort dans mon existence. L’affaire Bereshit me redonnait le souffle de vie perdue.

Lucas Bonvallet se figea devant moi.

— Louis Kadmon ? Qu’est-ce que tu fais là ? Mais j’y pense, dit-il l’air faussement inquiet, t’as pas un reportage à préparer sur Tourcoing – Bayonne en Volley-Ball junior ? Une sonorité grasse sortit de sa bouche épaisse.
— Lucas, toujours aussi… jovial et épanoui ! Je me doutais en venant ici que j’allais recroiser de vieilles connaissances, mais commencer par toi ça me touche beaucoup. Une petite voix mesquine dans ma tête chantonnait l’inverse: « Putain, faut quand même une sacré dose de maz’ra pour se retrouver nez à nez avec l’empereur des connards. Reste calme, ce n’est pas la peine de se braquer. Autant en apprendre le plus possible, surtout d’un moulin à paroles comme Bonvallet. En tout cas l’air du coin lui donne bonne mine… on dirait un pochard de bistrot. Et son costume élimé et sa bedaine. Triste de vieillir comme ça.

Lucas, pour sa part, se délectait de la situation. Torturer Kadmon était un véritable plaisir. Dans leurs jeunes années à l’école de journalisme, il l’avait pourtant jalousé. Plus brillant, plus efficace, plus beau, mais Louis avait sabordé sa carrière en s’acharnant sur une estimable institution. Une folie pure ; que pouvait-on reprocher à Eloïm et à ses fidèles ? Les attaques de Kadmon n’étaient ni fondées ni tangibles. D’ailleurs le drame du château n’était sans doute que la conséquence d’un regrettable et tragique concours de circonstances. Le monde entier était ému par cet effroyable accident. La tendance était à la sensiblerie. Son article irait d’ailleurs dans cette direction. Il allait faire chialer dans les chaumières. Grâce à son brillant papier, Eloïm le remarquerait enfin et lui proposerait sans doute de rejoindre les hautes instances de la communauté…

Lucas continuait son petit manège pour faire sortir Kadmon de ses gonds. Bonvallet bien que chef de rubrique d’un quotidien régional, n’était en réalité qu’un pauvre mec adipeux au visage rongé par l’alcool. Sans scrupules. Un rat qui avait écrasé, profité des pigistes et stagiaires passés par son service pour gravir les échelons. Mais le fait était assez rare pour être souligné, il était là en personne et n’avait pas comme à son habitude délégué un de ses sbires… Les rapaces se délectaient toujours de l’odeur du sang.

» Ton avis sur la situation ? » Lucas me jaugeait orgueilleusement du regard. « Tu as vraisemblablement accès aux mêmes informations que moi. Tu peux en tirer les conclusions que tu veux. » Le chef de rubrique, rouge cramoisi, fit mine de chercher un autre interlocuteur plus digne d’intérêt et prit congé sans autre forme de cérémonie. J’exhalais un soupir de soulagement. Derrière l’écran à rédiger des billets sportifs, je n’étais plus soumis aux pressions de ces êtres exécrables, se frotter de nouveaux à eux était finalement bien plus difficile qu’escompté. Lassé des incessantes intempéries, je m’abritais un moment sous l’auvent d’une maisonnette située à une vingtaine de mètres derrière le château. De discrètes petites caméras étaient disséminées un peu partout. « Pas de stress, je suis libre de circuler où je veux. La guérite qui sert certainement de poste de contrôle est fermée. Les flics ne s’intéressent pas à moi. Ils ont l’habitude d’avoir des fouineurs auprès d’eux et n’y font pas attention. C’est bon, vas-y fonce ! » Les « fouineurs » étaient des journalistes dûment accrédités, parfois utiles à l’enquête. Capables de remarquer des détails futiles mais qui pouvaient se révéler finalement importants voire essentiels. La seule contrainte était de donner prioritairement l’information aux forces de l’ordre avant publication, avec en corollaire le risque de censure. Je n’avais bien évidemment jamais respecté ce principe.

Le rédacteur en chef de « nouvelles du monde » n’avait pas fait les choses à moitié pour lui obtenir ce blanc seing, songea Kadmon.
Il reprit son monologue intérieur: « Au premier abord la thèse de l’accident s’impose d’elle même, mais je ne peux pas y souscrire. Pas après tout ce que j’ai vécu avec Bereshit… »
Louis aperçu au loin un énorme Hummer noir franchir le cordon de sécurité et s’approcher des décombres. La voiture freina. Majestueusement Eloïm sortit de l’arrière du véhicule, précédé de deux armoires à glace. Lunettes noires. Costume noir cintré et chemise blanche. Une vraie Rock Star.
Un court instant le journaliste eu la nette impression d’être observé. Il s’agaça: « Cet enfoiré de gourou est toujours en vie. Eloïm n’était sans doute même pas présent à la soirée. Comme par hasard…»
Louis tira d’une de ses poches, un paquet de cigarettes à moitié plein, enfonça nerveusement la tige dans sa bouche, se servit de son zippo, dernier vestige de son adolescence et massacra la première bouffée. Après un moment de réflexion tabacologique, il écrasa la cigarette sous sa bottine Weston vieille de 10 ans et parcouru son téléphone à la recherche de l’icône verte messages. Cinq sms en attente.
Au premier texto: « Bientôt vous allez tout savoir » succédait un chiffre: « 7 », puis « porte ouverte. caméra nord ». Ca se précisait de plus en plus… D’autre part, le listing avait bien été expédié. Louis le parcouru rapidement. Il reconnu certains noms, personnalités du show-biz, des dignitaires de l’ordre, mais quel était leur point commun ? Pourquoi étaient-ils morts ? Enfin comme prévu, at last, une missive de Tomassin pour savoir où en était la rédaction de son papier. D’abord, il lui fallait résoudre l’énigmatique jeu de piste, c’était prioritaire. Il compta sept pas, regarda les emplacements des caméras, s’impatienta, traversa le domaine en long en large, en travers, attendit un nouveau texto… Le temps passait, son article n’avançait pas…
Quel idiot se dit-il ! Un détail venait enfin de lui sauter aux yeux. En inspectant pour la énième fois une des maisonnettes. Au dessus de la porte d’entrée était gravé un chiffre romain doré… « Donc, si je continue logiquement jusqu’à la VIIeme demeure, la porte d’entrée doit être ouverte… mais avant je dois neutraliser la caméra située au nord. Mes réponses sont peut être à l’intérieur, à moins que ce ne soit un piège… Qu’est ce que je risque de toute façon ? » Tout content d’avoir résolu l’énigme après deux heures de tentatives infructueuses, Louis se félicita d’avoir bouffé des tonnes de thrillers américains. Il était du reste persuadé que fort de cette expérience empirique aucune énigme ne pouvait lui résister très longtemps.
Sans avoir un sens de l’orientation surdéveloppé, il ne manqua pas de voir au nord, effectivement pointée face à la bicoque, une caméra de sécurité dont la petite lumière rouge scintillait. Pourquoi celle-ci était toujours en activité alors que les autres ne fonctionnaient plus ? La secte devait probablement disposer de plusieurs groupes électrogènes.
Louis ne brillait malheureusement pas par ses qualités athlétiques. L’exact opposé d’un journaliste « tout terrain ». Il mesurait à peine un mètre quatre vingt, présentait un surpoids de cinq ou six kilos, fumait un paquet de cigarettes par jour et buvait le plus souvent jusqu’à plus soif dès que l’occasion se présentait. Tout ça ne lui disait rien qui vaille. Cela prenait même une tournure délirante. Il réfléchit: « Admettons… Comment contourner l’obstacle de la caméra ? Il y a bien dans le coin quelque chose qui peut m’être utile. Personne dans les parages ? Alors à quoi bon se prendre la tête à échafauder des plans compliqués. Je retourne sur mes pas à la recherche d’une barre de fer ou d’un objet équivalent et après tout pourquoi pas une branche ou même mon parapluie ? » Louis se résolu à conserver son pébroque, trouva un arbre pas trop grand à côté de la maison V. Le néo Sherlock Holmes s’y reprit à deux fois en se suspendant au rameau qui rompit mais ne se cassa pas immédiatement. Il s’épuisait: « Putain et l’heure qui tourne et j’ai envie de pisser et je commence à être saoulé au plus haut point. » La troisième tentative fut la bonne. Le coup de fouet qu’il lui fallait.
A pas de loup, il se glissa sous la caméra et tenta de la détruire à coups de branche d’arbre. La technique semblait foireuse mais s’avèra au bout du compte payante. Louis gloussa intérieurement: « Le redbull doit encore faire effet. Caméra neutralisée ! » Tout heureux de son forfait, Kadmon s’esclaffa sans retenue en voyant l’objet pendouiller le long du mur.
Il reprit rapidement sa contenance initiale, conscient des risques encourus, s’approcha prudemment de la poignée de la porte, la manipula… celle-ci s’ouvrit sans efforts. Louis pénétra dans un genre de chalet cosy et chaleureux. Il n’eut pas besoin d’allumer la lumière. Il faisait plein jour. Son coeur battait la chamade, il s’attendait à une embuscade, certain d’entrer tout droit dans la gueule du loup.
Que pouvait bien faire Eloïm s’interrogea Louis. « Il doit préparer son communiqué de presse.» Sa montre affichait, 12h05. « Je suis définitivement à la bourre et sans doute hors jeu pour l’article. » Un escalier. A contre coeur, la tête baissée et résigné, il monta les marches vers son destin…
Eloïm se faisait maquiller dans une petite pièce attenante au studio d’enregistrement, dans un bâtiment annexe au château. Ses assistants avaient décoré la pièce selon ses désirs, miroirs en bois sculptés du XVII ème siècle, un chandelier en or, des plantes exotiques, un écran video de 165 cm qui diffusait en boucle un condensé de ses meilleurs prestations scéniques. Une bouteille de Krug dans un seau à glace en cristal de Baccarat et des macarons de chez Ladurée, Eloïm raffolait de ces petites attentions.
— Où est Kadmon ?
— Il est enfin entré dans la VII. Cet abruti a défoncé la caméra avec une branche d’arbre !
— Bien, bien, bien. Toujours aussi rustre dans ses manières. J’espère qu’il trouvera le cadeau que nous lui avons laissé.
— Ne vous inquiétez pas monsieur, nous avons respecté votre plan.
— Je le veux !
— Et vous l’aurez. Si vous me permettez, il me semble que vous n’avez jamais eu à vous plaindre de mes services jusqu’à présent… Monsieur ?
— Jamais ! Tout à l’air parfait. Mon discours s’il vous plait ?
— Voilà monsieur.
Il jeta un rapide coup d’oeil au texte.
— Hum… oui, c’est pas mal. Intéressant. Allons livrer au monde notre profonde tristesses d’avoir perdu ces êtres si cher et surtout renforcer chez nos fidèles leur foi en notre belle cause.
Un sourire carnassier déformait son visage impassible…

Alix pose le manuscrit, passe sa main dans ses cheveux bouclés, signe de nervosité:
— Ne le prends pas mal, mais ce n’est pas de la grande littérature. Ca vaut à peine un épisode des experts Miami ton bouquin.
— Pourquoi tu cherches toujours à critiquer ce que je fais ?
— C’est pour toi que je dis ça. De toute façon qu’est-ce que ça t’apporte ce livre ? Tu crois quoi ? Que tu vas avoir le prix Goncourt ?
— Merci !
— Et voilà tu te fermes, ! Tu ne comprends pas ce que je veux te dire.
— Je comprends très bien. Comme d’habitude dès que je commence quelque chose, ça ne va pas.
— Le problème, c’est que tu commences plein de trucs, mais tu ne finis jamais rien !
— Mais laisse moi avancer au lieu de critiquer. Sincèrement j’accepte les critiques lorsqu’elles sont justifiées et là je trouve que tu es dure.
— Bon. Je te laisse, faut que j’aille bosser… tu sais ramener de l’argent pour manger. Je n’ai pas la chance de rester toute la journée à la maison…
— Excuse moi, mais ce n’est pas une chance d’être en arrêt maladie pour dépression.
— La dépression ! Ce joli mal du siècle. Pour ma part cela fait quinze ans que je travaille dans la même société. Aujourd’hui je suis la première assistante du directeur et tout le monde m’adore. Il n’y a pas de mystère, si je n’étais pas là cette boîte aurait certainement déjà mis la clé sous la porte. Ce soir j’ai Zumba. J’y vais avec Zaza et Lilou et tu videras le lave vaisselle. Pour le déjeuner c’est dans le frigo: Les restes d’hier soir si tu veux. Par contre tu ne me laisses pas des miettes sur la table comme toujours. Tu sais très bien que je déteste ça. Et ne le prends pas mal, mais tu devrais te raser et quand est-ce que tu vas aller chez le coiffeur ? Tu as bientôt 40 ans et j’ai toujours l’impression d’être avec un ado attardé. Zaza, tu sais ma copine dont le mari est ingénieur, il l’emmène à Punta Cana, en république dominicaine pour Noël… ben c’est pas prêt de m’arriver ! Pourquoi tu ne fais pas un fongecif, ou les concours administratifs ? C’est bien fonctionnaire, tu as la sécurité de l’emploi et une bonne retraite et on peut emprunter pour acheter une maison. Enfin. Fais ce que tu veux. Comme toujours. À ce soir !
La porte claque.
Enfin seul.
Mes mains forment des poings. La jointure blanchit tellement je serre fort. Je rêve d’écrire mon roman depuis des mois, des années ? Un beau projet, une manière d’exorciser la sordide existence qui est la mienne.
Je me lève, regarde par la fenêtre. Il pleut encore. Alix était cool au début, un peu ronde physiquement, un peu psychorigide mentalement, mais au moins elle me foutait la paix.
Je vais dans la cuisine et je me sers un verre de vin, du blanc pas cher, qui défonce le crâne autant que les entrailles. Tous les grands auteurs boivent, alors moi aussi.
Je m’installe, pas très confortablement, sur le canapé Fly de notre petit salon. Dans 45 mètres carrés tout est petit, enfin il parait que je ne dois pas m’en plaindre, parce qu’il y a moins chanceux.
J’allume la télé, la Playstation et je lance une partie de Call of Duty.
« Un super jeu de guerre, dans lequel tu tues tout le monde » comme me l’a dit le branleur du magasin de jeux-vidéos au bout de la rue qui me l’a vendu. « Vous allez voir c’est génial, votre fils va adorer ! » Un fils ? mais j’ai pas de fils, pauvre con de geek. Ma carte de fidélité tamponnée, un petit bonhomme ressemblant vaguement à Mario qui fait le V de Victoire en souriant. J’étais rentré à mon domicile, puis j’avais méticuleusement rangé le jeu dans une autre boite pour éviter qu’Alix ne crise et ne me sermonne sur le fait que je dilapide n’importe comment notre argent.
Je m’évade un instant. Le temps passe. Je ne franchis même pas le premier niveau, ça m’énerve. J’arrête. Je retourne à l’ordinateur. J’ai le cafard. Une vraie bonne crise d’angoisse. Je sais les détecter maintenant. Mon verre est vide. Je me resserre d’abord. Je vais sur un site porno le temps d’une petite branlette décevante face à ces actrices factices. Je regarde mes mails, rien à part des spams, des publicités non désirées, mais qui désire vraiment la pub ? Mon verre est vide. Je me resserre, la bouteille est presque vide. Il faudra que je sorte pour la jeter sinon je vais me faire engueuler. Je vais inscrire ça sur ma to do list. Je consulte mon agenda: Demain, rendez-vous avec le psy. Je vais encore chialer en repensant à mon chef, à ma femme, à mon passé, à mon avenir, à cette vie absurde. Mais si je ne veux pas reprendre le boulot, c’est la moindre des choses.
«Un sourire carnassier déforme son visage». Elle n’est pas mal cette phrase quand même. Je fais des efforts. Allez cette fois je m’y mets.
Le téléphone fixe sonne. Numéro inconnu. Je ne réponds pas.
Avant de lancer Word, je vais sur Facebook, espionner la vie des autres. Copains. Collègues. Famille. A les voir ainsi se vanter, ils me révulsent parce que je les envie. Machin qui publie ses photos de Tahiti, l’autre a un concert ou dans tel restaurant huppé. Je suis las de ce monde à deux visages. Mon esprit divague:
« Il est des matins où l’angoisse étreint: Une sensation physique qui démarre dans le creux du ventre pour finir dans la gorge. Il est des matins où la nuit semble avoir duré des jours. Une nuit sans lune, noire comme les ténèbres qui recouvrent et aspirent. Il est des matins de tristesse incommensurable. Des larmes de sang perlent sur les joues. Il est des matins où le sol s’effondre à chaque pas. Il est des matins où l’on se demande pourquoi ? Aujourd’hui n’est pas plus redoutable qu’hier et demain est encore à façonner. Il est des matins sans espoir, il est des matins sans soirs. Il est des matins d’absence, des matins de conscience, des matins sans lendemains .»
En un instant les mots s’affichent à l’écran. J’ai envie d’envoyer le texte à Grand Corps Malade, il pourrait peut être en faire un slam ?
J’efface tout ça. Je me frotte les tempes et j’essaie, bien que pas mal éméché, de poursuivre l’écriture de mon oeuvre littéraire.
Louis est à l’étage: Scénario 1 Une bombe anatomique l’attend dans la chambre, 2 Un tueur sanguinaire, 3 Un Ipad qui contient toutes les données utiles pour l’enquête, 4 Une grande trace de sang au mur… genre Kadmon m’a tuer… Ces différents scénarios sont tous séduisants mais il manque un détonateur, du peps, un truc qui fait décoller le lecteur…
Conscient qu’une petite stimulation externe peut s’avérer nécessaire en pareil cas (ce n’est pas le coup de fil à un ami, mais celui qui ouvre les portes de la perception), je vais piocher dans la petite boîte en bois sur la deuxième étagère de la bibliothèque (Billy de chez Ikea) une bonne petite pincée de beuh que fume usuellement Alix avant nos rapports sexuels. (Dire qu’elle a besoin de ça pour baiser !)
Je prépare mon bédo et m’installe à la fenêtre en espérant que le vent ne rentre pas dans la pièce ce qui m’occasionnerait une sérieuse engueulade. Le mélange vin et herbe commence à faire son effet. Je me réinstalle sur le fauteuil en cuir du bureau (qu’on a eu en promo grâce au fournisseur de la société d’Alix) et je tente un exercice d’écriture automatique:
«Nous dirigeons-nous inconsciemment vers un Sims humain version Orwell ? Aujourd’hui insidieusement et parfois même à notre insu, nous nous substituons totalement à l’autre. Ce n’est plus un simple avis : « A ta place j’aurais fait ça » mais plutôt « Donne-moi le commandement de ton être que je te pilote. » A force de télé – réalité, d’abandon de responsabilités, d’infantilisation globalisée, nous n’avons plus conscience de notre propre existence, seul l’autre est vrai, vivant, tangible. Fantômes en quête de corps à occuper, nous « switchons » de l’un à l’autre jusqu’à expulsion ou rejet. Nous savons exactement ce qui est bon pour l’autre, ce qu’il doit dire, ce qu’il doit faire, où et comment il doit agir, sa seule marge de manœuvre est le seuil de notre intolérance, avise-toi de reprendre les rênes et tu seras bon pour le bannissement pur et simple. Et moi dans tout ça qui suis-je, que fais-je, où vais-je ?»
Le résultat n’est pas probant. J’efface. Je vais faire une sieste.
Je m’allonge sur le dessus de lit en prenant soin de ne pas trop le froisser. Je m’assoupis. Mauvais rêves. Plongée dans le maelström du passé. Vision vitriolesque de l’inaptitude à ne pas avoir confiance en moi. Stress. Oppression. Sentiment de lourdeur et peur du regard, de ce que peut penser l’autre (le pire ?). Interprétation. Fantasme inassouvi. Mais comment me placer ? Comment agir ? Comment me libérer pour forcer l’étau qui me contient. Désir de tout ce que je ne serai jamais. Plaire. Être adulé. Chimères de l’égo et de l’image. Mon univers est construit sur un si fragile édifice de verre. A tout moment tout va exploser, correspondre à ma vision cauchemardesque, à cet enfer qui revient encore et toujours annihiler mes tentatives, mes efforts en direction de la lumière, du bonheur, de l’harmonie. C’est si facile à dire, à formuler, mais les alternatives, dérision, cynisme, humour n’ont pas réussies à me guérir. Incurable.
Alors quoi ? être choyé, aimé, adulé, bercé, rassuré ? Mais je suis comme le scorpion, prêt à piquer la main tendue qui m’aidera, me sortira du puits sans fond dans lequel je vis depuis si longtemps.
Réveil brutal. Je suis désorienté. Alix rentre dans une heure ? Non, elle a Zumba, je suis sauvé. A l’extérieur la pluie ne cesse pas de tomber. Flip démentiel pour rien, en fait il n’est qu’onze heures du matin… En réalité mon mal et moi sommes d’authentiques amis, nous nous suffisons l’un à l’autre.
J’aperçois mon reflet dans le miroir de la chambre. Poils blancs dans la barbe et sentiment de lassitude. Réveil gueule de bois. Le poids des ans dans le corps et dans l’âme. Mais quelle est donc cette affliction si difficile à conjurer ? Oh mais c’est le syndrome du vieux con ! Les leçons de la vie apprises dans la chair sont sacrifiées à l’autel de la vanité. Amertume des efforts engagés sous les auspices de la sincérité et le monde qui tourne mieux quand chacun est à sa place. Mais comment l’être dans une partie de jeu vidéo en split-screen perdue d’avance ? Je tue Il comme dirait l’Autre, cet autre méprisé à longueur de mauvaise prose. Tolérante intolérance, complice des vautours qui se repaissent des faibles. Fatuité et sûreté de soi. A quand le tout pour le tout de la Vie en harmonie ? Ok, j’ai compris, encore un cri dans le désert… Alors promis, demain j’arrête.
moi moi moi moi moi moi moi moi moi moi moi moi moi moi moi moi moi toi: Cherchez l’intrus.
Mon crâne est en ébullition: médicaments, drogue, alcool. J’ai faim. Je cherche une recette sur Internet, je refuse de manger les restes dégueulasses d’une pintade aux choux aqueuse et sans saveur. Celle-ci me plait:
Boeuf coco au curry Thai. Je note la liste des ingrédients sur une petite feuille de papier: 250 g de pulpe de noix de coco. Env. 600 ml de lait chaud. 400 g de boeuf maigre 1 oignon de taille moyenne en fines rondelles 1/2 c.c. de sel 1 c.s. de sambal oelek ? Qu’est ce que c’est que ce truc ??? (Le sambal oelek est une pâte de piment frais à laquelle il a été ajouté du sel et du vinaigre). On verra si j’arrive à trouver, sinon je le ferais maison. Le zeste râpé d’un citron non traité 1 c.s. de sauce de poisson (nuoc mam). 1 poivron rouge en lamelles 1 c.s. de feuilles de menthe poivrée hachées. 1 c.s. de coriandre. Mixer la pulpe de coco et le lait. Presser le mélange dans une passoire. Récupérer le liquide obtenu. Couper la viande en lanières de 5 cm de large. Porter a ébullition le lait de coco dans une casserole puis ajouter la viande, l’oignon, le sel, la pâte de sambal, le zeste de citron et la sauce de poisson. Couvrir a moitié et laisser mijoter a feu doux pendant 40 minutes tout en remuant régulièrement. Ajouter les lamelles de poivron et laisser cuire a découvert jusqu’à ce que la sauce soit évaporée. Parsemer le plat de feuilles de menthe et de coriandre. J’espère simplement ne pas salir la cuisine, sinon ça va barder pour mon matricule.
Je vais dans la salle de bain pour prendre une douche. Je me regarde dans le miroir, elle a raison. Ma barbe remonte, n’est pas égalisée, cela fait sale. On dirait un SDF. Avec mes pupilles dilatées et le blanc des yeux rouge en plus, il y a de quoi donner envie aux rombières de changer de trottoir.
«Un sourire carnassier déforme mon visage impassible ».
Bien sûr que je vais rester ainsi, une ombre au visage rongé par une mauvaise barbe et aux yeux fous.
Je suis ce que vous avez fait de moi.
Je m’habille sobrement: Un jean et un sweat shirt informe. Une paire de baskets fatiguée. Il fait froid, je mets mon cuir.
Dans le couloir sans lumière, j’attends l’ascenseur qui tarde à venir. Une voisine en sort. Elle est grasse. Laide. Ses yeux ne reflètent rien. Nous échangeons un bonjour de méfiance. Je sens qu’elle n’est pas rassurée en ma présence, que croit-elle ? Moi non plus je ne suis pas rassuré ! Respirer le même air qu’elle c’est m’exposer à la contamination de sa médiocrité. Enfin elle me laisse la place. L’ascenseur descend. Mes mains sont moites et mon cœur palpite. J’appréhende l’extérieur, le regard inquisiteur des uns, le dégoût des autres, l’indifférence de tous.
«Aujourd’hui est encore pour moi un jour de pré-fin du monde. Je crois que les hommes sont devenus fous (ne l’ont-ils pas toujours été ?). Ils passent leur temps à soutenir l’insoutenable, à se retrancher derrière le « c’est comme ça » pour justifier l’injustifiable, à refuser d’aimer pour dénigrer et s’enferrer toujours plus loin dans l’agressivité. À quoi bon s’entêter à croire que l’alternative est possible, que demain est un autre jour fait de rêve, de beau et de bon ? Que puis-je faire pour que le tout succède au rien, le jour à la nuit, la lumière aux ténèbres ? J’ai faim de vie et partout ça pue la charogne, les zombies du système haïssent toujours plus les libres penseurs. Ce que je ressens est de la pornographie pour ceux qui s’enorgueillissent du matérialisme et du consumérisme. Esclaves et bonimenteurs, moribonds et fuyards.»
Alix en bonne fidèle du prêt à penser ne s’est même pas demandée pourquoi j’avais appelé mon personnage principal Kadmon.
Je fais une rapide recherche sur le net avec mon téléphone portable, parce que même moi je ne sais plus pourquoi !
L’Adam kadmon est un terme cabalistique issu du symbolisme du Zohar, exprimant la conception anthropomorphique du royaume divin. Les sefirot, sont décrites symboliquement comme composant une immense forme d’apparence humaine: Les trois supérieures, Keter (Couronne), Hokhmah (Sagesse) et Binah (Intelligence) correspondent à la tête ; Hessed (Bonté) à la main droite, Din (Jugement) à la main gauche, Tiferet (Splendeur) est le corps ou le cœur, Netsah (Eternité) la jambe droite, Hod (Majesté) la gauche et Yessod (Fondement) l’organe mâle. L’élément féminin dans le royaume divin, Malkhout (Royauté) ou Chekhinah (Présence divine), est décrite comme un corps féminin parallèle.
Le concept d’Adam Kadmon correspond à l’interprétation mystique par la cabale de l’imago dei − la création de l’homme à la ressemblance de Dieu (Genèse, 1, 26). Ce symbolisme mystique est fondé sur l’interprétation anthropomorphique des versets du Cantique des cantiques 5, 10-16, où le « bien-aimé » est compris comme étant Dieu lui- même. Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, le Cerf 1993
Le Cantique des cantiques ? J’ouvre une autre page, il s’agit de la traduction de la bible par André Chouraqui:
10. Mon amant transparent et rouge, éminent au-dessus des myriades,
11. Sa tête est d’or vermeil; ses boucles ondulent, noires comme le corbeau.
12. Ses yeux, telle des palombes sur des ruisseaux d’eaux,
baignent dans du lait, habitent en plénitude.
13. Ses joues, telles une terrasse d’aromates, sont des tours d’épices;
ses lèvres, des lotus, dégoulinent de myrrhe ruisselante.
14. Ses mains, des sphères d’or remplies d’émeraudes;
son ventre, un bloc d’ivoire évanoui dans des saphirs.
15. Ses jarrets, des colonnes d’albâtre fondées sur des socles de vermeil.
Sa vue comme le Lebanôn, il est élu comme les cèdres.
16. Son sein est douceurs, son tout désirable. Voilà mon amant,
voilà mon compagnon, filles de Ieroushalaîm.
J’arrive à Auchan heureux et déconfit, heureux parce que ce texte m’a empli de joie, même si je l’ai lu en diagonale, mais déconfit parce que je ne serai sans doute jamais capable d’en faire autant.
Je passe de rayon en rayon avec mon caddie. Le supermarché est comme le métro, un condensé d’humanité, toutes les couches et les strates de la population y sont rassemblées.
J’ai trouvé presque tous mes ingrédients, je vais pouvoir faire ma recette.
Je scanne les articles, les dépose dans mon petit sac en toile, remet le chariot à son emplacement et m’en retourne au nid, presque satisfait d’avoir survécu à cette terrible épreuve.
En marchant je repense à mon histoire personnelle. Tout a commencé un Lundi 26 Janvier à 17:05. C’est intéressant de le savoir parce que mes parents se sont toujours enorgueillis de ma naissance. (Que sont-ils devenus ? Je n’en sais rien, nous ne nous connaissons plus). Ni joie ni amour ni partage, juste le plaisir de se vanter de ce qu’ils représentaient alors, persuadés qu’on en a quelque chose à foutre. Ce n’est absolument pas le cas. Il n’y a pourtant aucune gloire à priver un enfant de sa légende personnelle. Attention, je ne prétends pas que ce soit la Vérité. Il s’agit d’un ressenti, d’un vécu. Éprouvé dans la chair et dans l’âme.
Comme dit le soufi: « La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s’est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s’y trouve ».
Père absent et égocentrique. Mère castratrice, caractérielle. Les deux dotés d’un penchant prononcé pour l’alcoolisme dit mondain. Beaucoup de séparations, déménagements, cris, disputes, rancœur, pleurs, abandons, humiliations.
Maurice Dantec dans les racines du mal explique de façon romancée que la privation des racines génère des tueurs en série. Cela ne semble pas s’appliquer à moi. Pour l’instant.
Impression d’avoir été privé d’enfance. Sacrifiée à l’autel de l’hystérie et de la jalousie. Morts, drames, conflits. Si j’en suis là aujourd’hui, je le dois à moi même bien sûr, mais ils ont leur part de responsabilité. Je suis aujourd’hui seul.
Seul avec Alix, mon juge, jury et bourreau depuis notre rencontre.
Âgé de 20 ans je démarrai à peine dans la vie professionnelle et à cette époque j’étais un sacré aficionados des barathons (enchainement de plusieurs bars en une soirée) avec Olivier, Adrien, Benjamin et un autre mec dont je ne me rappelle plus le nom.
Notre QG d’alors, le Caméléon était une authentique taverne à poivrots. Les minets et surtout les minettes adoraient s’encanailler là bas.
Nous surnommions le barman Tom Cruise en hommage au film Cocktail, alors qu’il ressemblait plus au type du film la mouche après mutation. Complètement barré ! il kiffait au premier degré, persuadé de sa beauté et nous offrait un nombre incalculable de tournées.
A fond dans ma période métal, je me voyais roadie pour les plus grandes stars du genre et même si en semaine j’arborai le costume cravate de rigueur, (j’étais commercial en alternance dans une boite d’informatique), le week-end j’optais plutôt pour le futal en cuir moulax avec des santiags le perfecto et les poignets de force (la classe). Je portais le bouc et les cheveux longs ramenés en queue de cheval.
J’ai conservé quelques uns de mes superbes t-shirts à l’effigie de mes groupes favoris, Guns n’ Roses, Metallica, Nirvana etc. que je porte encore aujourd’hui… mais la plupart du temps pour dormir.
Ce soir là Benji nous lança un défi. « Celui qui reste bredouille ramène les autres en bagnole» avec tous les risques que cela comportait bien entendu.
Le défi me semblait pour une fois à ma portée. Soir de la saint Valentin, une bonne aubaine.
Mes potes plus en jambe que moi avaient rapidement jeté leur dévolu sur de la «pas trop farouche» sensible aux tatouages de Benji, tchatche d’Olive et compte en banque d’Adrien. Il ne restait plus que machin et moi à départager. Impossible de me souvenir de son prénom. Usuellement on l’affublait du qualificatif de «porte-manteau». Taiseux au possible, on a jamais trop compris pourquoi il traînait avec nous, mais tant qu’il raquait sa tournée, il était libre de nous accompagner.
Je ne me souviens pas de tout mais globalement mes potes galochaient ou se faisaient sucer dans les chiottes, tandis que je m’attaquai à un sacré morcif.
Ma proie participait à un enterrement de vie de jeune fille. Maquillée en Gene Simon de Kiss, la taille assez fine (à l’époque) l’air froide de «celle qui n’aime pas ça, mais du coup on voudrait bien lui faire goûter pour qu’elle comprenne que c’est bon», aux prises avec machin qui n’arrivait même pas à lui faire décrocher un sourire.
J’y suis allé aussi serein qu’on peut l’être après 15 bières et une bouteille de whisky. Sorti deux, trois conneries à l’oreille (des trucs humiliants sur mon pseudo pote) qui eurent le mérite de la dérider un peu. Puis je l’ai invitée sur la piste de danse. Le morceau idéal pour moi: Sweet Child O’ Mine des Guns. Exécutai ma célèbre imitation d’Axl Rose et embarquai la demoiselle pour un tour galant sur une banquette pas trop crade, un peu à l’écart au fond du bar, pas loin des toilettes, mais pas trop près non plus.
On a parlé de nos vies. De son désir de devenir secrétaire comptable et du nombre de lourds qu’elle avait rembarré ce soir là. Je l’écoutai la queue dure en me demandant à quel moment nous passerions enfin aux choses sérieuses.
Machin un peu vexé tenta de revenir vers nous. Affolée elle n’eut pas d’autre recours pour s’en débarrasser, que d’attraper mon visage et de le coller contre le sien pour un baiser fougueux. Fier comme un coq de basse court, je jetais un regard dédaigneux à l’autre baltringue de «Porte Manteau» du genre: « Tiens les clés de bagnole connard ! ». Battu, il rejoignit Guillaume sur la piste de danse et tous deux se mirent à rire, sans doute de moi. D’accord ce n’était pas la plus canon du bastringue, mais elle avait son charme quand même.
Royal au bar j’attaquais direct baby et bières. Coupe de champagne pour la demoiselle qui répondait au nom d’Alix.
La suite respecta un scénario on ne peut plus classique: Echanges de numéros de téléphones. Thune claquée à faire le beau. Perte naturelle de mes potes due au «maquage». Installation. Vie de couple. Emmerdements. Prises de tête et de poids, pour finir aujourd’hui avec une dépression. Logique ?
Le temps passe si vite. Un jour on se réveille dans un corps en décrépitude, tandis que l’esprit n’a pas évolué au même rythme. Syndrome de Peter «Michael Jackson» Pan, mais comment réussir à faire coïncider les deux horloges ? Aucune idée.
Je rentre et prépare mon gueuleton. De toute façon Alix est réfractaire à la nourriture étrangère. Elle ne veut pas essayer, ni même goûter. Je ne la prive donc de rien.
Ça sent bon. La pression descend. J’apprécie ce moment à sa juste mesure.
Louis Kadmon revient peupler mes pensées. Craint-il que je ne l’abandonne au profit d’un récit sur ma propre existence. Mais qu’aurai-je donc à dire sur moi d’intéressant ? «Bonjour je suis commercial, en arrêt maladie pour dépression, en couple avec un troll qui fait de la Zumba avec une tartine de Nutella dans la bouche !»
Autant c’est valable pour une émission de télévision de deuxième partie de soirée, mais à lire, il est probable que l’ennui prédomine.
J’attaque ma deuxième bouteille de vin. Surtout ne pas se laisser abattre ! mon repas à l’air exquis. J’ai vraiment l’impression qu’un poids s’exile de mon corps.
Mon téléphone sonne. Alix.
— Allo ?
— Ah non mais tu sais pas quoi ? ce gros con de Letendre, il a choisi Isabelle pour l’accompagner à Paris au salon de l’emballage ! Je vais te dire, je suis sûre qu’ils fricotent ensemble… fallait voir leurs regards complices et que je te complimente par ci et que je te serve la soupe par là. De toute façon elle m’a dit qu’avec son mari il y avait de l’eau dans le gaz et que leur voyage était un moyen de raviver la flamme dans leur couple. Pff, il a pris un crédit sur 36 mois pour le payer. Ils sont endettés jusqu’au cou. Non mais tu te rends comptes ? Qu’est-ce que tu manges ?
— Je me suis fait une recette.
— Ouais ben n’en fous pas partout.
— Tu vas pas à la Zumba alors ?
— Évidemment que j’y vais ! Je vais tirer cette affaire au clair et lui faire cracher le morceau.
Elle raccroche. Je n’ai plus faim. Mon plat est nickel, mais j’en jette les trois-quarts.. Ecoeuré. La charge est de nouveau revenue, au creux de mon ventre. Je me resserre un verre de vin.
Nous ne sommes pas un couple, mais l’association d’une frustration avec une plaie.
Je nettoie et range de mon mieux les ustensiles et je fais en sorte que la cuisine ne devienne pas un prétexte d’engueulade.
Pourquoi je ne réagis pas ? Pourquoi je ne quitte pas Alix, sorte d’extrapolation monstrueuse de ma mère ?
Je ne ressemble à rien. Je n’ai pas de situation, en tout cas plus vraiment depuis que j’ai décidé de profiter de ma dépression. Pas de vie sociale, mais elle non plus, c’est pour ça qu’elle est autant aigrie et rigide. Elle déteste le monde mais le monde la déteste et la rejette. A part les rebuts et les mecs bourrés personne ne pose un regard sur elle. Ce n’est pas une question binaire de beauté ou de laideur, c’est une question de charme, d’attitude, de dégager un «je ne sais quoi». Mal fagotée, elle n’a pas de goût et prétexte le manque de temps pour se laisser aller.
Bien sûr que nous pourrions être mieux acceptés par la société en faisant des sacrifices. Moi en renonçant au mal qui me ronge et en me conformant au système, Alix en travaillant son image. Elle est déjà hypocrite, il ne manque plus que le physique.
Je retourne à l’ordinateur, j’ai besoin de légèreté. J’opte pour le premier scénario.

Kadmon partiellement rassuré, fait le tour de l’étage, ne découvre rien de particulier, mais l’ensemble est trop immaculé pour être honnête. La seule pièce qui restait à vérifier était la chambre. Il fit ses prières ou quelque chose d’approchant, puis entra.
Louis croyait rêver. Sur le lit, une jeune femme nue l’attendait. Elle avait l’air douce, candide, mais déterminée. Le journaliste percevait dans ses yeux, l’origine du désir. Il se dit que s’il fallait mourir aujourd’hui autant que cela soit ainsi. Elle dépassait le cadre figé du physique ou de l’esprit. Absolument parfaite. Juste à son goût. L’incarnation sans fards de la beauté réelle hors des standards et des stéréotypes, telle qu’il l’avait imaginée, sans jamais l’avoir rencontrée. Faite pour lui, comme lui était fait pour elle, cela ne faisait aucun doute.
Elle s’approcha de Louis, le guida vers elle, ses cuisses s’ouvrirent délicatement. Il accepta sa demande. Kadmon ensorcelé, la dévora à pleine bouche. Sa main caressa ses cheveux puis il serra un peu plus fort, elle rejeta sa tête en arrière, lui offrit son cou qu’il baisa tendrement. Il glissa un doigt puis deux à l’intérieur de son puits d’amour. Elle gémit de plaisir. Louis s’allongea, se déshabilla, elle l’aida. Il embrassa toutes les parties de son corps, introduisit sa langue en elle, lui pinça délicatement les tétons. Totalement à l’écoute de cette si belle femme, il s’efforça d’être le plus tendre et ferme possible, de comprendre ses soupirs, ses gestes, ses regards. La mystérieuse inconnue l’attira dans sa bouche. Louis manqua de défaillir. A genoux, il la pénétra d’un coup et s’enfonça de plus en plus loin, de plus en plus profondément, lentement, puis rapidement, elle hurla de plaisir. Louis la repris par les hanches et accéléra son mouvement, l’issue était proche mais il s’arrêta. Il reprit le rythme, frénétiquement, varièrent les positions, les caresses. Ils jouirent intensément à l’unisson. Louis s’allongea sur le dos, ferma les yeux.
Je dois avouer que la scène de la chambre m’a beaucoup stimulé. Il ne faut pas que je sois timide dans mon écriture. Kadmon doit être capable de tout ce que je ne suis pas.
La bouteille de vin est vide. Je suis à la fenêtre avec une cigarette. Je ressens le manque, le vide, mais comment font les autres ?
À quel moment de ma vie tout à basculé ? Mon chef me harcelait mais sans doute autant qu’un autre. Je n’ai jamais été un foudre de guerre, mes résultats ont toujours oscillé entre le médiocre et le presque bon, trop limite dans une activité commerciale, même si j’ai, d’après les tests, des capacités hors du commun. Mais je m’emmerde tellement, ce n’est pas mon rêve ni ma vie, je suis totalement et définitivement à contre emploi et puis je déteste forcer la main, les gens doivent être libres de leurs choix bien qu’ils soient de plus en plus cons et vindicatifs.
En ce sens, Eloïm est un personnage fascinant. Son parcours est celui d’un Rastignac des temps modernes. Sans scrupules, précis, manipulateur, doté d’un formidable aplomb. Des personnalités réelles comme David Koresh de la secte des Davidiens, Christophe Rocancourt, Mesrine, Jim Jones du temple solaire m’inspirent. J’ai une réelle fascination pour ces êtres supra humains. Des ordures certes, mais au combien intéressants. Patrick Bateman l’anti héros psychopathe d’American Psycho m’influence aussi, il incarnerait un formidable gourou. J’aimerais parfois avoir leur force de caractère et de conviction.

Eloïm se présente face à la caméra. Ses yeux bleus embués transpercent l’objectif. Il ne déclame pas son texte, il l’incarne:
«Bonsoir. C’est avec une profonde peine que je dois vous faire part d’une terrible information.Vous le savez sans doute déjà, mais la communauté Bereshit: Au commencement, a vécue au cours de la nuit dernière une véritable tragédie.
Nous devons malheureusement déplorer la disparition de 1253 fidèles et prier pour les 65 blessés qui luttent avec force et courage pour préserver leur flamme de vie.
Nous sommes tous mobilisés, ici en France mais également dans le monde entier pour aider celles et ceux qui souffrent dans leur chair et dans leur âme.
Amis, famille, proches, les portes des centres de la communauté Bereshit vous sont grandes ouvertes 24/24 7/7 en France, au Japon, aux États-Unis, au Canada, en Thaïlande et en Colombie.
À tous les fidèles, j’adresse un message de paix et d’amour.
Sachez aussi que l’enquête se poursuit.
Nous espérons que toute la lumière sera faite le plus rapidement possible sur les causes de cette catastrophe sans précédents.
Merci à tous et à toutes pour vos témoignages d’amitié et de soutien.
Ne vivez pas dans l’affliction car la mort, c’est le commencement de quelque chose.»
— Coupez ! Equipe 2: C’est dans la boîte, prêt à diffuser ! Merci monsieur, une intervention fantastique qui va galvaniser les fidèles.
Eloïm approuve d’un signe de tête le technicien plateau et retourne sans un mot dans sa loge pour le démaquillage.
Il se regarde dans le miroir, s’admire, se félicite intérieurement de sa prestation, mais il ne laissait rien transparaître. Montrer ses émotions c’était s’exposer et il ne voulait prendre aucun risque.
Faire sauter le château n’était que la première étape. Avec les fonds hérités, il ambitionnait de faire franchir à Bereshit un nouveau cap. Il s’agissait maintenant de pérenniser l’oeuvre. Kadmon représentait la deuxième étape.
— Vespale ?
— Oui monsieur ?
— Alors ?
— Comme vous le verrez sur l’enregistrement, je me suis donnée avec dévotion et passion. Je lui ai également transmis le papier comme vous me l’avez demandé.
— Je n’en doute pas Vespale.
— Est-ce moi qui poursuivrai les opérations ?
— Tu le sauras en temps voulu. Pars m’attendre dans la IV, je t’ai prêtée ce jour, mais n’oublie jamais que tu m’appartiens, corps et âme !
— Oui monsieur.
Eloïm se connecte au réseau local via son Mac Book Air et télécharge le flux vidéo de la caméra VII. Il regarde leurs ébats, fasciné.

-— J’ai faim, la table est mise j’espère ? Je prends ma douche. Allez au boulot, mon roi des fourneaux !
Putain, j’ai perdu le fil. Ca me gonfle, je sentais bien cette séquence. Génétique, c’est gé-né-tique. Je ne vois pas d’autre explication pour réussir à systématiquement me casser les couilles au moment le plus important. Elle ne pourrait pas arriver, discrètement, aimablement, je sais pas, un truc du genre sitcom, « chéri, tu m’as tellement manqué » avec un bisou et un moins gros cul… De toute façon, il faut que j’aille à la cuisine… j’ai un truc à faire… Merde ça me revient, les bouteilles !
Alix fredonne un air basique, celui qu’on entend en boucle un million de fois par jour à la radio. Elle est persuadé de savoir aussi bien chanter que les stars de la téléréalité. Son rêve secret serait d’ailleurs d’y participer. Faut pas que je m’acharne mais on dirait plus le cri du baleineau en train d’appeler sa mère que Rihanna.
Je fonce dans la cuisine, dissimule les deux bouteilles sous mon sweat (de l’extérieur ça peut paraitre inutile mais sur l’instant c’est toujours la meilleure idée), je ne vois qu’une place, sous le bureau, derrière la boite de documents administratifs. Cachette de fortune soit, mais pour l’instant suffisante.
Je mets la table à l’arrache, comme un enfant en faute, j’attends l’éventuelle sanction, qui miraculeusement n’arrive pas.
— Y a quoi à manger ?
— Les restes de pintade, sinon du riz ?
— J’ai été hyper forte à la Zumba. Le prof m’a même complimentée ! Je vais prendre du riz mais tu vas me faire rissoler des lardons et tu ajouteras de la crème fraîche. J’ai besoin de reprendre des forces. Au fait, nous sommes invités mardi soir à diner chez Zaza et Jean-Paul.
— (Incrédulité totale, trémolos dans la voix) Mais je croyais que tu ne lui parlais plus ?
Elle me regarde comme si j’avais sorti la pire des insanité.
— Je me suis un peu emportée, mais finalement le salon devrait se dérouler au même moment que son voyage en République Dominicaine. Elle m’a dit qu’elle a vu avec Letendre, qui aurait dit que bien évidemment si elle n’est pas là ce serait moi qui l’accompagnerais.
— Tu es sûre qu’elle a dit ça ?
— Ne t’en mêle pas ! Zaza est plus que mon amie et ne mentirait pas là dessus. Je compte sur toi pour être présentable. Ne me fait pas honte.
NON, le putain de traquenard !
— C’est prêt ?
Je mélange la crème fraîche avec les lardons, je sers à la vachette la bombe calorique qui compensera les 30 grammes qu’elle a perdu au sport. Elle dévore son auge.
— J’ai encore réussi à tirer la boîte d’un mauvais pas aujourd’hui. Une petite stagiaire un peu trop dilettante. Je l’ai pistée et surprise en train de glander au lieu de faire les photocopies. Je peux te dire que j’ai immédiatement prévenue Véronique des RH qui l’a virée manu militari !
Pauvre gamine, ça devait être un sacré canon pour subir ce traitement digne de la pire période de l’humanité. Alix me débectait de plus en plus.
— Alors tu as fait quoi aujourd’hui ?
Calme, zen, go:
— J’ai fait comme tu m’as dit, j’ai regardé pour des formations, dans l’informatique c’est très porteur.
Elle relève la tête de son assiette, de la crème au coin de la bouche, m’observe attentivement pour être sûre que je ne me moque pas d’elle. Je fais tout pour rester sérieux.
— Et bien écoute, tu me fais très plaisir, je sens que tu vas très vite sortir de la spirale négative dans laquelle tu t’es plongée. Voilà une bonne nouvelle. Tiens, pour te récompenser de tes efforts, ce soir nous aurons notre petit moment tendre…
Mais non, mais l’enfer total ! Le dîner chez les connards et l’autre qui veut un coït. Pendant ce temps là mon roman, il va s’écrire tout seul ? Avec tout ce que j’ai bu et fumé, je vais jamais réussir à bander en plus.
Alix se lève de table tout guillerette.
-— Chéri, je n’ai presque plus d’herbe il faudra en redemander à ton pote.
Elle n’a même pas remarqué mon petit prélèvement ? Je crains le pire…
Alix s’enferme dans la salle de bain, tandis que je débarrasse la table, las de cette existence.
Je prends une cigarette, ouvre la fenêtre du salon. Il disait quoi déjà Epictete ?
«Donc, rappelle-toi que si tu tiens pour libre ce qui est naturellement esclave et pour un bien propre ce qui t’est étranger, tu vivras contrarié, chagriné, tourmenté ; tu en voudras aux hommes comme aux dieux ; mais si tu ne juges tien que ce qui l’est vraiment – et tout le reste étranger, jamais personne ne saura te contraindre ni te barrer la route ; tu ne t’en prendras à personne, n’accuseras personne, ne feras jamais rien contre ton gré, personne ne pourra te faire de mal et tu n’auras pas d’ennemi puisqu’on ne t’obligera jamais à rien qui pour toi soit mauvais.»
On ne peut pas dire que cela soit très utile en pareilles circonstances.

Assis sur le lit, les yeux mi clos et la bouche crispée, ses jambes tremblaient nerveusement et ses mains moites, caressaient ses tempes, l’arrête de son nez, frappaient ses cuisses, comme pour se maintenir éveillé. Kadmon doutait de plus en plus de sa santé mentale. N’était-il pas victime d’une hallucination ou d’un rêve éveillé ? Rien n’avait de sens… d’abord une jeune fille nue l’attendait sur un lit… ils avaient fait l’amour… Il ne s’expliquait évidemment pas ni comment ni où elle était partie. Une femme nue ça ne courrait pas les rues, même dans un domaine appartenant à une secte. Il aurait bien aimé recevoir un sms d’indice pour l’éclairer sur cette étrange affaire, malheureusement le smartphone restait désespérément muet. Finalement, après un laps de temps suffisamment long à son goût, il remit en cause son raisonnement sur l’élucidation des énigmes et constata dépité, son inaptitude à saisir l’irrationnel. Il essayait tant bien que mal de se remémorer la chronologie des derniers événements. Après s’être éclipsé à peine cinq minutes pour se rendre dans la salle de bain afin de prendre une douche bien méritée (comme à l’hôtel, savon shampooing et serviettes propres à disposition semblait l’attendre), il était revenu dans la chambre décidé à faire parler l’inconnue, elle avait donné son corps, maintenant il voulait sa voix, mais elle n’était plus là. Volatilisée, sans un mot, sans un bruit, n’avait laissé aucune trace de son passage. «Je fais un burn out», pensa-t-il, d’autant plus épuisé qu’il avait passé l’heure d’après à chercher dans les murs un mécanisme, un dispositif, quelque chose qui aurait pu permettre à la fille fantôme de s’échapper.
« Que faire ? », Louis sombrait dans le désarroi le plus total. Comme un prestidigitateur qui voudrait faire réapparaître le lapin, il secoua les draps froissés, un morceau de papier vola, puis s’échoua près de son pied droit, sur le parquet flottant. Il le ramassa. Le déplia. Lu le texte manuscrit inscrit dessus. Une date, une heure, un lieu. Son cerveau gorgé d’adrénaline et rassuré se remit en branle: « Sans doute ne pouvait-elle pas parler Trop risqué. Elle avait dû profiter de mon absence pour griffonner ce message. Peut être est-elle prête à m’en dire plus, mais dans un lieu neutre en dehors de la communauté ? Eloïm l’avait sans doute chargée d’une mission, me séduire, ou pire encore mais elle avait succombé à mon charme… pourvu qu’il ne lui arrive rien. » Louis ne cherchait pas les complications, se contentait pour l’heure de cette explication oiseuse et abracadabrantesque mais qui avait le mérite de regonfler son égo torturé. En réalité, il exultait littéralement de joie, non seulement il n’allait pas finir à Sainte-Anne mais en plus il avait trouvé la femme de sa vie. Il ne lui restait plus qu’à l’arracher des griffes de Bereshit… détail d’importance soit dit en passant !
Louis sort aussi discrètement que possible. Il venait d’entendre des échanges de voix à proximité de la maison et la dernière chose dont il avait envie était de devoir se justifier auprès de flics ou pire de collègues. La pluie avait enfin cessée, il inspecte les alentours. La voie est libre. Il reprend son chemin initial vers l’entrée du domaine, en essayant d’arborer une mine concentrée et concernée, qu’on ne le dérange pas.
Des centaines de personnes étaient morte et lui ne pensait trivialement qu’à remettre un coup de bite à la délicieuse inconnue de la maison VII, mais comme le disait si bien André Comte-Sponville « Nous n’avons besoin de morale que faute d’amour. »
Une vibration dans la poche, ce n’était pas son sexe, mais le téléphone. Thomassin le félicitait pour son article. Kadmon s’arrête net, ses pensées positives se figent également. « De quoi il me félicite, ce con ?»
Le texte défila alors sous ses yeux: «Je demande pardon à la communauté Bereshit, par Louis Kadmon.
Un journaliste, déontologiquement, s’engage à être objectif et impartial, à toujours faire jaillir la vérité et à ne jamais dissimuler d’informations.
Pendant plusieurs années je me suis totalement fourvoyé dans la pire des directions, peut être par jalousie ou par méconnaissance.
J’ai écrit des mots très durs à l’encontre de la communauté Bereshit et de son fondateur, la comparant notamment à une secte ou à une organisation mafieuse. J’ai été condamné de nombreuses fois pour cela, mais malgré tout je m’enferrais dans la haine et je continuais à répandre mon fiel par voie de presse interposée.
Peut être avais-je inconsciemment besoin de la communauté pour m’épanouir ? Ma vie sombrait alors dans le désarroi le plus complet. Mon divorce, mes soucis financiers (ma fraude fiscale) tout cela me minait terriblement et aurait pu se conclure par un suicide.
Lorsque je me suis rendu sur les lieux du drame à la demande de Christophe Tomassin, rédacteur en chef de Nouvelles du monde, j’ai pris conscience de mon erreur.
Face à cet océan de douleur causé par un malencontreux dysfonctionnement électrique je n’ai constaté de la part des fidèles qu’amour, compassion et dévouement. Ni endoctrinement, ni sectarisme.
Toutes mes pensées vont aux victimes de cet effroyable accident. Je demande pardon à Eloïm, ainsi qu’aux membres de sa communauté pour tout le mal que j’ai pu causer et aujourd’hui je demande pardon.»
Thomassin devait être complice de cette mascarade. « A quoi bon se battre contre des moulins ? » Kadmon était pris dans la nasse. Rien ne semblait tangible. L’étau se resserrait inéluctablement sur lui. Il tentait vainement de rationaliser: Admettons qu’Eloïm veuille se venger de lui, soit, mais pourquoi maintenant ? Personne ne lui accordait plus de crédit. Il ne représentait plus une menace à proprement parler, mais il avait tout de même la profonde conviction que l’explosion n’était pas accidentelle et que d’une manière ou d’une autre, cela ne lui aurait pas échappé. Tôt ou tard, il aurait forcément enquêté, serait retourné au front. Eloïm aurait donc orchestré son retour ? « Il joue avec moi comme le chat avec une souris depuis notre première confrontation, mais maintenant qu’il a franchi la ligne jaune, il veut m’avoir au plus prêt de lui, surveiller mes actes, me discréditer définitivement. »
Le domaine faisait penser à une ville fantôme, déserté, vide, abandonné, mais pour un temps seulement à n’en pas douter, car une fois les traces de morts évacuées des mémoires, l’endoctrinement et le business reprendrait ici à plein régime. Louis ne pouvait s’empêcher d’être malgré tout subjugué. Des années passées à diaboliser ce lieu, à faire des recoupements, des supputations, pour en définitive s’y sentir bien, serein, libre, à l’abri de la haine de l’extérieur… s’il n’était pas si seul et perdu, à la merci d’ennemis invisibles.
Quant à la mystérieuse inconnue, c’était folie que de lui faire confiance, mais pourtant au fond de lui, un doute subsistait… peut être n’était-elle que la victime instrumentalisée d’un sociopathe pervers ?
«Quoi qu’il en soit, le gourou a de la chance d’être tombé sur un con naïf comme moi pour némésis.»
Le journaliste se remémora la première conférence publique d’Eloïm, c’était en province. Kadmon alors stagiaire pour un quotidien aujourd’hui disparu, couvrait une banale affaire de fraude à la sécu, il avait trouvé par hasard un tract sous l’essuie glace de sa 205 GTI. Intrigué par le sujet, «Faire briller l’Homme solaire qui est en vous», le futur journaliste s’était rendu dans la petite salle mise à disposition par la municipalité au futur leader de l’association «Bereshit: Au commencement» et assisté au road show destiné à rameuter de nouveaux fidèles.
A l’époque, jeune esprit en fleur, ni connu ni influent, Eloïm s’était rodé dans son activité de leader spirituel avec un discours pour le moins ésotérique:
« Le jour où tout a changé s’est déroulé ainsi. Je me promenais sans but, désœuvrée et fâché avec la vie, le long d’une plage de sable blanc. Il faisait un temps extraordinaire, la mer était bleue turquoise et d’un calme absolu, je m’en souviens si clairement. Comme si c’était hier. J’étais nu. Seul. Le soleil irriguait ma peau et nourrissait d’une merveilleuse énergie cosmique mes membres alors faiblement développés.
Pourtant je n’étais pas heureux, il me manquait quelque chose, j’avais beau avoir beaucoup, il me fallait toujours plus. Et là, d’un coup, Il m’est apparu, comme surgit de nulle part. Beau. Fort. Souriant. Sûr de lui. Je sentais la présence rassurante que seule peut apporter, un être de lumière.
Il s’est approché de moi et m’a dit d’un ton clair et posé : « Fils, tu es là aujourd’hui pour une seule et unique raison. » Je restais interloqué. Attentif. Il reprit : « Tu vas recevoir mon enseignement et ce que tu vas découvrir tu devras à ton retour le transmettre et le partager. Mais uniquement avec des élus. Des être méritants choisis et reconnus comme tels. Ils devront passer les épreuves et se montrer dignes.»
Le gourou en herbe avait au fur et à mesure affiné sa stratégie. Les sectes millénaristes ou trop empreintes de bondieuseries affolaient les médias. Le créneau était bon, pas de doute là dessus, mais l’époque ne réclamait plus de religiosité, alors il s’attacha à «soigner» l’égo de ses ouailles plutôt que leurs âmes. Son idée pure et simple: Les beaux attirent les beaux, les riches attirent les riches. Il suffisait d’entretenir leur amour propre, leur propension à l’égotisme pour les contrôler. Mais en premier lieu il fallait travailler le discours, le rendre efficace, imparable.
Au cours de ses innombrables investigations, Kadmon avait réussi à dégoter dans une poubelle, à l’issue d’une réunion publique, une note manuscrite rédigée par Eloïm. Mehdi Trabelsi de son vrai nom. Des bribes de phrases tirées du prologue du roman l’Alchimiste de Paulo Coelho:
« L’Alchimiste connaissait la légende de Narcisse, ce beau jeune homme qui allait tous les jours contempler sa propre beauté dans l’eau du lac. Il était si fasciné par son image qu’un jour il tomba dans le lac et s’y noya. À l’endroit où il était tombé, naquit une fleur qui fut appelée narcisse. Pourquoi pleures-tu ? demandèrent les Oréades. Je pleure pour Narcisse, mais je ne m’étais jamais aperçu que Narcisse était beau. Je pleure pour Narcisse parce que, chaque fois qu’il se penchait sur mes rives, je pouvais voir, au fond de ses yeux, le reflet de ma propre beauté. «Voilà une bien belle histoire», dit l’Alchimiste. »
Le reflet de leur propre narcissisme, voilà ce que les adeptes de Bereshit recherchaient fondamentalement et Mehdi leur procurait de quoi satisfaire leur vice en toute impunité…
Une évidence sauta alors, comme un eurêka grec, à l’esprit de Kadmon: Aucun média n’avait jamais dévoilé la véritable identité d’Eloïm !
Il semblait encore aujourd’hui être le seul journaliste à s’être réellement intéressé au leader de la «communauté» des nantis. A avoir investigué son passé. Ses origines.
Lui seul l’avait suivi depuis le début. Lui seul avait vécu au plus près l’ascension du gourou et pourtant malgré tous les ennuis que la secte lui avaient causés, Kadmon n’avait jamais rien publié hors du cadre légal, pas même sur Internet.
Il s’était simplement résigné, persuadé que cela ne l’aurait mené à rien de bon, s’était contenté de stocker des tonnes d’informations pour lui ou pour un ouvrage futur, compilé le tout dans un carnet moleskine qu’il planquait derrière un tableau dans le salon de son appartement, une piètre précaution d’usage, juste au cas où la communauté aurait voulu mettre la main dessus.
Cela étant, sa vie n’avait jamais été menacée directement. Jusqu’à présent.

— Chéri, je suis prête !
Fait chier. Je n’ai rien écrit. J’espère que je me rappellerai de tout. Je ferme la fenêtre de la cuisine, traine les pieds comme un condamné à l’échafaud jusqu’à la chambre. « Une chute sans fin dans une nuit sans fond, Voilà l’enfer. » disait Victor Hugo.
Oh mon dieu ! Le spectacle est infernal… Alix porte un bustier rose pétard qui laisse apparaitre la moitié de ses seins. Ses grosses cuisses celluliteuses sont comprimées dans des bas résilles, qui menacent d’exploser, rattachés à un porte-jarretelles rouge sang. Son absence de culotte révèle une épilation totale de son intimité. Elle porte également des talons aiguilles ce qui ne semble pas illogique au regard du reste de l’accoutrement.
— Alors mon gros dégueulasse… Je t’excite hein… Regarde ! j’ai pris quelques accessoires. Tu peux faire ce que tu veux de moi. Je suis ta chose…
Sur la table de nuit: Un Sex Toy. De l’huile de massage. Un bandeau. Des menottes… Miracle… j’ai une idée. Je me concentre sur la scène de sexe décrite dans mon bouquin pour me donner du coeur à l’ouvrage. Je ferme les yeux. J’embrasse ma compagne à pleine bouche. Palpe son corps mou et gras. J’arrive à avoir une érection (réflexe ?), elle le sent et se trémousse un peu plus. J’exerce une légère pression de mes mains sur ses épaules afin qu’elle se baisse au niveau de ma braguette et qu’elle me prodigue une fellation. Alix comprend mon message et s’exécute. Je lui passe le bandeau sur les yeux. Elle ne voit plus rien. Je l’installe à quatre pattes sur le lit, enduis le godemichet d’huile de massage. Je m’assois à côté d’elle et lui enfourne mécaniquement le jouet dans son vagin. Je baille sans faire de bruit. Elle hurle de plaisir. J’accélère le rythme de mes va et vient pour la pousser au paroxysme. Je sens qu’elle va jouir, de mon autre main je me masturbe. Elle est presque au bout. J’enlève le gode et j’arrive pile au bon moment pour éjaculer en elle. Mission accomplie. Alix halète. Je lui retire le bandeau.
— Tu m’as jamais aussi bien baisée mon salaud. Elle te plait ma chatte comme ça ? j’en étais sûre. Tu sais quoi, j’ai une idée: Si tu es bien sage pendant le diner des Leroy et que tu es assez large d’esprit pour tolérer une situation un peu particulière… tu seras récompensé: Nous irons samedi soir dans un club libertin dont on m’a dit beaucoup de bien. Crois moi tu vas adorer…
Je suis interloqué.
— Tu parles de ce genre de chose avec des gens ?
— Evidemment, le sujet est très à la mode et je suis une fille hyper ouverte, beaucoup plus que tu ne le crois. D’ailleurs, à ce sujet, je te réserve une petite surprise. En tout cas on peut parler de tout avec moi. On dirait que tu le découvres !
— Non, non, ça ne m’étonne pas du tout…
J’espère que mon ton était convaincant. Pas de réaction. Ca semble bon.
Alix se couche rassasiée. S’endort. Ronfle. Je suis allongé de mon côté. Mes yeux ne se ferment pas. J’attends qu’elle soit profondément endormie pour retourner dans le salon, avancer l’écriture de mon roman.
Qui entend bien, comprend bien… Mais qui discerne le sens caché derrière les mots est en mesure de découvrir les pensées secrète de son auteur, parfois au dépend même de celui-ci.
Tant pis, je prends le risque de mettre mon esprit à nu, de toute façon l’important est le chemin pas l’arrivée. Je me suis engagé dans une voie, j’espère ainsi me (re)trouver, avoir la force de vivre librement en âme et conscience, sans stress ni pression. Apprécier chaque moment sans crainte ni retenue. Transcender le « Je suis comme je suis et c’est ainsi ».
Mais « qui » est le con à l’origine de cette phrase stupide, sclérosée et malheureusement communément acceptée ?
Tout instant de la vie doit me permettre d’être différent des déterminismes sociaux, familiaux, éducatifs. Il me suffit d’agir conformément à ce que je veux et non pas tel qu’on me l’a inculqué. Quel bonheur, j’imagine, d’arriver à transcender sa simple condition. Devenir non pas une autre personne mais réellement soi. Je suis comme je suis ? Je suis ce que je veux être. Je suis tout simplement.
« Alors laisse-toi aller, laisse couler tes larmes. Il n’y a pas de honte à avoir, cela restera entre nous. Tu n’as pas à faire semblant d’être fort, la vie n’impose pas ce combat. C’est l’homme qui veut qu’il en soit ainsi, mais toi qui est abattu, craque. Les sanglots et les cris font partie de l’existence depuis l’origine, alors va au bout de ta peine. Exprime ta détresse, ne refoule rien au contraire. Les autres sont des lâches, ceux qui te plaignent ou te méprisent. Tu seras libre quand ton cœur sera vidé de la tristesse comprimée, refoulée et eux resteront secs incapables de ressentir. »
Mais est-ce vraiment possible d’agir selon sa propre volonté ici-bas, alors que depuis l’origine de l’humanité tout a été mis en place pour que cela n’arrive pas ?
Nos grands penseurs, en particulier ceux que nous abreuvons de louanges, ont été le plus souvent conspués, haïs, massacrés pour avoir tenté de nous libérer de ce joug grégaire, animal.
Comment tendre honnêtement et consciemment vers cet objectif ?
Ce que nous considérons comme des sentiments nobles comme l’amour ou l’amitié ne sont le plus souvent que des chaines invisibles destinées à enfermer l’autre dans un rôle déterminé et que par réciprocité, ils nous assignent également, mais dont aucun ne doit se départir sous peine de manquer à cet hypocrite engagement.
Avoir la faculté de percevoir cela n’est qu’une étape infinitésimale sur une route pleine de drames, de morts, de frustrations, d’espoir, d’envie, de désirs, de joies, de peines…
De toute façon cela vaut la peine d’être vécu… sinon je dois retourner au plus vite à la poussière céleste d’où je suis issu.
« Tu sais ce que je veux, alors fais en sorte que… » Malgré mes pensées digressives j’arrive à reprendre le fil de mon récit…

Lundi 23h00. Louis entre dans le café. Celui qui fait l’angle. Juste à côté de l’hôpital. C’était là que l’inconnue de la chambre VII lui avait fixé cet étrange rendez-vous. Il angoissait depuis quelques jours, prêt à subir le pire, si c’était ainsi que cela devait finir. Glauque… Autant dehors que dedans… Le froid lui glaçait les os et ce n’était pas le minable petit brasero qu’il apercevait au fond du bastringue qui allait atténuer cette sensation. La torpeur parisienne lui collait, si c’était possible, un peu plus le bourdon. Il se sentait las et fatigué. La lumière tamisée du lieu éprouvait ses yeux rougis.
Il s’installe dans une sorte de box près du chauffage. Le café était presque vide. Deux tables occupées. L’une par un petit couple de jeunes qui se pelotonnaient sur la banquette à l’arrière, l’autre à l’opposé près de la fenêtre par un homme seul, barbe de trois jours, lunettes de vue, qui tripotait nerveusement son téléphone portable, buvait sa bière à grandes gorgées, tirait la gueule, l’air triste et désabusé. Avec le Barman moustachu à tête de facho et le serveur «titi parisien», ils étaient six à peupler le «Balto».
Trois jours s’étaient écoulés depuis son retour du château Bereshit. Dans sa boîte aux lettres, un chèque de «Nouvelles du Monde» l’attendait ainsi que plusieurs factures pour une fois honorées à temps. Son appartement ne semblait pas avoir été visité durant son absence.
Il éprouvait une sensation étrange à l’idée de retrouver la mystérieuse apparition de la chambre VII. Louis pensait si souvent à leur étreinte… une émotion l’étreint en la voyant pousser la porte du bar. Sans hésiter ni un regard pour les autres clients, elle vient s’asseoir en face de lui… Magnifique. Ses cheveux châtains clair, son manteau trois quart avec un col en fourrure qui lui va à ravir.
— Bonsoir Louis.
— Bonsoir …
— Natasha.
— Bonsoir, Natasha …
Elle est encore plus belle que dans mes souvenirs.
— Louis, je prends des risques en venant te parler mais il le faut. Natasha se saisit de sa main. Le serveur arrive aimable (sic).
— Vous voulez quoi ?
— Je ne sais pas, un thé ?
— Citron, darjeeling, vert, jasmin.
— Jasmin.
— Monsieur ?
— Un verre de vin blanc s’il vous plait.
— Sec, moelleux ?
— Sec !
— Chardonnay ? Bourgogne aligoté ?
— Chardonnay
— Ca marche. 11, 50. J’encaisse maintenant !
Kadmon tend au garçon un billet de 20 euros, empoche la monnaie, laisse une pièce de 1 euros en évidence sur la table qu’il comptait bien récupérer lors de leur départ du bar. « Le prix du sourire connard ».
— Louis… Ecoute-moi attentivement. Je te présente mes excuses… Je suis partie sans prévenir. Je n’avais pas le choix, mais je savais que je pouvais compter sur ta perspicacité pour me retrouver. Ce n’est pas facile à dire, mais sois très prudent. Jusqu’à présent tu as été préservé. Tu dois t’en douter, la communauté aurait pu t’anéantir, t’éliminer et certains en ont exprimé clairement l’envie, mais il se trouve qu’Eloïm éprouve une sorte d’affection pour toi…
— Je suis touché !
— Ce n’est pas une plaisanterie. Au départ tu n’étais qu’une mission.
— Ah…
— Mais tu es différent des autres ! Avec toi il s’est passé quelque chose d’indéfinissable, que je ressens profondément, une connexion intime peut être ?
Je devrais être sur mes gardes, me dire qu’elle sert ce baratin à tous les hommes perdus croisés sur son chemin et pourtant je me laisse embarquer.
Qu’ai-je à perdre ? Il est toujours plus facile de sacrifier sa solitude lorsqu’elle pèse, que sa compagnie lorsqu’elle est appréciée.
— Moi aussi Natasha j’éprouve ce sentiment… depuis notre rencontre je n’arrête pas de penser à toi… tu occupes mon quotidien, de jour comme de nuit, rien d’autre n’a d’importance… le monde est fade sans toi.
— C’est pour cela Louis que tu dois être vigilant… tu ne gagneras rien à t’attaquer à la communauté Bereshit. Au mieux tu survivras chichement au pire… je me refuse d’y penser.
Etait-ce une menace, un avertissement, l’expression de ses sentiments sincères. Ai-je le pouvoir de les détruire ? S’ils n’avaient pas peur de moi, ils ne prendraient pas le soin de m’avertir surtout par l’intermédiaire d’une si jolie médiatrice.
— Comment sais-tu ce qui peux m’arriver ?
— Nous savons tout de toi !
— Alors pourquoi ce rendez-vous ? Je ne suis pas une grenade prête à exploser… mais totalement désamorcée ! je ne sais même pas si j’ai été en mesure d’exploser à un moment d’ailleurs !
— Je te l’ai déjà dis Louis, cela peut te sembler incongru ou absurde, mais tu me plais et je veux te garder… J’ai envie d’être avec toi, partager un avenir peut être.
Après une seule rencontre ? J’ai peut être mésestimé mon charme durant toutes ces années qui ont succédées mon divorce…
— Crois-tu que cela soit compatible avec ta fonction au sein de la communauté ?
— J’y ai réfléchi, je vais demander à Eloïm de m’affranchir.
— Affranchir ? Tu es une esclave ?
Natasha recule instinctivement, tourne sa cuillère dans sa tasse, boit une gorgée.
— Les mots n’ont pas le même sens dans le monde profane.
Je n’ai pas envie de la provoquer à nouveau, je change de sujet.
— Pourquoi m’avoir donné rendez-vous ici ?
— Il y a un être qui a une place importante dans ma vie. Mon frère Yevgnie. Plongé dans un coma artificiel depuis 3 ans. Je viens le voir aussi souvent que mon emploi du temps me le permet. La visite d’aujourd’hui était planifiée. En revanche personne ne sait pour notre rencontre. J’en ai profité. Malgré les risques que cela comporte. Pour toi comme pour moi.
Je tolère son explication même si certains détails me semblent cousus de fil blanc et sont facilement démontables. Peu importe je saute à pieds joints dans le maelström. Comprendre, savoir, découvrir ? Tant pis, je ne vérifierais pas son histoire, mais je m’intéresse tout de même à sa vie.
— Qu’est-il arrivé à ton frère pour qu’il se retrouve dans le coma ?
Natasha me regarde droit dans les yeux.
— Il a organisé une sorte de raid pour me faire sortir de la communauté… Il a échoué.
«Si la curiosité t’a conduit ici, va t’en» et pourtant je reste.
— Peux-tu préciser s’il te plait ?
— Je n’aime pas raconter cette histoire mais je vais faire l’effort pour toi. En résumé: J’ai vécu mon enfance en Russie, ensuite j’ai voyagé en Italie, puis en France où j’ai rencontré Eloïm. La Communauté est devenue ma famille. Mon frère a fini, après des années de recherches, par me retrouver. J’étais heureuse. Je voulais qu’ils nous rejoignent, mais il n’avait qu’une idée en tête me faire retourner en Russie car selon lui j’appartenais à un chef de la Bratva. Avec plusieurs comparses ils ont essayé de me kidnapper, malheureusement pour lui, heureusement pour moi, son entreprise s’est soldée par un échec, sans rentrer dans les détails les acolytes de Yevgnie sont mort et lui a survécu, parfois je me dis qu’il aurait mieux fait d’y rester lui aussi. Je ne crois pas qu’il sorte un jour du coma. C’est ainsi. Mais il reste mon frère quoi qu’il ait fait.
Natasha est calme, sûre d’elle. Si je n’étais pas aussi épris de cette femme, je penserai froide et impitoyable, mais je ne peux m’y résoudre.
— Natasha, connais-tu la fable de l’arbre et de l’enfant ?
— Non.
— Il était une fois… ou plutôt un jour: Un enfant découvrit par hasard que lorsqu’il apposait les paumes de ses mains autour du tronc d’un grand chêne de la foret qui jouxtait sa maison, celui-ci absorbait son chagrin, son amertume, ses craintes, son ressentiment. Libéré de ses entraves émotionnelles, il était alors en mesure d’accomplir ce qui d’ordinaire l’effrayait ou lui posait le plus problème: Vivre. Ainsi à chaque fois qu’il était sujet à la mélancolie, au désespoir ou à l’isolement, il allait se ressourcer auprès de l’arbre qui lui apportait, sans réserve, le soutien nécessaire pour dépasser cette souffrance. L’enfant grandit et continua son rituel à chaque fois que nécessaire, il vieillit, continua son ascension sociale, devint de plus en plus important socialement car il réussissait toujours ce qu’il entreprenait, sûr d’avoir la force nécessaire pour cela grâce à son arbre. Riche, célèbre, beau et sans soucis d’aucune sorte, il se surprenait néanmoins à éprouver une angoisse que l’arbre ne parvenait pas à contenir, il était seul. Il se rendit auprès de l’arbre pour se libérer de cette douleur et fit ce qu’il n’avait jamais fait jusqu’à présent: Il regarda l’arbre avec les yeux du coeur. Il s’attendit à contempler un solide chêne majestueux, grand et fort comme lui, mais au contraire l’arbre était rachitique, quasiment sans branches, abandonné de toute vie. Alors quel fut le comportement de l’homme ? Il prit une hache et terrassa l’arbre ? Il s’agenouilla devant et pleura ? Il apposa ses mains sur l’arbre pour lui retransmettre l’amour et la joie qu’il avait reçu grâce à lui tout au long de sa vie ? Il hurla et partit en courant ? Il fit comme si de rien n’était et tenta de se délivrer de son angoisse tout seul ? Il se suicida pour nourrir l’arbre de son sang ? Il s’installa au pied de l’arbre et s’endormit du sommeil éternel ? Il chercha un autre arbre persuadé que cela ne pouvait être celui-là ? Il pleura sur son sort ? Il promit à l’arbre de le venger ? Il comprit finalement que la force qu’il avait reçu ne provenait que de lui-même et qu’il avait espéré qu’il en fut autrement par crainte de devenir ce qu’il est ?
— Je n’en sais rien !
— Moi non plus… mais il a le choix. La seule chose importante pour moi dans cette histoire c’est sa prise de conscience.
— Fais moi l’amour.

La fin du chapitre n’est pas béton mais je vais la retravailler demain.
En ce qui concerne la suite et selon mon plan, Louis retournera sur les ruines du château persuadé d’y trouver la preuve irréfutable que l’explosion n’est pas accidentelle. Il s’entretiendra avec une victime qui lui racontera ce qui s’est passé la nuit du drame…
J’ai rendez-vous à onze heures et quart avec ma psy. Faudra aussi que je jette les bouteilles de vin. Dans l’ensemble je suis satisfait, j’ai un vrai rythme d’écriture et l’histoire semble cohérente. Morphée m’appelle. Je ne lui résiste pas. Sommeil sans rêves. Mes yeux se dessillent naturellement.
L’horloge numérique affiche d’implacables chiffres rouges 10:05. Merde. Alix ne m’a pas réveillé ce matin comme à l’accoutumé, mais a laissé sur le frigo (à mon attention je présume) un joli coeur dessiné sur un post-it. Par texto elle me demande (m’implore oui) de faire un minimum pour mon apparence, elle flippe vraiment que j’arrive comme un pouilleux chez Zaza et Jean-Paul (où est la corde ?). Elle me rappelle aussi pour la énième fois que si je me tiens bien, samedi soir, nous irons nous encanailler dans le fameux club libertin dont elle m’a parlé la dernière fois… Sincèrement, je ne suis pas aussi demandeur qu’elle semble le croire.
Je me prépare et j’enchaine la visite chez la psy qui s’avère au delà de mes attentes. Son remplaçant, Tristan de la Villecombière m’expédie en moins de 5 minutes:
— Monsieur ? Il pose à peine les yeux sur moi. Venez !
Je me lève de mon siège de la salle d’attente pour me rendre jusqu’à son bureau tout en me demandant à qui j’ai à faire. Ma thérapeute est une grande blonde sèche, au regard professionnel et aux mains manucurées. Rien à voir avec ce gars parfaitement antipathique au premier abord.
— Bon, j’ai parcouru votre dossier. L’employé qui se fait harceler par un chef d’équipe tyrannique de 10 ans son cadet. Je vous comprend. Jamais pu saquer le genre kapo qui fait de l’excès de zèle sans comprendre que tôt ou tard il sera dans la même situation que vous. Je prolonge votre arrêt de travail. Six mois supplémentaires ne seront pas de trop ! Ainsi vous aurez le temps de réfléchir à un autre métier… ou peut être se sera t-il fait virer d’ici là. Croyez-en mon expérience, les excités du résultat ne durent jamais bien longtemps. En terme de prescription, je vous renouvelle le seroplex ainsi que le lexomil. Un minimum pour supporter la vache qui vous sert de femme. Veuillez m’excuser, mais c’est ainsi noté dans votre dossier. Je compatis. Autre chose ?
— Non.
— 60 euros. En liquide. Si vous ne les avez pas sur vous, il y a un distributeur au coin de la rue. Je vous ai noté dans mon agenda. Le mois prochain, même jour, même heure. Au cas où vous souhaiteriez discuter, sachez que subir votre complainte ne m’intéresse pas et que je ne vous serez d’aucune aide. Vous êtes le seul à pouvoir changer la situation. Rien d’inexorable croyez-moi. Au revoir monsieur.
— Merci… Au revoir…
Sur le pallier sans avoir eu le temps de dire ouf, ordonnance et arrêt maladie en main. Une tête de con ce psy mais diablement efficace au demeurant !
Les rues sont calmes. Ils sont tous réfugiés dans les magasins en train de faire leurs achats de Noël. Les décorations sont soignées. J’apprécie l’effort qui est fait par la société de consommation pour tenter de nous distraire de la merde dans laquelle elle nous a plongé.
Lever les yeux au ciel et contempler les nuages qui errent.
D’où viennent-ils, où vont-ils ?
Peu importe… je continue d’interroger le ciel sans attendre de réponses.
Les pieds sur terre, encrés dans le concret, l’utile et le nécessaire.
Hier j’avais envie de me fabriquer un château intérieur pour y ranger mes pensées profondes et cesser une bonne fois pour toute de parler à tort et à travers.
Force est de constater que je suis incapable de conceptualiser un tel édifice. En conséquence de quoi je compte faire une prison, ça me semble être un bon compromis, mais je ne sais pas si ce sera un lieu très efficace pour canaliser mon inaptitude à tenir ma langue.
Une bonne mise au silence est parfois tellement nécessaire…
Miroir mon beau miroir… entre le reflet de la société déliquescente, des individualités toujours plus exacerbés, des peur et des crimes qu’on nous relate avec toujours plus d’appétit.
Comment trouver la clé du positivisme ?
Une attitude volontaire et acceptante, capable de laisser de côté les drames inhérents de l’existence et de privilégier ces impalpables moments de plénitude solitaires ou collectifs.
Suivre un guide qui nous indique le bon chemin vers le beau, le bien, le vrai. Laisser de côté la facilité pour choisir le rire plutôt que les larmes, le partage au lieu du tout pour soi.
L’amour comme fil d’Ariane et les sens satisfaits de la simplicité du goût de la vie sans amertume ni regrets.
Sans inquiétude ni faiblesse.
Réunion avec la nature, communion avec les êtres.
Amour.
Rien à voir avec la dernière console à la con ou la profusion de bouffe du réveillon.
Cette année, Alix veut un bijou comme cadeau, pour crâner devant ses copines. J’aime bien employer le mot « crâner » volontairement regressiste.
Un point positif tout de même malgré ma délicate situation professionnelle, je touche l’intégralité de mon salaire (moins les primes bien entendu), mais j’ai la chance d’avoir une bonne convention collective. Même si je ne roule pas sur l’or, j’ai de quoi subsister et faire plaisir à mes proches. Simple expression, je n’ai pas de proches… à part Alix bien entendu. Un peu trop proche d’ailleurs… Loin, très loin, si loin de la vie d’Eloïm…

Costume noir. Chemise blanche immaculée impeccablement repassée. Noeud papillon en soie noir. Le gourou se tient droit. Debout. Serein, au centre de la pièce. 20 m2. Faiblement éclairée, simplement équipée d’une table industrielle en acier sur laquelle trônait un iMac de 27 pouces.
Il balaie d’un regard circulaire, méprisant, les membres du conseil d’administration de l’organisation réunis en session extraordinaire. Eloïm ne forçait pas son talent, il imposait naturellement sans laisser place à la contestation, même induite, son statut de chef.
La réunion se déroulait dans la salle secrète du Centre de Thunder Bay, Ontario, au Canada. Un bunker au troisième sous-sol.
Les accès étaient verrouillés par des codes digitaux, vocaux, chiffrés.
Si le leader du mouvement tuait quelqu’un ici, personne ne le saurait jamais. Pas même un autre membre du conseil.
Chaque participant prit place dans une petite pièce fermée insonorisée.
Seule une baie vitrée teintée leur permettait de voir la pièce centrale dans laquelle Eloïm présidait (un simulacre de «démocratie» nécessaire).
Les administrateurs votaient par le biais d’un boîtier pourvu de deux boutons: vert et rouge. Ils pouvaient rédiger des messages à l’aide d’un clavier relié en wifi à l’unité centrale du chef. Eloïm était le seul à pouvoir lire, modérer ou diffuser leurs interventions.
La hiérarchie séphirotique s’avérait absolument cloisonnée. Bien que de simples fantoches, chacun d’eux avait son utilité. Eloïm s’assurait de leur probité par des enquêtes, des écoutes, des filatures régulières, cela lui permettait de mesurer leur indéfectible attachement à l’ordre en général et à lui en particulier. Les noms des différents participants s’affichèrent sur leurs écrans de contrôle dès insertion du jeton de présence dans le monnayeur situé devant eux. Le gourou n’appréciait pas les surprises. Il avait mis au point un système complexe de leurres pour «protéger» l’identité des membres du conseil, mais il connaissait leur profond égotisme et savaient qu’ils se targuaient dès que l’occasion se présentait de cette fonction.
Neufs pseudonymes sur les dix membres du conseil apparurent en vert sur les différents écrans.
Kether, Ḥokhma, Bina, Ḥessed, Guebhoura, Tiph’ereth,
Neṣaḥ, Hod, Malkhouth
Yessod avait la meilleure des excuses pour ne pas être présent à la réunion, il faisait partie des victimes de «l’accident». Son pseudonyme s’inscrivit en rouge et son identité en noir.
Léo Admonakis: Yessod
Un même frisson de peur parcouru les membres du conseil.
Eloïm savourait son effet. Ils devaient tous comprendre que personne, absolument personne, n’était à l’abris ou protégé, quel que fut son rang ou sa notoriété. Ils devraient de plus vivre avec ce nouveau secret, car s’ils ne respectaient pas la loi du silence, ils mouraient. Logique simpliste mais efficace. Il n’y avait ni alternative ni échappatoire.
— Chers membres de notre remarquable institution nous allons procéder à l’ouverture de la séance. Guebhoura assurez-vous que nous sommes bien en sécurité.
Guebhoura (Oliver Wellington, héritier d’une noble famille anglaise, informaticien présumé coupable à plusieurs reprises pour des faits de hacking, jamais condamné), grimaça. Il craignait de plus en plus cet être dangereux et habité qui pouvait d’un claquement de doigts décider de leur sort, mais il lance toutes les routines informatiques pour se prémunir d’une éventuelle intrusion dans le système et active les 94 caméras réparties dans et autour du bâtiment.
— Tiph’ereth (Marie Villemont, française, richissime veuve, adepte de la première heure et secrétaire contrariée). Vous consignerez les écrits de ce jour dans notre registre secret. Abordons l’unique point de l’ordre du jour. L’avenir de la communauté. L’opération « Maison Brûlée » est une réussite absolue. Nous avons éliminé la majorité de ceux qui menaçaient l’ordre à court terme et par la même occasion réalisé une formidable opération financière. Une nouvelle ère s’ouvre dorénavant pour notre communauté. Nous aurons bientôt un autre membre pour remplacer Yessod et assurer la pérennité du conseil. Mais avant cela je vous ai convoqué pour vous faire part de mon souhait d’ouvrir une nouvelle antenne aux Etats-Unis. Nous bénéficions là-bas d’une excellente presse, surtout après l’événement tragique qui nous afflige, 78% des sympathisants locaux l’imputent aux islamistes. Nous ne démentons pas. Le processus de victimisation nous place dans une position idéale. Nos centres regorgent de demandes d’adhésion. Les dons affluent. Nous organisons la semaine prochaine dans chaque établissement une soirée en l’honneur de nos martyrs. Sont confirmés pour l’instant soixante quatre stars mondiales de la musique, qui vont d’ailleurs faire une chanson commune en l’honneur des victimes, une centaine de célébrités de première catégorie, des sportifs, et notre tête de proue, top-models et personnalités du Gotha. Tous les médias sont acquis à notre cause. Vos feuilles de route vont s’afficher sur vos écrans. Mémorisez les et faites en sorte de respecter scrupuleusement les consignes.
Eloïm parcouru distraitement la flopée de messages qui émanait des membres du conseil, il ne répondit qu’à une seul.
— Le journaliste ? Je m’en occupe personnellement. Vous pouvez disposer.
Ils sortirent des box les uns après les autres, les yeux bandés, neuf voitures étaient prêtes et les disséminent aléatoirement aux quatre coins de la ville. Ils ne sauraient jamais où ils étaient allés, ni avec qui.
Eloïm quitte à son tour les lieux. Il envoie un texto on ne peut plus clair à sa Mata Hari : «Vespale où en es-tu ?» La réponse est quasi instantanée: «Je suis chez lui, tout se passe comme prévu». Le gourou appréciait beaucoup les talents de cette jeune recrue, il devait s’en méfier.
La sonnerie de son téléphone professionnel retentit dans l’habitacle. Johan le chauffeur – garde du corps, décroche dès qu’Eloïm lui en donne l’ordre.
— Monsieur le Président ? Nous sommes en route…

Cette version me plait. Il faut absolument que je l’écrive. J’ai de plus en plus envie de développer l’histoire autour d’Eloïm. Le raisonnement est sans doute simpliste mais les méchants sont malheureusement toujours plus profonds que les gentils.
J’entre au hasard dans un salon de coiffure qui fait également barbier. Je me sens quand même mal à l’aise. Vite penser à autre chose pour ne pas angoisser; que des perles froides de sueur ne coulent pas dans ma nuque.
Je patiente une demi-heure sans café ni revues, j’observe le comportement inepte et dérangeant des clients. Vieilles qui jouent les dames du monde, minaudent sur un bigoudi, s’enflamment pour une conversation sur les têtes couronnées, raffolent de la petite coiffeuse tatouée qui, cependant, si elle était leur petite fille, serait chassée de la famille à grands coups de balai en raison de son apparence trop licencieuse et de ses tatouages qui font mauvais genre. Les tireurs de gueule. Les bavardes. Les «en famille» qui démontrent à l’ensemble du salon leur incapacité à gérer leur progéniture.
Une stagiaire s’empare de moi, m’aide à enfiler le peignoir, m’invite à passer au bac. L’eau est tiède. Elle me demande si ça va je dis que oui mais j’aurai aimé que l’eau soit un peu plus chaude. En revanche j’apprécie la manière dont elle me masse le cuir chevelu. Cela ne dure qu’un trop bref instant. La petite jeune me frotte vigoureusement le crâne et m’installe sur un siège pivotant face à un énorme miroir. Je ne me regarde pas dedans, je zieute tous ces petits culs et paires de seins qui s’agitent en tout sens pour ratiboiser, couper, élaguer, sécher, teinturer, laver, ranger, encaisser.
Magalie, déduction basée sur le badge qu’elle porte à la commissure de son opulent sein droit, me demande quelle coupe je souhaite. Je n’en sais évidemment rien. J’opte pour un pas trop court pas trop long «cache misère». Pour la barbe elle me suggère un effet trois jours auquel je souscris avec enthousiasme, par un léger hochement de tête.
Ciseaux en main, elle m’entreprend dans une conversation sur le thème de la météorologie. J’arrive à donner le change même si je trouve cela d’un ennui profond. En vingt minutes mon aspect a considérablement changé. Je n’ai pas rajeuni mais je suis plus conforme à ce qui est attendu d’un quadragénaire français au XXI°ème siècle.
J’apprécie mon reflet même si l’angoisse me titille l’estomac, un physique de clochard n’amène aucune responsabilité, on peut se montrer désagréable ou apathique, l’homme de la rue ne vous en tient pas rigueur, au pire il vous plaint au mieux ils vous ignore. Mais dès que vous semblez appartenir à son monde, alors il attend de vous ce qu’il ne donne pas lui-même.
Seul moyen d’échapper à ce déterminisme capillaire, être snob. Accéder au prétendu cran supérieur social. Costume – cravate de chez le bon faiseur et air dédaigneux de rigueur. Incarnation pour le commun de la haute société qu’elle vénère et qu’elle redoute. L’homme soigné bénéficie au plus de traitements de faveur (sourires hypocrites, regards craintifs, attentions particulières), sinon de la même ignorance que le pouilleux.
Singulier par nature et par conviction, incapable de répondre à l’attente du simple quidam, je suis donc dans l’obligation de faire ces efforts vestimentaires. Je n’ai pas le choix. Y aura-t-il un impact sur mon écriture ? Mon apparence extérieure, raisonnera-t-elle dans mon intérieur ? Unique regret, Alix va a-do-rer !
Le reste de la journée se déroule devant l’ordinateur. Alix rentre du boulot super tendue, persuadée que je suis en jogging et t-shirt, un mince espoir que je sois tout de même allé chez le coiffeur. Sa surprise est de taille et sa mâchoire pratiquement décrochée lorsqu’elle me découvre barbe taillée et coupe fraiche, en costume croisé six boutons avec un col en piques. Le tout dans une flanelle en laine et cachemire, noeud papillon en flanelle assorti et chaussures derby. Sans omettre la chemise à boutons de manchettes. Sur le cul la grosse !
— Bon on y va ? Dis-je comme si tout cela était parfaitement normal.
— Euh, dans un petit quart d’heure le temps de me préparer. Tu ne crois pas que tu es peut-être un peu trop habillé ?
— Je ne trouve pas, c’est le syndrome «dépressionnaire»: un coup je me néglige, un coup je prends soin de moi. Tu préfères que je me change ?
— Non, non, non, non, tu es parfait, tout est très bien ! La coupe super, la barbe aussi. Je suis vraiment très heureuse.
Alix s’enferme dans la salle de bain: « décidément ce mec va me rendre folle moi aussi ! » Pantalon noir, chemisier en soie blanc, veste noire, collier de perles et talons hauts noirs. Chic et sexy. Un peu de rouge à lèvres, un soupçon de fond de teint. «J’espère que Zaza va apprécier.»
Nous arrivons chez les Leroy légèrement irrités… les explications erratiques d’Isabelle nous ont couté une putain de demi-heure pour trouver leur lotissement. Un cauchemar.
Alix a insisté pour s’encombrer les mains d’un bouquet Sensation de chez Interflora (Bouquet rond de fleurs variées à dominante rouge. Parce que les fleurs savent aussi exprimer votre message avec force et conviction.) 41 euros et d’une bouteille de vin rouge, un Pessac Leognan La Gaffelière 2009 à 75 euros. Même si je pense incongru et exorbitant, je me tais, d’autant plus qu’Alix me gratifie d’une amabilité rare depuis notre départ de la maison. J’avais un doute mais je n’en ai plus, la « cahute à Zaza et Jean-Paul » est comme je le présumais un pavillon de banlieue standard et sans charme.
Isabelle nous accueille avec la chaleur hypocrite des cons.
— Alix, ma chérie !!!! Je suis tellement contente de te recevoir, allez-y entrez. Ne restez pas devant vous allez attraper froid. Oh les belles fleurs, elles sont magnifiques. Elle beugle: Jean-Paul… viens voir ! ils ont amené du vin et une belle bouteille en plus.
Alix trépigne de joie comme une collégienne. Je reste derrière elle stoïque et interdit. J’attend qu’Isabelle daigne se bouger de l’entrée et me débarrasse de mon trench coat. Jean-Paul arrive en trainant le pied. L’air boeuf. 1m85. 110 kilos au bas mot. moins de 10% de muscles. Le reste composé de graisse et d’os. Chemise violette brillante ouverte jusqu’au nombril. Chainette en or autour du cou. Gourmette au poignet. Chevalière en or. Arrêtez tout… J’ai en face de moi le grand gagnant de l’aventure MasterPlouc. Convoquons la presse et les caméras, formons la haie d’honneur… Il s’empare de la bouteille. Le sosie de Mister T se donne le genre érudit:
— Hummm… Je connais pas… mais c’est un bordeaux !
Finalement je sens que je vais me régaler. Du très haut niveau. Si tous les ingénieurs sont comme lui, je comprends mieux pourquoi nous sommes dans la merde…. Ma chère et tendre pousse des ah et des oh tandis que Zaza nous fait faire le tour du propriétaire. 120 mètres carrés de mauvais goût. La chambre parentale (ils ont deux enfants de huit et onze ans expédiés pour la nuit chez pépé et mémé) est paroxysmique: Miroir au plafond et lithographies inspirées du Kamasutra. Il ne me faut pas dix secondes pour deviner qui a pu donner à Alix l’envie d’aller en club libertin.
Je n’ai d’ailleurs pas immédiatement remarqué, mais Zaza est habillée d’une jupe fendue ultra courte et d’un haut hyper décolletée. Grande et maigre. Rousse. Elle contraste avec Alix nettement plus petite et replète. Laurel et Hardy version féminine. Je suis pas très fan de son physique mais son air de bourgeoise pute me trouble quand même un peu.
Nous passons enfin au salon. Jean-Paul nous attend, assis sur le canapé en cuir blanc. Jambes écartées (du style je ne peux pas croiser les jambes j’en ai une trop grosse).
Isabelle nous prépare des kirs en apéritif. Impossible de ne pas voir son soutien-gorge lorsqu’elle se penche ou sa culotte quand elle s’assied, ou plutôt se love sur son mari.
Je jette un coup d’oeil à Alix qui semble apprécier la vue. Putain… mamour aurait un côté lesbiche ? C’est la meilleure !
Nous restons silencieux un petit moment, «dégustons» les fameuses bouchées au saumon d’Isabelle. Grasses et lourdes. Il faudrait du débouche canalisation pour les faire passer, je prie pour ne pas mourir étouffer. Tu m’étonnes, avec un tel «talent» culinaire à la maison, moi aussi j’aurai un physique de Samoan. Jean-Paul m’interpelle.
— Alors ? Zaza m’a tellement parlé d’Alix qu’elle n’a presque plus aucun secret pour moi… il le dit avec un ton désagréablement concupiscent qui fait glousser Alix. Mais toi, qu’est-ce que tu fais dans la vie ?
Je répond du tac au tac:
— Je suis écrivain
Alix manque de s’étouffer, prend la parole presque en s’excusant,
— Il n’est pas écrivain. Il est commercial, mais il pense à se reconvertir dans l’administration ou l’informatique.
Jean-Paul ne relève pas… a l’air intrigué.
— Ecrivain ? Intéressant. Déjà publié, ou pas encore ?
— Je travaille sur mon premier livre.
— Ah et il parle de quoi ?
Il se sert un énorme verre de vin sans nous en proposer alors que nos verres sont vides.
— Pour résumer, c’est l’histoire d’un aviateur qui, à la suite d’une panne de moteur, a dû se poser en catastrophe dans le désert du Sahara et tente seul de réparer son avion. Le lendemain de son atterrissage forcé, il est réveillé par une petite voix qui lui demande : « S’il vous plaît… dessine-moi un mouton ! » …
Zaza semble déconcertée.
— Mais, ton histoire, on dirait le Petit Prince !
Je fais l’étonné.
— Comment ça, ne me dit pas que quelqu’un a déjà écrit mon roman ? Des mois que je travaille dessus. Ah non mais ça pue l’espionnage industriel ça !
Alix me jette un regard ak47. Je me reprends:
— En réalité, il s’agit d’un thriller horrifique sur des ingénieurs cannibales qui ont été contaminés par un gaz radioactif.
Pas question que je dévoile ma véritable histoire.
Jean-Paul s’esclaffe
— Je te prédis un carton ! Mais faut pas que t’oublies de mettre du cul dedans. Tout le monde aime le cul. N’est-ce pas ma chérie ? Isabelle lui rend un sourire gourmand.
Je rêve ? Il y a une caméra cachée ? C’est pour une émission sur les couples libertins ? Au début j’aimais bien le concept, mais progressivement je trouve leur attitude glauque et leurs manières déplacées. Alix pour sa part est extatique, dans l’espèce de petit couple qu’elle forme avec Zaza, c’est la grande maigre qui domine.
Les banalités d’usage s’enchainent, je somnole un peu, sollicite au max Jean-Paul qui finalement est ravi d’avoir trouvé un compagnon de beuverie et me resserre aussi souvent que possible, toujours après lui.
Isabelle s’enflamme sur son prochain voyage:
— Oui, parce que nous partons à la meilleure période de l’année… tu sais… il fait 24° en moyenne… mer des Caraïbes… 600 kilomètres de plages, de nombreux parcs nationaux, dont certains comme le parc national Armando Bermúdez permettent la randonnée ou d’autres comme le parc de Los Haïtises les excursions à travers la mangrove.
Ma parole, elle a appris par coeur wikipedia ! Je tente une offensive juste pour juger de la solidité des connaissances.
— La mangrove ?
Isabelle marque un temps d’arrêt et comme une enfant déclamant sa récitation.
— La mangrove est un écosystème de marais maritime incluant un groupement de végétaux principalement ligneux spécifique, ne se développant que dans la zone de balancement des marées appelée estran des côtes basses des régions tropicales. Elle sourit, satisfaite d’avoir réussi ce test.
Je ne suis pas sûr qu’elle sache vraiment de quoi elle parle, mais comme je n’en sais rien non plus et que je m’en contrefous, je n’essaie pas de la faire passer pour une conne, ce qu’elle est de toute façon. Mamour est admirative.
— Comme vous avez de la chance. Quinze jours au paradis. Tu m’enverras une carte postale ?
— Bien sûr ma chérie ! Même des mails. Jean-Paul prendra des photos de moi sur la plage. Là-bas on peut faire du naturisme quasiment partout.
Alix rougit. Bon, soit je suis complètement bourré, probable, soit il se passe un truc vraiment chelou entre elles.
Piqué au vif, je lance quand même une ogive.
— Finalement, vous ne partez plus au club à Punta Cana comme tous ces connards de touristes français ?
Silence gêné, Isabelle concède un léger:
— Nous partons avec un Tour Operator dans un club en «formule all inclusive» mais on fait ce qu’on veut quand même !
J’adore, je suis comme un gamin qui vient de commettre un bruit incongru pour se faire remarquer et qui attend qu’on le punisse. Manifestement tout le monde s’en branle. O tempora, o mores.
Après une interminable conversation professionnelle entre Zaza et Alix, florilège de commérages et de calomnies, Jean-Paul se lève.
— Je vais en cuisine, nous n’allons pas tarder à passer à table et il faut carafer votre piquette.
Je reste coi. Seul dans le salon pendant qu’Isabelle débarrasse la table et qu’Alix au garde à vous, s’empresse de l’aider. Ils peuvent prendre leur temps, j’ai encore une demi bouteille de blanc devant moi. Je me dis que ça fait quand même des mois que je n’ai pas pris de nouvelles de mes potes (ou assimilés comme tels), j’en profite pour passer un coup de fil à Olivier, histoire de bouger un peu… comme au bon vieux temps. Processus de re-socialisation amorcé.
— Olive, c’est moi, est-ce que tu es dispo la semaine prochaine pour un barathon ?
— Salut, écoute en ce moment je traverse une période difficile, Anne vient de perdre son emploi et le petit dernier a des problèmes respiratoires, le médecin m’a dit que je dois faire gaffe j’ai des problèmes de cholestérol et un risque de diabète. Et toi ça va ?
— Ouais… Olivier tu m’excuses mais je suis chez des amis, je peux pas trop parler, j’espère que tes ennuis vont vite s’arranger. Tu as mon numéro, tu n’hésites pas à me rappeler dès que tu veux sortir. À bientôt. Je raccroche.
Décidément j’ai la guigne, le sort s’acharne. J’hésite à contacter Abdel qui est un bon copain mais sera vraisemblablement réfractaire à un barathon, musulman pratiquant.
Je réalise que j’ai un cercle relationnel très limité, asséché. Les amis d’hier se sont mariés, ont des enfants, les autres ont pris le large et mon roman est devenu une entité à part entière qui m’accapare énormément. Un refuge ? Il n’est pas moi, ni un reflet. Il existe dans sa réalité inventée. Mais qui emportera l’autre ? Viendra-t-il avec moi dans mes ténèbres ou est-ce lui qui va m’élever, m’emmener vers la lumière ? L’écriture est une alchimie pâtissière. La justesse des ingrédients, le nappage. Chauffer l’alambic pour transformer le vil métal en or. Je ne connais rien de ces deux disciplines et pourtant la définition me semble juste. Mon esprit divague. Sortir à tout prix de cette prison existentielle. M’évader vers d’autres horizons. D’autres gens. D’autres saveurs… Je suis à bout.
Jean-Paul revient, rouge cramoisi. J’ai entendu, je ne sais plus où, une assertion particulièrement juste: l’homme est un produit grossier de la nature. La preuve par l’exemple.
— Où sont les filles ? Je demande, histoire de meubler la conversation.
— Parties faire des essayages. Il glousse libidineusement
— Ah ouais, excellente idée ! (Tu parles je m’en cogne total.)
— Bon, pour samedi soir on se retrouve à quelle heure ?
— J’en sais rien ? Pourquoi ?
— On va ensemble chez Irene, Alix te l’a pas dit ? Les essayages c’est pour la soirée, tu vois ce que je veux dire ? Il me fait des gros clins d’oeil grivois.
Je suis vraisemblablement en plein délire, les médicaments associés à l’alcool altèrent mes facultés cognitives. Pourtant tout à l’air réel: La table. La lampe. Le tableau. Le canapé. Le gros pervers rougeaud sur le canapé.
— Tu vas voir, l’ambiance est géniale. Les filles s’éclatent sur la piste de danse. Il y a des barres de lap dance. Des cages. Des glory holes. Croix de saint andré… Un coin sauna – hammam. Des espaces câlins. L’endroit est idéal pour des débutants comme vous. Mais rassures-toi, Zaza et moi on sera là pour vous encadrer !
— Y a un bar ?
— T’inquiètes, si tu veux te saouler tu peux. Les mecs n’approchent pas les nanas sans le consentement des maris. C’est la règle. Maintenant si les filles veulent s’amuser entre elles, elles peuvent ! On va rien dire alors qu’on se rince l’oeil gratos.
Mon corps est ici, dans le salon des Leroy mais mon esprit est définitivement ailleurs. Dans un lieu éthéré. Une alter réalité plus séduisante, moins crue et surtout exonérée de gens si tristes au fond qu’ils n’ont plus que les plaisirs charnels comme preuve de leur matérialité.

« Natasha est assise sur le canapé du salon. Elle semble très à l’aise, heureuse d’être là. Je ne sais plus trop à quoi m’en tenir. Je suis tombé amoureux d’elle, c’est un fait. Si c’est une manoeuvre d’Eloïm pour m’attirer dans ses griffes ? Peu importe ; Finalement, est-ce un drame ? Je joue les pères la morale, mais après tout, n’est-ce pas lui qui a raison ? Il utilise et endoctrine les riches, les nantis, les privilégiés du système; tandis que les médias et la machine économique asservissent et ponctionnent sans vergogne chaque jour qui passe les plus démunis, les simples, ceux que je crois défendre et informer. Sour dreams (rêves amers) pour un cœur saignant, une âme torturée, un corps usé.
Natasha m’attire contre elle. Je m’abandonne totalement. Nous faisons l’amour, non pas comme des bêtes sauvages privées de discernement, mais au contraire avec calme, volupté, passion, dévouement, chaleureusement. Notre part de divinité s’exprime dans cet acte essentiel, fécondateur.
L’amour a maintenant un sens pour moi. J’ai envie d’un enfant avec elle. Unis et Ré-unis. Mon destin est désormais entre ses mains… »

Chrysalide en attente de mutation s’ennuie ferme dans son cocon.
Le temps change, le temps passe, les déceptions d’hier reviennent en bourrasques éparses remplir les méandres de la mémoire.
Le corps répond par l’affirmative à cette déliquescence et rien ne compense le spleen, la mélancolie.
Misanthropie passagère ?
Quel baume pour panser les plaies de l’âme, pour dépasser le cadre convenu des habitudes et du mal être ?

— Eh oh, y a quelqu’un ? Houston ici la terre ! Tu commences déjà à fantasmer mon gars ? Attends d’être là bas ! Qu’est-ce qu’elle font… même si j’ai une petite idée ! Jean-Paul s’impatiente, Alors les filles, on a faim nous !
— On arrive, ah les garçons, c’est pas croyable, vous êtes tous les mêmes !
On dirait qu’Alix et Isabelle ont pris une douche. Normalement je devrais être comme Jean-Paul, manifester de l’intérêt pour leurs aventures scabreuses, mais je n’arrive pas à m’y intéresser. Seule mon histoire me préoccupe. La relation entre Natasha, Louis, Eloïm et tous les autres.
— Sinon, tu as vu le dernier match du PSG ? L’arbitrage en France est nul et puis le penalty… comment il a fait pour ne pas le voir ? N’importe quoi, enfin moi je suis l’entraineur je sors Zlatan. Dis donc ton pinard il a la classe internationale à propos.
— Alix est très calée en vin, elle prend toujours d’excellentes bouteilles.
Enfin, lorsqu’on est invités…
— J’ai l’impression qu’Alix est calée dans pas mal de domaines !
Jean-Paul me donne un grand coup de coude qui manque de me faire tomber. Mais quand est-ce que cette soirée se termine ?
Elle glousse, minaude, se goinfre de ces compliments lourds de sous entendus…
— Dis donc Zaza, surveille un peu ton mari… je le trouve bien entreprenant.
— Alors ma chérie, comment tu trouves le rôti de porc ?
Lequel celui qui est à ma droite ?
— Un délice, il faut absolument que tu me donnes la recette, mon homme cuisine très bien, mais il s’entête à faire des trucs asiatiques ou étrangers, je suis pas fan, je digère mal. Mais sinon rien à dire un cordon bleu, hein chéri ?
J’ai envie de lui dire qu’elle n’y connait rien, le rôti est bien trop cuit, même les pommes de terres sont ratées et que dire de la vinaigrette ? Infâme. Jean – Paul bâfre, se sert trois ou quatre fois, Zaza le regarde avec fierté, l’air de dire, il est pas beau mon petit pourceau ? Enfin le dessert, un gâteau au chocolat qui vient heureusement de la pâtisserie. Je suis épuisé et maintenant les éructations verbales qui reprennent avec plus de vigueur sur le thème de la politique. Lieux communs. Clichés. Evidences. Racisme et anti sémitisme larvé. Rien ne m’est épargné.
Je pense: Alcool. Souffrance. Mort. Rejet. Anxiété. Peur. Dégoût. Haine. Obsession. Victimisation. Extrémisme. Psychotropes. Pleurs. Oxygène. Foi. Crainte. Dieux. Plaisir. Désir. Goût. Elévation. Travail. Conscience. Bataille. Exaltation. Transcendance. Mysticisme. Egotisme. Egoïsme. Manque. Besoin. Amour. Touché. Présence. Travail. Engagement. Lumière. Vie. Sexe. Lassitude. Routine. Eloignement. Tragique. Espoir. Imaginaire. Dédale. Labyrinthe. Cicatrice. Douleur. Tristesse. Rire. Confiance. Style. Empathie. Courage. Amitié. Dévotion. Liberté. Dépensier. Jaloux. Envieux. Parapsychologie. Oecuménisme. Envie. Abattement. Renoncement. Centre. Maladresse. Tendresse. Ivresse. Colère. Suicide. Vie. Perception. Emotion. Inapte. Intelligent. Détresse. Trop. Lâcheté. Angoisse. Effondrement. Explosion. Vigilance. Persévérance. Chemin.
La soirée se termine sur des adieux langoureux entre Isabelle et Alix qui s’embrassent à pleine bouche, mais se retrouveront demain au boulot, je me demande comment elles gèrent un truc pareil. Jean-Paul me met sa patte sur l’épaule.
— A samedi et soyez sages, ou ne le soyez pas c’est encore mieux !
Alix s’installe côté conducteur et prend le volant. Elle sourit complètement libérée. Je réfléchis avant de parler: Scénario 1 «Alors comme ça on bouffe du cresson ma grosse loutre ?» Scénario 2 «Cette soirée était géniale, vivement qu’ils viennent à la maison», Scénario 3 «Samedi je suis probablement décédé ne compte pas sur moi.» Pas trop sûr de mes différentes phrases d’accroches, j’opte pour un simple:
— Vous avez l’air très complice avec Zaza
Alix soupire.
— Oui, effectivement, nous sommes très complices.
Je m’endors profondément mais je parviens tout de même à reprendre mes esprits juste avant d’aborder le dernier virage.
-— (…) Et Jean-Paul il est vraiment trop drôle et le rôti délicieux et leurs maisons j’adore la deco et Zaza ; enfin tu sais pour nous maintenant, tu ne peux pas savoir comme je suis soulagée.
Je constate sans surprise qu’elle ne s’est pas rendue compte de mon assoupissement. Le mélange des vins me tourne la tête, écrire me semble compromis pour ce soir et pourtant j’en ai une irrépressible envie. Je me rend compte de la vacuité de mon existence. Les désirs prosaïques de mes contemporains. Leurs problèmes ou leurs joies stéréotypées, stériles, qui ne mènent à rien. Il n’y a qu’au pied du mur que l’homme se révèle ou lorsqu’il souffre dans sa chair, dans son esprit. Quarante ans de passif terrestre à mon actif et qu’ai-je appris ? La plupart des humains vivent par procuration. Ils se créent eux-mêmes des difficultés, se victimisent ou au contraire se glorifient, ne s’intéressent qu’à leur misérable personne et pourtant il suffit parfois de faire le premier pas pour changer la donne, s’accepter pour exister. Des enfants dans des corps d’adultes consumés par le jeu social, prisonniers des conventions, des préjugés et des a priori. Toujours en veille, je capte les conversations des uns et des autres. Il y a longtemps que je n’y apprends plus rien d’intéressant ou de novateur. Je ne suis pas désespéré, j’ai juste abandonné tout espoir. Certains croient se réaliser dans leur sexualité, dans leur progéniture, les autres dans leur métier, se plongent à corps perdu dans ce qu’ils nomment le concret, le raisonnable. Mais au fond à quoi cherchent-ils à échapper ? Combien même le miroir aux alouettes leur ferait miroiter le contraire, nous mourrons tous. Pour ma part je suis déjà mort. J’accepte cet état de fait. Je suis bourré, je raconte sans doute n’importe quoi, mais le coeur y est. Inadapté ? Sans doute. Je subi leur réalité tandis qu’ils dénient la mienne, la réfute, en on peur. Le meilleur exemple de la misère humaine, on le trouve au service des Urgences, la nuit. J’en ai encore fait l’amère expérience le mois dernier quand Alix s’est plantée un morceau de verre dans le pied. Là-bas les laissés pour compte de la société viennent bon gré mal gré soulager leurs douleurs ou mourir. Ils ne reçoivent qu’avec parcimonie le minimum de réconfort moral qu’ils sont en droit d’attendre. Les accompagnants craignent pour ceux qui leurs sont chers, ils attendent parfois des heures inquiets sans nouvelles, dépourvus et abandonnés. De trop rares solidarités se nouent parfois entre les êtres. Dans l’ensemble tout ça m’écœure, me hante.
Alix se couche. Je reste assis à mon bureau, je ne lui ai pas dit bonne nuit, je crois qu’elle s’en fout. La musique se diffuse à travers mon casque relié à l’ordinateur. Cycle naturel. Alternance de jours et de nuits. Les mélopées de Jeff Buckley «Halleluia», «Creep» de Radiohead, «Madame Rêve» de Bashung s’enchaînent et même si je perçois leurs ondes magiques, je me sens sec et froid à l’intérieur.
J’ôte le casque. Je vais à la fenêtre fumer une énième cigarette. Je vois une étoile. Elle m’attire, tout peut s’arrêter maintenant. Il me suffit de prendre une grande inspiration et de me jeter dans le vide. Partir loin de toute cette chienlit, loin de ce monde peuplé d’enfants morts de faim, exploités, privés à jamais de l’innocence. Des adultes enlisés dans les faux semblants, la haine, la cupidité et les soi-disant responsabilités. Je n’ai jamais voulu infliger à un enfant un père tel que moi. J’ai raison. Mon cœur bat à tout rompre, une partie de moi me dis: «Vas y fais le qu’est-ce que tu attends», «qu’est ce qui te retiens», «vas y fais le» «libères-toi». « Allez un peu de courage, tu passes ta vie à te plaindre, à ruminer, à commencer sans jamais finir, tu as l’occasion de te rendre service et par là même de soulager la société d’un poids, dans l’éventualité où tu représentes quelque chose. Ton livre, roman ou histoire ? Une échappatoire d’un instant mais après ? sans but, sans envie, sans plaisir, sans désir, de quoi vivras-tu ? De déception ? de lâcheté ? de fuite ? d’attente de ce moment fatidique mais aléatoire ? » En accomplissant ce geste tu as le contrôle absolu de ton existence. Memento mori.
La vie est ainsi faite pour beaucoup: Barrières, frontières, blocages de toutes sortes et d’un coup tout se restreint à un enclos dont on ne s’échappe pas. Faire vivre l’impossible n’est pas une doctrine, une lubie de philosophe, une fuite du réel. Il s’agit selon moi d’une preuve ontologique de l’existence de l’homme. Sans l’envie d’aller au delà du possible, sans la hargne de dépasser les clivages, les cadres et les restrictions, rien de positif n’arriverait, le conformisme pour seule destination ? autant dire la banale mort. Faire vivre l’impossible mérite d’être entrepris à bras le corps et avec la détermination et l’énergie requise. Dont acte.
Et après tout, si la résolution de mourir coûte autant, que vaut celle de changer, bouleverser le cours des événements, de renaître, de prendre un nouveau départ, d’assumer une nouvelle vie sur de nouvelles bases ?
Une étincelle jaillit en moi. Je remets à plus tard mon projet morbide. J’éteins l’ordi. Je suis résolu. Je vais partir. Où ? Comment ? J’en saurais plus demain matin quand je serai à jeun, capable de réfléchir sereinement. Prêt à assumer un destin.
Un matin tu te réveilles, le cœur et l’âme gorgés de spleen, de mélancolie, tu repenses aux échecs, aux coups durs, à tes actes manqués, à ta lâcheté, à ta finitude, à ta douleur, à ce que tu penses être et à ce que tu penses ne jamais réussir à devenir, ta tristesse est si intense, tes remords et tes regrets si profonds. D’où tout cela vient t-il ? Pourquoi s’infliger ces supplices ? Les gens trouvent leur suprême plaisir dans ce qui leur est suprêmement étranger. Leur vanité y est intéressée; ils rient, applaudissent, remuent l’oreille comme les ânes, pour montrer qu’ils ont bien saisi : « C’est ça, c’est bien ça! » Eloge de la folie Nietzche

Sitôt leurs ébats achevés, Natasha se livre un peu plus sur son passé. Sordide. Ravissante jeune fille de la Volga. Famille confrontée à des difficultés financières. Cédée à la mafia locale à l’âge de 17 ans. Transférée en France après un passage en Italie. Rachetée avec un lot par Sergeï Tchernikesko, un souteneur réputé dans le tout-paris pour la qualité de ses pouliches. Elle était normalement destinée à rentrer au pays pour se marier avec un chef de gang. C’est pour cela que son frère était venu jusqu’en France, mais depuis l’arrestation de Sergeï, Eloïm « veillait » sur Natasha et sur d’autres filles comme elle, qu’il utilisait comme Vespales, sa garde rapprochée, destinées à des missions particulières: Séduire, soudoyer, corrompre et faire chanter les obstacles sensibles à la chair. Emprisonné pour diverses infractions aussi variées que braquage, trafic de drogue, proxénétisme aggravé, meurtre, récidive, il en avait théoriquement pour vingt ans incompressibles. L’avocat de la communauté, un proéminent ponte lui laissait un mince espoir, en apparence, mais verrouillait en coulisse toute possibilité de recours. Sergeï allait pourrir en taule, car telle était la volonté d’Eloïm. Quant à ceux qui voudraient la faire repartir en Russie de gré ou de force ils subiraient la loi du Gourou.
Natasha s’éclipsa comme la première fois sans un bruit, sans un mot. Sa relation avec Louis n’était pas finie, juste entre parenthèse. Ils savaient tous les deux, qu’avant de pouvoir espérer construire quelque chose ensemble Kadmon devait d’abord poursuivre son chemin, se confronter à Eloïm et peut être en finir une bonne fois pour toute avec son démon. Louis ne pouvait d’ailleurs s’empêcher de penser qu’il n’y avait encore pas si longtemps de cela, il n’était rien de plus qu’une coquille vide. Brisé et sans avenir. Le gourou l’avait en quelque sorte ressuscité après l’avoir tué. Démiurge, il lui avait donné un but, une fièvre, un amour. Louis n’étais plus seul désormais, il était en quête.
Le lendemain matin, sûr de lui, il se prépara rapidement et sauta dans sa voiture, gorgé d’adrénaline comme un parachutiste avant un saut. L’enquête devait être reprise à l’origine. Il n’y avait qu’une direction concordante: Le château de Lott.

Interlude
Medhi: «J’ai 3 ans et toi tu viens juste de naître. Je pourrais très bien t’étouffer avec un coussin ou te faire tomber du berceau face contre terre… J’ai 5 ans et je ne le formalise pas, mais je conceptualise ces idées. Je n’éprouve pas de sentiments à l’égard de ce minable petit être, ni des Géniteurs, ils sont là pour me nourrir et me servir. Ils sont fonctionnels. Je réalise que lorsque je souris ou quand je suis amical avec le morveux, ils manifestent leur contentement. Dès qu’ils me regardent, je caresse la joue du gniard et dès qu’ils se retournent je le pince. Il pleure. Je suis le plus fort. Je suis le meilleur. Il n’y a que moi qui compte et le monde tournera toujours ainsi…»
Le temps passe et Medhi grandit, il a 7 ans puis 9 ans. Son système de pensées n’a pas évolué mais s’est affiné. Les coupables de sa naissance ont plus de moyens financiers. Le père est un homme d’affaire cossu et la mère une femme au foyer on ne peut plus respectable. Medhi est prédestiné à vivre comme un Prince. Le petit frère lui fait de l’ombre. Medhi tue le petit frère. Il n’y a aucune preuve de sa culpabilité, mais il est rejeté, écarté du foyer meurtri. Il part vivre le reste de sa jeunesse en pension.
Medhi a 33 ans, il est adulte, il galère mais se renforce. Il change d’identité, devient Eloïm. Décidé à couper ses racines, il retrouve la trace des Géniteurs. Il envoie une équipe pour bruler la maison et exterminer ses occupants, lui pendant ce temps reste dans la voiture, contemple son oeuvre. Eloïm/Medhi se délecte du spectacle, un sourire carnassier déforme son visage impassible. Comme le disait si bien Léon Bloy « Quand on demande à Dieu la souffrance, on est toujours sûr d’être exaucé. ».
— Je suis Eloïm, Dieu, YHWH: Celui qui est l’objet de la crainte.

Le portail électrique s’ouvre automatiquement sans qu’il n’ait besoin de décliner son identité. Il faisait presque partie de la maison maintenant…
Cette fois il emprunte la route en voiture, se gare à l’emplacement réservé usuellement au Hummer ou tout autre véhicule d’Eloïm. Le maitre n’était pas en ses lieux. Louis imaginait la tête du gourou découvrant sa place de parking occupée par la voiture de son pire ennemi…
« Rien à foutre ! » Louis était galvanisé par sa romance avec Natasha « Je suis en mission, à la recherche d’indices et d’ici je vois parfaitement le domaine, ainsi que le bâtiment dans lequel il est entré la dernière fois. Les lumières sont éteintes. Fermé. Sans doute impossible de pénétrer à l’intérieur. Tous les accès doivent être verrouillés. Je ne m’y attarde pas. » Des ouvriers s’affairent sur les ruines du château. La reconstruction demanderait du temps et de l’argent, l’organisation ne manquait d’aucune ressources.
D’après le planning affiché sur le panneau central, les adeptes en nombre important, « comme quoi rien ne perturbe longtemps les hommes » ironisa intérieurement Louis, vaquaient à leurs différentes activités: Yoga – Macrobiotique – Perception de soi – Amour & Confiance – Aqua Gym – Libération de la parole. Le journaliste fit une moue sceptique pour ne pas dire plus: « De la foutaise en stocks, oui ! »
Kadmon regardait attristé les uns et les autres déambuler, sérieux comme des papes, habillés du kimono ou du sari réglementaire. Le personnel affable portait un uniforme composé d’un pantalon noir et d’une veste col Mao assortie, des gants blancs immaculés et souriaient béatement à quiconque croisait leur chemin. Il hésite à les aborder mais ne savait pas quoi leur dire, d’autant plus qu’il ne respectait pas vraiment l’harmonie vestimentaire, avec son jean fatigué, sa veste pied de poule hors d’âge et ses nike d’ado. L’idée de venir ici restait la bonne, il en avait l’intime conviction, mais où aller, quoi faire ? Ses pas le ramenèrent mécaniquement devant la maison VII. La porte n’était toujours pas verrouillé et la caméra qu’il avait détruite toujours pas remplacée. Son cœur frémit, Natasha, avait-elle anticipé son dessein ?
Personne au rez de chaussée, ni à l’étage. Il se frotte les tempes: «Allez, au boulot.» Il fallait qu’il trouve quelque chose. N’importe quoi. Un nom, une piste… La liste ! Mais quel con, depuis le début il avait accès aux victimes et il ne l’avait même pas analysée correctement. Louis fouille néanmoins la maison de fond en comble: Sous le canapé, sous le tapis, dans la cheminée, entre les lattes du lit… il se prenait pour un flic en train de perquisitionner. Soudain il remarque, coincée au fond d’un tiroir de la commode de l’entré, une carte de visite:
Alexandre Absalon. Free speech teacher.
Reboosté par cette incroyable découverte, il confronte le nom avec la liste des victimes. Absalon était noté dans les blessés graves. Louis s’inquiéta: «Merde ! pourvu qu’il ne soit pas mort. J’ai besoin de lui… Eloïm a un autre mobile que l’argent, je le sens.» Il dégaine son smartphone et appelle tous les hôpitaux de Paris et de Bordeaux. Le journaliste après une dizaine d’appels perd presque espoir, mais il s’accroche. Finalement on lui annonce qu’une personne répondant à ce nom était bien hospitalisée à l’hôpital Pellegrin de Bordeaux, dans le service des grands brulés. Louis s’y rend aussi vite que possible. Il se fait passer pour un proche de la famille. Ils ne bataillent pas trop à l’accueil. On lui accorde une demi heure. Ses jours n’étaient plus en danger mais il restait toujours en soins intensifs. Kadmon passe dans un sas avant d’entrer dans une chambre en Plexiglas. Il faut d’abord se laver les mains, revêtir une blouse, des chaussons et une charlotte. La personne qui est allongée dans le lit ressemble à une momie, recouverte de bandages, intubée, perfusée partout où c’est possible, entourée de plusieurs moniteurs. Absalon tourne péniblement sa tête. Sa voix ne semble plus humaine. Terriblement rauque. Presque inaudible.
— Le journaliste ? Je m’attendais à votre venue.
Kadmon ne s’étonna pas. L’important était d’emmagasiner le plus d’informations possibles.
-— J’ai besoin de comprendre. Racontez-moi ce qu’il s’est passé le soir du drame. S’il vous plaît ? Il s’assit sur une chaise, s’approcha d’Alexandre et l’écouta sans faire de bruit.
Au prix d’un énorme effort Alex se redresse, tente d’éclaircir sa voix mais c’était impossible. Son visage ou ce qu’il en restait se tordait de douleurs.
« Aïe, ma gorge me fait atrocement souffrir. Attendez un instant. Voilà. Je vais vous raconter ce que je peux. Après je vais dormir. J’ai si peu de forces… Vous le savez peut être, je suis membre de la communauté depuis cinq ans. J’ai contribué à l’essor du centre français. Je m’occupe d’un atelier: Libre Parole.
Je suis arrivé au château vers 21:00. A pieds. J’habite dans une maison derrière le château, mais vous le savez déjà sinon vous ne seriez pas là.
Un groupe d’hôtesses, ravissantes, nous attendaient à l’entrée. Membres comme personnel. Elles étaient là pour procéder au tri. Tout le monde n’est pas invité à ces soirées caritatives. Cela ne m’a pas choqué. J’ai l’habitude. Seules des identités compatibles sont acceptées dans nos événements. Une méthode éprouvée pour qu’il n’y ait jamais de mécontents. »
Il toussa avec peine. Le bruit était affreux. Alex reprit son discours.
« Sur le perron certains fidèles trainaient. Heureusement pour eux qu’Eloïm n’était pas là parce qu’il déteste ce genre d’attitude. Tous buvaient du champagne. Ils étaient si beaux, si bien habillés. Ils arboraient fièrement le badge de la communauté, mais les invités ne venaient pas tous de mon centre. J’en ai reconnu quelques-uns qui venaient d’ailleurs. J’étais surpris parce qu’ils n’avaient pas bonne réputation. Je me disais que c’était peut être une technique de notre guide pour les remettre dans le droit chemin. Je me souviens qu’à l’intérieur du château, l’alcool coulait à flots. La djette, un top model au placard pour des problèmes de dope, s’occupait des platines pendant que Léo, l’organisateur de la soirée, était parti faire le beau avec des cadres de la communauté. Elle a enchaîné des super morceaux. J’adore tellement la musique. Sans vraiment chercher à l’écouter, j’ai entendu Léo parler, c’était bizarre. Il était à l’hôtel après une soirée de la communauté, il avait fini comme toujours avec de la coke, de l’ecsta, tout ce qui pouvait lui permettre de croire un peu plus longtemps qu’il était un dieu, que le monde était à lui et qu’on l’aimait sans aucune mesure. Starfucker. Bref, il avoua avoir consommé de tout plus que de raison. Peu de temps après il s’est senti mal. Il a fait des tests sanguins, il avait contracté une forme particulière du virus que nous redoutons tous. Un truc hyper insidieux qui te règle irrémédiablement le compte en un rien de temps, mais sans avoir vraiment d’échéance précise. Pour les filles qui étaient avec lui, il ne savait pas si elles étaient également plombées. Il s’est confié à Eloïm qui lui avait offert cette dernière soirée en cadeau de départ. Un trip ultime avec une fin mystérieuse. L’idée c’était d’affoler une dernière fois les médias. Tout pour le Show. J’étais trop bourré pour comprendre de quoi il s’agissait, sinon j’aurais pris mes jambes à mon cou et je serais parti aussi loin que possible. »
Louis se retenait de le dire, mais il se doutait bien qu’Eloïm allait régler leur compte aux médecins, aux laborantins et aux filles malades ou non. Aucunes traces et surtout rien qui puisse ternir la réputation de l’ordre. Alex ne pouvait contenir une nouvelle quinte de toux. Il n’avait pas le droit de boire. Il souffrait le martyr.
« La piste de danse, comme dans une véritable salle de bal, s’embrasait littéralement, j’allais découvrir un peu plus tard l’horreur de ce mot. Marie, une Vespale était magnifique dans une robe de créateur, elle encadrait Cassandre une jeune paumée qui voulait quitter la communauté. Il devait être aux alentours de minuit en tout cas c’est ce qu’indiquait ma Rolex, un cadeau d’Eloïm. Nous nous amusions comme des collégiens. Stan un nouvel adepte exubérant, exécutait une espèce de danse du scalp. L’index en l’air, il gueulait des « wouh » « wouh » comme une hyène enragée. Ça non plus Eloïm ne l’aurait pas toléré. Cassandre qui malheureusement se trouvait juste à côté s’est faite vomir dessus. Je me suis barré très vite, histoire de ne pas être de près ou de loin associé à cet événement, on ne sait jamais, cela aurait pu me couter ma place. Marie rouge de colère est partie s’occuper de sa protégée traumatisée. Je suis allé fumer une cigarette sur les remparts. Léo faisait de même, il regardait le ciel étoilé. Quand je suis rentré, hasard ou démente coïncidence , Nicolas, mon frère, se tenait face à moi. Marc et Jérome mes proches amis à ses côtés.
Des larmes coulent sur ses pansements.
— Putain les gars qu’est-ce que vous faites là ?
— Nous avons tous reçu en début d’après-midi une convocation pour venir à cette soirée, ça semblait important. Répondit froidement Nicolas.
Marc et Jerome opinèrent du chef.
— On ne s’attendait pas à se retrouver ensemble, on est venu chacun de notre côté renchéri Marc.
Jerome ne cessait de regarder à droite et à gauche, visiblement à l’affut.
Lorsque je m’adressais à eux mon ton était involontairement acerbe ce qui donnait à Nico l’occasion de me provoquer.
— Ta tête a tellement enflée, regarde toi et ta chère Vespale, elle est où ?
Je suis devenu rouge de colère, Il y a des choses qui ne doivent pas être dites. Comme d’habitude on s’est frictionnés un petit moment, remplissant nos verres de champagne frappé. Stan ne revenait toujours pas. Nicolas ricanait de me voir de partir à sa recherche, mais ça fait partie de mon job, de la mission, s’assurer que tout le monde va bien. Mon frère en avait marre de tout et ne croyait plus en rien, ni en notre action, ni en Eloïm. Lorsque je suis revenu, il y a eu un flash de lumière, le temps s’est comme figé, mais accéléré en même temps, je ne sais pas je n’arrive pas à décrire, c’est si confus et puis un vacarme énorme, impressionnant. J’étais au bar installé au 2ème étage, pendant que mes «amis» regagnaient la table délaissée par Marie, Stan et Cassandre à côté de la piste de danse. Je n’ai pas réalisé tout de suite mais j’ai vu l’horreur, des flammes, des éboulements. De la panique, les gens qui se projetaient en masse contre l’entrée du bâtiment, comme les saumons à contre courant. Toutes les issues étaient bloquées. Impossibles à ouvrir. Je voyais Marie et Cassandre blotties l’une sur l’autre, assises sur les marches, à droite de la porte d’entrée, avec le mouvement de foule elles risquaient d’être piétinées mais elles ne pouvaient pas bouger. »
Alex perdait sa voix, en l’écoutant parler et en regardant son visage ravagé, Kadmon ressentait profondément ce qu’il lui décrivait. Il ne dormirait plus pendant des jours. Inévitable, prévisible, inéluctable, tous les qualificatifs étaient applicables à la situation mais aucun ne pouvait reproduire fidèlement ce qui s’était réellement produit lors de cette macabre nuit. Il soupire:
« Léo et Jerome se sont fait écraser en un instant sous mes yeux hagards au bas des marches, produisant un double bruit sourd, mat, disloquant, lourd. Juste à côté de Cassandre qui réalisa après coup et se mit à hurler comme une damnée, suivie instantanément de Marie et la peur s’empara un peu plus de nous. Je suis coincé en haut, je ne peux rien faire. La djette hurle, en flamme, c’est surréaliste. Les smartphones sont dégainés mais il n’y a pas de réseau. Il y en a qui filment. Prennent des photos. Notre «service de nettoyage» les confisquera tous jusqu’au dernier avant de prévenir les secours. J’essaie de descendre, je croise Stan qui git inconscient dans une mare sanguinolente, peut être est-il encore en vie, mince espoir ? Franchement j’en sais foutre rien. Jamais su prendre un pouls, la tension, ce genre de conneries. Yoshida, reine de beauté méconnaissable, parodie humaine, complètement défigurée. On était pas dans un putain de film, c’était la maudite réalité qui nous attrapait au collet et serrait son étreinte. La deuxième détonation me cloua au sol. Je perds connaissance. je suis comme happé, je sens mon corps se dissoudre, une douleur inouïe, je m’évanoui de nouveau. Totalement déphasés par l’ampleur du chaos, ce que je crois être les secours essaient de faire leur travail dans des conditions extrêmes, nous extraient des décombres. J’ai entendu des cris, des gens psalmodier, vu des moribonds, des pantins disloqués. Finalement les corps ont été chargés dans les ambulances. Au bout de combien de temps ? aucune idée, j’ai l’impression que tout s’est déroulé dans une microseconde d’éternité. Gyrophare et sirène, douleur et mort. Une pensée terriblement cynique me traversa l’esprit: pour une fois il n’y a pas eu tromperie sur la marchandise, une soirée de Léo on s’en souvient toute sa vie. Surtout quand c’est la dernière. »
Les yeux d’Alexandre se remplissent de larmes. « Mon Dieu ! Ayez pitié ». Il se saisit du bras de Louis, cherche à parler dans un dernier souffle.
— On a été exécutés. Pourquoi ? Je n’en suis pas sûr, mais ce n’était pas un accident.
— Alexandre qu’est-ce qu’Eloïm aurait pu vous reprocher ?
Il rassemblait ses dernières forces:
— Pour ma part, j’entretenais une liaison avec Marie. En dehors des missions, Eloïm interdit formellement aux Vespales tout rapport avec d’autres personnes que lui. Cela vaut condamnation à mort.
Natasha ? non ce n’est pas possible.
— Est-ce qu’elles peuvent être affranchies ? Alex, réponds moi, Alex ?
Il s’est endormi. Je me retire, une larme coule sur ma joue. Je reviendrai demain poursuivre mon interrogatoire.
A peine une heure plus tard, une autre visite, beaucoup moins cordiale. Une main se plaque sur sa bouche d’Absalon. Il se réveille affolé, perclus de douleurs, les yeux exorbités, son corps se secoue de soubresauts.
— Chut ! Doucement…. Tu as bien fait ton travail. Eloïm est fier de toi. Tes souffrances vont t’être abrégées. Tu es dorénavant digne de figurer parmi les martyrs de notre ordre. En costume d’infirmière, Natasha ne laissait apparaître aucune émotion. La seringue gorgée d’une dose létale de morphine se vide peu à peu dans le cathéter d’Alexandre. Ses yeux se ferment, son corps se relâche. Il retourne à la Jérusalem céleste.

Je n’ai pas du tout envie mais j’y suis. Face à nous, une discrète porte cochère qui ne laisse rien imaginer de ce qui peut se dérouler une fois entrés à l’intérieur. Jean-Paul sonne à l’interphone et se présente. Nous attendons une petite minute. Irène magnifique black longiligne aux seins proéminents et vêtue d’un rien, nous accueille chaleureusement.
— Entrez mes amis, ce soir chez moi Irène, toutes les audaces sont permises. Suivez moi ! Vous aller apprécier…
Je suis en costume noir, chemise blanche et cravate noir. Alix est habillée comme Zaza: Jupe; bas-résilles; haut rouge largement échancré. Affreux et vulgaire. Jean-Paul pour sa part, se croit chez Eddy Barclay, pour une soirée blanche. Nous laissons tout d’abord nos manteaux au vestiaire à une charmante hôtesse aux seins nus.
L’établissement, nous dit la propriétaire, est conçu sur plusieurs niveaux : Au sous sol: Glory Hole, Sauna, Jacuzzi, tables de massage, pièces pour fétichistes. Au rez-de-chaussée, le bar et la piste de danse. Au premier étage un autre bar, des chambres et des pièces « à découvrir ». Irène nous conduit au RDC à une table un peu surélevée dans un coin.
Jean-Paul passe son temps à me donner des coups de coude, à faire la bise à des couples moches et ordinaires. Zaza présente Alix à ses amis de parties fines. Je regarde ma montre. Je ne suis pas à ma place ici. Une bouteille de champagne que nous n’avons pas commandée nous est apportée par la taulière. Zaza l’embrasse sur la bouche en guise de remerciement, Jean-Paul fait de même. Alix les regarde comme des célébrités du petit écran. Les corps qui passent devant moi ne sortent malheureusement pas des pages de magazines de mode, excepté pour quelques unes. Certaines filles sont nues, d’autres en lingerie, les hommes sont en costumes, pantalons et chemises.
Odeurs de parfums et de sexe aseptisé. Les plus narcissiques ne cessent de s’admirer dans les nombreuses glaces stratégiquement situées sur le sol, au plafond et sur un large pan de mur. La musique est un pot-pourri de titres efficaces, house – funk – rock, matinée de tranches de slows destinés à « sensualiser » les échanges entre partenaires…
On aperçoit par ci et par là des mains dans des braguettes, sous des jupes, sur des seins, des danses tantriques ou exotiques. Jean-Paul m’emmène faire un tour.
Derrière un paravant une asiatique se fait doublement pénétrée avec apparemment beaucoup de délectation par un homme bien membré et une femme équipée d’un gode ceinture. Un peu plus loin sur un lit géant, une blondinette mignonne, lèche goulûment la chatte d’une nana quelconque. 5 ou 6 mecs sont autour d’elles, ont sortis leurs queues (pas bien grandes) et se masturbent en attendant leur tour, comme à la sécu.
En bas l’atmosphère est bien différente: Des trans, travelos et autres she males qui s’amusent à bonder des mecs en costards ou habillés en latex.
Franchement, je ne suis pas du tout emballé par ce genre de pratiques. Ce n’est pas ma tasse de thé, mais il faut reconnaitre qu’Irène a parfaitement conçu son Club, pour toutes les sexualités. Un gros notable se fait fouetter le cul, je baille. Je demande à «JP» où sont les chiottes.
— Au fond, à gauche.
J’aurai du m’en douter. Il n’y a pas de verrous aux toilettes qui sont mixtes. Je coince mon pied sous la porte pour éviter d’être ainsi exposé. Je me dépêche, tire la chasse, j’entends des bruits moites derrière moi, on tambourine. Je me dépêche de me rhabiller.
Vision effrayante, une dame bien portante d’une cinquantaine d’années est appuyée les deux mains sur l’embrasure de la porte, perd l’équilibre, me tombe dessus avec son mec derrière elle qui devait certainement la prendre en levrette. Au prix d’une acrobatie monumentale, j’arrive tant bien que mal à contenir le tout. Je suis coincé contre le mur, la femme collée contre moi et l’autre derrière le pantalon baissé qui recommence à la pistonner, comme à l’animalerie.
— Pardon…
— Ah mais tu ne vas pas partir comme ça mon joli !
— Non, enfin si, je ne suis pas trop dans le truc là.
— T’inquiètes tu vas y être dans le truc
Elle me passe sa langue sur mes lèvres, carrément dégueulasse et je sens les secousses de l’autre sur moi. J’hallucine.
— Ah ben ça va, tout se passe bien pour toi, tu t’éclates bien ?
Jamais été aussi soulagé de voir et d’entendre ma rombière. Le couple s’arrête, j’en profite pour m’échapper.
Alix est folle de rage. Hystérique.
— Merci beaucoup, tu viens de me sauver !
— Ouais c’est ça ! pervers ! malade ! tu crois quoi ? On est pas venu ici pour satisfaire tes bas instincts.
Il vaudrait mieux qu’elle se calme, parce qu’elle commence à me gonfler sévère.
— On est là pourquoi alors ?
Elle est rouge de colère, cherche ses mots:
— Tu comprends rien de toute façon. T’es un minable, un pauvre mec dans sa bulle, perdu dans le monde des bisounours, si je n’avais pas besoin de toi pour partager les charges de l’appart je me serais barrée depuis bien longtemps. Tu me débectes, capice ?
Un énorme soulagement me traverse. De toute façon à travers ce prisme du miroir qu’est l’autre, je solde inévitablement mes comptes avec une partie de moi que je rejette, alors autant l’accepter:
— Cette fois c’est bon, je comprends, ouais, Ok !
— Quoi, Ok ?
— Tu viens de me donner le signal dont j’avais besoin.
— De quoi ?
— Tu as raison. Plus rien ne rime entre nous. Je me sens oppressé, malheureux. Pour toi c’est pareil, tu viens de me le dire et puis tu as Isabelle et Jean-Paul avec qui tu vis un truc malsain de ménage à trois. Je n’ai pas de place dans ce schéma là.
— Quoi ? Tu me quittes, mais t’iras où ? Tu ne sais rien faire ! Un gosse ! T’es pas prêt d’en retrouver une comme moi, avec tout ce que j’ai supporté et subi.
— Tu as raison, tu as suffisamment souffert à cause de moi. J’y vais ! Bonne soirée.
Alix est en larmes mais je ne sais pas si c’est de nerfs ou de tristesse. Sincèrement je m’en fous. Je sors de chez Irène, libéré d’un poids, comme après un examen. Ni remords, ni regrets. Un nouveau départ, une nouvelle chance, une nouvelle vie. Je suis le fruit d’une partouze, né dans un club libertin, je démarre donc sous les meilleurs auspices !
Le taxi me dépose devant mon désormais ex chez moi. Je fais confiance à mon instinct pour me guider. Je charge mon sac de voyage du strict nécessaire, j’imprime les pages de mon roman en plus d’une sauvegarde sur clé usb, j’examine rapidement les lieux pour évaluer ce qui est à moi, ce qui partira au garde meuble en attendant que je me retrouve une piaule. Il est très tard. Je n’ai pas le choix, je vais dormir à l’hôtel et demain matin je prendrais le train en direction de Bordeaux. Pourquoi Bordeaux ? C’est une destination comme une autre et j’en parle dans «Au Commencement.» Je m’assois un instant sur le lit. Ce n’est pas elle le problème, ça ne l’a jamais été, je suis la source de tous mes maux et des siens dans notre couple, elle a raison sur beaucoup de points, mais ce qu’elle devenue, ce qu’elle veut faire de notre vie commune ne me convient pas. J’ai besoin de dangers, de confrontations, de challenges, de m’accomplir. Après avoir fait plusieurs fois le tour de la question, je me rend compte aujourd’hui que la seule chose sur laquelle j’ai la possibilité d’influer est ce qui émane de moi, mes actes, mes pensées, mes jugements. Je m’allonge les yeux ouverts mais humides, fixe le plafond. Finalement c’est encore un jour sans. Pas assez psychotropé, pas assez alcoolisé.
Seul, je rumine ma chienne de vie. Trop lâche pour en finir, trop fier pour en sortir, trop confortable dans l’existence, trop d’imagination dans l’esprit, trop de rêve dans le cœur, trop d’égo dans le sexe, trop de souffrance dans le corps, trop de moi partout, trop de je permanent, tellement pas assez de toi (qui ?), tellement pas assez d’amour, tellement de peur, tellement de reproches, tellement de cris, tellement de rage, pas assez d’encre (sur la peau), tellement de larmes, tellement de culpabilité, tellement d’échecs pour si peu de réussites, tellement d’essais pour si peu de transformation. Tellement de faux pour si peu d’authenticité, tellement de pression, tellement de manque, tellement de froid, tellement d’absence, tellement d’abandon. Chienne de vie pour bâtard de moi. Un autre à ma place s’aimerait peut être. C’est parce qu’il n’est et ne sera jamais moi. Souhaitons lui au moins ça ! Putain mais renonce à courber l’échine. Résiste au poids des souffrances, exerce toi sans relâche à garder en toutes circonstances la tête haute. Ce n’est pas une bravade ou l’expression de l’arrogance, mais bien au contraire le signe de l’Homme en route vers son affranchissement. Peu importe les difficultés garde la tête haute, peu importe les rejets garde la tête haute, peu importe les brimades garde la tête haute, peu importe les frustrations garde la tête haute, peu importe les regards garde la tête haute, peu importe les larmes garde la tête haute, peu importe le mal garde la tête haute, peu importe les succès garde la tête froide et haute. Tu seras patient, tu n’engageras que des combats que tu peux remporter, valablement et en luttant à armes égales tout en gardant la tête haute. La vie n’est vécue qu’avec la tête haute et la fierté d’être ce qu’on est et même si certains veulent te casser, te détruire et t’aliéner fait ce que doit, la tête haute, l’horizon en ligne de mire.
Je souffle un bon coup, me redresse, empoigne le sac. J’ai laissé la clef de l’appart à côté d’un mot laconique et sans affect. Je cherche un taxi, je n’en trouve pas. Je marche pendant plus d’une heure jusqu’à la Gare Montparnasse.
Hotel Ibis ? Je prends sans réfléchir. Le préposé de nuit me donne la chambre 33. Fonctionnelle, sans âme, avec douche. Mon réveil est programmé pour sonner à 6:00. Mon téléphone portable regorge de messages que je ne lis ou n’écoute pas. Le lit n’est pas désagréable. J’éteins la lumière. Silence.

Fébrile. Le journaliste passe la nuit à analyser la liste des victimes, à reprendre toutes ses notes sur la communauté, recouper l’histoire des Vespales et leur mode de fonctionnement. Il n’apprend rien de nouveau sur le sujet, en revanche il découvre le lien entre les victimes. La plupart étaient sur la sellette: Médias, affaires. Les autres avaient un contentieux en interne avec le patron de la secte.
8:00 du matin, Kadmon retourne à l’hôpital. L’infirmière de garde lui annonce, peinée, la mort d’Alexandre Absalon. Il s’en était intuitivement douté. Louis hésitait à exploiter une autre piste, le frère de Natasha, mais il n’avait pas assez d’indices pour le retrouver. Il était à court de munitions., faisait les cents pas devant l’hôpital, cigarette en bouche.
— Monsieur Kadmon ?
Armoire à glace, l’air féroce. À priori ne cherche pas son chemin. Le journaliste d’ordinaire plus impétueux osa une timide réponse.
— Oui
— Veuillez me suivre
— Je n’ai pas le choix ?
— Non
« Si Eloïm ne viens pas à toi, c’est toi qui ira à Eloïm »
Une BMW noire qui aurait mérité d’être immatriculée « mafieux 33 » les attendaient. Le molosse ouvre la portière arrière droite du véhicule. Personne dans la rue ne fait attention à eux. Il ne pouvait pas s’échapper. Il s’incline, vaincu. Le chauffeur roule vers une destination qui semblait évidente au journaliste. Le gourou voulait le voir. Le décor défilait à vitesse grand V mais dans le silence de la superbe berline. Arbres, forêts, travaux, maisons abandonnées ou habitées, Louis s’était toujours demandé ce que ça pouvait faire de vivre en bord de route. Probablement la même chose que dans une rue passante de centre ville mais en beaucoup moins drôle. Impossible de faire l’homme brave et courageux, il n’en menait pas large.
La voiture arrive au domaine, mais au lieu de rester en surface, ils s’engouffrent dans un tunnel sous le château. Le chauffeur se gare. Le Golgoth précéde Louis qui descend du véhicule, retient instantanément sa respiration, le parking dégageait une odeur fétide d’humidité. La lumière était faible. Subitement on lui mit un bandeau sur les yeux. Le garde du corps lui maintenait fermement les bras. Impossible de s’échapper, mais en réalité toutes ces précautions étaient inutiles, lui aussi voulait discuter avec Eloïm Ils prirent un ascenseur, franchirent des dédales de couloirs. Louis est projeté sans ménagements dans une pièce vide aux murs de béton nu, hormis deux fauteuils Chesterfield qui se faisaient face.
— Laissez nous !
— Bien monsieur.
Cliquetis d’une clé dans la serrure. Enfermés. Un homme se tenait à l’autre bout de la pièce, dos à lui, en costume noir, les mains croisées, il contemplait par l’unique fenêtre le domaine, son domaine.
— Kadmon
— Mehdi
L’homme tourne légèrement la tête, marque un temps d’arrêt
— Voilà un nom surgit des entrailles du passé
— Sans doute
Louis était sur ses gardes, à la fois excédé par cette mise en scène et curieux de savoir à quoi le gourou voulait en venir.
— Je suis heureux que tu sois là
— Je n’avais pas le choix
— Ne t’offusques pas, le jeu n’est pas pour toi mais pour eux, si je ne donne pas le change et ne théâtralise pas mes actes, je perds de la crédibilité et tu sais bien qu’une grande partie de mon édifice tient dans le culte de ma personne.
Eloïm ne s’échappait pas, analysait les faits avec lucidité, un vrai démon.
— Alors c’est comme ça que ça va se finir
— Louis, Louis, Louis. Il fait volte-face. Jusqu’à présent tes analyses étaient intéressantes quoique désagréables, mais là tu manque de discernement.
Le journaliste s’assied, le fauteuil était confortable. Le gourou prend place en face de lui, il croise élégamment ses jambes. Beau, digne et fier. Captivant. Comme Baudelaire avait raison: « La plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu’il n’existe pas. ».
— L’occasion de te tuer s’est présentée tellement de fois et pourtant cela ne m’a jamais traversé l’esprit. J’avoue que si tu avais poussé le vice à accompagner Natasha voir son prétendu frère tu serais mort.
— Un piège ?
— Pas vraiment, il fallait que je sois sûr de tes sentiments pour elle.
— Je ne te suis pas.
Le gourou se lève, fait quelques pas. S’arrête:
— Pour faire simple, j’ai besoin d’une descendance, un héritier en ligne directe ne tiendrait pas longtemps, soit il développerait le complexe de brutus et je serais contraint de l’annihiler, soit un membre de ma chère communauté le supprimerait, ce qui serait d’autant plus fâcheux, que j’ai réglé le compte des éléments a priori les plus dangereux. J’ai bien réfléchi et j’avoue que le fruit de l’union entre la Vespale et toi est mon option la plus intéressante.
— Quoi ?
— Louis, malgré tout ce que je t’ai fait subir, tu as toujours su garder une certaine mesure dans tes offensives à mon encontre, une retenue qui me prouve ta valeur. Tu n’es pas un faible. Tu es intelligent quoique brouillon et quel symbole pour les opposants à mon ordre !
Le journaliste semblait perdu, il s’était attendu à tout sauf à ça.
— Si je suis ton raisonnement: Je deviens membre de ta communauté, tu organises mon mariage avec Natasha, nous avons un enfant et cette progéniture devient à terme le nouvel Eloïm ?
— Exactement, tu vois quand tu veux !
— Pourquoi je ferais une chose pareille ?
— Parce qu’au fond tu as toujours rêvé de nous rejoindre, parce que tu sais à quel point le monde extérieur est vil et sans intérêt. Parce que je t’offre la chance de devenir quelqu’un, d’important, de reconnu, d’utile.
— Mais tous ces morts ?
— Tu ne vas pas faire la fine bouche ! Oui ils sont morts. Ils ont servi l’ordre, mais ils risquaient de le détruire par leurs actes répréhensibles. Ils sont condamnés de toute façon aux yeux de Dieu. Ici ils viennent absoudre leurs péchés. Si tu savais tout ce que j’ai entendu… entre les veuves qui ont empoisonné leurs maris, les entrepreneurs qui font crever des gosses à la tache pour produire plus et moins cher, les responsables mais pas coupables, crois-moi Louis, il y a des hommes qui ne méritent pas mieux.
Kadmon ne savait pas, ne savait plus, une partie de lui refusait ce discours et une autre s’en délectait, des Thomassins ou des Bonvallet pouvaient bien crever, l’humanité ne s’en porterait que mieux.
— Quel serait mon rôle dans l’ordre ?
— Yessod, enfin Leo Admonakis est passé de vie à trépas, je t’offre son rôle au conseil d’administration et une place de choix à mes côtés, une sorte de bras droit si tu veux.
— Yessod ?
— Appellation donnée d’après les Séphiroth kabbalistiques, cela donne une connotation ésotérique très appréciée des administrés, mais je t’expliquerais tout cela en temps voulu.
— Natasha ?
— Natasha excelle dans son domaine !
— C’est une tueuse…
— Rien ne t’échappe, tu es vraiment formidable. Oui Natasha est une Vespale.
— Alors ?
— Alors, je dois la garder à mon service, je n’y dérogerais pas, elle restera Vespale, ne sera donc pas affranchie, mais elle t’appartiendra, je n’aurais plus de droits sur elle, tu en seras le maitre. Dommage pour moi, une remarquable professionnelle à tous points de vue.
— Si je refuse ?
— D’après toi ? Vous mourrez tous les deux et je trouverais une autre solution pour ma descendance.
— Je peux réfléchir ?
— Non, c’est exclu. Tu dois prendre ta décision, immédiatement et celle-ci est irrévocable.
Dans un souffle qui rejetait tous ses principes moraux, la crainte révérencielle de l’existence de Dieu et autres fondements, Louis regarda froidement Eloïm et dit:
— J’accepte
— C’est marrant, mais je n’attendais pas une autre réponse de ta part.
— Bienvenue Yessod, tu es dorénavant chez toi. Karl va t’accompagner à ta nouvelle résidence, la VII que tu connais déjà très bien, coquin ! ensuite tu te prépareras pour ton intronisation qui se déroulera ce soir, les fidèles n’attendent pas. N’aie crainte, Natasha t’aidera. Nous allons nous voir très souvent au moins dans les premiers temps, ensuite si tout se déroule comme prévu tu auras plus d’autonomie. Dernier point, ne m’appelle plus jamais Medhi, pour toi et pour les autres je ne réponds qu’au nom d’Eloïm et il est de loin préférable que tu m’appelles monsieur.
— Oui… monsieur
— Bien, très bien. Allons croquer la pomme mon ami !
Il appuya sur un interphone dissimulé prêt de la fenêtre.
— Karl, nous avons terminé.
— A très bientôt Louis. Ne me remercie pas, c’est tout naturel.
Eloïm quitte la pièce par une entrée coulissante dissimulée dans un pan de mur. Kadmon avait l’effroyable impression d’avoir conclu un pacte avec le diable.

Dans le TGV. «Espace famille» Monsieur lunettes noires sportives et chaussures de décathlonien au ventre rebondi, est parfaitement concentré dans son magazine oups. Evidemment, il ne s’occupe pas de sa regrettable (à mon sens) progéniture, qui en profite pour assassiner sans vergogne, les oreilles des pauvres passagers placés par la malédiction du destin dans le même wagon.
L’adulte parent responsable, au sens communément admis du terme, érige un système hiérarchique accepté et fondé. Délimite un cadre censé permettre à l’enfant un épanouissement destiné à lui permettre de bien vivre en société. Au passage, il serait flatté, si en récompense du temps passé à son éducation, celui-ci pouvait lui octroyer une gratification sociale dénommée réussite. Le parent est par nécessité sur un autre mode générationnel: Codes sociaux. Technologie. Economie. Système éducatif. Idéologie. Valeurs. De fait s’instaure un clivage encouragé par la société de consommation pour qui l’enfant est l’axe indispensable de son développement. S’en suit une course sans fin dans laquelle le parent ne pense qu’à faire de son héritier un bon élève social et lui octroie plus que nécessaire. L’enfant s’abreuve à la source d’une eau empoisonnée (fait déjà constaté par Aristote) et s’affranchit du cadre imaginé comme idéal par le parent, devenant ainsi l’irrémédiable fruit d’une éducation ratée. La société médiatique extrapolante et bien-disante dénonce comme de bien entendu tout comportement ou attitude non contrôlée, sauf si économiquement récupérable… Responsabilisation et culpabilisation de l’adulte grâce à des exemples marquants, permettent de les sensibiliser aux dangers créés par ce même système et par là même de les complaire dans leurs fallacieuses certitudes. Le meilleur des mondes de 1984 n’est jamais loin.
Madame, regard bovin, est assortie vestimentairement à sa vulgarité naturelle, démontre son absolue absence d’autorité, ainsi qu’un léger penchant pour la délégation de pensée.
A ce propos, n’oubliez jamais que ce sont eux: Les princes du dodo, susu, tutu et bibi, qui ont l’irrépressible besoin de se poser le cerveau après une dure journée de labeur… Radicalement je serai d’avis de balancer hors du train ces désastres de la surconsommation de masse et de la télévision. Qui pour nous sauver ? Qui pour espérer ?
Je travaille sur mon manuscrit papier. Le rendu n’est pas le même que sur écran. Je ne sais pas encore où je vais dormir ni ce que je vais faire. C’est à la fois excitant et angoissant. Les fêtes approchent. Noël tout seul dans une ville inconnue. J’hésite à consulter mon téléphone, mais je résiste. Je préfère aller chercher une bière au wagon bar. Une file interminable de voyageurs attendent comme moi d’être délestés de plusieurs dizaine d’euros pour des collations sans saveurs et pasteurisées. Je reviens à ma place. Le petit dernier de la tribu des ducons à semble-t-il le mal des transports et hurle avec force et conviction sa douleur. J’avale ma bière. Plus que deux heures. Je finis par prendre mon Iphone. Sept textos et autant de messages vocaux.
Alix regrette, s’est expliquée avec le couple des toilettes qui ont corroboré ma version des faits. Elle ne sait pas non plus où elle en est, croit s’être trompée de voie avec Isabelle, à voulu mettre du piquant dans notre vie mais s’y est mal prise, regrette, espère que je vais lui pardonner, est prête à faire des efforts, tout peux s’arranger. Il suffit d’y croire et de le vouloir. Elle a relu mon manuscrit sur l’ordinateur, trouve que j’ai du talent et est prête à m’aider pour que j’aille au bout de mon rêve…
Je n’y crois pas, ça me semble trop beau pour être vrai, cela fait si longtemps que j’attends cela, qu’on s’intéresse vraiment à moi, sans reproches, sans jugements, sans contraintes. M’aimer pour ce que je suis et tel que je suis. Alix a raison, bien sûr qu’on peut changer mais pas en forçant les choses, cela doit venir du plus profond de soi, volontairement et honnêtement. Je lui souhaite beaucoup de bonheur, mais ma vie doit prendre une nouvelle direction. Elle n’en fait pas partie. J’ai tranché. Ce n’est pas juste un nouveau départ, c’est un Commencement. Rien n’est éternellement figé. Tout est dans un état de commencement perpétuel.
Descente du train. Enfin. L’air est frais mais bon. Je prends le tram qui m’amène au centre de la capitale de l’Aquitaine. Tout dans cette ville donne une impression de calme, de tranquillité, de sérénité, je m’y sens bien. Je choisis au hasard un hôtel de quartier qui s’avère charmant. Je dépose mes maigres affaires. Je flâne. Libre, loin de la cohue et du vacarme parisien. Je découvre les belles vitrines du cours de l’Intendance. Marcher m’aide à réfléchir, à prendre conscience de l’espace et du temps.
J’ai cru que le cynisme était une arme, bien sûr tout est critiquable surtout quand on a l’oeil acéré. En un quart de seconde, je peux dezinguer n’importe quoi, n’importe qui, sortir sans états d’âme les pires atrocités, pourvu qu’elles provoquent l’hilarité. En revanche je suis beau joueur on a aussi le droit de me servir quelques vannes mais bien senties attention, je suis comme Hyde. Hyde est exigeant. Hyde se trouve puissant, son arrogance n’a pas de limites et sa soif d’alcool est intarissable. Hyde me séduit, mais Hyde me pourrit. N’ayant pas un portrait comme Dorian Gray pour me décharger de mes excès, je dois tout assumer… Alors préférant le fond à la forme et la vérité au mensonge, je vais tuer Hyde. Trouver la force en moi de m’aimer, de m’accepter, de vivre. Hyde est un phénix, il renaîtra de ses cendres, mais en attendant ce triste moment, le bon docteur Jekyll va profiter d’un peu de plénitude.
Je déjeune dans une brasserie du quartier Saint-Pierre, excellente surprise. L’architecture de la ville est superbe, décidément j’ai peut être trouvé l’endroit où m’épanouir. Mais c’est ici et partout le paradis, le soir quand les étoiles brillent dans le ciel, le matin quand le soleil entre en scène et chaque instant qui nous permet de transcender la souffrance et d’aller au delà des maux. Quand on est pris dans une averse soudaine, on peut, soit courir le plus vite possible, soit s’élancer pour s’abriter sous les avancées des toits des maisons qui bordent le chemin. De toute façon, on sera mouillé. Si on se préparait auparavant mentalement, à l’idée d’être trempé, on serait en fin de compte fort peu contrarié à l’arrivée de la pluie. « HAGAKURE » LE LIVRE SECRET DES SAMOURAIS par Jocho Yamamoto (1659-1719) Imaginer c’est créer, créer c’est rêver, exister c’est créer la vie au présent tout en s’appuyant sur des faits passés et à venir. Le lien entre le tout est l’être, façonné par le temps et l’expérience, l’intuition 6ème sens éthéré complète ce schéma pour le rapprocher de sa forme irréductible d’Homme. Donc je suis. Moralité, je ne suis pas limitable ou circonscrit à un simple rôle, une simple tâche, une enveloppe. Je suis 1, je suis le tout, je suis la vie, je est un soi à moi et à vous, si vous le voulez en âme, corps et esprit. Nous sommes ? Alors imaginons, créons, vivons, existons, sans limites et sans carcans. Pour qu’aujourd’hui soit tous les jours le 1er jour. Il n’y a évidemment pas de gros plans dans la réalité qui viennent souligner les instants T comme dans ces fictions que nous subissons à longueur de temps, mais avec de la rigueur intérieure, il est peut être possible d’arriver à anticiper les événements charnières ?
Caresse du soleil d’hiver sur le visage. Nappes de musique onirique. Plaisir de voir, de sentir, de ressentir. Se remémorer les moments primordiaux, les savourer, les goûter. Vigueur intense du premier jour. Les yeux décillés, grands ouverts sur le monde. Le parfum délicieux de l’herbe fraîchement coupée. La soif étanchée par l’eau la plus fraîche et la plus claire. La faim calmée par le pain chaud et croustillant. La chaleur de l’amour et des rires. Le temps est à soi. Communion naturelle. Délice d’être. Cela durera jusqu’au crépuscule. Le reste n’est que bonheur.
Un matin tu te réveilles le cœur et l’âme libérés, peu importe le passé peu importe les avanies du quotidien, tu ouvres les volets au sens propre comme au figuré et tu es frappé par la beauté de l’environnement, tu es plein de confiance, dans le présent, dans la vie, dans l’existence, tu n’as plus peur, tu ne théorises pas, tu n’interprètes pas, tu saisies tous les plaisirs qui sont à ta portée et ne pense qu’à ce qu’il est dans ton pouvoir d’accomplir. Tu ne renonces pas, tu souris, tu acceptes les autres et tu t’acceptes tel que tu es, pas tel que tu voudrais être ou tel que tu crois être. Comme le dit Nietzsche: « Deviens sans cesse celui que tu es, sois le maître et le sculpteur de toi-même ».

Karl ne semblait plus considérer le journaliste comme une menace, mais comme une personnalité à protéger.
Ils traversent le domaine, le garde du corps l’accompagne jusqu’à la fameuse maison numéro VII, là où vivait il y a encore peu de temps Alexandre Absalon. Mort pour la cause. Mort pour avoir dévié du chemin balisé par le Gourou, le guide tout puissant.
Louis n’avait pas le choix, il lui fallait accepter sans réserve le marché imposé par Eloïm. «Please allow me to introduce myself, I’m a man of wealth and taste.» Manque de pot, il n’avait aucune sympathie pour le diable.
Natasha l’attendait, elle le dévisage attentivement, tente de décrypter ses pensées intimes, ce qu’il ressent, il se focalise de son mieux sur l’amour qu’il lui porte et sur le plaisir qu’il éprouve de la revoir. Surtout ne rien laisser transparaître d’autre. L’exercice s’avère concluant, elle lui saute dessus, s’abandonne totalement, savoure leurs retrouvailles.
— Je suis si heureuse que tu sois là, prêt à relever notre défi, démontrer au monde que notre ordre est ce qu’il y a de mieux, de plus beau. Je sais que tu vas te montrer digne de la confiance qu’Eloïm a mis en toi. Viens je vais t’aider à te préparer pour ta réception. Mon amour, l’enfant, ton enfant que je porte est l’élu, l’héritier de notre ordre.
Louis restait neutre, les yeux dans le vide. Il ne réalisait pas ce que disait Natasha, elle était donc déjà enceinte ?
Ils montent dans la chambre, Toutes ses affaires sont là, rien ne manque, pas même son carnet secret et toutes ses notes, documents, coupures de presse. Il était donc réellement chez lui.
Sur le lit un pantalon de lin blanc, une toge blanche couverte de signes caballistiques. Aux pieds des sandales en corde. Natasha applaudit en le voyant ainsi paré. Il n’ose pas se regarder dans la glace de crainte de perdre définitivement le peu d’amour propre qui lui restait.
— La cérémonie est prévue à 19:30, il est 17:00, il ne faut pas trop tarder.
Louis essayait de se convaincre que tout était normal, qu’il n’y avait pas de raisons de s’en faire, tant qu’il respectait leurs règles, il était a priori en sécurité. Il espérait simplement avoir la force nécessaire pour donner le change. D’un autre côté il était séduit par la mise en scène, le décorum, l’attention qui lui était portée, la ferveur de Natasha était communicative et pourtant Louis n’oubliait pas que même enceinte elle restait une tueuse, capable de l’exterminer sans une once d’hésitation si Eloïm lui en donnait l’ordre.
Les intronisations se déroulaient dans un bâtiment spécial, le D. L’enceinte ressemblait à un grand amphithéâtre circulaire. Une grande piste centrale entourée de rangées de sièges, de quoi accueillir à première vue 20 à 25000 personnes. Le journaliste impressionné interrogea Natasha qui lui confia avoir assisté ici même à des cérémonies gigantesques avec plus de 30000 adeptes réunis.
— Mais rassures toi mon amour ce soir il y aura encore plus de fidèles tout le monde veut voir celui que l’on surnomme le redempté.
Louis avait une boule dans l’estomac, ce genre de manifestations ne s’improvisaient pas… tout était calculé, parfaitement huilé, il se sentait comme une marionnette. Agitée depuis combien de temps ? La panique l’étreignait insidieusement. Quelle serait dorénavant sa vie, ses choix, son libre arbitre ? Esclave d’un fou et d’une dévote.
Les fidèles affluaient dans les travées. Kadmon se tenait en coulisse à quelques mètres de la piste, il y en avait d’autres comme lui, une cinquantaine peut être plus qui attendaient eux aussi d’être intronisés, mais ils étaient habillés en jaunes et avaient comme décors des symboles solaires.
Eloïm trônait dans une sorte de plateforme surélevée. Il parlait dans un micro casque, le son était largement amplifié et résonnait partout, ses discours étaient entrecoupés de musiques classiques et new âge.
Le silence régnait dans les travées. Des assistants faisaient accomplir aux impétrants diverses épreuves. Ils passaient deux par deux sous les viva de la foule. Louis attendait fébrilement. L’anxiété à son paroxysme.
Ce fut enfin son tour, il paradait seul. Il adresse un maigre sourire à Natasha… mais tout amour, toute compassion avait quitté son beau visage. Ses yeux le fixaient durement, implacablement, ils lui glacent le sang.
Un assistant masqué s’empare de Kadmon et l’entraîne au milieu de la piste. Tous les regards se braquent sur lui. Une main ferme sur son épaule lui intime l’ordre de se mettre à genoux, il ne résiste pas.
Eloïm extatique abreuve la foule:
— Fidèles: Nouveaux et anciens. Garants de l’ordre et défenseurs de notre idéal, voyez le redempté. Des années durants il a cherché à nous nuire, à détruire l’édifice que nous avons eu tant de mal à construire et sans la formidable implication de chacun d’entre vous, nous aurions sans doute plié sous ses coups de butoir médiatiques. Il a fallut déployer des trésors d’ingéniosité pour limiter l’impact de ses mots assassins et diffamants. Voyez aujourd’hui le redempté à genoux. Nous l’accueillons dans notre grande et belle famille. À propos de famille, savez-vous pourquoi cet homme est parmi nous ce soir ? Notre Vespale Natasha est porteuse d’une semence bénie et tout naïf qu’il est, il croit être le père de l’élu, celui qui serait amené, s’il s’en montre digne, à me succéder. Idiot ! Pauvre hère, mais je suis le père de cet enfant ! Chaque Vespale a été ensemencée par mes soins et le jour venu, ils devront se battre pour conquérir la place ultime, devenir le prophète et le guide de notre magnifique communauté.
Des tonnerres d’applaudissements descendent des gradins.
Louis tente de se dégager mais la main ne relâche pas la pression sur son épaule.
— Voici le redempté qui demande à être admis parmi nous. Alors… Ne soyons pas bégueule, exauçons son souhait !
Un autre assistant s’approche de Kadmon et l’asperge de liquide. Tout d’abord il croit que c’est de l’eau et qu’on lui prodigue un simulacre de baptême, mais l’odeur est forte, entêtante. De l’essence.
Il ferme les yeux…

Je me réveille en sursaut. J’ai diné dans un restaurant asiatique qui m’a beaucoup plu, ensuite je suis rentré à l’hôtel. J’ai échangé quelques messages avec Alix, pour lui confirmer que tout est fini entre nous et je me suis endormi très rapidement. Le destin de Louis vient de m’apparaitre clairement, une terrible évidence. Que dois-je faire ? Ai-je les moyens de conjurer cette inéluctable fin ? pourtant c’est tellement logique. Je me sers un verre d’eau. Il se noue entre l’auteur et son «bestiaire» une relation si dense, si intense.
Louis hurle dans ma tête, implore ma clémence, mais je ne peux lui accorder cette faveur.
Je ferme les yeux.

Eloïm scandait une sorte de mantra reprit avec ferveur par la foule. Les adorateurs de Bereshit entraient en transe.
Louis à genoux, prostré, la tête baissée, les yeux fermés, savait que rien ni personne ne viendrait le sauver. La mort était son unique porte de sortie. Il avait peur, si peur et soudain la douleur le transperça de part en part. Kadmon brûlait comme un fétu de paille. Son corps s’embrasait, se consumait. Il n’avait jamais ressenti une telle souffrance. Il aurait dû se lever, hurler, leur montrer à tous qu’ils assassinaient un homme. Un être comme eux de chair et de sang, mais il en était incapable. Il voulait pleurer mais ses paupières s’étaient dissoutes. Il n’avait plus d’existence, plus de vie. Il redevenait poussière, comme au commencement…
Le silence régnait dans les travées, une masse informe gisait au milieu de la piste.
Eloïm éructa:
— Allez voir !
L’assistant s’approche de la créature immolée par le feu. Il pose dessus une couverture ignifugée. L’amas de chaires vives ne réagit pas. La bête était bien sacrifiée en holocauste. D’une voix puissante:
— Le redempté est mort Monsieur !
Des cris de haine, hystériques, s’abattent des gradins jusqu’à la dépouille de Louis Kadmon, ricochent sur ce qu’il fut. Natasha participe à ce délire collectif, une main sur le ventre, l’enfant du sacrifié en elle, nourri à la folie des hommes.
Eloïm se retire de l’arène satisfait. Il tuerait la fille et son embryon, mais pas aujourd’hui, chaque chose en son temps. Il passe dans un couloir, s’arrête un instant pour s’admirer dans un miroir. Il se félicite d’avoir faite sienne cette maxime du marquis de Sade: «La soumission du peuple n’est jamais due qu’à la violence et à l’étendue des supplices. »

Libéré et rasséréné ! J’ai réussi à mettre un point final à deux histoires, l’une personnelle et l’autre imaginaire… si j’étais cynique je me demanderais laquelle est la plus réelle des deux ?
Le temps est manifestement venu pour moi de m’affirmer: Raphaël Chevalier. Trente six ans. J’ai passé la majeure partie de mon existence à esquiver, lâchement retranché derrière un mal être pour ne pas affronter le quotidien, mais aujourd’hui je fais table rase du passé et des préjugés. J’ai enfin décidé d’exister.
Installé à la terrasse d’un café dans la rue de la vielle tour à Bordeaux, je savoure une tarte et un café. Deux copines s’asseyent juste à côté de moi. Elles sont pétillantes, fraiches, belles comme le jour naissant. Je ne peux échapper à leur conversation et je souris en les entendant partager leurs confidences. L’une d’elle me demande si j’ai du feu. Je lui réponds par l’affirmative. Sans forcer ni provoquer le destin, nous discutons de tout et de rien. La blonde se montre polie mais distante, en revanche entre la brune et moi, une connexion s’établie:
— Comment vous appelez-vous ? (Intrigué)
— Cassandra (Charmante)
— Raphaël (Charmeur)
— Enchantée, alors, que faites vous dans la vie Raphaël ? (Connectée)
— Ecrivain (Profond)
— Voyez-vous ça, monsieur est écrivain ! (Etonnée)
— C’est mon premier (Troublé)
— Il faut un début à tout (Optimiste) Vous êtes bordelais ? (Curieuse)
— Parisien en exil (Fragile)
— Ah… (Hyper intéressée)
Emilie regarde sa montre avec insistance:
— Cassandra il est temps d’y aller, nous sommes attendus. (Impatiente)
— Bonne journée à bientôt (Déçue)
— Oui bonne journée (Déçu)
Elles marchent quelques mètres. Cassandra à Émilie:
— Merde j’ai oublié un truc. (Menteuse)
La jolie brune bondit jusqu’à ma table, sort un stylo de son sac et griffonne sur une serviette en papier… « Mon numéro, appelez moi ! (Excitée) » Et elle repart en courant.
Je ressens une prodigieuse sensation de bien être. J’ai achevé mon premier roman, tourné la page d’une vie morne et apathique, rencontré une fille qui me plait énormément. Je ne crois pas encore au phénomènes paranormaux, mais c’est le jour où je dois saisir ma chance ! Je retourne à l’hôtel chercher ma clé USB et je me rends dans un magasin spécialisé dans les photocopies et les reliures. Je tire 7 exemplaires de mon roman « Bereshit, Au Commencement. » Le gérant du magasin m’indique l’adresse d’un cyber café dans la rue du Palais Gallien, car je dois trouver les adresses des éditeurs. Apres deux heures de recherches, je vais à la Poste. J’ai scellé mon destin. J’ai respecté tant bien que mal les différentes procédures exigées par chacune des maisons d’éditions, j’espère que ces imprécisions dans la forme ne me porteront pas préjudice…
Il est maintenant temps de se poser les bonnes questions. Je déambule dans les rues. Devant moi se dresse Mollat, la plus grande librairie de France. Et si c’est ça dont j’ai vraiment envie ? Ma propre boutique de livres. Un endroit que je pourrais modeler à mon image… Evidemment le marché sur Bordeaux semble compromis avec un tel acteur. Retourner à Paris ? Je développe de nouveaux rêves, de nouvelles envies. La rencontre avec Cassandra est un déclencheur d’ambition. A son contact même bref j’ai ressenti l’étrange sensation de pouvoir accomplir tout ce que je veux. Se dessine dans mon esprit les contours d’un projet: Une belle librairie ancienne avec des petites tables, fauteuils clubs et un canapé moelleux pour que mes clients s’installent confortablement près de la cheminée… dévorent les livres et surtout consomment des boissons surfacturées. Me trotte également à l’esprit l’idée de me spécialiser dans les livres anciens ou rares, ces livres dont les collectionneurs raffolent et qu’ils sont prêt à payer une fortune. Mes scrupules disparaissent au profit d’une volonté simple, claire et déterminée. Quels sont mes moyens d’action ?
Ne nous dispersons pas. D’abord, priorité à Cassandra. Je vais l’appeler dès ce soir, il faut battre le fer tant qu’il est chaud. Je me connecte sur mon compte bancaire afin de faire le point sur ma situation financière. Il est vrai que mon arrêt de travail ne m’a pas mis dans une situation ultra favorable. Mais comme me l’a si bien apprit Eloïm, je dois privilégier la forme sur le fond. Le magasin Boss m’offre ce dont j’ai besoin, une redéfinition complète de ma garde robe. Chaussures. Pantalon. Chemise. Pull. Veste. Le reflet dans le miroir est au delà du satisfaisant. J’emporte le tout. La note est salée mais j’assume. J’attends 19:00 pour composer son numéro de téléphone:
— Bonsoir Cassandra ! Raphaël Chevalier… nous nous sommes rencontrés ce midi et je voulais savoir si vous étiez libre pour le dîner ?
— Vous ne perdez pas de temps !
— J’avais simplement très envie de vous revoir.
— Et bien, vous me prenez de court… je vais voir ce que je peux faire.
Assis sur le lit de ma petite chambre d’hôtel, le téléphone en main, j’attends impatiemment. La mignonne jeune fille qui fait office de concierge à la réception de l’hôtel m’a parlé d’un excellent restaurant japonais. J’espère que Cassandra apprécie autant cette cuisine que moi… si elle daigne me rappeler. Une demi heure se passe toujours aucun signe de sa part. Je me suis trop vite emballé. Quel con. 20:05, raisonné et persuadé de m’être fait bêtement berné, je pars en direction du fameux restaurant sans réservation mais tant pis on ne sait jamais, ne pas se laisser abattre est mon nouveau crédo. Je sors mon téléphone de ma poche pour utiliser la fonction GPS. 3 appels en absence: deux d’Alix (rien à foutre), un d’un numéro non enregistré. Je rappelle fébrile.
— Ah quand même, j’ai cru que vous m’aviez oubliée
— Pas du tout j’ai attendu que vous me rappeliez !
— J’ai annulé ma soirée avec les fossiles. Où va-t-on ?
— Un restaurant japonais, mais je n’ai pas réservé.
— Don’t worry ! s’ils n’ont pas de table, nous pourrons toujours aller dans un bar à vin, ça ne manque pas dans cette ville !
Tout à l’air facile avec Cassandra.
— Je suis vers les allées de Tourny, vous me retrouvez devant le manège ?
— Ok… a priori je suis là dans moins de cinq minutes.
— A tout de suite !
— Juste le temps d’arriver.
Logiquement, il me suffit de revenir sur mes pas pour parvenir à sa rencontre. Malgré mes tentatives, je n’arrive pas à réprimer une bouffée d’angoisse. Et si je ne lui plaisait pas ? De multiples scénarios me sont passés à travers la tête mais l’issue en était toujours positive. Dès que nous allons aborder le sujet de nos vies, que vais-je raconter ? La vérité crue ? Passer sous silence certains aspects de mon existence ?
Je lève la tête, l’opéra de Bordeaux est une magnifique bâtisse, mais l’heure n’est pas au tourisme. Quelques mètres me séparent maintenant de Cassandra, le plus dur reste à faire: Oublier ces considérations égotistes pour Etre et Agir vraiment. Si une relation doit naitre de ce coup de foudre, alors rien ne pourra l’empêcher, pas même mon passé, ni le sien.
— Raphaël !
Je me retourne. Nos regards s’accouplent. Un coït vif. Instantané. Brutal. Sans un mot, l’un à côté de l’autre nous nous dirigeons d’un pas tranquille et harmonieux vers la place Fernand Lafargue, puis nous discutons. Fumons. Rions, comme si nous nous connaissions depuis toujours. J’attends d’être au restaurant pour vider mon sac sur ma vie, je la dégueule sans que Cassandra ne m’interrompe. Elle ne dit rien mais se saisit de ma main, l’enserre tendrement. Comme je le présumais son histoire est aussi chargée que la mienne. Nous nous retrouvons sur ces points et sur d’autres. Nos esprits fusionnent en attendant nos corps. J’explique à Cassandra mon projet professionnel. Elle y souscrit totalement, me donne le nom d’un «fixer» de sa connaissance qu’elle me présentera, un spécialiste de la chasse aux œuvres anciennes, rares, introuvables qui pourra m’assister dans cette activité hautement lucrative. La nourriture est exquise, le gout de l’amour et du partage ? Nous enchaînons les bouteilles de vin sans être saouls. Cassandra veut absolument lire mon livre. J’éprouve quelques réticences, mais je ne veux rien lui cacher. La vie est ainsi faite, même si cela semble improbable, il n’y a pas de hasard, juste des opportunités à saisir. A trop réfléchir, à s’infliger des barrières, des freins et des douleurs, on s’habitue à l’amertume, à la souffrance mais si comme l’exprime Marcel Proust « « On ne guérit d’une souffrance qu’à condition de l’éprouver pleinement. » alors je suis en totale rémission. J’accepte une vérité essentielle: Même si l’univers est l’oeuvre de quelque chose qui me dépasse, à mon niveau d’humain, je suis mon propre dieu et je suis mon propre diable. J’ai perdu mon temps à me lamenter sur mon existence, à fuir plutôt que de combattre. Je n’ai aucune certitude sur l’avenir avec Cassandra, mais j’ai l’intime conviction que nous sommes dans l’urgence de construire. Guillaume le Taciturne a tout compris: « Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer ». Tirer un trait sur le passé ne m’a demandé aucun effort, vivre dans le présent m’en demande beaucoup plus, mais le jeu en vaut la chandelle. Réfléchir pour agir, tendre vers un idéal… Mourir en juste, sans remords ni regrets.
Il était une fois un homme désespéré, qui avait profité de sa dépression pour écrire un livre, mais l’histoire tragique se terminait avec la mort de son héros.
Au bout du compte je me suis trouvé moi.

JE PENSE COMME JE TWEETE, PROLÉGOMÈNES À L’ÈRE DES RÉSEAUX SOCIAUX

Les futurs historiens spécialisés dans l’étude de la fin du XXEME Siècle, début du XXIEME consacreront des thèses voire des volumes entiers, à l’ère des réseaux sociaux et à ses phénoménales conséquences sur le monde occidental globalisé… Tweeterisation de la pensée, facebookisation des groupes humains, Tinderisme des rapports amoureux, Instagramisation de l’égo… L’altérité induite par le prisme de l’écran nomade sera disséquée, analysée et fera, n’en doutons point, l’objet de controverses passionnées…

Pourtant, à la question de l’origine du commencement de la genèse, de pourquoi et comment ce marasme s’est propagé comme une gangrène dans la jambe de bois d’un pirate, les caciques du turfu seront probablement bien en peine d’apporter une réponse satisfaisante à cette vibrante question, mais comme d’ici là le mot vérité n’aura certainement plus aucune valeur… à quoi bon s’en faire ? C’est donc au présent et en qualité de pré geek de la génération X que nous allons exegetiser les origines de ce gigantesque bordel 2.0

Dans les années 80-90, globalement un ordinateur, c’était une machine « dévolue » au jeu (Amiga, Atari, Amstrad…), ou à la bureautique (IBM, Apple, Bull) pour celles et ceux qui auraient du mal à déceler l’ironique nostalgie du propos, nous vous laissons le soin de redécouvrir les magazines Tilt et Génération PC afin de bien comprendre le sens du propos. Pour faire simple, l’ordinateur était basiquement un « truc » professionnel, d’ingénieurs ou de traders, Un objet imposant aux usages limités et au langage complexe. La majorité de la population considérait que c’était de la connerie, un épiphénomène sans véritable valeur ajoutée, car à cette époque on passait la carte bleue au sabot, en France on faisait ses recherches de transports ferroviaires sur minitel et c’était bien ainsi.

Puis, vint l’heure de la démocratisation digitale, avec la promesse de la multiplication des fonctionnalités, l’amélioration de l’ergonomie, la miniaturisation etc. des grappes de nouveaux utilisateurs furent séduits par l’interface windows ou mac, par la possibilité de graver des disques lasers, par l’internet naissant. Néanmoins la majorité de ces convertis à la technologie ayant appris à courir avant de marcher, ne se sont jamais familiarisés avec les règles implicites de l’informatique inhérentes au numérique. Encore aujourd’hui rares sont ceux qui acceptent que « ça ne marche pas », rares sont ceux qui considèrent qu’au delà de l’affichage il y a des lignes de codes, une hiérarchie, des infrastructures, des règles… C’est ainsi que forts de leur ignorance crasse et de la suffisance caractéristique à l’espèce humaine, ils se sont emparés des réseaux et des machines. De fait, mal éduqués et inconsciemment fiers de pouvoir saccager de nouveaux territoires, ils galvaudèrent les usages, nivelèrent par le bas les immenses possibilités offertes par ces outils, transformèrent peu à peu l’internet en un ersatz de télévision à la publicité despotique et féroce, expurgèrent les échanges et les conversations de leur dimension humaine, s’arrogèrent le droit de faire tout et n’importe quoi… Voilà comment aujourd’hui certains pensent comme ils tweetent, voilà pourquoi l’homme souffre aussi dans le monde virtuel… Mais, ne soyons pas pessimistes, il y a toujours de l’espoir…

WELCOME TO THE (D)ARKETPLACE !

WELCOME TO THE (D)ARKETPLACE !

Que vendez-vous ?

Rien n’incarne plus l’époque que cette triviale interjection associée désormais à la fonction « bon coin » de Facebook (mais si, l’icône petite boutique au centre de votre barre de menus, entre les gens qu’on appelle amis et les sempiternelles notifications), parce qu’il est inutile de vous demander ce que vous souhaitez acheter. Les photos idéalement positionnées grâce à une parfaite étude du comportement de l’utilisateur, vous rappellent qu’au cours de vos pérégrinations sur le web, vous vous êtes intéressé à tous types de produits: de la High tech, en passant par l’équipement sportif, les voyages ou encore l’immobilier… Rassurez-vous, on vous connaît, vous et vos habitudes de consommation et même votre capacité financière… On cherchera juste à profiter de votre désespérante propension à l’achat compulsif pour mieux vous berner…

Aussi trivial que les fossoyeurs des réseaux qui se moquent des marques qu’ils « représentent », obnubilés par une commission ou une gratification, ils se vendent eux mêmes sans éthique ni raison, achetant des coeurs ou des likes sur un marché dit parallèle, pour (se) donner l’illusion de l’influence, dans l’unique but de se procurer des biens de consommation qu’ils ne montreront jamais à leur public, parce qu’il n’est pas dans la cible et serait odieusement frustré. Alors on vous vendra ce joli pull de chez Kiabi, qui permettra d’acheter un sac Vuitton, on vous vantera les mérites de Lidl pour une bague de chez Van Cleef et Arples, vous serez subjugué par les belles photos d’un voyage organisé par une compagnie Low Cost, pour une place en première avec Air France. Bref, on vous vendra du pseudo accessible avec le pire des mépris. Comme ces artistes qui célèbrent l’esprit et le mode de vie ghetto mais se comportent en empereurs chez l’ami étoilé, restaurateur du Tout-Paris qui compte vraiment il paraît. Comme ces entrepreneurs de la nuit qui vous regardent cyniquement dilapider votre paie ou l’argent de la famille dans leur dernier écrin nocturne, un espace taillé sur-mesure pour que vous en ressortiez exangue, mais tellement fier d’avoir prouvé à ce monde interlope votre capacité à dépenser sans compter, mais ne vous leurrez pas, tandis que vos fins de mois deviennent plus difficiles, eux font le plein de billets, sur vos dives bouteilles, le tapin qui vous a fait de l’oeil et même la c qui vous donne l’illusion de la puissance et de la jeunesse éternelle… C’est ça l’entrepreneuriat moderne ou antique, après tout que sais-je si ça n’a pas toujours existé…

Du vegan en passant par le boule de Kim K, de la plus belle des voix à un jeu de guerre virtuel, de ces objets qu’on appelle précieux et que l’on convoite avec plus d’envie et d’amour qu’on en accordera jamais à nos proches, pour quelle finalité ?

Illustration : David Salle, Pay Only $39.95, 2014-2015. Oil, acrylic, crayon, archival digital print and pigment transfer on linen. 84 x 96 inches.
www.davidsallestudio.net
Courtesy Skarstedt, Copyright David Salle, Licensed by VAGA

Guns n’ Roses – Not in This Lifetime Tour 2017

Tu connais le célèbre adage de Tom Jones ? Au début de ta carrière les fans déchainées jettent leurs petites culottes ou leurs strings sur scène, à la fin, les mêmes t’envoient leurs gaines … Depuis 2016 et l’annonce de la « re formation » du groupe, les Guns font le plein de culottes XXL. Déjà 230 millions de dollars engrangés par Axl et sa moitié de gang originel (Duff et Slash) et des dates sold out aux quatre coins du monde. En Juillet 2017 ils seront au Stade de France. Nous aussi.

Les Guns ? C’est grosso modo l’histoire d’un groupe de cowboys white trash, étiquetés dans un genre, dans une époque : Le « hard rock », qui incarnent à la perfection le fantasme des chroniqueurs et autres journalistes musicaux. A la réputation parfois prétendument sulfureuse, parfois vraiment hardcore. Au succès façonné par MTV. Punks par intermittence, qui reprennent – sans faux col – Mc Cartney, Dylan, les Who ou encore les Misfits, vouent un culte à Johnny Thunders, pompent allègrement depuis le début de leur carrière, les usages des Toxic Twins D’Aerosmith.

Un combo électrique nerveux et gras en formation à cinq, genre, vrais voyous, fils de fer prêt à tataner à la santiag le mec qui s’endort au premier rang, capables du twist ultime, à savoir se compromettre à peine dix ans plus tard dans un barnum façon cirque Gruss ; Choristes habillées en filles de mauvais genre, claviers, section de cuivres, dans des stades surbondés, chanteur en cycliste et bandana sur la tête. Gratteux en chef doté d’un pantalon en cuir moule teub et chapeau haut de forme, qui égrène invariablement les notes à la verticale, homme- sandwich pour Marshall et Gibson, tandis que le bassiste dissimulait avec peine sous ses cheveux dégueu et peroxydés une peau digne de figurer sur doctissimo dans la rubrique furoncles cradingues. C.f Vincennes 92. Ajoutez à cela des changements de Line up dignes de mercato footballistiques et vous comprendrez aisément pourquoi les « pistolets et les roses » ont explosés à la fin des 90’s … comme le genre musical d’ailleurs.

Tout aurait pu vraiment s’arrêter à ce moment là. C’était sans compter sur le chanteur, sournois et malin comme un chacal qui fort des mots de Winston Churchill « Ce n’est pas la fin. Ce n’est même pas le commencement de la fin. Mais, c’est peut-être la fin du commencement. » s’est octroyé sans vergogne le nom du groupe, laissant en carafe les musiciens qui devaient quand même un peu flipper à l’idée de finir en Paul Personne de Michael Jackson ou pire à faire des concerts au Plan à Ris Orangis en deuxième partie de soirée.

Axl Rose c’est toujours mieux que William Bailley son vrai nom, preuve vivante que le blaze c’est 50% de la carrière, a voulu poursuivre en solo, recrutant deci delà la fine fleur des shredders et des mercenaires de studios. Résultat après la plus longue attente pour un album, et s’être taillé une jolie réputation dans le métier, il a sorti, l’air de rien un L.P avec entre autres remplaçants musiciens, un mec qui porte une boîte en carton KFC sur la tête et un masque genre halloween… Pour la petite histoire on se doute bien de la destination des wings, vu que le beau gosse roukmoute Axl est passé de la taille XS au triple XL façon Carlos époque papayou. En aparté, je trouve que Chinese Democracy est un bon album, comme le reste d’ailleurs. Ne m’en voulez pas, le propre d’un fan c’est d’être en tout point partial et jamais objectif. Le rock est une affaire de sentiments. Peu importe les coups de pute, on marche ou crève avec le groupe. Alors, oui, il a fallu supporter les humeurs, les atermoiements, la traversée du désert, les side projects comme ce Velvet Revolver monté par les révoltés du Bounty : Slash, Duff, Matt, un peu Izzy et Gilby, avec pour lead singer le regretté Scott Weiland, camé notoire tandis que les autres avaient tous décroché. Des paradoxes temporels et des embrouilles de télé-réalité. La réconciliation réchauffée façon Page – Plant ou Jagger – Richards pour cette tournée.

Des bios à n’en plus finir nous expliquent leurs vérités. Au fond, on s’en fout, il suffit de prendre Appetite for Destruction, de le fourrer à sa place, c’est à dire dans une platine laser, vinyle, cassette, mp3 et de pousser le potard jusqu’à 11. Se délecter de chaque note, de chaque octave, se complaire dans la nostalgie la plus crasse et oublier leur âge, leur apparence ou leur ego tant qu’ils jouent. La mémoire d’un fan de rock est sélective, noyée dans la bière chaude et la transpi du perfecto. Toujours en quête d’une vibration, d’un riff ou d’un pogo. Le rock n’ roll is dead disait l’autre ? Fais gaffe, tu vas prendre un coup de Weston, foi de bobo défroqué !

INTERVIEW LOLA MARSH x JETSOCIETY

INTERVIEW LOLA MARSH x JETSOCIETY

Lola Marsh est une exquise sensation musicale. La voix de la (très) jolie Yael Shoshana Cohen, l’une des plus belles et magnétiques du moment est sublimée par les arrangements du multi-instrumentiste Gil Landau. Leur pop folk orchestrale aux accents cinématographiques fait mouche et rallie de plus en plus d’adeptes partout dans le monde. Alors que le groupe est en tournée, Yael et Gil ont accepté de répondre à nos questions.

JetSociety : Pouvez-vous nous raconter une anecdote (bonne ou drôle) de tournée ?

Yael – Lola Marsh : Il y a beaucoup de moments drôles et funs en tournée. C’est délicat d’en choisir un en particulier, et encore plus difficile de parler, parce que vous devez être là pour le vivre.. Hmmm .. Un très bon moment que j’ai eu, s’est passé lorsque je me suis rendue compte que Frida de ABBA (ndlr : Anni-Frid Synni « Frida » Lyngstad, désormais Son Altesse Sérénissime la Princesse Anni-Frid Reuss, Comtesse de Plauen), assistait à l’un de nos spectacles en Suisse. Elle m’a écrit une petite note à la fin du concert, et nous avons bavardé un peu. C’était vraiment génial pour moi de rencontrer cette femme puissante et inspirante… et je suis la fille la plus heureuse du monde depuis ce jour-là !

JetSociety : A partir du mois de mai, vous serez aux Etats-Unis, à New-York et Boston notamment, avez-vous l’impression de ramener votre amour de la folk sur sa terre natale ?

Lola Marsh : Haha, eh bien, ça a bien marché avec les groupes anglais, il n’y a aucune raison pour que ce ne soit pas la même chose avec nous !

JetSociety : Vous avez collaboré à la BO du film Criminal avec le titre Drift And Fall Again, est-ce un nouveau chemin que vous avez envie d’emprunter, écrire pour le cinéma ?

Lola Marsh : Ce fut une expérience très intéressante et amusante. Il y a une certaine liberté à écrire en dehors du cadre du groupe. On adorerait continuer dans cette voie, d’ailleurs ça serait presque dans l’ordre des choses car nous envisageons nos chansons comme des scènes imaginaires ou en capturant l’instant présent, sans compter le plaisir de collaborer avec des gens talentueux comme Brian (Tyler) et Keith (Power).

JetSociety : Lola Marsh a été annoncé comme la révélation de l’année 2016, est-ce un poids à supporter ou au contraire une motivation ?

C’est toujours génial d’entendre que les gens nous aiment ainsi que notre musique. Les bonnes critiques donnent un surcroit de motivation, mais ça ne change pas notre façon de travailler. On ne sait jamais ce qui va arriver lorsqu’on sort une chanson, alors on laisse de côté les doutes et on profite au maximum. Cela dit on est très fort en auto critique ! Pour répondre à votre question, on ne se sent pas accablés par ce poids, il y aura toujours de bonnes et de mauvaises critiques. C’est ce qui est fabuleux avec l’art. Ce n’est pas une science exacte et personne n’a de formule magique. Notre motivation vient de l’envie d’écrire de bonnes chansons. On essaie de rester concentrés là dessus et de travailler chaque jour de notre mieux.

JetSociety : Votre album est très attendu, pouvez-vous nous en dire plus ?

Lola Marsh Et bien, ça va être notre premier LP et nous sommes vraiment très impatients. Les chansons murissent avec le groupe depuis ces dernières années et nous essayons de nous laisser guider à travers elles.

JetSociety : Vous êtes vraiment dans votre élément sur scène, mais préférez-vous la scène ou le studio ?

Yael – Lola Marsh : Pour ma part, la foule me donne de l’énergie et ça rejaillit sur ma performance vocale, l’adrénaline me booste et je me concentre d’autant plus sur scène. En studio je dois faire appel à mon imagination et parfois j’en viens à apporter des affaires de chez moi pour me sentir plus confortable. Une chose vraiment cool en studio c’est ce sentiment de de pouvoir faire ce que tu veux et laisser libre court à tes idées mêmes les plus folles. Je peux chuchoter et ça sonnera toujours plus fort qu’en réalité.

JetSociety : J’ai vu ce commentaire sur youtube à la suite de la chanson You’re Mine : Ce matin à la radio, la journée dans ma tête et finalement dans ma playlist. Est-ce votre raison d’être toucher les coeurs ?

Oui bien sûr, lorsqu’on écrit une chanson la première chose que l’on fait c’est de la tester l’un sur l’autre, pour être sûrs que la mélodie ou les paroles nous touchent. Nous sommes deux créatures sensibles et c’est important pour nous de faire chavirer le public et d’écrire des chansons qui restent avec leurs auditeurs.

JetSociety : Nous allons voir si vous êtes en symbiose : Yael que préférez-vous chez Gil et Gil que préférez-vous chez Yael ?

Yael – Lola Marsh : Gil est la personne la plus talentueuse que je n’ai jamais rencontrée. A chaque fois qu’il touche un instrument, les plus belles mélodies prennent vie.

Gil – Lola Marsh : Yaeli à une extraordinaire capacité à rendre les gens souriants et heureux

JetSociety : Avez-vous l’un et l’autre un titre, un film ou un livre fétiche au point de ne jamais vous en séparer ?

Yael – Lola Marsh : L’histoire sans fin ! J’ai grandi avec ce livre qui est pour moi une vraie source de lumière dans les mauvais moments même à l’âge adulte 🙂

Gil- Lola Marsh : Retour vers le Futur, les 3 je suis complètement fan de ces films !

Traduit de l’anglais, la version originale est disponible à la suite de cette interview.

JetSociety : You are almost at the middle of your world tour, how are you feeling ?

Lola Marsh : The feeling is amazing. There is always an element of something « unexpected », you get to places you’ve never been before, and meet new people everyday. I always find it exciting when people sing lyrics from our songs at our shows..it’s still overwhelming for me. We always look forward to the next tour, It gives us an opportunity just to get away from the daily life, even though it is really hard work sometimes. There are very long drives, and sometimes you barely get any sleep before a show. It can get a little edgy, but adrenaline helps us pull through. And we love it.

JetSociety : Can you tell us a good or funny tour story ?

Yael – Lola Marsh : There’s A LOT of funny and good moments on tour, it’s hard to pick one, and even harder to tell about one, cause you have to be there.. Hmmm.. A very good moment that I had was when I’ve realized that Frida from ABBA, was at a show we gave in Switzerland. She wrote me a little note at the end of the show, and we chatted a bit, it was really inspiring for me to meet this powerful woman, and I was the happiest girl alive that day.

JetSociety : From May, you’ll be in the united states, N.Y and Boston, do you have the feeling to bring back folk to its homeland ?

Lola Marsh : Haha, well, it work the the whole british invasion bands and blues a while back, no reason for it not to work with our music.

JetSociety : You collaborated on the Criminal soundtrack with Drift And Fall Again, is this a new path that you want to take, writing for the cinema?

Lola Marsh : It was a very interesting and fun experience for us. There is a certain amount of freedom that comes with writing music that is outside of the band’s setting. We would definitely love to do more stuff like that. It felt pretty natural for us, because when we write songs, a lot of the time we envision some sort of imaginary scene or try to capture a moment in time. It was also a lot of fun collaborating with talented people like Brian (Tyler) and Keith (Power).

JetSociety : You have been announced as the revelation of 2016, is it a weight to bear, or rather a motivation ?

Lola Marsh : It’s always very exciting to hear that people liked us, and our music. Good reviews definitely give you a boost of motivation. It doesn’t really change stuff for us on the day to day of working. We have no control of what happens to a song once it’s released into the world, so we really try to let go of all the expectations and try to enjoy the process. It’s not such an easy thing to do, and we ourselves have a high degree of self criticism, but to answer your question, we don’t feel burdened by that. There will always be good and bad opinions about what you do. I guess that’s the great thing about art. It’s not an exact science, and we don’t try to formulate it into one. Our motivation to write good songs comes first and foremost from our natural desire to create and to be excited about it. We just try to stay focused and work it every day.

JetSociety : Your album is highly anticipated, can you tell us more ?

Lola Marsh : Well, It’s going to be our first full length release, and we’re really looking forward to it. The album is diverse and dynamic. The songs in it transformed with us as a band through the last few years, and we tried to let the songs and the story guide us through it.

JetSociety : You are really in your element on stage , but do you prefer the stage or the studio ?

Lola Marsh : I can totally say about myself, that something about the energy of a crowd, gives me powers and reflects on my performance, the adrenalin works on me like a charm, and I feel much more centered on stage. In the studio I always need to use my imagination, sometimes I bring stuff from my apartment to make me feel more comfortable and less sterilized.
A really good thing about recording in the studio is that you have this feeling that u can do whatever u wanna do, and fulfill all of your crazy ideas. I can whisper, and still can sound larger than life.

Lola Marsh – You’re Mine

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JetSociety : I saw this comment on youtube after the song You’re Mine : This morning on the radio, the whole day in my head and finally on my playlist… Is it your purpose to touch the hearts ?

Lola Marsh : Of course. When we write a song, the first thing is to test it on each other and to check if the melody or lyrics touched us. We are both sensitive creatures and its important to us to move people, and to write a song that will stay with our listeners.

JetSociety : We’ll see if you are in symbiosis : Yael what is Gil best quality ? Gil what is Yael best quality ?

Yael : Gil is the most talented creature that I’ve ever met. Really. Always when his playing an instrument, the most beautiful melodies are coming to life.

Gil : Yaeli has special energy that makes people smile and happy.

JetSociety : Do you both have a song, a movie or a favorite book to the point of never to part with ?

Yael : « The NeverEnding Story ». I grew on this book, and it has been a great light for me in dark times, even as a grownup 🙂

Gil : « back to the future » all three of them. I just love these movie

Trois minutes de culture féministe : Julie Candeille

Ô du talent effort suprême !
Le peintre, en ce touchant tableau
A donné la vie au tombeau
Et du grave à la mort même.

[illisible] de perdre le jour
Avant d’avoir perdu tes charmes,
Belle Atala, revoir les larmes
Que sur ton sort verse l’amour.

L’amour contrarié, source féconde
De chefs-d’œuvre et de bienfaits,
Doit régner dans un nouveau monde
Et se nourrir par les regrets…

Des cieux la sagesse éternelle
Avec son ministre Dédale
S’exile en vain dans les déserts
Il parle… et toute erreur succombe ;
Il meurt… et du fond de sa tombe
Il instruit encore l’univers.

Objet d’études et d’envie,
Sur ce tableau peint du génie
Ainsi les siècles profiteront,
Les siècles le rajeuniront
Et le temps prépare sa gloire…

Pour la mienne, pour mon bonheur,
Que ne puis-je enfin de mon cœur
Sonner la trop douce mémoire
Et de l’ouvrage et de l’auteur !

Julie Candeille, Stances irrégulières. Vers improvisés sur le tableau d’Atala pour Girodet

Amélie-Julie Candeille, née à Paris, paroisse Saint-Sulpice, dans la nuit du 30 au 31 juillet 1767, morte à Paris le 4 février 1834, est une femme exceptionnelle aux multiples talents artistiques. Elle fut une brillante compositrice pour le piano et excellente musicienne, actrice et auteure dramatique, mais elle commença sa carrière comme cantatrice. Julie Candeille se décrit ainsi dans ses Mémoires: « De fort beaux cheveux blonds, les yeux bruns, la peau blanche, fine et transparente, l’air doux et riant ». D’après sa collègue la comédienne Louise Fusil, elle était jolie, avec « sa taille bien prise, sa démarche noble, ses traits et sa blancheur (qui) tenaient des femmes créoles ». Elle n’avait pourtant rien de créole car ses origines étaient flamandes, et sa vie durant, elle mit son physique avenant, ses talents multiples et sa séduction naturelle au service de son ambition qui n’était pas médiocre. En 1781, encore très jeune, elle fut initiée dans une loge franc-maçonne – la Candeur –, où elle rencontra un certains nombres d’auteurs de théâtre, comme Olympe de Gouges, mais aussi des personnages influents susceptibles de favoriser sa carrière artistique dans l’univers complexe de la mondanité parisienne et des intrigues de l’Ancien régime agonisant.

Avant que la dernière abeille ne meure…

Communiqué d’AVAAZ

En ce moment même, des milliards d’abeilles sont en train de mourir. Il n’y a déjà plus assez d’abeilles en Europe pour polliniser les cultures. En France, la mortalité peut atteindre plus d’un quart des effectifs et la production de miel est en chute libre.

Nous sommes au beau milieu d’une nouvelle catastrophe environnementale qui nous menace tous. Sans la pollinisation des abeilles, de nombreuses plantes disparaîtront, ainsi qu’un tiers de nos aliments.

Les scientifiques tirent la sonnette d’alarme. Ils nous disent que nous déversons sur nos plantes beaucoup, beaucoup plus de pesticides que nécessaire, et que ces pesticides sont toxiques pour les abeilles. Mais, à l’instar des lobbies pétroliers, les grandes entreprises chimiques ripostent à l’aide de d’arguments pseudo-scientifiques issus de recherches qu’elles ont-elles-mêmes financées. Grâce à ces études, elles mettent en question les analyses indépendantes et offrent aux responsables politiques de bonnes excuses pour ne rien faire.

Les recherches scientifiques, cela coûte cher. Avaaz est peut-être la seule organisation au monde entièrement financée par ses membres capable de rassembler suffisamment de fonds pour financer les premières recherches de grande envergure totalement indépendantes et commanditées par les citoyens permettant de comprendre ce qui tue nos abeilles et de remettre en cause les pseudo-études des géants pharmaceutiques. Nous en avons besoin de toute urgence. Et si nous ne le faisons pas nous-mêmes, qui le fera? Voyons si nous sommes capables de récolter les sommes colossales nécessaires pour sauver nos abeilles.

Le temps presse. Une nouvelle étude vient de dévoiler la terrible vérité: dans plus de la moitié des pays européens, il n’y a plus assez d’abeilles à miel pour polliniser les cultures dont notre alimentation dépend. Au Royaume-Uni, la population d’abeilles mellifères ne représente qu’un quart de ce qui serait nécessaire — et bien que d’autres espèces d’abeilles viennent combler le déficit, il est tout à fait probable qu’elles disparaissent à leur tour si nous continuons à arroser nos champs de pesticides.

Et tout ça peut-être pour rien! Depuis l’introduction des pesticides il y a 70 ans, nous avons appris que certains d’entre eux font plus de mal que de bien, car ils tuent les ennemis naturels des nuisibles. Pire encore, après quelque temps, les nuisibles deviennent eux-mêmes résistants à ces produits, ce qui force les agriculteurs à en utiliser toujours plus… et à s’empoisonner au passage.

Des organismes publics aux scientifiques, tout le monde s’accorde à dire que les néonicotinoïdes, un type de pesticide très répandu, sont un poison pour les abeilles. Les géants de la chimie, comme Bayer et leurs partisans, continuent de lutter contre toute législation encadrant leurs produits. Pour cela, ils présentent des recherches qu’ils ont financées eux-mêmes pour tenter de prouver que les pesticides ne sont pas nécessairement responsables du déclin mortel des abeilles. Et ca marche — aux États-Unis, où s’est déplacée la bataille pour l’interdiction de ces pesticides meurtriers, les autorités disent qu’il n’y a pas encore assez de preuves pour justifier une interdiction. Si nous perdons la bataille aux Etats-Unis, l’Europe pourrait suivre et lever son moratoire sur ces dangereux produits chimiques.

ll est temps de mettre fin au débat une bonne fois pour toutes. Si nous sommes assez nombreux à faire un don, Avaaz financera des recherches conduites par des scientifiques très respectés pour répondre aux critiques. Ensuite, nous pourrons mener une immense offensive mondiale pour sauver les abeilles en utilisant de multiples stratégies:

  • Organiser une tournée médiatique avec Bernie, notre abeille gonflable géante, pour faire parler de ces recherches dans les plus grands médias du monde
  • Financer des sondages d’opinion dans les grands pays agricoles pour contrer l’argument selon lequel les agriculteurs ne pourraient pas survivre sans ces produits chimiques
  • Obliger les commerces à retirer les pesticides mortels de leurs rayons. C’est déjà le cas dans certains pays d’Europe, mais nous allons forcer tous les supermarchés et jardineries du monde entier à s’engager dans la même voie
  • Mener une campagne acharnée pour obtenir enfin le vote d’une loi anti-pesticides, jusqu’ici bloquée au Congrès américain
  • Dénoncer publiquement ceux qui poussent à l’utilisation des pesticides meurtriers en faisant passer un message fort par des encarts et des panneaux publicitaires.
  • Poursuivre en justice les organismes gouvernementaux qui ont validé l’utilisation des néonicotinoïdes malgré les preuves qui montrent qu’ils sont toxiques pour les abeilles et pour des légions d’autres créatures bénéfiques.

Si les abeilles meurent, le monde que nous laisserons à nos petits-enfants sera bien différents du nôtre — les pommes et les amandes pourraient bien devenir des produits exotiques dans nos supermarchés. Nous faisons toutefois d’incroyables progrès dans notre combat pour les abeilles: l’année dernière, plus de 2,4 millions de membres d’Avaaz ont déclenché un immense mouvement en Europe qui a convaincu le Parlement européen d’instaurer un moratoire de deux ans sur les pires produits chimiques pour les abeilles. Si notre mouvement se mobilise maintenant pour faire taire le faux débat qui bloque nos législateurs, nous pouvons faire interdire ces pesticides partout dans le monde, et mettre fin à la guerre chimique contre les abeilles une bonne fois pour toutes!

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ParisParis Club présente IT'S MILEY B**** PARTY entre autre event

Vendredi 21 Mars La It’s B**** Party met à l’honneur la plus jeune des Bitchs et sans doute la plus Bitch d’entre elles ! Miley Cyrus a montré ces derniers mois qu’elle avait plus que jamais sa place dans cette soirée… Petit problème, on ne peut pas dire qu’elle ai une discographie suffisamment fournie pour tenir toute une soirée.. C’est pour cela que toutes ses copines de Disney reconverties en Bitch assumées vont venir l’aider… BRITNEY, CHRISTINA, SELENA, mais pourquoi pas aussi un petit JUSTIN… Bref y’aura de quoi faire ! # Music by Jérôme Brücker / Damita Chris 23h/6h Entrée : 12€ avec conso

Mardi 18 Mars LE BAL TRAP
Mercredi 19 Mars THE INTERNATIONAL STUDENT NIGHT
Jeudi 20 Mars WE WANT DANCE w/ Grego G (CrazyJack) & PHIL DARK (Time Has Changed)
Samedi 22 Mars YOURS! w/ Bambounou (ClekClekBoom), Orignal Unit (RTB) + Guest
Mardi 25/03 : LE BAL TRAP
Mercredi 26/03 : « LES PARIS DE VALENTIN » invite MAIA BAROUH
Jeudi 27/03 : DEVIANT DISCO w/ Ygal Ohayon (Versatile Rec.), MPK (Le Bonbon Nuit), Guests
Vendredi 28/03 : LE TAG PARFAIT 4th BIRTHDAY w/ Gonzo, Pornkid & guests
Samedi 29/03 : UNDERGROUND KICKS #2 w/ Johannes Brecht (live), Oscar & Karl Maier
Mardi 01/04 : LE BAL TRAP
Jeudi 03/04 : ABCDRduson présente ICECOLD
Vendredi 04/04 : SOIREE COMPILATIONS w/ Very Special Guest, Edgar & Mehdi Az
Samedi 05/04 : TÊTE A TÊTE w/ AZAMAT B b2b VERY SPECIAL GUEST (Sound Pellegrino) ALL NIGHT LONG
Jeudi 10/04 : FOUDUFAFA
Vendredi 11/04 : CONCERT Mat Hilde & Lilimarche
ParisParis Club 5 avenue de l’Opéra 75001
 

Middlesex

À quarante et un ans, Cal aborde une autre étape de sa vie : intrigué par l’histoire de sa famille, une famille au fort degré de consanguinité, il a décidé de consigner une fois pour toutes l’errance mouvementée à travers le temps de ses lointains parents, et du gène à l’origine de sa « double » nature. Tout a commencé à Smyrne en 1922. Desdémone élève des vers à soie, elle vit avec son frère Lefty qui va les vendre sur le marché. Lorsque les Turcs mettent le feu à la ville, ils fuient et s’embarquent sur un paquebot. C’est l’occasion de « reconstruire » leur vie sur la seule chose finalement qu’ils n’ont pas perdue, leur désir. Durant le long voyage qui les mènera à Detroit, ils se marient, tout en gardant le silence sur la nature incestueuse de leur union. À Detroit, Lefty ouvre un bar. Leur fils, Milton, le reprend dans les années 50, après avoir épousé sa cousine Tessie. Il le fait prospérer au point de rêver à une autre affaire. Les émeutes sociales de Detroit en juillet 1967 précipitent son projet : le bar brûle et Milton investit dans une fabrique de hot dogs. Il fait fortune et peut enfin s’installer dans les beaux quartiers : il achète la maison la plus excentrique de Grosse Pointe, la banlieue résidentielle de Detroit, une maison « moderne », rue Middlesex. Et il envoie sa fille, Calliope, dans une école pour jeunes filles de bonne famille, jusqu’au jour où elle se lie avec l’une d’elles, une « rousse originaire de Grosse Pointe » qu’elle surnomme « L’Objet Obscur »… Ce livre extraordinaire est ce qui se rapproche le plus du “Great American novel” rêvé par tous les écrivains d’outre-Atlantique : c’est un récit épique, une comédie post-moderne, une histoire de la littérature (de L’Odyssée à Lolita), une farce, une élégie. Et un roman irrésistible. Mi-épopée, mi-roman d’apprentissage, ce livre est un hybride. Tout comme son héros/héroïne, qui connaît la joie – et la douleur – d’appartenir aux deux sexes, avant d’opter définitivement pour celui qui lui convient. Des collines d’Asie Mineure aux villas cossues de Grosse Pointe, du fracas des canonnières dans le Bosphore aux explosions des grenades lacrymogènes dans les rues de Detroit, du ragtime au rock’n’roll, un demi-siècle d’Histoire se déroule sous nos yeux. Pour aboutir à ce conte de fées moderne la transformation d’une teenager en un personnage mythologique. Dix ans après Virgin Suicides, Jeffrey Eugenides est de retour avec ce livre qui transcende tous les genres : c’est une idylle, une comédie postmoderne, une histoire de la littérature, un récit érotique, une confession, une élégie. Bref, un roman irrésistible.  De Jeffrey Eugenides Source : www.amazon.fr

Blues Blogueur

Un blog est comme un bonsaï, il faut l’entretenir patiemment, avec amour, le faire croitre à son rythme et savamment tailler au ciseau les petites branches, élaguer les feuilles etc.

Le blues du blogueur est lié essentiellement aux visites, la récompense qui crédibilise la démarche. Un blog sans rendement est pour certains est une catastrophe tsunamique ! Pour ma part je considère que le plus important réside toujours dans le plaisir de la création, du partage et de la découverte, pour le reste qui m’aime me suive ! Intervient ensuite le problème de la rémunération… Selon un principe immuable « tout travail mérite salaire ». Dont acte

En résumé bloguer n’est pas sorcier mais demande de la patience, de l’énergie, une impulsion et de la disponibilité. Maintenant avec la rivalité publicitaire, l’individualisme primaire et le manque d’imagination, les blogs sont de plus en plus codifiés, stéréotypés, vides de contenus originaux. Irréductibles frondeurs et mercenaires lunaires je vous invite à continuer votre travail de l’ombre pour que la qualité jaillisse enfin en pleine lumière. Dont acte

LES BOULES VITALES

Un macho obsédé rencontre une fondue de mysticisme. L’amour vaincra t-il leurs égoïsmes respectifs ? Une comédie sentimentale : de l’individualisme urbain contemporain et de la construction du couple… Peggy le confie à son psy : elle est en train de se laisser aller dans une nouvelle relation, mais elle n’est pas sûre que ce soit « le bon » mec ! Ernest, lui, est tout fier du résultat de sa nouvelle technique de drague : écumer les marché bio ! Il y a pêché Peggy, une nana bien ferme, élevée aux produits naturels, avec un petit cul en forme de cœur ! Côté sexe, d’ailleurs, il n’a pas à se plaindre… MASSON – RICARD lamusardine.com

Quand le café transcende les sens : illy

Le café est tour à tour (ou à la fois) un plaisir, un rituel, un moment de convivialité, une évasion solitaire… Il sacralise des moments de la journée, des repas, le repos ou au contraire les prémices de joutes professionnelles.

Nous aimons le beau et le bon ? Le café ne supporte pas la médiocrité. C’est pourquoi à l’heure du choix, une marque tire vraiment son épingle du jeu. Consciente de l’attente ressentie par les dégustateurs les plus avertis, illy a pris le parti d’un design avant-gardiste pour ses machines à café, mais sans jamais négliger l’aspect essentiel, le goût.

Une démarche nécessaire pour offrir une délectation de tous les sens. Une expérience émotionnelle et culturelle. Le fruit de la quête de l’esthétique, du goût et de la perfection. Un espresso à l’arôme intense, à la crème dense et persistante, un mélange issu de 9 variétés d’Arabica premium. Magie de l’espresso que l’on retrouve notamment à travers le dernier système à capsules iperespresso.

Une démonstration valant toujours mieux que de longs discours, vous pouvez découvrir tout cela et bien plus encore au nouvel Espressamente illy de Bercy Village.

Pedro Almodovar, Anish Kapoor, Robert Rauschenberg sont autant de grands noms parmi d’autres qui ont collaboré avec illy depuis 1992 pour donner naissance au projet des tasses d’artistes illy Art Collection disponibles sur le site : illyeshop.com.

Pour ma part je trouve le concept excellent et la démarche de la famille Illy, depuis 80 ans dans le métier des plus honorables.

Du plaisir à offrir… ou à s’offrir !

Les rues de Bordeaux en fête pour Noël et la fin de l’année

Vendredi 25 novembre 2011 à 18h30 à partir de la place Tourny, Alain Juppé maire de Bordeaux, lancera les animations des Fêtes de fin d’année. Il inaugurera les illuminations de la ville, le marché de Noël des allées de Tourny, après avoir coupé la plus grande buche de France à l’entrée de la rue Fondaudège !

18h30 place Tourny et rue Fondaudège : découpage de la bûche de Noël de 220 mètres réalisée par l’association La Ronde des quartiers de Bordeaux et labellisée « Grande Cause nationale – lutte contre la solitude ». Installée entre les places Tourny et Charles Gruet, la bûche sera offerte aux Bordelais ainsi qu’à des associations caritatives (Restos du cœur, Diaconat, St Vincent de Paul, Maison de Marie, etc.). 19 h 15 place Tourny : lancement des illuminations, avec les chants de Noël de la chorale de l’Assomption. 19 h 30 allées de Tourny : inauguration du marché de Noël.

La place Pey-Berland en fête
Pour la 8ème année consécutive dès le 26 novembre et jusqu’au 2 janvier 2012, les amateurs de glace, petits et grands pourront évoluer sur la patinoire extérieure construite devant le palais Rohan (animations lumineuses et musicales sur la piste). 2 pistes de glace indépendantes sont proposées (27×14,5 m pour les adultes et 6×13 m pour les moins de 8 ans, leur permettant de faire les premières glissades en toute sécurité). Nouveauté cette année, l’installation d’un parcours labyrinthe ludique au centre de la grande piste. Ouverte à tous de 10h à 22h (entrée 3€, location des patins offerte), la patinoire avait accueilli l’an dernier plus de 20 000 patineurs en 1 mois.

Le plus grand marché de Noël de la région
Du 25 novembre au 30 décembre, la 17ème édition du grand marché de Noël de Bordeaux proposera de nombreuses animations autour de ses 150 chalets. Fête, partage, cadeaux et goût des bonnes choses, la Ronde des quartiers de Bordeaux, qui organise l’événement, rendra hommage aux traditions et aux valeurs de Noël. Informations sur le site officiel du marché.
Le quartier du Grand-Parc aura aussi pour la 1ère fois son marché de Noël du 2 au 24 décembre au centre commercial Europe avec une douzaine de stands. Le centre Europe et le centre Counord seront entièrement illuminés.
Des grands sapins dans toute la ville
En plus des arbres existants éclairés de milliers d’ampoules sur les principaux cours, près de 40 sapins de 9 mètres sont disposés dans tous les quartiers (arbres issus de coupes d’éclaircissage et cultivés dans Morvan). Un sapin géant de près de 20 mètres trône place Pey-Berland. Par ailleurs,  150 sapins de 2 mètres décoreront les 97 écoles de Bordeaux. Nouveauté, les associations de quartier et de commerçants sont invitées à décorer les sapins sur les thèmes de la couleur argent et du développement durable.
Le Père Noël s’expose à la bibliothèque
Jusqu’au 4 janvier 2012, la bibliothèque Mériadeck propose une exposition gratuite originale, pour  s’amuser avec ce mythe, en s’initiant à l’histoire de l’art, de la Préhistoire au 21ème siècle. Père Noël cubiste ou surréaliste, il est le personnage central d’un musée imaginaire.